A l’occasion du Conseil Bordeaux Métropole qui s’est tenu ce matin, Michèle Delaunay a profité d’une délibération portant sur le partenariat entre la Métropole et la Ligue contre le cancer de la Gironde pour proposer aux maires d’appliquer la verbalisation de l’abandon de mégots sur la voie publique (amende forfaitaire de 68€) pour la redistribuer à la Ligue contre le cancer pour financer des actions de lutte contre le tabagisme.
Ci-dessous, le texte de son intervention.
« Cette délibération vise à renouveler un partenariat relatif à la sensibilisation du public de la Ligue à au geste du tri du verre dans le cadre du Plan déchet.
Je me réjouis de l’implication de la Ligue dans cette action et de la pérennité de ce partenariat – qui remonte à 1991 ! – bien que les subventions annoncées prévoient une baisse de 20% chaque année.
Alors que la subvention s’élevait à 30 489€ pour les années 2014 et 2015, elle sera donc de 24 391€ cette année, puis 19 513€ en 2017 et enfin 15 610€ en 2018.
La Ligue organise ainsi chaque année une opération « Le geste citoyen pour mettre le cancer en morceaux » avec la mise à disposition d’autocollants qui sont apposés sur tous les conteneurs de récupération dans le but de mettre en avant le double bénéfice environnemental et sociétal de recycler son verre.
Ce partenariat est largement valorisé sur tous les supports de la Ligue (flyers, rapports, site internet, réseaux sociaux…) qui diffuse régulièrement le message auprès de ses 13 600 adhérents girondins.
Depuis les années 1990, la sensibilisation des publics de manière générale à l’importance du tri des déchets et en particulier celui du verre a été considérablement amélioré et les aménagements des communes ont été largement fait pour répondre à cet impératif de tri.
Comme vous le savez, le cœur de l’action de la Ligue est la lutte contre le cancer. Ce dernier, dans toute sa diversité de formes, peut être la conséquence direct d’un environnement malsain subi ou choisi – exposition à des produits chimiques, tabac…
Bordeaux Métropole a fait le choix d’une commission « Haute Qualité de Vie ». Celle-ci doit pour moi intégrer cet enjeu de santé durable dont le champ couvre toutes les problématiques de la collectivité.
La subvention à la Ligue contre le Cancer diminue donc alors que le nombre de cancers augmente chaque année, en particulier les cancers liés au tabac.
Je propose aux maires de la Métropole de faire appliquer dans leurs communes l’amende forfaitaire qui est inscrite dans la loi de 68 euros pour l’abandon sur la voie publique des mégots de cigarettes.
Il ne s’agirait pas de faire de la répression, mais d’utiliser cet outil de verbalisation de manière pédagogique à vocation environnemental et sanitaire en appliquant les amendes avec modération. La recette pourrait ainsi être reversée à la Ligue contre le Cancer au regard de nombre de familles endeuillées du cancer tous les ans dans chacune de nos villes.
Cette initiative sera très positivement vécue par l’ensemble des concitoyens de l’ensemble des 28 communes de la Métropole.
Nous faisons de la prévention depuis des années et pourtant le nombre de morts du tabac augmente. Il est temps d’agir concrètement.
A la veille de la réunion de la COP21, n’oublions pas que :
- 5 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année pour sécher le tabac, contribuant à la déforestation
- 4300 milliards de mégots sont jetés dans la nature dans le monde. Les filtres ne sont pas biodégradables et contiennent un nombre important de substances toxiques. En France cela représente 30 milliards de mégots jetés dans la nature
- les filtres et paquets de cigarettes représentent également une forte pollution des espaces maritimes : 40% des déchets marins dans la Méditerranée par exemple.
A Paris, la Maire Anne Hidalgo a récemment décidé, après l’application du décret portant amende forfaitaire pour abandon de détritus sur la voie publique de 35€ à 68€ (décret n° 2015-337 du 25 mars 2015 relatif à l’abandon d’ordures et autres objets), de faire appliquer cette verbalisation dans la capitale pour faire baisser les 350 tonnes de mégots ramassés chaque année par les agents de la ville. Cela représente proportionnellement à l’échelle de la Métropole quelques 140 tonnes.
Pour mémoire, je me permets de vous rappeler que chaque année, le tabac coûte 39,9 milliards d’euros à la société.
– le coût des soins dispensés en un an aux 683 396 malades du tabac : 25,9 milliards
==> Le coût sanitaire supporté par chaque affilié à la sécurité sociale en France (68,74 millions en 2013) représente 376,82 euros.
– les coûts externes (nombre de vies perdues/an : 78 966 morts, et perte de production) : 102 milliards
– les coûts et recettes pour les finances publiques (14 milliards diminués de 10,3 milliards de recettes)
==> Le coût sanitaire et social supporté par chaque personne de plus de 18 ans domiciliée en France (51 535 453 personnes INSEE 1e janv 2015) représente 2328,5 euros.
C’est autant d’argent qui ne peut être investi au bénéfice de chacun. Il est de notre devoir à tous d’économiser cet argent qui part en fumée, étant entendu que le bénéfice fiscal engrangé par l’Etat, 10,4 milliards, est bien inférieur à ce coût sanitaire et social. »