Je m’interroge sur le devenir de la Halte de nuit qui y est hébergée dans l’ancien immeuble du CCAS jusqu’à son déménagement. Ont-ils l’assurance de pouvoir rester même en cas de vente et combien de temps ?
En ce qui concerne la vente des anciens locaux du CCAS, elle se fera par voie d’enchères publiques donc au mieux offrant. N’aurait-il pas mieux valu, au lieu de renoncer publiquement à l’objectif légal de 25 %, vu le taux très insuffisant de logement sociaux à Bordeaux et la forte demande, de prendre exemple sur l’Etat et sur l’exemple de Castéja et de vendre à un opérateur, moyennant une décote, mais avec la contrainte de réaliser des logements et plus de logements sociaux que les 35 % prévus par le zonage en Secteur de Diversité Sociale ?
Je profite de cette délibération pour vous rappeler les conclusions du bilan 2015 du plan local de l’habitat. Elles ont souligné la forte inadéquation entre les prix de vente de l’immobilier à Bordeaux et dans la Métropole et les besoins des habitants.
Ainsi, l’acquisition d’un logement neuf en 2014 n’apparait possible que pour 20% des ménages bordelais les plus riches ou déjà résidents dans la Métropole et, de fait, les familles continuent à quitter la Métropole.
Parallèlement, depuis l’an 2000 à Bordeaux, les loyers ont augmenté de 50%, les prix à l’achat ont été multipliés par 3,5 dans l’ancien et par 2 dans le neuf.
Le revenu médian des ménages bordelais est de 1900 euros ce qui permet d’accéder à un loyer de 630 euros/mois alors même que le loyer moyen d’un appartement de 80 m2 est de 740 euros par mois.
Lors du dernier CM, je suis intervenue pour dénoncer l’absence de maîtrise des prix des logements neufs. Vous m’avez qualifiée de « menteuse » et mis en cause mes sources Vous souhaitiez connaître mes sources. Il s’agit de la revue Objectif Aquitaine – l’immobilier à Bordeaux et de l’Observatoire de la Fédération des promoteurs immobiliers.
Complément :
Le m2 habitable des logements neufs « prix libres » à Bordeaux Lac ou aux Bassins à flot est vendu par les promoteurs entre 3500 et 4000€ au Lac (Ginko) et entre 4000 et 5000€ aux Bassins à flot.
A contrario, les logements neufs à prix maîtrisés sont vendus par les promoteurs au prix de 3000 à 3200€ le m2 habitable.
En analysant les données de l’Observatoire de la Fédération des promoteurs immobiliers (qui tient à jour tous les programmes autorisés au Lac et aux Bassins à flot), sur 1926 logements mis en vente par les promoteurs en 2013,
– logements vendus en prix libres : 86,6% (dont 70 à 80 % sont des produits de défiscalisation loués ensuite au dessus du prix du marché)
– logements à prix maitrisé : 6,75% (soit 130 logements)
– logements en Accession Sociale : 6,5% (soit 125 logements pour les familles aux revenus plafonnés à 31 000€ par an).
Nous constatons donc que la Ville de Bordeaux a privilégié la construction et la vente de programmes de logements promoteurs essentiellement destinés à des investisseurs.
Ainsi, la Ville fait le choix de ne proposer au 80% de Bordelais dont les ressources ne sont pas illimitées que 13 % de la totalité des logements des deux opérations publiques du Lac et des Bassins à flot.
Il est pourtant possible de construire et de vendre à moindre coût pour une qualité équivalente
Pour permettre l’achat de leur logement aux classes moyennes, il faut construire des logements dits en accession sociale, qui soient vendus entre 2500 et 3000€ le m2 habitable.
Ces opérations sont réalisables, car le prix de construction des bâtiments par les entreprises de BTP est toujours le même : dans une fourchette de 1200/1400€ le m2 plancher suivant les contraintes du terrain.
Exemple d’opération à prix maîtrisé :
– Axanis, la filiale d’Aquitanis, vend actuellement dans le quartier du Lac des logements à 2100€ le m2 en accession très sociale TVA 5,5% et à 2400/2700€ le m2 en accession sociale TVA 20%,
A Bordeaux, nous le savons, le taux de logement social se maintient très en-deçà des exigences de la loi. En 2005, il était de 14,86%. Il n’est aujourd’hui que de 16,57 %.
L’argument que asséné à longueur de temps pour justifier ce retard est que des efforts importants de construction de logements sociaux sont faits mais que le nombre de logements à Bordeaux augmente de façon consécutive.
Pourtant, même sans cela, l’accroissement du nombre de logements sociaux serait resté très insuffisant pour répondre aux exigences de la loi (20 %). Il n’aurait en effet été que de de 17,68 % en 2014 si la part de résidences principales n’avait pas évoluée. Soit une augmentation limitée à 2,82% sur la période 2005-2014.
Aujourd’hui nous arrivons à 16,57% de logement social locatif, soit seulement 1 point de différence en comparaison.
Ces chiffres démontrent donc que la seule évolution du nombre des résidences principales ne permet pas d’expliquer la faible progression de logements sociaux locatifs.