Il est très regrettable que cette journée se soit passée à attendre une décision du Tribunal Administratif de Bordeaux, laissant à la tension le temps de monter et peut-être de s’étendre s’amplifier. La Municipalité de Bordeaux n’a pas mesuré ces derniers jours les risques de ses atermoiements dans une période où, de manière très malencontreuse, voire honteuse, les gens du voyage ont été « désignés coupables » par le discours présidentiel à Grenoble.
Après cela, il est en effet tout à fait compréhensible que les gens du voyage témoignent d’une sensibilité particulière à un accueil qu’ils ne jugent pas à la hauteur de leurs droits et d’une volonté de le manifester.
Sans tenir compte du climat actuel, la Municipalité a pris la responsabilité de se mettre dans la roue du discours sécuritaire du Président Sarkozy alors qu’il fallait tout au contraire essayer d’apaiser le sentiment d’humiliation et de stigmatisation qu’ont ressenti les itinérants. Ceci cadre bien mal avec les réserves émises par Alain Juppé sur le tout-sécuritaire sarkozien.
Ce soir la décision de « débouter » les gens du voyage dans leur recours en référé n’est pas exempte d’un double risque :
– celui de voir notre ville à son tour stigmatisée pour son défaut d’hospitalité et l’insuffisante capacité de sa Municipalité à apporter des réponses positives à une crise qui, dans les circonstances actuelles, était prévisible,
– celui de voir cette crise gagner en intensité et s’étendre à d’autres villes, comme on le perçoit déjà à plusieurs signes.
De manière plus profonde et plus grave, ces événements, venant d’une communauté de Français , ayant les mêmes droits que tout citoyen et bien intégrée à notre société, démontrent qu’on ne manie pas impunément le triste démon du bouc émissaire et que l’on ne stigmatise ni n’humilie jamais sans susciter la révolte.