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Bout de crayon

Chaque fois que je vois un crayon (un bon vieux et brave crayon papier d’autrefois), je pense que si je n’avais que lui dans le fond d’une prison, et quelque chose qui puisse ressembler à du papier, je serais un tant soit peu moins prisonnière.

Et chaque fois, mon coeur fond, le bout de crayon qui devrait rejoindre le catastrophique service des déchets municipaux, réchappe à ce sort funeste et ajoute à l’encombrement de mes tiroirs.

Et d’ailleurs, où le mettre ? Poubelle verte où il sera traité comme négligeable vers de terre, ou poubelle noire où il ira pourrir et retrouver l’humus originel de toute littérature ?

Un stade nommé Danger (I)

Un vieux Bordelais, le béret vissé haut sur son large crâne, m’aborde rue Albert de Mun:

-« Ce grand stade, ce grand stade… A-t-il au moins un nom ? »

Bien sûr, il n’en a pas encore, tout incertain qu’il est dans l’esprit même de son promoteur politique.

-« Chaban Delmas, c’est déjà pris, n’est ce pas ? »

Je ne peux que confirmer à mon quasi-centenaire, qu’en effet, c’est déjà pris. Le voilà qui hoche la tête, en pinçant entre ses doigts le bord de son béret qu’il a pris soin d’ôter de sa tête :

– « Mais Claude Bez, c’est encore libre ? »

C’est encore libre. Il opine, l’air inquiet :

-« L’histoire finit toujours pas se répéter.. ».

Trois milliards et demi d’euros pour moins de 6000 emplois

Le Conseil des prélèvements obligatoires -à l’égal de la Cour des Comptes elle-même- ne compte pas parmi les organisations débonnaires ou complaisantes dont les chiffres puissent être pris en défaut.

Nous sortons d’une audition de son Président Bertrand Fragonard. Parmi bien d’autres constats, je note cette prévision ; pour un coût pour l’Etat de trois milliards et demi, la réduction de la TVA à 5,5% dont ont bénéficié récemment les restaurateurs ne peut espérer créer plus de 6000 emplois et nous sommes, en pratique, bien loin d’avoir atteint ce chiffre qui est une estimation maximale.

Nous sommes d’ailleurs loin d’avoir atteint ce chiffre.

Il y a des cadeaux qui sont à la fois très coûteux et malvenus.

De drôles de noms d’oiseaux

Avec grande raison, notre collègue Marietta Karamanli, députée de la Sarthe , s’est étonnée et émue de la très désobligeante dénomination donnée par les Anglais aux pays européens en endettement maximum. Ils ont choisi l’acronyme « PIGS » pour réunir Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (Spain). Pour mémoire, « PIGS » veut dire « cochons ». Les Français étaient déjà qualifiés de « Frogs » (grenouilles) ou de « mangeurs de grenouilles », mais ceci est comparativement bien amical.

Le traditionnel fair play anglais résiste bien mal à la crise.

Elégance et courtoisie

Cérémonie très formelle ce matin à l’Ecole de la Magistrature pour le baptême de la nouvelle promotion, en présence de hautes et respectables personnalités comme le Président honoraire du Conseil Constitutionnel Pierre Mazeaud, le Procureur général Nadal, le premier Président de la cour de Cassation Vincent Lamanda et tous les représentants des corps constitués.

A l’issue d’un débat très remarquable, ce noble aréopage s’avance vers le parvis de l’Ecole pour y attendre la Ministre Alliot-Marie.

L’excellente députée de la première circonscription de Bordeaux, Chantal Bourragué, que je saluais d’un conventionnel mais souriant « Bonjour Chantal » lance en réponse un tonitruant :
– « Eh bien, je vous félicite pour votre torche-balle ! »

J’interroge ma commère : il s’agissait de ma lettre cantonale. Quant à « Torche-balle », l’expression m’était à ce jour inconnue et j’ai dû en analyser les deux termes pour approcher de son sens profond.

Le ton était à l’unisson du vocabulaire. Même Alain Juppé, dont le visage aurait dû s’éclairer de la pertinence de l’apostrophe, a regardé ailleurs.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel