Drôles de moments à l’Assemblée
Le débat d’hier et d’aujourd’hui sur le projet de loi « pouvoir d’achat » a donné lieu à de curieux moments. Drôles aussi, ce qui n’arrive pas à vrai dire tous les jours.
Hier soir, discussion comportant l’étape d’ « exception d’irrecevabilité ». Mot étrange et compliqué où un député défend l’ « irrecevabilité » du texte pour raison politique, constitutionnelle, éthique…
La parole était à notre groupe en la personne de Jérome Cahuzac, orateur d’exception tant sur le fond que sur la forme. Une demi-heure de temps de parole lui était accordée. Vers la 25 ème minute, notre groupe et spécialement François Hollande le presse de conclure. Attitude étrange motivée par une situation inhabituelle : du fait de la très faible représentation du groupe UMP, peu motivé semble-t-il sur le sujet du pouvoir d’achat, nous étions majoritaires dans l’hémicycle. Si le vote avait eu lieu à ce moment, le texte aurait été irrecevable et aurait donc été retiré.
Pourquoi pressions-nous Jérome ? Pour que Jean-François Copée, président du groupe UMP, n’ait pas le temps de rappeler ses troupes à meilleur comportement. Malheureusement, les députés UMP sont aguerris : à la suite de l’intervention de Jérome Cahuzac, des prises de parole ont trainé en longueur, et on a vu arriver, pas toujours très fiers et, disons-le, sous nos rires, une masse de députés UMP, un à un, venus consolider le groupe.
Quand le vote a eu lieu, ils étaient de très peu majoritaires. Dommage !
Aujourd’hui, nouveau moment amusant et étrange : le Président Bernard Accoyer a interrompu notre collègue PS Jean Gaubert, alors qu’il posait une remarquable question au gouvernement. Il n’avait dépassé son temps que de trente secondes, et il n’est pas convenable d’interrompre un orateur pour un si court retard. Jamais ce n’aurait été le cas si le député avait appartenu à la majorité, mais Bernard Accoyer n’a pas la magnanimité de son prédécesseur Jean-Louis Debré.
C’est ainsi qu’on a entendu toute la partie gauche de l’hémicycle scander à voix forte, pour en appeler à sa présidence qui a fait l’unanimité : « Debré, Debré, Debré ! »
Inhabituel, et plutôt sympa. Bernard Accoyer ne l’a sans doute pas tout à fait entendu ainsi..