Villiers-le-bel, Cergy, Ermont, Goussainville… Comment ne comprend-on pas que la question essentielle est la ghettoisation de notre société et de notre pays. Ghettos de pauvres, ghettos d’étrangers, ghettos de sans-emploi, et là-bas, plus loin, quelque part, ghettos de riches, « hauts-quartiers », codes d’accès, au propre et au figuré…
Je n’ai jamais compris pourquoi les gosses des banlieues n’allaient pas casser à Neuilly, plutôt que d’attaquer leur école, leur bibliothèque, la voiture de leurs parents. Mais c’est une autre histoire.
La première réponse aux problèmes des banlieues, c’est celle-là : arrêter de mettre de l’habitat social là où il n’y a que cela, créer des emplois sur tout le territoire et ne pas laisser s’élargir comme des flaques d’huile prêtes à s’enflammer la périphérie des grandes villes.
Un autre problème, et je suis sidérée de ne pas en entendre parler, c’est la drogue. Volonté (louable) de ne pas stigmatiser ? Crainte ? Sentiment d’impuissance ? Le fait est qu’on n’évoque pas son rôle à la fois dans la crise fondamentale des banlieues et dans leur capacité d’embrasement soudain.
On glisse quelque fois le mot « économie souterraine », sans dire même laquelle. Cette économie souterraine, ce sont les dealers, et d’abord ceux qui fournissent la drogue aux quartiers et qui embauchent des gamins pour la revendre et pour « contaminer » toute leur génération. Ces dealers vivent de la désespérance, de la vulnérabilité, de l’inactivité des enfants des banlieues. Ils n’ont aucunement intéret à ce que leur situation soit meilleure. Le malheur et la haine sont leur fond de commerce : la drogue les entretient et les démultiplie.
Le rôle de la drogue dans l’éclatement des violences est également évident. Tous les psychiatres, et en particulier ceux qui s’occupent d’enfants et d’adolescents, le savent et le disent sans être entendus : la consommation de drogue éxacerbe cette « perte de contrôle » qui est sans doute la marque de notre temps et génère la quasi-totalité des actes de violence des jeunes.
Nous avons bien sûr débattu hier à l’Assemblée des événements de Villiers le bel. La violence a changé de nature. Ce n’est plus un grand jeu vidéo, mais la volonté de tuer que les policiers ont rencontré. Il y a un niveau de désordre, dans les groupes comme dans la tête des individus, que n’atteint plus aucun résonnement.
Notre groupe a insisté sur deux points
-ouvrir tout de suite une enquête judiciaire sur la mort des deux jeunes gens
-remettre en place une police de proximité
Je reviendrai sur ces points.