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Multiple splendeur

Journée de très grand bleu que je vais inaugurer, après un tour d’ordi et un peu de remise en état, par une longue marche en bord d’océan, magnéto en mains.

La plage est encore presque déserte, déroulée comme un tapis sans fin devant les pas des marcheurs. Ici, littéralement, la vie est belle. Il n’y a pas de jours, pas d’heure, sans un spectacle nouveau. Aujourd’hui, le contraste entre cette plage dorée et chaude et ces hautes vagues de marée bretonne, bruyantes, violentes, désordonnées.

Cela me fait souvenir d’un très beau titre d’Han Suyin « Multiple splendeur ». Multiple et mobile splendeur, le spectacle de la mer, mélangeant les couleurs autant que les sentiments, la fraîcheur des vagues s’accomodant de leur force irrésistible, leurs dos arrondis et réguliers des courants souterrains et des lames profondes.

Je pars « faire le juif errant », comme on le disait quand j’étais petite. Si Dieu me prête voix, je vous raconterai.

Rhinolophus hipposideros

Le livre de l’humour allemand est classé, d’après de très mauvais langues, parmi les livres les plus courts du monde, au même titre que le who’s who norvégien, le Kama Sutra suisse (si du moins on peut appeler ainsi un précis d’érotisme destiné aux habitants du canton de Berne ou de Zürich)…

Quoi qu’il en soit, cette classification est certainement partiale ; les Allemands ont occasionnellement de l’humour, en règle quand ils ne le cherchent pas. A preuve cette histoire, fraichement tombée de l’édition du jour de la Suddeutsche Zeitung.

L’histoire en question mérite un détour. Dans la bataille « pour » et « contre » le pont Bacalan-Bastide, les militants de l’association Garonne-Avenir ont très justement fait valoir qu’un pont semblable avait été recalé par les experts de l’UNESCO dans la perspective du classement de la ville de Dresde au patrimoine mondial.

Jamais je n’ai pu avoir de réponse en Conseil Municipal sur l’avis qu’avaient pu exprimer les experts sur le projet bordelais. A Dresde, la politique est plus transparente, et l’on a appris que le classement risquait d’être révisé par l’UNESCO si les travaux du pont étaient entrepris. Ces travaux devaient commencer aujourd’hui même, la municipalité de Dresde ayant décidé de ne pas se laisser impressionner par quelques expertillons qui ne connaissaient rien de l’histoire allemande et n’avaient rien à faire de son avenir…

Plus fin larron a été le tribunal administratif de la dite ville. Rien de plus tatillon qu’un juriste allemand. Pas forcément rapide, mais plus malin qu’il n’y parait.

Les juristes du tribunal administratif ont ressorti d’un tiroir un arrété de la cour administrative fédérale exigeant que tout projet immobilier majeur prenne rigoureusement en considération tous les aspects écologiques pertinents.

Il n’en fallait pas tant aux juges… Et c’est là qu’intervient Rhinolophus hipposideros, dont le nom n’indiquait pas au premier regard qu’elle était citoyenne allemande. Pire encore, qu’elle risquait de ne pas le rester longtemps : Rhinolophus hipposideros est une espèce rare de petite chauve-souris. Il n’en resterait que 650 exemplaires en Allemagne, toute réunifiée qu’elle soit.

Pouvait-on commencer des travaux alors que rien n’était garanti de l’impact du pont sur la survie de Rhinolophus ? Etait-on en droit d’engager un projet sans tenir compte du principe de précaution qui veut que rien ne puisse être construit ni érigé sans que les 650 représentants connus de cette minorité de moins en moins visible soient protégés ?

Bien sûr que non. L’Allemand est prudent, surtout quand il est juriste. Le tribunal a statué pour que les travaux ne soient pas entrepris.

En codicile, les juges ont également indiqué qu’on n’avait aucune garantie sur l’impact des éclairages distribués par les lampadaires sur les insectes du lieu…

Quand je vous disais qu’il fallait au moins un chapitre au livre de l’humour allemand ?

Compil’ et tubes de députés

Un livre des éditions Ramsay (« Parole de député ») fait la compil’ des plus savoureuses professions de foi de députés, au cours des 125 ans précédents.

Les grands noms ont la part belle : Mitterand, Bigeard, l’abbé Pierre. Le meilleure tube revient pourtant à un inconnu, Emmanuel Arène, qui se présenta en 1898 à Ajaccio avec un programme qui demeure de la plus haute actualité et pourrait reservir à beaucoup :

« Quant à toutes ces promesses dont on est si prodigue en période électorale, vous me permettrez de m’en dispenser. Mes concurrents vous les ont toutes faites. Mais c’est à moi que vous confierez le soin de les tenir. »

Ce qui fut fait..

Une année de sable

Tranquillement, heureusement, dans la lumière voilée de ce dimanche d’août, je relis une année du blog (juillet 06 à juillet 07) qui va devenir, par la grâce des éditions du bord de l’eau (quel nom merveilleux !) un petit livre qui n’est pour l’instant entre mes mains qu’un « tapuscrit » assez touffu. Je cite souvent le proverbe chinois qui résume une vie réussie « planter un arbre, faire un enfant, écrire un livre ». Il y a, à ces trois préceptes, bien des variantes. Du moins c’est ainsi que je me le raconte et pourqui j’adore ce proverbe.

Une année de blog, commencée et finie ici, devant cet horizon marin qui m’est si familier même si je ne le vois que quelques poignées de jours par an. J’allège, j’abrège, pour donner au texte la rapidité d’un éphéméride dont on effeuille les pages. Du moins j’essaye : l’ennui avec ce qu’on écrit, c’est qu’on s’y attache facilement, et que tout, pour moi au moins, a un sens, évoque (le plus souvent anonymement) l’un ou l’autre des amis et camarades qui ont accompagné cette année aux trois campagnes (municipale partielle de Bordeaux, présidentielle et législative). Un assez bon entrainement ma foi pour 2008.

Bien souvent, les dimanches, j’ai écrit comme aujourd’hui plusieurs mini-billets, pour partager la journée et essayer de lui donner une consistance. Le temps, c’est une poignée de sable dans la main. Plus on ferme, plus il s’écoule.

Hossegor

Hossegor, avec la ferme intention de remettre la machine en bon état de fonctionnement. Deux semaines avec un intense programme de thalassothérapie (les vagues), de massage gommant (le sable finement graveleux du bord de l’océan), d’héliothérapie (le soleil du matin et du soir, de loin le plus amical). J’écris présentement sous le regard lointain et hautain d’un rang de goélands, alignés au faîte du toit le plus haut des environs, comme les statues de notables au toit des maisons romaines.

Temps doux et mélangé ce matin, entre nuages diffus et éclaircies. Le village d’Hossegor doit être noir de monde, tout le monde se pressant aux mêmes endroits aux mêmes heures. Sur mon bord d’océan, je suis loin et proche de tout selon ma guise. L’infini est à portée de promenade sur la plage nord qui remonte d’un seul trait de sable vers la Gironde. Les Landes paisibles commencent derrière les dunes, sous un toit presque continu de pins. Autrefois, quand aucun immeuble n’avait été construit pour remplacer ceux que l’armée allemande avait fait sauter, on voyait de mes fenêtres ces deux océans, l’un à l’ouest, tout de gris, de verts et de violence, l’autre à l’est du vert sombre et uni des frondaisons des pins.

Les goélands ont trouvé bon usage des toits qui barrent l’océan des pins. En bien des années, c’est la première fois où je les vois installés ainsi, hautains, inquisiteurs, jusqu’à ce que l’un se décide à fondre en direction de l’océan, ailes grandes ouvertes, et bien souvent accompagnant son vol de ce rire vulgaire qu’ils partagent avec les mouettes.

Le blog et moi sommes en vacances, dans le lieu le plus dépaysant qui soit si on veut bien le regarder à bonnes heures, plus inquiet de la direction des vents, du changement permanent des couleurs, que de la petite agitation estivale qui est partout la même. Je voulais inscrire sur l’écran une première carte postale.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel