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Blog is book !

Moment heureux pour le blog cet après-midi : il va accéder et, si j’ose dire, s’installer, se pérenniser dans la forme d’un livre. Cette suggestion, cette proposition, m’a été faite à plusieurs reprises dans le cours de cette année ; nous avons tout à l’heure jeté les bases de sa réalisation.

C’est une initiative assez nouvelle : aucun blog n’a été à ce jour publié, à l’exception de chroniques littéraires parues sur internet. Cette nouveauté n’est pas anodine. Elle fait le pont entre deux formes d’écriture assez différentes, le blog, écriture rapide, assez légère, souvent informelle, et l’ « écrit » véritable, celui que l’on destine d’emblée à la publication. J’ai senti quotidiennement la différence. Ce que j’écrivais, le plus souvent le soir très tard, je le faisais presque comme une conversation, au fil non pas de la plume mais du trottin léger des touches de l’ordinateur. Pour revoir ces textes d’une année, j’ai demandé à en avoir un tirage papier, et rien que cela montre la différence entre les deux modes d’écriture. Pour envisager de livrer le blog à la publication, il faut d’abord que je le relise -et que je le corrige- sur le support papier.

Moment heureux donc de voir ces instants immatériels posés sur le fil des jours s’installer bientôt dans la matérialité de l’objet livre. Je vous raconterai. Le blog sera la matière du livre et le livre à son tour s’installera dans le blog…

Train du retour

Dans le train, installée comme une reine, mon bel ordinateur et son « wifi volant » devant moi. Un « wifi volant » (appellation non déposée) est un mignon petit rectangle de plastique noir qui, judicieusement introduit dans la prise ad hoc de l’ordi, me relie avec le monde ; ça ne marche pas toujours bien, mais c’est quand même assez magique.

En face de moi, un monsieur balaise et peu engageant, le nez rivé sur ses dossiers…

A l’Assemblée, les choses sérieuses ont commencé. Je ne parle pas du discours de politique générale de François Fillon hier : j’ai dit le peu de souffle que j’y avais trouvé. La presse, Figaro compris, n’a pas été plus enthousiaste. Le Monde en date du 5 juillet « un discours sans fautes et sans relief » « du Sarko light ». C’était aujourd’hui principalement du travail de commission, avec l’audition de Martin Hirsch sur le projet de « Revenu de Solidarité Active » qui est censé remplacer le RMI au terme d’une phase d’expériementation dans une dizaine de départements.

Après cela, la présentation par un rapporteur du gouvernement du projet de loi « Travail, chômage, pouvoir d’achat ». Voilà un des éxercices clefs de la vie parlementaire. La commission concernée par le projet de loi, composée au prorata de la représentation de l’Assemblée elle-même, se réunit pour analyser la loi, présentée article par article par un « rapporteur ». Auparavant, les groupes politiques ont convenu individuellement des amendements qu’ils souhaitaient déposer. Et l’on examine parallèlement les amendements les uns après les autres. Exercice très précis où il convient de peser les mots un par un pour éviter toute ambiguïté au texte.

J’ai écouté sagement pour me pénétrer de la démarche. La loi étudiée comporte l’extension et la défiscalisation des heures supplémentaires. Mesure inique, extrèmement coûteuse, sans aucune chance de répercussion positive sur l’emploi. Les salariés bien sûr ne choisiront pas de faire des heures supplémentaires qui seront à la discrétion de leur patron (et de son carnet de commande) ; au contraire, s’ils refusent de les faire sans raison « légitime », ils pourront être sanctionnés, voire licenciés. Ce point a été soigneusement passé sous silence pendant la campagne électorale. « Travailler plus pour gagner plus » n’est ainsi d’aucune façon laissé au choix de l’employé comme on l’a laissé entendre.

Les partenaires sociaux n’ont aucunement été consultés, contrairement là aussi aux annonces d’ouverture et de dialogue social. Tous, à l’exception de la CFTC, ont fait connaitre leur opposition au projet. Cela ne fait que renforcer la volonté du Gouvernement de le faire avaliser par le parlement dans l’urgence de ces quelques semaines d’été.

Tout cela est pour moi un nouveau mêtier. Nous avons été en plein accord avec Pascale Got, nouvelle députée du Médoc, pour ressentir qu’il était plus difficile de rompre avec l’ancien que d’en aborder un nouveau. Celui-là est sans aucun doute passionnant, et je me réjouis d’avoir la possibilité de cette « formation tout au long de la vie ».

Je ne dis pas cela légèrement. Cela me conforte dans l’idée qu’une vie professionnelle peut-être évolutive et que mon âge n’est pas celui de la retraite mais peut-être d’une activité différente et nouveaux investissements.

Le train s’arrête à l’instant en gare de Poitiers et mon voisin s’apprête à descendre. Il fait bon, le voyage est calme et confortable. C’est bête à dire, mais je mesure ma chance de faire ce nouveau mêtier, de me sentir plus ou moins en bon état et capable de l’éxercer. Le vent se lève, il n’y a pas d’âge pour tenter de vivre.

Tout Hollande

Brochette de dames sur un des bancs capitonné de rouge de l’Assemblée : Martine Faure, Pascale Got, Conchita Lacuey et moi. Martine Lignères-Cassou nous rejoint, attendant elle aussi de voter dans une des grandes urnes placées dans les antichambres.

François Hollande passe devant nous : « Mais, Mesdames, puis-je vous signaler qu’il y a aussi des hommes dans cette Assemblée ! »

Au regard de nombre où les femmes sont encore, la remarque ne manquait pas de saveur. Tout notre premier secrétaire est dans cette forme d’humour affable.

Delors

Une très belle phrase de Jacques Delors, que j’ai écrite sur la page de garde de mon agenda de l’Assemblée

« La chance aide parfois, le courage souvent, le goût de la vérité, toujours ».

La voix de son maître

Le vent de l’histoire n’a pas soufflé aujourd’hui entre les rangs de l’Assemblée. J’en suis plutôt triste car comme une bonne nouvelle petite députée, j’aurais aimé que dans cet hémicycle chargé d’histoire, on sente un élan, un engagement, une vision pour la République. J’aurais aimé pouvoir dire de François Fillon : sa vision n’est pas la mienne, mais au moins en a-t-il une, et elle a marqué cette journée.

Rien de cela. Le discours de politique générale du Premier Ministre, exercice important dans le fonctionnement de nos institutions, a été convenu, lu bien souvent comme s’il s’agissait du discours d’un autre. Son contenu a été sans surprises : le programme de Nicolas Sarkozy sans fioritures, ni agréments. On attendait la marque personnelle de Fillon. Ce discours était présenté comme sa chance d’exister relativement à « l’omni-Président ». On espérait un espace d’individualité, où un Fillon réputé plus social que Sarkozy, aurait mis l’emphase sur ses choix, sa patte dans le pot commun.

Après avoir lu la veille au soir « le Monde », annonçant que Fillon s’était absenté trois jours pour préparer son texte et s’en pénétrer, on pouvait légitimement penser qu’il allait donner le plus profond de lui-même et qu’un souffle parcourerait les bancs. Je me souviens d’avoir entendu Fabius dans la même circonstance. J’étais dans ma voiture entre deux hôpitaux. Je me suis arrêtée pour ne rien perdre de ce qu’il disait : il était limpide, inspiré, précis. J’étais restée saisie de la qualité de l’exposé et de la nouveauté du discours. Tout à l’heure en le saluant, j’ai hésité à lui faire part de ce souvenir et je regrette de ne pas l’avoir fait. Timidité ou réserve, comme trop souvent.

A l’opposé, François Hollande a parlé avec beaucoup de force. Non, je ne suis pas partisane et je crois que l’avis à été général. Je n’aurais pour ma part pas demandé mieux que de trouver Fillon bon, convaincant et surtout convaincu. N’est-ce pas le moins qu’on puisse attendre d’un premier Ministre ? Mais non, ce grand oral a été sans souffle, sans portée, sans Histoire.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel