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Nulle die sine linea

Le blog entre dans sa deuxième année, et le premier billet fût écrit par un dimanche de calme et de sérénité sur la ville, comme celui qui s’ouvre aujourd’hui. Je reprends le titre de ce billet pour fermer cette boucle d’une année d’un lien reconnaissable. Il n’apparait pas dans les archives comme le premier : je maniais à ce moment l’outil blog de manière un peu incertaine et j’ai enregistré le même jour (9 juillet 2006) les notes de la semaine antérieure.

C’est dimanche et je reviens un moment sur cet exercice du blog : même dans les jours de presse et de tourmente, c’est un plaisir et presque une nécessité. Bien souvent pourtant, j’ai commencé à écrire et je n’ai pas poursuivi. Les mots ne venaient pas ou ils tombaient à plat sur la ligne sans cette rapidité, cette légèreté qui montrent qu’ils prennent leur autonomie sur la volonté et sur l’effort. C’est une des grâces de l’écriture de ne jamais répondre aux ordres et, comme le désir, de n’en faire qu’à sa tête.

Maintenant comme il y a un an, la ville est silencieuse. L’activité des oiseaux l’emporte de beaucoup sur l’activité des hommes et une dizaine d’espèces au moins font valoir bruyamment leur droit à la diversité. J’ai cette chance incroyable de vivre dans un biotope (voilà qui fleure bon l’écologiste avertie) où les oiseaux ont compris que leurs droits naturels seraient respectés et disons-même un peu facilités par quelques graines et boules de graisse habilement disposés afin qu’ils viennent se présenter et se faire reconnaitre. Grâce à cette subtile politique, j’ai beacoup progressé au cours de cette année dans l’identification de mes visiteurs : geais bruyants mais avec sur les ailes des taches d’un bleu que l’on dirait choisi par un couturier, mésanges, bergeronnettes, rouges-gorges et rouges-queues à front blanc, moineaux sautillants, pinsons, et plus haut dans le ciel, ne descendant jamais jusqu’à nous martinets noirs et chauves-souris.

On le sait, mon année n’a pas été occupée tout à fait que de cela. Dès cet après-midi, je serai dans mon ébauche de permanence pour essayer d’étancher une table pointue de courrier.

Tssi-tssi, Tssi-tssi, dit la mésange à longue queue pour me rappeler à mes devoirs.

Respiration

Le bonheur d’ouvrir ses volets sur un espace paisible où les problèmes du monde semblent se résumer à la chicanerie de deux oiseaux. Je m’attelle ce matin à l’aménagement du « camp de base » de ma permanence, qui se situera 20 rue Saint-Laurent. Mais pour cette première heure de la journée, j’ai arrêté tous les compteurs, respiré l’air, ouvert les grands les fenêtres, regardé autour de moi, toute étonnée de n’avoir pas à mettre le moteur en marche dès le premier instant.

Il est amusant de penser que le mot « inspiration » qui veut d’abord dire absorption de l’air (en opposition à « expiration ») désigne aussi cet état de grâce où un écrivain ou un artiste a l’impression de s’entendre dicter ce qu’il n’aura plus qu’à retranscrire dans le langage de son art. Ainsi, je respire une petite heure avant de reprendre mon habit de dynamisme.

Atterissage à Bordeaux

J’ai envie, une fois de plus, de commencer ce billet par « ouf », qui est une de mes onomatopées préférées et qui dit en trois lettres le bonheur d’être plus ou moins saine et sauve après une longue suite d’aventures.

Je remonte le temps, comme la machine du même nom inventée par Jules Verne. A l’instant, je reviens de la séance nocturne du Conseil Général où nous avons voté le budget supplémentaire dans un unanimisme touchant. Le groupe UMP s’est abstenu : qui peut voter contre les budgets d’Yves Lecaudey, construits, exécutés et présentés avec toute la maîtrise de cet élu qui est d’abord un grand serviteur de la chose publique ?

Juste avant, ma permanence cantonale au Grand Parc : affluence des grands jours pour une longue série de dossiers de recherche de logement et/ou d’emplois. Plus que jamais, j’ai senti la pleine mesure de mon rôle qui est d’épauler ceux qui n’ont pas les pleines conditions pour se réaliser et être au meilleur d’eux-mêmes.

Avant encore, en première mi-temps d’après-midi, voyage de retour de l’Assemblée en compagnie de Pascale Got, nouvelle députée du Médoc « d’Eysines à la pointe de Graves ». Nos deux circonscriptions sont à l’opposé : la sienne, étendue dans un territoire aussi varié que la France elle-même (la côte, les vignobles, le sud urbain..), la mienne, dense et ramassée, porteuse de l’histoire et de l’avenir du coeur de la ville. Nous avons une vision très proche de la pratique politique nécessaire dans ce début de XXIème siècle : plus simple, plus directe, plus concrête, à l’opposé de la politique des grands connétables que notre région et notre ville ont trop connu.

Ce matin, mise en place des commissions à l’Assemblée Nationale. La mienne a de vastes compétences : affaires culturelles, sociales et familiales, communication.

Hier, Jean-Marc Ayrault, que nous avons (ré)élu Président du Groupe Socialiste, m’a demandée d’en être vice-présidente et de faire ainsi partie de ce « gouvernement d’opposition » qui réunit les 204 députés socialistes-PRG-UDC. Je lui ai proposé de prendre en charge la politique de l’âge, d’une manière très transversale, allant de l’urbanisme aux retraites. Cette idée de transversalité et d’élargissement de la question, bien au delà du grand âge et de la dépendance l’a séduit. L’âge a rajeuni, notre politique doit le faire aussi. On se doute que je reviendrai souvent sur ce sujet, qui est au demeurant plein d’avenir !

Voilà. Il va falloir aussi que j’invente de nouvelles rubriques pour ce blog. Il a été (il demeure) un blog personnel, un blog de campagne, et maintenant il devient aussi le blog de la députée de la circonscription qui réunit plus de la moitié des Bordelais. Le mot députée est un mot simple : celle qu’on choisit pour être réprésenté et agir en son nom.

Plus que jamais, à ce titre, le dialogue qui monte régulièrement en puissance dans ce blog n’a été aussi nécessaire et signifiant.

D’un mêtier à l’autre

Ce soir au CAPC à Bordeaux, les XIVèmes rencontres en Cancérologie Cutanée que j’organise chaque année à même époque et où je devais faire une présentation. Le dr Thomas Jouary, qui me remplace plus tôt que prévu à la tête de mon Unité hospitalière, les mène en ce moment même à ma place.

Ce même jour, nous avons ouvert « la XIIIème législature » à l’Assemblée Nationale. Une quasi concordance de chiffres qui marque pour moi le passage d’un mêtier à un autre.

Huit jours déjà

Huit jours déjà depuis ce moment heureux que nous avons partagé avec un certain nombre d’entre vous : l’élection législative du 17 juin. Et me voilà, comme cela m’est arrivé si souvent au soir de congrès, journées, sociétés ou rencontres médicales, face à la journée qui vient de s’achever et face à moi-même dans la solitude studieuse d’une chambre d’hôtel.

Mais il n’y avait dans ma journée rien de médical, ni de scientifique; du moins, ne l’ai-je pas encore décelé. Nous élisions à l’Assemblée Nationale le Président du Groupe Socialiste. Election sans surprise de Jean-Marc Ayrault qui occupe ce poste de manière très équilibrée depuis dix années. Marylise Le Branchu, seule femme en lice, s’est désistée au dernier moment, Montebourg après le premier tour. Si on doit être tout à fait honnête, une après-midi un peu formelle et un peu ennuyeuse. L’occasion aussi de faire connaissance avec un grand nombre de députés, nouveaux ou chevronnés, et de renifler un peu ce qui va être mon métier pendant cinq années.

Ce n’est pas rien. J’ai vécu depuis 2001, et surtout depuis 2004, cette situation éminemment difficile d’avoir plusieurs mêtiers fondamentalement opposés, avec ce que cela suppose de culpabilité quand les emplois du temps sont inconciliables et que même le plus grand effort, ou l’organisation la plus étudiée n’arrivent pas à joindre les deux bouts. J’emploie volontairement cette expression qui est plus usuelle en matière de dépenses. Elle s’applique au temps avec la même cruauté, et j’oserais dire que nous sommes en la matière tous nécessiteux.

Maintenant c’est pleinement, uniquement, mon mêtier. Demain, la première séance de ma première session parlementaire demain. Là encore, beaucoup de formel puisqu’il s’agit d’élire celui qui occupera « le perchoir » et l’hôtel de Lassay. Et après tous ces passages obligés, l’entrée dans la réalité du travail parlementaire.

Dans cette nouvelle école, comme les enfants le jour de la rentrée, je promets de m’appliquer mais peut-être pas d’être bien sage.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel