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Filles et fils de don Quichotte (5)

La charge évocatrice des la littérature une fois encore démontrée… Don Quichotte, qui n’avait à ma connaissance qu’un ami (Sancho) et une vieille jument (ransinante) a maintenant des enfants, plus nombreux chaque jour.

Nombreux à Bordeaux en cette fin de matinée grisâtre et mollement pluvieuse. Les tentes ont poussé d’un coup, petits champignons ronds autour des dernières cabanes du marché de noël et du très beau manège des allées de Tourny. « Le peuple, c’est tout le monde », m’a dit Madeleine qui est une des voix de ce blog (je ne sais comment dire: commentatrice est faux, vos prises de paroles sont beaucoup que des commentaires). Le peuple, en effet c’est tout le monde, ceux que j’appelle les citoyens, ceux que je voudrais appeler tout simplement les humains, les frères humains, selon les mots de François Villon, aussi définitifs que ceux de Cervantès.

La force de l’action des enfants de don Quichotte, est double : faire prendre conscience de la profondeur du problème des pas/mal/ou trop chers/logés. Exercer une pression sur les pouvoirs publics, qui comme on le voit chaque jour ne bougent que sous l’action d’une forte poussée se conformant ainsi scrupuleusement au principe d’Archimède. Les petites tentes rondes font beaucoup plus qu’abriter, bien sommairement et bien insuffisamment, les SDDT (sans domiciles du tout) de nos villes.

Les paroles d’Hugues Martin (tiens, pourquoi Hugues Martin, où est Alain Juppé ?) dans Sud-Ouest ce matin m’ont sidérée. Il accuse le mouvement « de prendre en otage une population en difficulté »; « C’est indécent… ».

« Indécent » est un de ses mots favoris. Indécent en effet de vouloir abriter, porter au grand jour la détresse de ceux qui n’ont plus un lieu, une place, un refuge et un rempart sur terre. Indécent, en effet, de ne pas se suffire des mesures municipales (quelles mesures ?), du repas « des plus démunis », une fois par an… Tout cela, ajoute-t-il « répond largement »aux besoins immédiats. Ce « largement » est une perle absolue, que ne paraissaient pas apprécier à sa juste valeur ceux qui étaient ce matin allées de Tourny, et qui mettaient leur prénom sur la tente qui allaient bien mal les abriter pour les jours à venir.

Initiative et responsabilité sociale des citoyens : le logement (4)

Je le reconnais, voilà un titre façon « le Monde » il y a une vingtaine d’années : austère et descriptif. Cette notion d’initiative et de responsabilité sociale des citoyens fait partie des quelques idées auxquelles je m’accroche. Les lecteurs du blog en ont déjà eu de nombreux échos.

L’actualité des mois précédents illustre grandement cette notion : de la réévaluation des pensions des « tirailleurs sénégalais » après le film « Indigène » à l’activisme de ces dernières 48 heures en faveur du logement, l’actualité politique est boostée par des initiatives et des actions citoyennes. Pour dire mieux, le gouvernement actuel ne fait d’avancées que sous la pression des citoyens et le relais de media. Un autre exemple est la conversion rapide des élus UMP -jusque dans notre ville- à un écologisme militant après le livre de Nicolas Hulot et le film d’Al Gore. Au passage : quand les politiques redeviendront-ils des montreurs de chemin plutôt que des suiveurs de media ?

Je m’éloigne de mon objet principal : le logement. Facteur numéro 1 de la « santé sociale », concrétisation de notre place sur terre, comme le métier concrétise notre place dans la société, le logement est entrain de devenir le facteur numéro 1 de la discrimination et de la souffrance sociale. Les villes, qui ont des été des lieux de rassemblement et de mélange se « ghettoisent ». Autrefois la ségrégation sociale se manifestait principalement par l’étage d’habitation. L’étage « noble » était le premier, voir le second, le rez de chaussée était réservé aux services et aux commerces, les derniers étages aux « chambres de bonne ». On était malgré tout proches. Où est maintenant la proximité entre des quartiers à 100% d’habitat social et des quartiers à 0% ; des villes entières comme Neuilly à 2,5% quand Nicolas Sarkozy en était le maire ?

Comment se sentir bien, se développer et s’instruire bien si l’on est un enfant, dans un appartement de 60 ou 80 m2 où l’on est cinq ou six personnes, avec une télé qui marche en permanence et un canapé devant faisant office de lieu de repas ???

Mais la discrimination majuscule, c’est bien sûr l’absence de logement. Une des visiteuses de ma permanence, en grande difficulté malgré sa formation et son intelligence, me disait il y a très peu : « je ne vais pas pouvoir maintenir mon appartement ? Mon fils est à l’école, que ferons-nous ? ». L’expression « maintenir mon appartement » m’a marquée. C’est le dernier bastion permettant où s’accrocher.

La bataille du « droit opposable », si rondement menée sous l’effet de la concurrence Chirac-Villepin ne me laisse pas sans interrogations. Je ne parle pas de la concurrence en question : pour elle, je n’ai que des réponses.

Mon interrogation tient au mot « opposable » et à ce qu’il recouvre ou parait recouvrir, car je ne suis pas sûre qu’il soit clairement défini. Faire une procédure contre l’Etat, est-ce bien la clef du problème, ou plutôt est-ce la meilleure manière de le résoudre ? Le moyen de pression sur les pouvoirs publics est positif, nous en avons la preuve -et c’est pour cela que je suis partagée dans ma position-, mais son application n’est pas obligatoirement positive (quel logement ? quel hébergement? Où cela ?), ni rapide. Droit au logement n’est pas synonyme de droit à la procédure.

Il me semble que des mesures concrêtes telles que celles que vient de proposer Ségolène Royal dans ses voeux (service public de la caution, surtaxation des logements inoccupés, établissements immobiliers d’Etat…) constituent une réponse plus posée, plus réfléchie et somme toute plus positive . J’en appelle à vos avis, et à ceux qui autour de moi ont bien voulu constituer un groupe de travail et de propositions sur le sujet. Cette réflexion pragmatique est aussi de notre responsabilité sociale.

Responsabilité sociale des entreprises… au Royaume Uni

Burberry’s, marque de grande tradition britannique même si elle est passée par bien des mains, délocalise en Chine. C’est son usine d’Ecosse -un comble pour la marque au tartan- qui fait les frais de cette délocalisation.

Jusqu’à nouvel ordre tout au moins. Le gouvernement britannique a convoqué les dirigeants au rapport. Pas en catimini, mais en séance publique devant le parlement. Ils ont à mon avis un peu de soucis à se faire pour préparer leurs arguments. L’église anglicane fait de même, et avec des arguments quant à elle qui sont doublement d’ordre moral : la défense de l’emploi, mais aussi sa responsabilité d’actionnaire de la grande firme britannique. Voilà au moins un exemple d’actionnaires qui demandent des comptes pour une décision supposée augmenter leurs dividendes. Bel exemple. Attendons la suite.

Amorce de prise de conscience que si « l’Etat ne peut pas tout », il ne peut pas rien. Et nous non plus.

Notule

A l’instant, aux informations matinales de « France cul' » , la citation d’un responsable américain « Il ne faut pas que le conflit irakien métastase à toute la région ». Alexandre Adler se félicite de la pertinence de la remarque.

Pas moi. Est-que journalistes, politiques ne pensent jamais, quand il utilisent des phrases telles que « le cancer de nos sociétés », aux centaines de milliers de français qui vivent avec un cancer et qui redoutent chaque jour, chaque heure, que ce soit leur corps qui ait à affronter le risque qu’encourt aujourd’hui le moyen orient ?

Comme on sait, une « notule » est une toute petite note. Le plus souvent, je les mets « hors ligne », le blog n’est pas tout à fait le « cahier », et il a une voix privée, hors micro, et une voix publique. Celle-là je la laisse sur l’écran. Peut-être servira-t-elle, sera-t-elle entendue et comprise par un de ceux qui ont une parole médiatique ou une parole publique.

Premier de l’an : la campagne est grande ouverte !

Premier de l’an : cette date, toute arbitraire qu’elle soit, mérite un instant de réflexion. Des voeux, bien sûr, mais qui sont aujourd’hui d’abord des volontés. « Voeux » sonne comme « veux » , de « je veux » ou « tu veux ». Les parentés de son ne sont jamais un hasard : l’amour/la mort/la mer.. Tant d’autres, dont la poésie s’est nourrie.

L’année 2006 et sa suite d’interrogations et d’erreurs, achevée par la faute majeure de la pendaison de Saddam Hussein (accrue encore, je ne l’ai découvert qu’aujourd’hui, par le choix du jour de l’Aïd el Kébir où les Musulmans fêtent, entre autres, le pardon) laissent mal augurer de lendemains qui chantent spontanément.

Je ne connais en ce cas qu’un recours, et c’est beaucoup plus qu’un recours : vouloir.

Pour nous tous, cette année est décisive. Pour nous, militants du PS, sympathisants, hommes et femmes désireux de changer nettement la direction de notre entrée dans le XXIème siècle et de porter un nouveau modèle de société, elle est plus décisive encore.

Quatre rendez-vous électoraux nous attendent. Nous ne sommes plus au temps de Churchill « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Nous vaincrons si nous sommes les plus forts.

Dans les deux premières campagnes, présidentielle et législative, qui entraineront les autres, je vous invite à mettre toutes vos forces. Que la première raison de voter socialiste, de proposer une alternance crédible, ce soit vous. Mettre toutes ses forces, c’est disait Garcia Marquez « faire au mieux ce pour quoi on est le moins mal fait » . Prenons chacun une responsabilité et menons-là à bien.

Il n’y a pas de concurrence entre les deux campagnes, comme je l’entends ici ou là. Ce qui sert l’une sert l’autre. Il faut cependant veiller à ce que l’électeur, qui a souvent d’autres soucis que la politique au sens électoral de ce terme, puisse bien identifier qui mènera la bataille législative et dans quels domaines principaux d’expertise.

Beaucoup le savent, je suis candidate aux élections législatives à Bordeaux en face d’Alain Juppé. Cette circonscription, emblématique de Bordeaux puisqu’elle est la seule qui ne soit que bordelaise et qu’elle couvre harmonieusement ses deux rives, appartient à la droite depuis 1945. L’enjeu est difficile, un peu plus même, mais le gagner changera radicalement l’avenir de Bordeaux et mettra fin à ce monolitisme/monothéisme qui risque à la longue de faire de notre ville une ville obédiente et légitimiste. Nous gagnerons si nous somme les plus libres et si nous portons ce besoin de respiration et d’alternance.

Disons-le : si six cent voix ne nous avaient pas manqué aux législatives partielles en face d’Hugues Martin, Alain Juppé n’aurait pu imposer cette démission collective de sa majorité et ce retour anticipé à la mairie qu’ont plébiscité.. 25% des bordelais. Faisons mieux.

J’en rebats les oreilles de mes coéquipiers : soyons forts, soyons unis, soyons libres ! Nous gagnerons.

Ce blog va entrer plus radicalement en campagne. D’ores et déjà, il a un petit frère siamois https://www.michele-delaunay.net/campagne/* où nous nous retrouverons pour échanger tous les renseignements pratiques sur la campagne et pour débattre. Deux forums vous sont ouverts, choisis après lecture de vos commentaires et de vos contributions : l’éducation et cette écologie centrée sur l’homme qui notre urgence.

J’ai émis le souhait que celui des quatre forums départementaux participatifs qui se tiendrait à Bordeaux, soit l’éducation, au sens le plus large : recherche, formation, enseignement, carte scolaire.

Très bonne et très forte année ensemble !

  • vous pouvez me joindre directement en tapant sur « contact » ou sur mon mail privé michele.delaunay2wanadoo.fr

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