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Indiscrétion en direct du Conseil d’Etat

J’ouvre, après Sud Ouest, une rubrique sous ce titre d’ « Indiscrétion ». C’est un entretien, ce matin à l’Assemblée, qui m’y incite.

Une de mes collègues, UMP et sarkozienne (ce point n’est pas indifférent) mais avec laquelle j’ai noué des relations cordiales en commission car elle portait des amendements convergents aux nôtres sur la loi hôpital, m’a fait signe au sortir de l’ascenceur. Son époux est à la section « travaux publics » du Conseil d’Etat et il travaille en ce moment à la préparation d’un jugement qui ne sera pas sans conséquences pour notre ville.

Comme on sait, les terres inondables appartiennent, où qu’elles soient situées, à l’Etat et celui-ci réglemente de plein droit, dans le sens de l’interdiction, toute possibilité de construction sur les terres considérées comme telles. La définition d’ « inondable » est toujours sujette à longs débats, le risque d’inondation pouvant être apprécié sur des antécédents très anciens si le Conseil d’Etat en décide ainsi.

C’est la cas dans l’affaire qui occupe actuellement cette vénérable institution. Il s’agit des rives droites de la Garonne où ont été construites au cours de ces dernières années le lotissement disparate que les Bordelais ne connaissent que trop. Le Directeur de l’Unesco Francesco Bandarin serait intervenu dans le dossier : il m’avait, lors de sa venue à Bordeaux, exprimé combien il trouvait cette réalisation catastrophique et dommageable pour le patrimoine. Ceci se comprend aisément. L’indiscrétion réside davantage dans le fait que Nicolas Sarkozy lui-même est intervenu pour que la notion d’inondabilité soit examinée de manière assez généreuse et en s’appuyant sur toutes les données historiques dont on dispose.

Au total : le Conseil d’Etat prépare un commandement à détruire des premières lignes de la rive droite de Bastide 1. Par égard pour ceux qui occupent déjà les résidences, un long délai d’exécution sera accordé, ce qui n’est pourtant pas dans les habitudes du Conseil, ordinairement long à la délibération mais prompt à commander l’exécution.

Ce sera bien sûr un choc pour notre ville, mais c’est finallement une vraie bonne nouvelle au regard de l’histoire. Notre siècle ferait piètre mine au regard du XVIIIème qui lui fait face.

Le blues du blog

J’ai parlé à un certain nombre de baby et de papy blogueurs ; à un nombre plus grand encore de blogonautes, de blogophiles ou de blog’addicts : il y a toujours un moment où, parce que la journée est trop belle, parce que la vie est ailleurs, très loin au delà ou en deçà de l’écran, ils sont atteints par le blues du blog.

C’est quoi, cette nouvelle maladie ? C’est le moment où on se dit : quelle est la limite, quelle est l’étendue de cet écran, plein de mots qui ressemblent à autant de fourmis marchant droit sur la ligne ? Quelle est la profondeur de cette écriture sur « cristaux liquides » ? Au passage, tous admirent l’expression « cristaux liquides ». Peut-on imaginer matériau plus poétique que ces cristaux, qui comme un sable limpide, fondent entre les doigts ?

N’empêche que, les blog’addicts que j’ai interrogé, les blogonautes en culottes courtes ou longues, à l’égal des blogophiles les plus fervents, ont des moments de doute. Qu’y a-t-il de réel dans cet échange, si mobile et rapide ? Qu’y a-t-il d’important, de fondamental dans la multiplicité de ces sites, de ces « spots » comme disent les surfers, où aller un moment butiner, surfer, dialoguer, critiquer, s’emporter, se rallier, se faire et se défaire ?

Les jours gagnent en longueur, les soirs en douceur, n’ai-je pas davantage à apprendre de ma fenêtre ouverte ?

J’ai une ébauche de réponse. Connaissez-vous à propos, la plus belle et la plus courte histoire juive ?

Shlomo se précipite dans la rue et se met à hurler en regardant de toutes parts : « J’ai une réponse ! Qui, qui, a une question ? »

Quelquefois, quand à la fin d’un exposé, l’orateur s’interrompt et demande « Qui a une question ? », je réponds comme Shlomo : « Nous n’avons que des réponses ».

Je n’ai pas que des réponses. Mais j’en ai une. Le plus beau dans la chasse, ce n’est pas la prise, c’est l’attente. Le plus beau, dans tous les blogs du monde, dans toute les formes d’expression de l’homme, c’est la forêt de points d’interrogation qui lui fait ouvrir la fenêtre de son écran ou de son cahier.

Un bouclier souple et réversible

Alain Juppé sur France-inter ce matin. Une heure entière qui finit à l’instant. Je me suis abstenue jusque-là du moindre commentaire sur l’avalanche médiatique qui a entouré ses « cerises en hiver », un sourire étant volontiers pris, de ma part, pour une insolence.

Moment de franc rire justement à sa réponse en trois étapes à la question simple : « Etes-vous favorable au bouclier fiscal ? ». Première étape : « oui », un oui accompagné de l’antienne sarkozienne « dans un pays, il ne peut être question de prendre à quelqu’un plus de 50% de son revenu ». Du Sarkozy dans le texte.

Demi-tour gauche, un instant plus tard, en pensant que l’on venait de parler d’une entreprise où le patron gagne 350 fois plus que l’employé : « Dans les cas de très hauts revenus, on peut concevoir des exceptions.. ». L’excellent inspecteur des finances qu’est Alain Juppé sait bien que les « gros chèques » au titre du bouclier fiscal ne concernent pas de très gros revenus mais de très gros patrimoines. Les exceptions seront donc rares. Insistance de Nicolas Demoran « Mais alors vous êtes comme Pierre Méhaignerie ? » .

L’excellent journaliste qu’est Nicolas Demoran sait bien que ce n’est pas cela que soutient Méhaignerie, Juppé aussi. Qu’à cela ne tienne, nouveau quart de tour à gauche « Oui, c’est cela, je suis comme Pierre Méhaignerie.. ».

C’est à dire exactement au contraire de ce qu’il disait en première partie de réponse. Tout le monde ainsi sera content et aura écouté ce qu’il voulait entendre. Même Nicolas Sarkozy.

Un de mes amis, facétieux, m’a confié son projet de créer une association « Un jour sans Juppé », sur le modèle d » « Un jour sans Sarko ». Je l’ai encouragé d’un vieil adage : « Pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».

Hommage à « mon » hôpital

Faisant hier ma revue de presse, je tombe sur le classement des hôpitaux publié en novembre 2008 par le Nouvel Observateur et toujours présent sur son site.

J’y découvre que pour la pathologie dominante de mon Unité de Dermatologie Cancérologie, le mélanome, celle-ci est située sur un certain nombre de critères en deuxième position française (d’une liste de 200) ; ceci pour l’année 2007, année où, certains s’en souviennent, j’ai demandé ma mise en disponibilité pour rejoindre l’Assemblée nationale.

Cette Unité était « mon bébé », construite au cours des années et entreprise à une époque où la Cancérologie Cutanée paraissait une innovation et en tout cas ne connaissait pas d’autre exemple d’implantation hospitalière. Je l’ai confiée, un peu abruptement, au Dr Thomas Jouary qui était déjà parfaitement en mesure d’en assumer la responsabilité et destiné à me succéder.

Cette année 2007, nous l’avons donc partagée et c’est aussi pour rendre hommage à Thomas et à toute l’équipe qui chaque jour assument et poursuivent si bien la tâche, que je me suis permise ce court billet hospitalier.

Légalisation de la fraude

Le grand Pierre Dac ne pensait pas si bien dire. Dès 1927, il avait trouvé un moyen infaillible de faire du vin rosé : greffer des rosiers sur les pieds de vigne.

La commission européenne, est moins poétique, mais tout aussi sacrilège et elle vient d’autoriser de faire du vin rosé en mélangeant du rouge et du blanc. La prochaine étape sera d’autoriser de mettre quelques gouttes de mercurochrome ou d’éosine (suivant « la robe » souhaitée) dans du vin blanc.

En quelque sorte, la commission légalise la fraude à l’échelle européenne.

Et le gouvernement français a entériné. Le vin rosé connait un certain engouement et se vend bien. Pourquoi, en plus, aurait-il besoin d’être bon et produit selon les règles de l’art ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel