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Le zélateur converti et les délateurs

Cela pourrait être le titre d’un conte moral, forme littéraire qui,de Marmontel à Eric Rohmer, a connu des heurs et des usages bien différents, mais c’est un conte immoral, doublement immoral parce qu’il est vrai.

Tout le monde a « salué » l’habileté ou le cynisme politique de Nicolas Sarkozy de nommer l’ex-socialiste Eric Besson Ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Ce délicat fumet d’arrière-cuisine politique a ravi les narines rompues au mal usage de l’art de gouverner.

Pour ma part, je l’ai interprété autrement, et c’est ce que j’ai exprimé lors de la conférence de presse de SOS Racisme à l’occasion de la campagne « 30 000 expulsions, c’est la honte ». Quel message, en effet, de nommer à ce ministère qui tient en mains le destin de tant de nos frères humains, celui qui est pour tous les Français l’image du traître !

J’attendais un mauvais coup, un surcroît de cynisme. Il est venu.

Aujourd’hui le zélateur converti de la politique sarkozienne comble ma crainte, si l’on peut s’exprimer ainsi. Comme peut-être il lui a été suggéré. Mais le propre du converti de la 25ième heure est de vouloir, dès la 26ième, devancer la pensée de son nouveau maître.

Il promet ainsi la régularisation à ceux qui « collaboreront » avec la police pour démanteler les réseaux qui leur ont permis d’arriver en France.

Ne soyons pas angéliques : les indics embauchés en échange de l’ « oubli » d’un acte de délinquance n’existent pas que dans les films. Mais en faire une règle, l’écrire dans une circulaire, c’est une marque de plus de l’impudence tranquille de ce gouvernement.

Huit, onze ou trente milliards ?

Je n’ai pas ouvert la radio aujourd’hui sans entendre une appréciation nouvelle du coût de la suppression de la taxe professionnelle.

Chiffre de départ, hier soir lors du « yes, I can show » présidentiel : 8 milliards d’euros. Nicolas Sarkozy n’a jamais été très fort sur les chiffres mais il les assène, comme toutes choses, avec une détermination très convaincante. Du moins, la première fois : ensuite, on a tendance à vérifier et je me souviens d’un certain chiffre sur les immigrés sans travail qui a fait couler beaucoup d’encre.

Même chose ici. Dès ce matin, Martine Aubry corrige et estime à 30 milliards la perte globale.

Lourde gène du coté de Bercy qui fait, sans doute sous sommation élyséenne, une première correction : non, non, ce n’est pas trente mais onze milliards.

Onze milliards ! Nous voilà encore loin de la parole présidentielle et un nouveau coup de semonce est sans doute tombé sur les services de Bercy.

En chemin, entre Bergonié et ma permanence de Saint Augustin, j’écoute ce chef-d’oeuvre : Bercy re-rectifie. Le déficit lié à perte de la taxe professionnelle est bien de 11 milliards MAIS les entreprises qui ne la paieront plus feront davantage de bénéfices et devront s’acquitter d’un impôt plus élevé. Et devinez à combien est estimé ce complément de rentrées fiscales ?

Vous avez gagné : il est estimé à trois milliards. Huit et trois faisant onze et onze moins trois faisant huit, voilà pourquoi le Président qui sait compter et prévoir en même temps qu’il parle, a avancé le chiffre de 8.

Elémentaire, mon cher Watson !

Sauf que… chiffres ou autres paroles, plus personne ne croit aux déclarations présidentielles.

Baby boum à la perm

Il faut bien lire « baby boum » et non « baby boom » : il ne s’agit pas d’une augmentation brutale du taux de fécondité rue Saint Laurent, telle qu’on en a connu entre 1945 et 50. Encore que… Mais c’est une autre histoire.

Pour les jeunes gens de mon âge, comme pour Sophie Marceau, un « boum » est une surprise party, une fête, une teuf… Et c’est exactement ce que nous avons perpétré samedi dernier à la permanence parlementaire.

Personne n’ignore la volonté forte, affirmée « una voce » lors du dernier Congrès, de renouveler le Parti Socialiste et de voir accéder aux affaires de jeunes générations : Emmanuelle Ajon, comme moi-même, fidèles à nos engagements de devancer en toute occurrence le mouvement, avons décidé d’anticiper et de préparer tôt ce renouvellement.

Aussitôt conçu, aussitôt pondu ! Dès samedi 30 janvier, jour de mon élection au Conseil Socialiste de Bordeaux, nous avons réuni les forces extra-vives de la gauche : les 1 à 5 ans.

J’ai appris beaucoup : kidi boos et ozi boos figurent désormais dans le pannel de nos outils politiques forts. Pour ceux qui ne seraient pas complètement au top, question renouvellement et nouveaux moyens de communication, les premiers sont des fromages, les seconds des petits livres colorés.

Un caribou (que je n’écris pas encore cari-boo) nous a rejoints, distribuant les précédents (kidi boos et ozi boos) aux jeunes et gentils participants à cette chaleureuse manifestation. Quant à la jeune Ilana, elle a fièrement déclaré sa candidature pour les législatives de 2030. Comme on sait à Bordeaux, mieux vaut déclarer tôt. Là-aussi, nous l’emportons …

Le souci de parité domestique qui est, comme on sait, un des points forts du programme socialiste, était largement présent à la table des débats sous la forme de 18 gâteaux et galettes confectionnés… par les pères et grands-pères. Du moins, c’est ce qu’ils ont prétendu. En politique, c’est la force de l’affirmation qui l’emporte sur le secret des réalisations.

Au total, des visages ravis, des frayeurs charmantes devant ce gros animal venu du Canada et, ce jour-là, comme tous les autres, une vraie prise en compte des enjeux du XXIème siècle et des acteurs de terrain !

La politique en kit

Bel exemple de la politique en kit qu’affectionne notre gouvernement : le projet de loi « Réforme de l’hôpital, relatif aux patients, à la santé et aux territoires »

Au passage, ce projet de loi en est à son troisième titre : « Patients, Hôpital, Santé et Territoires », puis « Réforme de l’hôpital » et enfin, dans un mouvement de remords d’avoir laissé les patients et la santé en rade, le tarabiscoté « Projet de loi portant réforme de l’hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires ».

Le bon La Bruyère disait « Vous voulez dire « il pleut », dites « il pleut » ». Mme Bachelot mériterait un exemplaire des oeuvres de cet auteur trop oublié à l’Assemblée nationale.

Dans sa grande précipitation, le Gouvernement pond les lois par morceaux. L’oeuf entier lui échappe. Nous sommes tombés entièrement d’accord sur ce point hier en commission avec le Pr Bernard Debré, qui ne passe pas pour un dangereux révolutionnaire (au demeurant, moi non plus).

Bernard Debré, urologue de son état, mais ça n’a rien à voir dans le débat, a été invité par le Président de la République en personne à mettre en place une commission supposée réfléchir à une réforme des CHU. Cette commission porte le nom de son chef, M Marescot, et elle réfléchit si bien que ses trente membres se réunissent pratiquement tous les jours. Résultat de leurs réflexions aux alentours du mois de mai, avec l’espoir bien sûr d’aboutir à … une loi, portant réforme des CHU, pièce maîtresse du système hospitalier.

Bernard Debré dont le caractère vigoureux est largement connu, sinon apprécié, a exprimé hier sa stupéfaction d’avoir aujourd’hui à débattre d’une loi portant réforme de l’hôpital, dont bien sûr les CHU font partie, alors qu’il est par ailleurs supposé réfléchir à ce que pourrait bien être une réforme des dits CHU.

Incohérence absolue que nous avons,, nous aussi, montré, d’autant que la loi actuelle aborde largement toutes les attributions des CHU et leur rôle central dans les communautés hospitalières de territoire.

Ce n’est qu’un exemple : on nous annonce aussi une nouvelle loi de santé publique et plusieurs autres pièces d’un kit dont les patients feront les frais faute de vision cohérente de l’ensemble et de sa finalité.

A moins qu’il ne s’agisse justement de masquer cette finalité.

Ne pas jeter le bébé Europe avec l’eau du bain libéral où elle est entrain de se noyer

C’est tout l’enjeu des élections européennes qui approchent : montrer aux électeurs que ce n’est pas l’Europe qui est mauvaise, mais le fait que ce soit une Europe de droite.

Dans notre parti comme au delà, contre quoi certains ont-ils voté en mai 2005 ? Contre ce qui associait l’idée d’Europe à une politique libérale. Paradoxalement, ceux qui, à gauche, ont voté pour le traité constitutionnel l’ont fait en pensant qu’il fallait avant tout renforcer l’Europe pour lui permettre de l’emporter sur la vague libérale où elle était engagée . Les uns et les autres se sont opposés ; ils ont aujourd’hui la possibilité de se retrouver pour changer la majorité qui dicte sa loi au Parlement Européen.

Comment cela ? En ne laissant pas se disperser les voix de la gauche sur des candidatures séduisantes ou emblématiques : ce sont des voix mortes au Parlement. La seule perspective de changement de cap, est de voter pour le PSE.

Nous avons un fort atout : pour la première fois, le PSE propose à l’ensemble des Européens un texte commun, capable de rassembler autour des deux piliers des services publics et du mieux disant social. Et ainsi de fournir un socle à une nouvelle Europe.

C’est l’eau du bain qu’il faut changer sous peine de voir définitivement l’ Europe se noyer et se perdre dans une fuite en avant libérale qu’aucune politique nationale ne pourra contrecarrer.

Pour notre part, l’enjeu est aussi de nous protéger de la fuite en avant libérale du gouvernement Sarkozy.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel