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Droits de l’homme : en France aussi

La déclaration des Droits de l’Homme, dont nous célébrons aujourd’hui le soixantième anniversaire, est universelle. Tellement universelle, qu’on en oublie qu’elle concerne aussi la France.

Illustration aujourd’hui avec la prise de parole (assez malencontreuse au demeurant) de Bernard Kouchner qui est à ma connaissance Ministre des affaires étrangères et européennes et n’imagine pas un instant que Rama Yade pourrait, à l’occasion, être utile à l’intérieur de nos frontières. Rama Yade elle-même « défend son bilan », parfaitement extra-hexagonal.

Et pourtant ! Quelle belle collection de violations pouvons-nous afficher aux frontons de la République, en violation des trois beaux mots qui y figurent. Amnesty International, le Conseil de l’Europe avec l’accablant rapport Hammarberg, n’ont pas manqué d’en faire état

Violations dans nos prisons, où les détenus ont bien souvent des conditions de vie indignes, ne serait-ce que du fait de la surpopulation. Un jeune homme de 24 ans vient de se pendre à la maison d’arrêt de Gradignan. Un détenu tous les trois jours meurt de la même manière dans nos prisons.

Faits de violence dans les centres de rétention administrative ; traque des demandeurs d’asile autour de Calais, avec hélicoptère, projecteurs et chiens policiers ; violation délibérée des normes internationales qui protègent les mineurs devant la justice ; pressions et menaces sur les personnes et violence policières qui atteignent jusqu’aux patrons de presse …

Fichages illégitimes et irresponsables avec le fichier Edvige et toute une collection d’autres, dont le fichier STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées) qui ne réunit pas moins de 17 millions de personnes ! La majorité des lecteurs de ce blog y figurent : il suffit pour avoir cet honneur d’avoir eu la plus petite maille à partir avec une commissariat, fût-ce pour déposer plainte.

Au chapitre de ces violations aussi, les reconduites à la frontière d’étrangers, souvent depuis longtemps sur notre sol, souvent ayant un travail, parlant Français, ayant des enfants scolarisés avec les nôtres, et embarqués dans ce qu’Amnesty appelle « les charters de la honte ».

Liste bien sûr non close et que chacun pourra compléter. Je crains d’ailleurs que les mois à venir ne l’alourdissent. Comme dit Kouchner, décidément bien intégré dans le gouvernement dont il fait partie, « les Droits de l’Homme sont si souvent contraires à la politique ».

Obstiné, mais pas courageux

Eh bien, mes amis, bloguer, tracter, chatter, discuter sur le terrain, ce n’est pas tout à fait inutile ! Démonstration est faite : les Français ne sont pas malléables à merci.

Le projet de loi sur le travail du dimanche est repoussé sine die. « Sine die » n’est pas « sine arrière pensée ». Not’ Président, comme on disait autrefois not’ Maître, y tient beaucoup. Rapport à quelques gros centres commerciaux de la région de Marseille, dont l’un très opportunément appelé « plan de campagne » (suivez mon regard ou, du moins, ma pensée).

Il semble qu’il recule momentanément devant le tollé soulevé jusque dans les rangs de la majorité, mais avec l’intention de faire passer le projet, ni vu, ni connu, dans le texte « plan de relance », penaudement caché entre deux articles.

Obstiné, mais pas courageux, not’ Président. Pas de chance, de not’ côté, c’est plutôt les deux.

 »A voir :

https://www.deputes-socialistes.fr/medias//PDF/argumentairesXIII/dimanchelibre.pdf  »

Petits échos rapides en provenance de l’Assemblée

Près de sept heures de train entre Bordeaux et Paris, dont 4 en cale à Chatellerault, sous une fine pluie glacée… Encore un coup d’un vague commando nihilo-négativiste, sorti de je ne sais quel fagot connu de la seule Ministre de l’Intérieur.

Tant et si bien que j’ai commencé ma journée opérative au moment des questions d’actualité au gouvernement. L’actualité principale à l’Assemblée c’est la quasi-certain report du texte sur le travail du dimanche en janvier.

Pour mémoire, ce même texte devait passer en juin dernier. On ne peut pas ignorer qu’il constitue un caillou très irritant dans la chaussure UMP. Le prétexte assez commode est cette fois de dire que les débats autour de la réforme audiovisuelle traînent trop en longueur. Et reconnaissons que nos collègues de gauche font une très belle résistance contre ce texte dont le coeur est, en fait, de transférer au privé 800 millions d’euros de recettes publicitaires et de museler la télévision publique en vue de 2012.

Voilà, les petits échos de l’Assemblée. Je cours à une audition en vue de la loi HPST, qui vient d’ailleurs de changer de nom : « loi de réforme hospitalière » au lieu de « loi Hôpital Santé Territoires. Cela démontre qu’il n’y est pratiquement question que de gouvernance et point de santé.

Conseil fédéral : Avanti !

Les Conseils se suivent et ne se ressemblent pas.. Ce soir, bref conseil fédéral de Gironde, sous le signe d’accords bien pesés et bien pensés. Tout cela en présence de nos grands, moyens et petits élus (curieusement, on ne définit comme tels que les grands…) et dans une atmosphère que l’on peut qualifier de bonne.

Notre amie Catherine Veissy, conseillère régionale, devient le numéro deux de la fédé, aux côtés de Ludovic Freygefond. Que n’a-t-on pu faire aussi bien au Conseil national avant hier, en nommant numéro deux Vincent Peillon ? Seuls les esprits nocturnes de Solférino connaissent la réponse.

Tout cela est de toutes manières de l’histoire ancienne. Comme il n’y pas de deuxième dans une élection, mais seulement un élu et un battu, il n’y a pas non plus de marche arrière en politique. Dans le contexte de Rome décadente où nous sommes (le sénateur Marini proposant de défiscaliser les victimes de la Bourse !), nous sommes condamnés à la marche avant.

Très bonne chose (la condamnation, pas la situation). On disait, méchamment que les chars de l’armée italienne pendant la dernière guerre avaient cinq marches arrière et une seule marche avant.

Nous voilà tout à l’inverse. Avanti !

Ce matin, aux Chartrons

Ce matin, au marché des Chartrons (ex Colbert). Du temps de la présence du navire, nous nous partagions avec Philippe Dorthe, sa poupe (pour lui) et sa proue (pour moi). Le navire est parti, mais le marché reste distribué de part et d’autre du cours de la Martinique (quel beau nom, si bien en phase avec le passé et l’avenir de Bordeaux), c’est à dire partagé entre le canton de Philippe et le mien.

Pour tout dire, ce marché n’est pas pour autant une terre de gauche. Fondamentalement, si, parce qu’il regarde le fleuve, l’air du large et l’avenir. Sociologiquement, c’est plus discutable : les Mercèdès y sont nombreuses, le Maire de Bordeaux y a ses habitudes et ses habitués, les marchands y sont « cherrants », mais pour autant c’est un beau marché.

Donc, ce matin, à une heure raisonnable (c’est à dire tardive dans la matinée), nous étions 4 militants, portant un message « Travail du dimanche : c’est non » . Quatre militants qui sont devenus 6, puis 7, puis 8. Rien n’est plus agréable que d’agglomérer les amis de manière impromptue.

Politiquement, ce marché n’est pas mon favori. J’ai laissé entendre pourquoi. Et en même temps, jamais ailleurs, les remarques, les mimiques, les paroles échangées ne sont aussi instructives.

Beaucoup ont été attirés par le sujet du tract. « Alors ça, je suis d’accord ! » ». D’autres n’osaient pas nous rejoindre: « vous savez, moi, je travaille le dimanche ! »; et je leur demandais : « vous travaillez le dimanche, mais le souhaitez vous ? »

Je passe sur les copains médecins ou soignants, qui sont hors du débat, tant certains métiers doivent -et heureusement- travailler le dimanche. Mais nombreux ont été ceux qui m’ont dit « ça sert à quoi de travailler le dimanche ? »

Longue conversation avec une jeune femme, employée coiffeuse dans un centre commercial. Elle allait rejoindre son salon. « Quatre dimanches avant noël, donnés par le Maire, et nous qu’est-ce qu’on aura? « . Je prolonge la conversation, que je transcris dans son absolue vérité: « pourquoi les gens vont se faire coiffer le dimanche ? »

Pourquoi, en effet ? Une grande partie de la réponse est entre les mains des consommateurs.

Quelques-uns qui m’avaient dit au premier coup d’oeil être d’accord avec le repos du dimanche, ont poliment décliné le tract en en découvrant l’inacceptable provenance de gauche.

En réalité, et nous le savons tous, c’est vraiment d’un modèle de société qu’il s’agit. Sachons choisir. Là, plus encore qu’ailleurs, soyons libres.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel