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De fort méchante humeur

Tout ça pour ça…

Depuis trois mois, nous nous donnons en spectacle (je parle du PS), de bals des egos en querelles des chefs ou des sous-chefs. Tout cela « parce que nous sommes un parti démocratique » et que l’on ne peut définir, hors du processus des motions, la ligne politique de notre parti.

Il est peu de dire que cette ligne, dans l’état actuel, n’est guère droite. De sinuosités en nids-de-poule, de sablonnage en savonnage, nous n’en voyons toujours pas le bout.

A cette heure, à l’Assemblée, les motions se comptent et se rencontrent pour affûter le dispositif TSS, qui n’est malheureusement pas « Tout Sauf Sarkozy » mais « Tout Sauf Ségolène » (Sarkozy pendant ce temps engrange les dividendes de nos divisions).

Démocratique, vous avez dit démocratique ?

Je passe sur les votes monolithiques, les votes circonstanciels ou clientélistes. Sans doute, ne sommes-nous qu’une société humaine. Mais cette tentative de remise en cause de notre démocratie interne qui vient pourtant de s’exprimer est au-delà de l’affligeant.

Je pars demain à Reims. De fort méchante humeur et lasse de ce spectacle de mauvaise politique.

Tout à l’heure, « sur le terrain », j’ai essayé de convaincre que la politique ce n’était pas cela. Et notre camarade François Deluga, qui cherche en ce moment à reconquérir son siège sur la 8ème circonscription après le jeu de chaises musicales Assemblée-Sénat de Marie-Hélène Desegaulx, est bien mal aidé par ce fond de scène délétère.

Et pourtant, en effet, ce n’est pas ça la politique.

S, comme santé et comme sexy

Bon d’accord, j’ai un léger différend avec Ségolène. Léger n’est qu’une litote : un lourd différend.

Avant d’expliquer quel différend, une remarque : une des faiblesses du blog est que le billet qui vient clairement en prolongement d’un autre lui fait suite, parce qu’il s’affiche en ordre chronologique. Ce billet-ci vient après ce billet-là qui le précède, alors que ce billet-ci devrait suivre ce billet-là qui n’est avant ce billet-ci que parce qu’il venu moins tard. Les Girondins (1791-93) auraient dit : ce ci-devant est un ci-après.

Tout ça pour dire que je ne fais que continuer le billet précédent.

Je reviens à mon lourd différend : quand Ségolène parle des points essentiels de son programme ou des préoccupations des Français, elle ne parle jamais de la santé. La laïcité, oui, l’environnement et tout ce que nous connaissons bien, mais la santé, elle moins que d’autres, mais en réalité tous, oublient de la situer au premier plan des enjeux de ce XXIième siècle, lequel débute sous des auspices pas toujours tellement sympathiques.

Pourquoi ? Parce que la santé n’est toujours pas entendue, comme elle devrait l’être, comme le plus sexy de nos sujets de conversation et de préoccupation. Dès que vous parlez « santé », j’en ai encore fait l’expérience auprès d’un député européen parmi mes favoris, on vous répond « sécurité sociale », « maladie », « invalidité », « cancer » et des tas d’autres bons trucs qui donnent envie de passer son chemin. Si la santé n’évoque qu’arthrose, oeil de perdrix, orgelet, bubons et pustules, comment pourra-t-elle être sexy ?

J’insiste sur un léger détail : la santé, c’est tout le contraire. C’est l’autonomie, la beauté, la force, l’envie, le désir (toutes les formes du désir), la respiration, l’inspiration (toutes les formes d’inspiration), et même ce drôle de truc, qui n’est finalement qu’un gros muscle et, en tous cas, un outil : l’intelligence.

Est-ce que, dit comme ça, on n’y regarde pas à deux fois ? Est-ce, dit comme ça, on n’a pas envie de s’en faire une copine (de la santé, pas obligatoirement de Ségolène) avant de déclarer qu’elle n’est pas sexy ?

Pour ma part, pour avoir expérimenté sur le terrain qu’elle est notre meilleure condition de liberté, je me suis farouchement rangée de son côté, comme qui dirait dans sa motion.

A vous de dire si, cette fois, il s’agit de la santé ou de Ségolène.

Leader (e)

Eh bien oui, je pense que Ségolène Royal a raison de se porter candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

C’est une décision courageuse, voire même risquée, mais c’est aussi une décision sage. Risque et sagesse ne sont pas toujours en opposition.

Risquée, parce qu’elle est susceptible d’animer le TSS, Tout Sauf Ségolène, variante purement socialiste du Tout Sauf Sarkozy, qui a eu le succès que l’on sait. Les barons barbons (mais si, même au parti socialiste, il y en a !) risquent de voir se réveiller leurs urticaires et leur veilles rancoeurs. J’ai peut-être tort, mais je pense qu’elles feront court feu. Nous sommes maintenant en face du pays qui a eu largement connaissance des résultats de notre vote. Un parti démocratique qui se souderait au lendemain d’un scrutin contre l’équipe qui l’a remporté n’aurait pas très belle mine.

Sage, parce que la motion E est une alliance, mais que personne ne peut nier que Ségolène Royal en a été le leader. Au coeur des critiques, comme au coeur de la remontée dans les supposés sondages. Un leader doit être en tête, sous peine de prendre le risque de ne pas toujours le demeurer. Il s’agit pour elle maintenant d’agréger des coéquipiers solides issus d’autres motions.

Nous allons tout à l’heure écouter Ségolène sur TF1. Pour une fois, je vais déroger à mon aversion de la télévision. Je pense qu’elle donnera des gages à la sagesse. Le risque, nous le connaissons tous.

11 novembre

Quatre-vingt dixième anniversaire du 11 novembre, à Bordeaux comme dans toutes les villes et villages de France. Le dernier poilu français est mort cette année, mais le macabre décompte est maintenant touché par la globalisation : il reste un Américain et quatre Européens. Quand j’entends cela dans le poste, il me semble écouter une cloche fatale, rythmant les heures et les minutes.

A propos, quiconque s’est-il jamais enquis de savoir s’il restait un tirailleur sénégalais, ou un « Annamite » ? Mon grand-père maternel est mort à Dunkerque à la tête d’un régiment d’ « Annamites », parce qu’il parlait cette langue, ayant fait au Tonkin un service militaire de 7 ans (7 ans…). Mort, sans doute avec beaucoup d’entre eux, dont plus personne ne sait rien, et dont je ne sais si « là-bas », on conserve le souvenir. Pour ma part, j’ai conservé sa plaque d’identité « en Annamite », très belle, énigmatique, symbolique. Ma jeune grand-mêre (jeune alors) est partie là-bas, au loin, dans le nord, mais n’a jamais su ni retrouvé où il était enterré. Sans doute, pas plus que ses Annamites, n’a-t-il jamais été enterré, poussière de chair et d’os pulvérisée par un obus.

Je mets « Annamite » entre guillemets : c’était le vocabulaire de l’époque, et je n’en connais pas l’exacte traduction dans la géopolitique d’aujourd’hui.

Je parlais tout à l’heure avec François Dubet, récipiendaire la médaille de la légion d’honneur et pour cela invité à l’hôtel préfectoral où il a reçu un beau document dont le contenu n’a pas été révélé. Tous les deux, nous nous sommes demandés : avons-nous la moindre idée de ce qu’aurait été notre attitude, notre courage ? Nul ne le sait avant de le mettre à l’épreuve. La génération de François Dubet, qui est plus ou moins la mienne, n’a pas eu l’occasion d’éprouver, de s’éprouver.

Quelques-uns pourtant. Je dis souvent que les malades de maladies graves sont les héros de notre siècle. Mourir, ou le risquer, n’a jamais été une promenade agréable, mais aujourd’hui les maladies telles que le cancer, si elles offrent beaucoup de chances de survie, peuvent conduire également à des traitements longs et éprouvants, des examens à répétition, tout cela sur un espace de temps beaucoup plus long qu’autrefois. Bref, le « chemin des dames » existe toujours, mais autrefois l’enjeu était de risquer de mourir à chaque instant ; aujourd’hui, il est d’avoir une chance de vivre.

Très belle cérémonie ce matin, où les enfants et les très jeunes ont été associés par des lectures de textes et surtout par une interprétation chantée de la Marseillaise, très vigoureuse, très enthousiaste. Merci au collège Emile Combes et à la professeure Mme Barbier.

Un vrai merci : les paroles de la Marseillaise ne sont pas, à proprement parler, du gâteau. « Le sang impur », « les féroces soldats », « l’égorgement de nos fils et de nos femmes » demandent une longue explication. Et le contexte historique des soldats de l’an II et de Valmy, première victoire militaire de la République, demande lui-même un fort talent pédagogique.

Au passage, le ministre Hortefeux a proposé la semaine dernière que les candidats à l’immigration en France ou au regroupement familial, apprennent et connaissent les paroles de la Marseillaise. N’a-t-il aucune crainte que, même parmi la minorité de celles et de ceux qui comprendront les mots (le « mugissement » des-dits féroces soldats..), « le sang impur » ne puisse être un tantinet mal interprété. Espérons que cette proposition, avec les médailles en chocolat de Darcos pour récompenser les bacheliers, rejoigne bien vite la brocante des couacs gouvernementaux.

Je regrette presque ces dernières lignes, détournant l’attention de mon objet en écrivant ce soir : avons-nous la moindre idée de notre part d’héroïsme ?

Pour cela aussi, je ne trouve pas insignifiant de se souvenir de ceux qui furent héroïques.

Je hais les dimanches !

Je hais les dimanches à cause de leur brièveté. A peine entamés, les voilà déjà presque passés. Surtout quand ils sont, comme celui-ci, libres d’obligations extérieures (fêtes, commémorations, anniversaires, congrès du Parti Socialiste..) et qu’ils m’autorisent de passer la journée à la maison, enveloppée de mes meilleurs babygros (un babygro est un vêtement doux et chaud, dépourvu de toute prétention à la mode, non plus qu’à aucune forme de séduction, à l’exception de mon bien être personnel).

Ces journées « libres » sont rares et donc bien évidemment remplies d’activités qui les rendent toujours plus brèves. A peine ai-je fait un de ces actes politiques forts (brûler trois cartons de vieux journaux, faire tourner la machine à laver avec la même trépidation fébrile qu’une machine à sous, sorti les pulls d’hiver du grand sac IKEA qui leur sert de housse anti-mites… Toutes choses que finalement, j’aime assez), que la journée est au trois quarts passée.

Entre toutes ces choses, des visites à l’ordi, la lecture d’un bon article du Monde, des respirations qui magnifient ce bon mélange entre tête et corps, entre être et avoir, qui constitue une des questions les plus existentielles de notre modeste condition humaine (quel est le bon rapport entre eux ? Comment faire que l’un aide l’autre sans l’encombrer ? ….)

J’étais juste venue vous parler un petit coup, comme les ménagères siciliennes qui ouvrent les fenêtres, le fichu sur les cheveux et qui apostrophent la voisine d’en face pour savoir où elle en est, si son mari est revenu, si le petit Fabio, le fils de sa fille, est enfin propre, et si on en a retrouvé le chien de ce fainéant d’Arturo.

Que ce dernier tiers de dimanche vous soit clément et chaleureux.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel