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Ségolène à son Zénith

Cinq mille personnes hier soir au zénith pour la soirée de la Fraternité dont Ségolène Royal a eu l’initiative. A la fin de la performance (au sens français comme au sens anglais du mot), un journaliste demandait à Jean-Louis Bianco : « vous n’êtes pas déçu, il n’y avait pas grand monde… »

Le ton était donné. Quand l’un ou l’autre de nos responsables (en cette période de congrès, je ne veux pas citer de nom !) rassemble 500 personnes, on parle de foule, quand Ségolène en réunit 5000, on tord le nez…

Parmi les 5000 pimpins, il y avait moi. Ce qui m’a donné la chance de ma première journée promenade-exposition à Paris depuis quinze mois que j’y « fais la vie ». Bloquée par le RSA jusqu’à vendredi, j’ai pris la folle décision de demeurer sur place jusqu’au lendemain soir. Pour tout dire, en reniflant le soleil le long de la Seine ou en prenant dans la figure la peinture d’Emil Nolde, je me sentais un peu coupable …

Je serais malhonnête de dire que je suis une fanatique des artistes venus témoigner au zénith. Le nombre de décibels propulsé par les amplis m’a fait la tête comme un cucurbitacé. Quand au discours de Ségolène, je n’ai fait que le lire, puisque les élus ont été, tout le temps qu’elle a parlé, parqués derrière la scène, dans un local dépourvu du moindre haut parleur. Je n’ai donc vu d’elle que les images, fort belles, d’une femme radieuse, détendue, avec une gestuelle tantôt de femme dans la vie normale, tantôt de petite fille (les mains sur les hanches, dessinant de grands ronds dans le ciel…)

Ce visage radieux de la politique ne va pas plaire à tout le monde. Gageons que les grincheux, les acariâtres, les mal-dans-leur-peau vont ronchonner dans leur barbe. Je ne parle pas de barbe par hasard. Gageons encore que ces grincheux seront d’abord masculins. Trop belle, trop légère, trop jeune pour eux, ce qu’ils traduiront par trop belle (légère, jeune) pour la politique.

Qui se mettra en cause ? Je trouve sur mon écran une déclaration de Bertand Delanoë que j’estime et apprécie : « Je ne mets pas en scène ». Il ne se met pas en scène ? Les postures campées de Bertrand quand il parle amusent ou irritent, selon le tempérament de chacun. Comme pour Ségolène hier et son nouveau talent de « femme libre », l’apparence devance le propos. Le message n’est pas obligatoirement dans le texte, mais dans le ton ou dans l’image.

Le texte du discours m’a été donné au même titre qu’à la presse. Ce n’était pas un programme politique, mais un hymne à la vie, à la résistance, à la liberté d’une femme en responsabilité.

En toute objectivité, ce que je me suis promis d’avoir en cette période de pré-congrès, Ségolène a trop parlé d’elle. L’idée était de communiquer une image de force, féminine à l’extrème. Presque biblique : chasuble bleue, absence de tout « métal ». L’idée ne pouvait que me plaire, moi qui soutient matin, midi et soir, qu’un meeting politique doit d’abord donner de la force et qu’on doit en ressortir meilleur et plus instruit qu’on y entre. Pourtant, trop mature et trop cérébrale sans doute, j’ai besoin de plus de texte.

Au total, un vrai succès doublé d’une vraie interrogation. Les meetings qui ne réunissent que des militants pour entendre des discours convenus dans l’ordre de titres et de mérites des orateurs, ont fait leur temps. Malheureusement, ce que l’on appelait « parler sous les préaux d’école », aussi. Il s’agit de rallier autrement les gens, les jeunes, ceux qui ne baignent pas dans les slogans ni dans les concepts, ceux qui ne savent pas ce qu’est la TIPP, qu’elle flotte ou pas, ceux qui rament, ceux qui vivent comme ils peuvent plus que comme ils veulent, au point qu’ils ne savent plus toujours ce qu’ils veulent.

Tous tout seuls ! tous tout seuls !

Ma journée commence par un grand éclat de rire, ce qui est excellent pour le teint et assure un seuil stable d’andorphines pour les heures à venir.

A recommander donc sans modération, la visite du site rue 89 où est relatée la manifestation de « jeunesse française ». Mouvement de droite auquel se sont acoquinés les verts, le temps de manifester contre l’installation de la star’ac dans le quartier du marais.

Les slogans de ce peuple en colère valent leur pesant de cacahuètes de chez Fauchon. Extrait :

« Plus de police, moins d’artistes ! »

« Moins de festivals, plus de quinzaines commerciales ! »

« Du caca dans nos têtes, TF1 sur toutes les chaines »

« La culture, ça fait mal à la tête ! »

et l’inénarrable « Tous tout seuls, tous tout seuls ! »

Quand c’est l’humour qui égratigne, la guérison vient avec le mal. Dans la même veine, j’avais proposé en 2001 à Gilles Savary de bâtir un programme alternatif de gauche pour notre liste municipale. Sa bannière aurait été : « Sauvons la chasse à courre ! »

The winner gets nothing

En bon français : la vainqueur ne gagne rien. C’est le titre d’une nouvelle d’Hemingway, plus que jamais d’actualité, en Amérique où se livre le duel Obama-Mc Cain, sur fond de crise financière, et au parti socialiste, entre nos six motions et la 7ème : la droite.

Entre Al Gore et George Bush, qui fut le vrai vainqueur de l’élection présidentielle américaine de 2004 ? L’un perdit l’élection de quelques milliers de voix que l’on dût recompter pendant des jours et des jours, mais obtint le prix Nobel pour son engagement sur le réchauffement climatique. L’autre, George W, gagna l’élection, mais est entrain de finir son mandat dans l’opprobre et la déconsidération.

Qui est le vainqueur, ou, pour traduire au plus près la formule américaine : qu’a gagné le vainqueur ?

Je reviens au Parti Socialiste. Je ne suis pas une fanatique du jeu des motions et je l’ai toujours dit ouvertement, y compris en défendant très clairement « ma » motion devant nos militants. Je suis pour un parti socialiste en phase avec le XXIème siècle, dont je ne suis pas sûre que la procédure actuelle, délétère parce qu’elle nous divise et nous éloigne des vrais enjeux, fasse parti(e).

Qui sait pourquoi qui vote quoi, aux USA comme au PS ? Et qui le sait, ne sait pas toujours qui est pourquoi dans qui vote qui ; ni qui est pour qui dans qui vote quoi .

Nous voilà bien..

« Plutôt unis que morts », la devise simple dont j’ai accompagné plusieurs billets de ce blog, est plus que jamais d’actualité. Au PS comme aux US.

RSA : intervention à l’Assemblée

Le travail : une valeur de gauche

Le travail est fondamentalement une valeur de gauche ; émancipation des femmes, moteur de l’ascenseur social au siècle dernier, symbole du partage et de l’échange qui est la base d’une société humaine, thérapeute de la finitude de la condition humaine, il est, depuis que ce mot existe, au cœur du socialisme.

Pour cela, nous ne pouvons que partager le principe du revenu de solidarité active.

Mais parce-que nous respectons le travail, nous ne voulons pas qu’il soit source d’inégalités, nous ne voulons pas qu’il soit synonyme de précarité et de pauvreté ; nous voulons qu’il soit digne, durable, et à l’origine d’un juste salaire.

Pour cela, il n’est pas question de contrer le RSA, mais de le compléter.

1- le RSA ne donne pas de travail, il le prête en étant générateur de temps partie et d’emplois précaires

Le RSA intéresse grandement les secteurs en tension mais, comme nous le savons tous, ces secteurs sont majoritairement vecteurs d’emplois précaires et de temps partiel. L’expérience a été faite dans le Nord où, par exemple, une entreprise qui avait besoin d’intérimaires a sauté sur le dispositif. Partout, les emplois RSA risquent d’être des petits boulots, générateurs de petits salaires et de vulnérabilité durable.

Il faut l’accompagner de mesures dissuasives en direction du temps partiel subi et ne l’autoriser que si l’employé le demande

La solidarité doit être active, bien sûr, mais l’activité doit être solidaire.

2- Le RSA ne crée pas l’emploi et ne lève aucun des freins qui en séparent.

Il n’améliore pas le retour à l’emploi, même s’il en améliore un peu les conditions financières ; il faut l’accompagner de mesures relatives aux gardes d’enfant, à la santé, -et nous en mesurons l’importance aujourd’hui où on apprend que 40% des Français retardent ou limitent des soins-, au transport, au suivi personnalisé ; il faut qu’il soit un dispositif complet, par une formule.

3- Le RSA est générateur d’inégalités

– entre ceux qui travaillent, selon qu’ils ont plus ou moins de 25 ans On ne peut considérer autrement le travail de l’un et le travail de l’autre, et nous vous demanderons d’étendre aux jeunes ayant un emploi le bénéfice du RSA.

Parallèlement, n’est-il pas temps aussi de mettre en place une mission parlementaire d’information sur l’emploi et le pouvoir d’achat des jeunes, notamment ceux en situation de rupture familiale, et de trouver pour eux des solutions ?

– Et bien sûr, dans une entreprise, entre celui qui recevra le SMIC pour 35 heures et celui qui le recevra pour 20 heures ; soyons honnêtes, cette inégalité de revenus pouvait exister entre l’un qui travaille et l’autre non, mais c’est une raison de plus d’aller à l’encontre d’un abus de temps partiel.

Et qu’en est-il, avec précision et certitude, entre deux temps pleins occupant un travail payé au SMIC, l’un passé par la case RSA, l’autre pas ?

4- Le RSA « laisse les plus pauvres sur le bord du chemin » ; nos collègues de droite usent et abusent de cette formule, elle a ici tout son sens : les personnes exclues du retour à l’emploi ne connaissent aucun bonus, alors même que leurs revenus se dégradent.

Il faut l’accompagner de mesures d’insertion sociale s’accompagnant d’un plus financier ; c’est aussi de l’activité même si ce n’est pas de l’emploi.

5- Le RSA doit être viable , et nous avons besoin sur ce point d’un complément d’information sur les moyens alloués pour sa mise en œuvre et leur répartition :

-2000 emplois sont demandés par les 123 CAF ; seront-ils satisfaits ?

-Vers lequel des acteurs du dispositif iront les 150 millions de frais de fonctionnement prévus ?

-Parmi ces acteurs, quel sera le pilote de l’avion ?

6 – Enfin, ce qu’il faut compléter aussi, c’est son financement Votre gouvernement ne sera entendu, compris, que s’il est équitable. Est-ce opportun aujourd’hui de sanctuariser le bouclier fiscal et d’exclure de l’effort de solidarité les plus riches ?

Monsieur le Haut Commissaire, pardonnez-moi cette familiarité : les idées sont bonnes, l’élève plein de bonne volonté, mais en travaux pratiques : peut mieux faire!

voici la structure de mon intervention d’hier à l’Assemblée telle que nous sommes invitées à la remettre à la presse, très ramassée, très minutée, ce qui fait toute sa difficulté

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel