m

Sarkolepsie : c’est fini

La France sort clairement, et je crois définitivement, de l’état de sarkolepsie (une variante politique de la narcolepsie) qui a suivi les élections présidentielles. Un an, c’est beaucoup, mais tout indique que c’est maintenant terminé. Je crois que, tout habile qu’ait été Sarkozy dans les premiers mois, ce n’est plus aujourd’hui « remontable ».

Un sondage publié aujourd’hui 20 avril par le Journal du Dimanche est de ce point de vue significatif. A la question « Estimez-vous qu’après un an, la politique de Nicolas Sarkozy ait amélioré la situation de la France ? », 79% répondent non, et 59% d’entre eux enfoncent le clou : « Non, pas du tout ».

Un moment stabilisée (la bonne apparence de Carla Bruni en Angleterre), la cote de popularité de NS, recommence à chuter : 36% (moins un point) , loin derrière celle de Fillon (52%) qui pourtant chute lui même de six points.

Les yeux des Français sont dessillés. Et pourtant leurs réactions sont fragmentées, hésitantes, mal ciblées.

Les incroyables mesures à l’encontre de la politique familiale (carte famille nombreuse, baisse des allocations) ont fait davantage réagir à droite qu’à gauche. Et encore avec cette prudence de bon ton des parents de familles nombreuses appartenant à la droite. Hervé de Charette a fait un communiqué, ma foi assez piquant, mais l’imagine-t-on défiler entre Bastille et République, avec ses enfants et les enfants de ses enfants, ceux de François Bayrou, et quelques autres ?

Comment réagir nous-mêmes à cette fragmentation, à cette absence de cohésion, du réveil politique des Français. Sachant cela très difficile, la bonne réaction serait non seulement de refuser ce qui est fait, mais de proposer. Proposer, demander, exiger, des mesures manifestant fortement une volonté d’équité sociale : l’abolition du bouclier fiscal et des autres composantes en direction des plus riches de la loi TEPA de juillet dernier, la taxation des stock options, la diminution d’un point de la TVA sur les denrées de première nécessité..

Des manifestations pour exiger positivement, ça aurait quand même une sacrée gueule et je suis sûre que nous rallierions largement au delà des limites des partis.

Chiche ?

Discrimination positive

Parmi les oiseaux qui fréquentent mon jardin, plusieurs espèces d’un modèle de taille plus avantageuse que leurs nombreux petits frères : les ramiers, pigeons, tourterelles et autres colombes.

Je ne ferai pas ici un cours complet sur cette sympathique famille, d’abord parce que je ne suis qu’une ornithologue en graine (le mot est bien choisi, surtout si on met « graines » au pluriel et en abondance), ensuite parce que ce n’est pas fondamentalement l’objet de ce blog, classé à tort ou à raison parmi les blogs politiques.

Quoiqu’il en soit, quoiqu’il en fût et quoiqu’il en demeure, la politique et l’ornithologie ne sont pas toujours si éloignées.

Les « colombins », famille proche des galinacées (le brave poulet de nos assiettes) qui réunit pigeons, colombes et tourterelles, m’enseignent chaque jour, les mérites -ou les dangers- de la discrimination positive.

D’abord, je n’aime guère le mot. « Discrimination » est lourdement chargé d’une connotation négative. Le mot américain « positive action » est grandement meilleur. C’est comme pour « développement durable », le premier qui a traduit l’expression américaine devait n’être pas entré depuis plus de trois mois à l’école Berlitz.

Action positive donc. Mais aussi favoritisme éhonté. Parmi les différents colombins habitués de ma maison à graines, des colombins ordinaires (on ne peut quand même pas dire des « colombins d’en bas », car tous volent), et des colombins immigrés, et même d’immigration récente, les tourterelles turques.

En voilà qui ne cachent par leur origine sous un nom d’emprunt ! Turques, elles sont, Turques elles s’affichent. Pour l’apparence, c’est plus discutable. Le colombin vulgaire est plutôt noir, avec des reflets bleu pourpre qui sont à l’origine de la belle dénomination de la couleur « gorge de pigeon ». Le colombin turque au contraire, est blanc, d’un blanc légèrement grisé et parfois rosé, extrèmement chic, très XVI ième arrondissement. Le tout parachevé par un collier noir, qui parait comme une bague de reconnaissance entre colombins supérieurs.

Et j’avoue, qu’autant j’ai envie de taper dans mes mains pour éloigner le colombin autochtone, le colombin de souche, le colombin bien Français, celui dont s’entourent les vieilles dames dans les jardins publics, autant je favorise, par une nouvelle main de graines, la visite du colombin Turque.

Action positive, vous avais-je dit. Et même, en l’occurence, franche discrimination.

Détricotage social : et de trois !

Après le couac majeur de la carte famillle nombreuse, la vraie fausse déclaration de Roselyne Bachelot sur le déremboursement des lunettes, voilà la troisième bonne nouvelle de la semaine : la baisse des prestations familiales.

Malheureusement, celle-ci ne paraît pas un couac, et a bien peu de chances d’être recalée. Pour l’instant, elle est très habilement maquillée sous le titre « décret de majoration unique des allocations familiales ».

A compter du 1er mai, une majoration unique des allocations familiales sera mise en place « afin de mieux aider les familles à faire face aux dépenses occasionnées par leurs enfants ».

Ce mieux aidant consiste en fait à une réduction des prestations. Les allocations familiales étaient jusqu’ici majorées de 33, 51 euros à partir de l’âge de 11 ans, et de 59,57 euros à partir de 16 ans. La majoration sera désormais « unifiée » dès l’âge de 14 ans et le montant sera augmenté de 59,57 euros.

Chaussez vos lunettes, prenez vos calculette, il s’agit d’une baisse éffective des prestations.

Poussé dans ses retranchements, le Premier Ministre, a brillamment reconnu le fait par ces mots « l’argent récupéré grâce à cette réforme servira à financer d’autres mesures en faveur des familles ».

Il faut croire le Premier Ministre. Les franchises, pénalisant les plus pauvres, viendront combler un petit morceau du trou creusé par le bouclier fiscal. Les économies sur les familles nombreuses serviront à l’achat des beaux avions que Sarkozy veut acheter pour transporter la sienne …

Pas de quoi s’inquiéter.

Machines à sous : prendre la mesure des enjeux et des collusions

Pourquoi les municipalités s’obstinent-elles à augmenter leurs parcs de machines à sous, alors qu’il ne serait ni plus dangereux, ni plus anti-social de planter du hasch dans la cour des mairies ?

Pourquoi Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, a-t-il autorisé une augmentation du parc de machines à sous à Bordeaux (300 machines), ainsi qu’à Arcachon et Andernos (200 machines), alors que, dans le même temps, il refusait une augmentation au casino de Gujan qui n’a que 50 machines au prétexte que l’ « offre excédait la demande » ?

Une parenthèse au passage : le prétexte est doublement faux ; d’abord parce que la même réponse aurait pu être faite à Arcachon, Andernos et Bordeaux ; ensuite parce que, en matière de machines à sous, ce n’est pas la demande qui crée le besoin d’offre, mais l’offre qui suscite la demande. Une sacrée responsabilité sur la tête des politiques qui accordent les autorisations.

Revenons à la question principale : pourquoi cette différence de traitement, en faveur des trois gros casinos, en la défaveur du plus petit ? Tout simplement parce que les trois premiers appartiennent aux groupes Accor-Barrière et Partouche, et que le dernier est un petit casino indépendant, susceptible de faire concurrence aux autres dans le périmètre du bassin.

L’affaire est si grave que la chambre d’instruction vient d’autoriser l’ouverture d’une information judiciaire pour favoritisme. Les mesures ont été prises par Nicolas Sarkozy, en toute fin de ses fonctions de ministre de l’intérieur. L’obstruction du parquet a retardé l’échéance au maximum, mais aujourd’hui l’information est enfin ouverte.

Sauf que… Nicolas Sarkozy a été élu entre-temps Président de la République et qu’il est protégé pour cinq ans par son immunité.

Derrière toute atteinte à la raison, aux évidences scientifiques, à une vraie politique de santé sociale, il y a toujours d’énormes, de considérables intérêts financiers.

C’est la raison maîtresse de l’échec de la lutte contre les addictions. Toutes les addictions.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel