Un déjeuner qui passe mal
A ma connaissance, les préfectures et les mairies sont largement dotées d’équipements leur permettant d’assumer les repas officiels. Et la tradition républicaine voulait, jusqu’à une date récente, que les repas officiels s’y déroulent. Tout spécialement à l’occasion des visites ministérielles et plus encore présidentielles.
Comme toujours, la tradition a un sens et des raisons objectives. Le Président de la République en déplacement est chez lui dans tous « les palais de la République », qui ne sont pas toujours des palais, mais qui sont toujours des bâtiments officiels, à vocation publique (au sens de : contraire de privé) y compris les résidences. Leur vocation est de pouvoir assurer la tenue de manifestations et repas où la République est présente et plus encore puissance invitante.
Cela a, entre autres, un très grand avantage : la sécurité des personnes y est beaucoup plus aisément assurée que dans un lieu tel qu’un restaurant d’une petite rue dans un quartier compliqué.
Je suis très choquée qu’un repas officiel (dont les frais sont assurés par les deniers publics) se déroule dans un restaurant. Cela suppose un désagrément maximum pour les riverains du quartier (rues dévitalisées, voitures interdites ou embarquées à la fourrière, poubelles condamnées, tireurs sur les toits, vérifications d’identité..) et une débauche de forces de l’ordre qui seraient mieux utilisées ailleurs. Huit cent policiers pour une heure de tête à tête juppéo-sarkozien, est-ce acceptable ? N’y avait-il pas un salon à la Mairie qui puisse offrir un écrin satisfaisant à cet entretien ?
Je suis choquée aussi de la publicité faite au restaurant. Imaginez-vous, il y a cinquante ans, lors de sa visite à Bordeaux, le Général de Gaulle allant dîner dans l’équivalent d’alors de la Tupina ?
En outre, dans le cas de la visite du Président au congrès de la Mutualité, c’est sur place, au milieu des mutualistes qu’il aurait dû déjeuner. Mais notre Président est trop craintif et ce sont alors 5000 policiers qu’il aurait fallu débaucher de leur office habituel.
Pour le moins alors, aurait-il dû convier à la Préfecture, le Président de la Mutualité et ses principaux représentants. Voilà sans doute ce qu’aurait fait le Général de Gaulle.
De service d’ordre, il n’aurait accepté que son officier d’ordonnance et une garde d’honneur à la porte de l’hôtel Préfectoral.
On me dit qu’en ces temps, on ignorait le terrorisme. Les dangers étaient en effet d’autre nature et le Général en a fait l’expérience au petit Clamart. Et je pense qu’aujourd’hui un terroriste, s’il voulait frapper au coeur le monde occidental, choisirait le tripode de l’hôpital Pellegrin, plus que Sarkozy en visite.
A ce propos, vigie pirate ou pas, on entre au tripode sans vérification, ni contrôle, dans une cohue permanente.