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Le cercle joyeux des électeurs disparus

« Beaucoup de suite dans peu d’idées », c’est la formule que j’emploie souvent à mon endroit pour marquer la constance dans quelques idées simples…

L’idée du jour (et de la veille) est de rendre la présence de la gauche visible et lisible à Bordeaux après cette bourrasque de juppéisme aigu qui nous a objectivement fait du mal.

Il y a moins de dix mois, 54% des bordelais votaient pour Ségolène Royal (très exactement, 54% des électeurs de ma circonscription qui sont bien évidemment la fine fleur des Bordelais !). Ces électeurs à mon avis ne sont pas tous morts ou hospitalisés dans un état grave leur enlevant une partie de leur conscience. Ces électeurs qui ont du coeur (puisqu’ils ont voté à gauche) et qui aiment comme moi l’air du large quand il souffle sur les quais n’ont pas voulu sanctionner Alain Juppé qui les a débarrassé de tous ces affreux hangars et qui a su si bien s’habiller de deux feuilles au lieu de l’arbre UMP.

Pour les non initiés : le logo de l’UMP est un arbre feuillu, celui de Juppé n’a gardé que deux feuilles, ce qui est au demeurant objectif au regard des résultats nationaux.

Ces électeurs donc, que nous supposons bien vivants et désireux de le demeurer, attendent de nous que nous examinions avec vigilance la politique municipale, que nous sachions mettre en perspective la politique Sarko-Fillonnienne et les choix d’Alain Juppé, que nous ayons des idées, que nous soyons forts, unis, libres, et si possible intelligents.

« Vaste programme », dirait le général de Gaulle… C’est pourtant le nôtre, et c’est aussi le mien, d’essayer d’animer, de rendre visible et lisible, cette politique alerte, ouverte et libre que nous avons tant désiré installer à Bordeaux, en dehors des carcans d’un pouvoir qui se clône lui même depuis tant d’années.

Lendemain

Plus que jamais, ce soir, je mesure ma responsabilité : élue députée de la Gironde (c’est la formule véritable), mais surtout députée de Bordeaux, je suis la seule député(e) du seul territoire de Bordeaux, et la seule députée socialiste de ce territoire.

Par soucis de précision, Chantal Bourragué, députée UMP, est élue de Bruges, le Bouscat et Bordeaux nord (première circonscription) ; Noël Mamère (vert) est élu de Bègles, Talence et Bordeaux sud.

Ma circonscription est la seule purement bordelaise. Découpée pour être « la circonscription du Maire », elle le fut en effet pendant plus de soixante ans.

Bordeaux, hier, a élu au premier tour ce Maire qui perpétue une sorte de fatalité bordelaise : être la ville qui pulvérise tous les records d’absence d’alternance, avec ce que cela suppose de non contrôle des pouvoirs et d’usure de la démocratie. Mais ce n’est pas le sujet de ce billet.

Dans cet étrange village gaulois, qui contre le beau vent de gauche et la forte marée anti-sarkozienne qui agite la France, a perpétué l’absence de changement, j’ai un peu l’impression ce soir d’être une sorte d’Astérixe au féminin : petite, mais décidée, et surtout pleinement consciente de sa responsabilité qui est de représenter et de défendre les Bordelais face à la politique nationale et locale.

Ne parlons ce soir, actualité oblige, que de la politique locale : Alain Juppé, enfourchant nos propositions, a promis beaucoup en terme de proximité, de logement, de crèches, d’emplois…

Chiche ! Je suis assez peu dogmatique d’être capable d’approuver ouvertement ce qui est utile à ceux qui ont besoin et qui donne plus à ceux qui ont le moins. Ma première responsabilité est donc d’être vigilante et d’observer que ce qui a été promis est éffectivement réalisé.

La deuxième est de porter ce qui n’a pas été exprimé dans les documents électorauxet que nous avons rencontré tous les jours sur le terrain : souffrances individuelles, cas particuliers, problèmes qui sans cela paraissent insolubles, détresses variées et de toutes dimensions..

Ce soir, ce soir difficile, c’est ce que j’essaye de mesurer, de mettre en forme, de rendre compréhensible, de faire partager.

Coup de chapeau au soldat Lamarque et tous derrière nos canto’boys !

Michel Duchène, dans le sillage d’Alain Juppé sous l’aile duquel il avait placé sa campagne, ses affiches, ses documents.. a été élu au premier tour dans le canton terre de mission du centre ville. Le patronage juppéen n’a pas marché à plein et il perd 5,5 points par rapport au score municipal dans le canton.

Nous le savions imprenable : il a logiquement été réservé à une femme (…) . Notre candidate Florence, dans ce contexte, a fait un résultat très honorable et surtout une très bonne campagne, vive, dynamique, argumentée, organisée, chaleureuse. En un mot elle a marqué sa place dans le bataillon des femmes envoyées au plus fort de la bataille et qui en reviennent toujours avec de justes galons quand ce n’est pas la victoire.

Aujourd’hui, nous sommes tous au service de nos quatre canto’boys en lice pour les élections cantonales : Matthieu, Selim, Daniel et Philippe. Les armées juppéennes vont se concentrer sur eux.

Nous aussi !

Mauvais résultats à Bordeaux

Les résultats de Bordeaux sont tombés et ils sont mauvais.

Y a-t-il une fatalité que notre ville continue ainsi de pulvériser le record d’absence d’alternance ? Cette alternance qui est pourtant la première condidtion de la démocratie et du contrôle de l’excès de pouvoir ?

Au delà de cette question, nous devons bien sûr nous interroger sur ce mauvais résultat.

Je l’ai dit précédemment : Alain Juppé a réussi ce tour de passe-passe de paraître avoir pris ses distances de la politique d’un gouvernement auquel il a appartenu. J’écoutais ce soir sur FR3 Xavier Darcos que l’on interrogeait sur sa situation difficile à Périgueux dire « qu’il y aurait eu de la couardise à ne pas afficher son appartenance et à prendre ses distances vis à vis de la majorité dont il faisait partie ». Je n’ai pas besoin de commenter davantage.

Nous n’avons pas su montrer assez clairement aux Bordelais que l’embellissement de la ville n’est pas son réveil, ni sa mise à niveau pour la compétition des capitales européennes du XXIème siècle. Les dossiers de fond que nous avons défendu : emploi, économie, santé sociale, culture, sport, ont été masqués par cet indiscutable embellissement.

Beaucoup aussi nous ont exprimé que s’ils faisaient perdre son mandat de maire à Alain Juppé, ils le priveraient de sa dernière carte politique et le sanctionneraient au delà de leurs voeux.

Je regrette que le bel essai de juin n’ait pas été transformé. Nous avons fait campagne sur des dossiers de fond et ce sont ces dossiers que nous continuerons de porter et auxquels nous continuerons de veiller dans les mois et les années à venir.

Un mot encore : merci à Alain Rousset d’avoir accepté de porter à notre demande et en connaissance des sondages, en connaissance de la difficulté de l’enjeu, cette campagne infiniment difficile.

Une campagne de vérité et de clarté

Très beau meeting hier soir au Fémina : affluence des très grands jours, enthousiasme, diversité des voix qui se sont exprimées. J’ai pour ma part, essayé de retenir les idées fortes de notre campagne et ce qui nous différenciait de la liste adverse.

1 – Nous avons dit la vérité
La vérité sur le bilan de 13 ans de mandature Juppé, la vérité sur ce qui est vital pour Bordeaux si on veut la voir concourir parmi les grandes métropoles européennes. Un des points majeurs est l’emploi et la force économique. Bordeaux ne pourra avoir la générosité sociale que nous voulons pour elle, être une capitale culturelle et sportive, que si elle sort de ce qu’Alain Rousset appelle très justement « l’économie de cueillette et de rente » (le pin, le vin…). Bordeaux s’appauvrira si elle n’élargit pas et ne diversifie pas sa production (aujourd’hui : 90% d’emplois tertiaires) et si elle ne s’ouvre pas aux entreprises innovantes (biotechnologie…) .

C’est un discours de gauche qui n’est pas toujours compris au premier moment. Il est pourtant résolument de gauche : ce que nous voulons offrir aux jeunes de la Benauge ou du Grand Parc, ce n’est pas des places de foot, comme la majorité actuelle, mais des emplois.

2- Nous avons fait une campagne propre
Pas un débat au cours de ces trois mois, où contre-vérités, mensonges, affirmations contraires au simple bon sens, n’ont pas été assénés par la majorité en place. Dans les face-à-face Rousset-Juppé, mais aussi dans les débats entre colistiers. Je n’ai pour ma part jamais présenté un chiffre sans l’avoir dûment vérifié auparavant. Face à Jean Louis David, sa réponse a toujours été, non de proposer lui même des chiffres en donnant leur source, mais de répondre de manière péremptoire aux miens « faux », « mensonge ».. C’est une technique qui peut induire le doute chez l’auditeur, mais ce n’est pas une technique propre.

J’ai été particulièrement choquée d’entendre Alain Juppé parler du « député de Pessac » à propos d’Alain Rousset. Cela aussi est une technique (ne pas nommer l’adversaire), mais la dénomination était particulièrement malheureuse. Quelle reproche en effet peut on faire à AR d’avoir été élu aisément dans une circonscription et dans une ville où il a été maire 12 ans ? Avons-nous jamais répondu à AJ qu’il était « le député battu de Bordeaux », après deux mandats de même longueur ? Ces manières ne sont pas les nôtres.

3- Nous avons été nous mêmes
affichant nos couleurs : celles d’une gauche rassemblée (du PC aux verts), élargie au modem, ouverte à la société civile (30% de la liste) ; au lieu de cela, celui qui a été le fondateur de l’UMP a tout fait pour en gommer le signe de ses documents et de son discours. Sans mon élection en juin, il serait aujourd’hui le numéro deux du gouvernement en place et l’artisan d’une politique que la très grande majorité des Français rejettent. Est-ce courageux d’essayer de faire croire qu’aujourd’hui le scrutin de Bordeaux n’aura pas de portée nationale ?

Pour ma part, j’aurais estimé Alain Juppé de se porter au secours de Nicolas Sarkozy quand il l’a vu dévisser dans les sondages, et non de raser les murs en remplaçant dans ses documents l’arbre UMP par deux feuilles au « J » de non nom. C’est dans les moments difficiles qu’on juge de la taille véritable des hommes politiques (et de tous les autres). Le courage devrait être leur première vertu. Il a été, dans cette campagne que nous savions difficile, de notre côté.

Quarante-huit heures avant ce scrutin décisif, j’invite tous les lecteurs de ce blog à en mesurer la portée. Si nous perdons, le résultat d’Alain Juppé sera brandi comme le totem d’une droite affaiblie qui s’en prévaudra pour poursuivre les réformes iniques et pour faire voter des lois le plus souvent inutiles et toujours injustes.

Si nous passons le premier tour, nous pouvons gagner. Tout va bouger, respirer, sortir du bois. Une nouvelle vie pour une nouvelle ville.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel