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Un détail

Le mot « détail » est désormais légèrement connoté. C’est pourtant lui qui convient ici, avec un peu de dérision comme on va voir.

J’ai reçu ces dernières semaines de nombreux représentants de la petite entreprise ou de l’artisanat. Tout récemment, les taxis dont les revendications ne sont pas sans intérêt. J’y reviendrai.

Le président de l’une de ces associations m’a fait remarquer un léger détail qui m’avait échappé. La commission Attali qui a pondu le rapport, O combien discutable, du même nom a réuni des chefs d’entreprise du CAC 40, des économistes venus des grandes capitales, des crânes d’oeuf comme s’il en pleuvait, mais… pas un seul représentant de la petite entreprise ni de l’artisanat !

Ce ne sont après tout que 800 000 entreprises pour le seul artisanat, et la plus grosse source d’emplois en France ! Mais les crânes d’oeuf dont je parlais pensent que la croissance de décrête dans des bureaux à Paris ou à New York. Les ateliers, fabriques, petites usines, labos qui vont vivre (et bientôt survivre ?) notre pays, ils n’en ont cure.

Back to Bordeaux

J’atteris dans le train en ayant toujours un peu l’impression d’aborder à une rive, ce qui est l’exact contraire de la réalité puisque ce train m’emmène vers l’une ou l’autre de mes deux rives, Bordeaux ce soir.

Je rentre plus tôt qu’à l’ordinaire pour cause de campagne électorale, on s’en doute un peu. Demain soir, le meeting des têtes de liste socialistes m’empêchera d’être présente à l’Assemblée et de signer la motion référendaire que nous allons présenter dans le cadre de la ratification du traité de Lisbonne. L’ubiquité devrait être accordée aux députés comme prérogative liée à leur charge. Mais tout le monde voudrait être député…

Je m’installe comme une reine et ouvre mon ordi avant le départ du train. C’est un moment de halte, de lecture, de réponses à mes mails, toujours nombreux à s’être accumulés après les séances parisiennes. Des voyageurs en passant me font un sourire amical, quelquefois complice, et certains me félicitent encore de mon mauvais coup du mois de juin.

Voilà de toutes petites infos ; un peu comme si j’échangeais un coup de fil avec chacun de vous « Où tu es ? » , « Et toi, à quelle heure tu rentres ? », ces petits signes de vie qui ne disent en fait pas grand chose sauf que l’on est vivant et l’un et l’autre fraternellement sur terre.

Villes du XXIème siècle

J’ai cru avoir un infarctus lors du débat Rousset-Juppé sur FR3 en entendant Alain Juppé affirmer qu’il avait installé la mixité sociale à Bordeaux. Culot et/ou mauvaise foi, la réalité est en tout cas clairement à l’opposé.

D’un côté des quartiers d’habitat social exclusif (Les Aubiers) ou très majoritaire (Le Grand Parc, 80%), de l’autre des quartiers à O% comme le fromage blanc, la palme revenant à Saint Genès. Un livre a été écrit sur la ghetthoisation scolaire à Bordeaux. Nous marchons depuis dix ans à l’inverse de ce qu’il faut d’abord pour l’agrément de la ville qui est fait de mouvement et de mixité, mais aussi pour éviter qu’elle explose un jour.

L’explosion a eu lieu on le sait plusieurs fois à Paris, plus justement dans la région parisienne. J’entends ce matin sur France-Culture un échange autour de la disparité des revenus des communes dans le Grand Paris, montrant un écart considérable (je n’ai pas eu le temps de noter). Les débateurs posaient à ce propos la question de l’évolution des villes : faut-il laisser faire le temps et l’évolution de la société ? Faut-il une intervention politique forte ?

Au point où nous en sommes, l’intervention politique est indispensable. La mixité ne se fera plus par un mouvement spontané. Sans aller cependant jusqu’aux aberrations attaliennes qui veut créer de rien 20 grandes éco-citées. Toutes les villes nées de rien, au milieu des champs de topinambours, ont été des échecs. Là aussi il faut éco-iser de manière diffuse l’ensemble de la ville.

Le premier engagement de notre programme municipal est la construction de 700 logements sociaux par an, pour rattraper en dix ans le retard qui s’est creusé dans les dix ans précédents. Il était important que ce soit, à tous les sens du terme, la première pierre de l’édifice de ce Bordeaux du XXI siècle que nous voulons décider ensemble.

L’actualité en direct

Dans la navette qui amène par gros charrois députés et sénateurs à Versailles. Les conversations vont bon train autour de moi, et il y est beaucoup question d’élections… Nous allons donc au « Congrès » qui est une séance réunissant les deux chambres (Assemblée et Sénat). Cette séance commune est nécessaire pour toute modification de la constitution.

Nous allons donc voter pour une modification permettant secondairement de ratifier le traité de Lisbonne. Je redis très simplement que j’appliquerai ce que nous avons voté au sein du groupe socialiste : abstention, manifestant notre retrait sur la procédure choisie par le Président de la République. Cette position a été choisie -et votée- pour permettre la réunion du plus grand nombre de socialistes et ne pas foncer dans le chiffon rouge tendu par Sarkozy à 5 semaines des élections.

Tout le monde discute sur les fauteuils de ce grand bus panoramique. Imperturbable, je continue mon petit train sur mon clavier…

Petits à côtés de campagne

Petits… Pas si petits, puisque certains, de part et d’autre, en ont été blessés.

Je suis abordée tout à l’heure, à l’issue du débat Rousset-Juppé, par deux jeunes gens :

– C’est nous qui faisons les appels pour Alain Juppé, et nous avons trouvé le titre du billet de votre blog désobligeant. Le titre en question c’est « call girls en campagne », où je retranscris les propos d’un appel à ma permanence, me demandant si je m’intéressais à la campagne de Juppé et si je la soutenais.

Cet appel m’avait grandement amusé et j’ai eu la faiblesse de penser qu’il ne venait pas d’un militant averti de la politique bordelaise. Le titre du billet est un pur jeu de mot « call girls » voulant dire « femme ou fille qui appelle au téléphone ». Qui a le goût de la parole et de l’écriture résiste difficilement à un jeu de mots.

Ces deux jeunes gens (une jeune femme, un homme), sont en réalité des militants UMP. Je leur exprimé mon regret de les avoir blessé, et je le dis dans ce blog : je partage le travail militant et j’en apprécie la valeur. Un homme ou une femme qui peut se geler sur un marché pour ses idées, ou débattre tout un soir des lois éthiques au lieu de se remplir de télévision sur son canapé, est éminemment respectable. De gauche ou de droite, du centre nouveau ou du centre partagé, il est pour moi une raison d’espérer.

Ce n’est en aucune façon une excuse, mais que ces militants de droite sachent, combien tout à l’heure à la permanence où je les ai rejoints, mes militants de gauche ont été blessés des mots de Juppé : »Mes équipes sont enthousiastes, ce n’est pas comme d’autres qui y vont à reculons.. »

Nos équipes sont enthousiastes, estimables, pleines de chaleur et de sensibilité. Leur sera-t-il présenté les mêmes excuses ?

Il n’empêche. Je redis les miennes.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel