m

Si Dieu existe

« Si Dieu existe, c’est sûr, c’est qu’il n’y en a qu’un ». Une ébauche de démonstration de cette affirmation, plus profonde qu’il n’y parait, vient d’être donnée à Bordeaux.

Le diocèse de Bordeaux vient en effet d’accepter de céder un terrain dont il est propriétaire dans le quartier du Grand Parc dont je suis l’élue, afin d’y construire… une salle de pr!ère musulmane.

Le père Jean Rouet, représentant ce diocèse, à répondu simplement à la journaliste qui l’interrogeait sur cette vente à un autre culte : « Pourquoi pas ? »

Ce « pourquoi pas ? » est aussi une réponse infiniment plus profonde qu’il n’y parait. Elle fut très précisément celle que me fit un Cardinal à une question assez proche de celle de la journaliste.

Ce Cardinal se nommait Mgr Maziers. La longue conversation que j’eus avec lui n’était aucunement due à mes mérites mais à l’amitié qu’il partageait avec mon père, homme de grande foi, sauf en matière de religion. Mécréant il était en ce domaine et pourtant hautement pénétré de valeurs comme l’était notre Monseigneur. Nous étions alors dans les années 70, la communauté musulmane exprimait déjà son désir d’un lieu de culte, et j’évoquais avec Mgr Maziers la possibilité de dévoluer à cet effet une église désaffectée à quelques dizaines de mètres de l’hôpital Saint André. Il répondit seulement « Pourquoi pas ? »

La chose ne se fit pas. La municipalité récupéra les lieux, mais la réponse, d’avant-garde à l’époque, resta gravée dans ma mémoire.

Si Dieu existe, c’est sûr qu’il ne se dispute pas avec lui-même la propriété d’un terrain au Grand Parc et que toutes les manifestations de la foi, quand elles n’excluent ni ne condamnent, tous les moments de méditation, doivent également lui paraître également mériter un lieu décent.

Merci, tout simlement

Disons-le honnêtement : les Bordelais qui cotoyent Juppé, connaissent son arrogance, sa manière d’administrer chaque parole comme une leçon et de ne jamais écouter jusqu’au bout celui qu’il sait ne pas être dans la révérence à son égard, n’étaient pas sans un peu d’inquiétude du débat en face de François Hollande.

Juppé fut tel que prévisible mais Hollande fut souverain, allant jusqu’à utiliser cette même phrase: « Oui, je sais, M Juppé, c’est difficile pour vous d’écouter jusqu’au bout.. », usant après une démonstration implacable, avec son sourire si naturel, d’un brin d’humour: « Non, M Juppé, ne perdez pas tout espoir, votre candidat n’est pas encore déclaré… »

Copé sur Europe 1 ce matin, décidément bien mal inspiré, comme Juppé hier, taxe Hollande d’ « arrogance ». Venant de ces deux maîtres en la matière, cela résume d’un mot la malhonnêteté et l’impudence de l’ump. Plus c’est gros, plus ça passe : nous sommes depuis 5 ans sous ce régime.

Juppé a paru marquer des points à deux moments. Quand il a pointé la formule très sarkozienne de Hollande lors de son discours du Bourget: « Je n’accepte pas que le yuan soit une monnaie inconvertible ». Répétée en boucle par le Président de la République, elle est risible au regard de ses résultats. Elle ne convient pas à Hollande et pouvait légitimement lui demander comment il ferait. De même quand Juppé a demandé comment Hollande convaincrait la chancelière allemande. Hollande a expliqué son approche mais surtout conclu: « N’imposez pas à vos successeurs de ne pas réussir là où vous avez échoué ». Et encore : « Je préfère le rapport de force à la soumission ».

Lui « qui ne suscite jamais le conflit » et qui « tente de le résoudre quand il survient », a montré sa différence face aux matamores umpistes qui « déclarent la guerre » à tout bout de champ depuis 5 ans et battent en retraite le même nombre de fois.

Quelle leçon de débat ! Trois heures sans une faute, sans une maladresse que l’on pourrait repasser en boucle dans les médias. Je saurai voir et revoir ce débat pour de prochains matchs.

Merci, merci tout simplement à François Hollande, d’être si souverain à porter notre projet.

Généreux, mais pas que

Aujourd’hui à l’Assemblée la discussion de la proposition de loi ump sur le don de RTT par les salariés en cas de maladie de l’enfant d’un de ses collègues.

Idée généreuse, mais… Peut-être pas que cela. Tout d’abord, cette possibilité existe déjà en pratique. L’inscrire dans la loi risque de faire peser sur les salariés une sorte de devoir et d’être vécue comme culpabilisant pour celui qui, pour des raisons lui appartenant, n’y serait pas spontanément porté. Ou tout simplement qui accepterait de faire le travail de son collègue en son absence -ou d’en partager la charge à 3 ou 4- mais ne verrait pas la raison, en plus, que cela soit imputé sur ses RTT.

J’ai pu à bien des reprises avoir le témoignage de la solidarité des collègues de travail qui s’arrangent, se dévouent, se démultiplient pour que le parent d’un malade grave puisse s’absenter sans que cela retentisse sur l’activité de l’entreprise, du service ou toute autre forme de collectivité professionnelle. D’ailleurs bien souvent aussi de la solidarité des employeurs qui, informés de la situation, font des facilités à celui qui est touché par une épreuve dont il sait bien qu’elle pourrait aussi le toucher.

Désormais, ces « arrangements » seront à coût nul pour l’employeur (qui récupérera les RTT) mais à coût double pour les salariés qui devront quoi qu’il arrive éponger le surcroît de travail et verront en plus leurs RTT amputées.

Car en effet, et c’est là que le bât blesse, cet appel à la solidarité, tel que l’on présente la loi, ne concerne que les salariés et exempte l’employeur du même mouvement.

C’est ce que j’ai évoqué ce matin lors de la réunion de notre groupe parlementaire et la décision a été prise de nous abstenir sur le texte. Pas question en effet de s’opposer à ce qui n’a pas obligatoirement les sous-entendus que j’évoque, pas question non plus d’y souscrire sans réserve.

Et puis, reconnaissons-nous un petit plaisir : quel bel hommage de la droite aux 35 h et à la possibilité qu’elles ont dégagée d’avoir des RTT ! Sans cela, pas de question à se poser, pas de facilité donnée par la loi à ceux qui traversent une épreuve. En un mot, l’ump est devenue aubriste !

Le pédalo a changé de camp

De sommet en sommet, européen ou social, le vrai-faux candidat de l’ump continue de s’enfoncer. L’ump, le grand parti unique, « un parti, un chef » de la victoire de 2007, de fracture en factures, s’effrite avant peut-être d’exploser. Force est de constater que le pédalo a changé de camp et que le capitaine lui-même prend l’eau.

Nicolas Sarkozy le doit autant à sa politique qu’à sa personne, ce qui est beaucoup. Sur le terrain, tous, confessent « qu’ils ne peuvent plus l’écouter » et il est spectaculaire en effet de comparer le jeune candidat d’il y a cinq ans au Président à la voix pleine de craie qui veut rassurer, bénir, s’apitoyer, quand au contraire il met automatiquement sur ses gardes celui qui l’écoute.

Où cela va-t-il et d’abord à droite ? Déjà les Ministres se précipitent moins nombreux sur le recyclage parlementaire. Même cela n’est plus si sûr et Guéant fait l’expérience dans les Hauts-de-Seine, terre ou normalement les désignations valent nomination, d’un accueil plutôt frais. Putsch ou politique du pire ? Les quadras et les quinquas de l’ump jouent à fond 2017, ceux pour qui c’est au contraire la session de septembre attendent en se coalisant pour ramasser l’ump demain s’ils ne parviennent aujourd’hui pas à imposer la relève.

Pour nous, ce n’est pas si drôle qu’il y pourrait paraître. Un rejet aussi radical ne va jamais sans aggraver la désaffection de la politique et favoriser le refuge dans un extrémisme du pire. Rien ne serait plus mauvais pour Hollande –c’est à dire pour nous tous- que d’être élu par défaut et pour en finir avec ces cinq ans où Charybde le dispute chaque jour davantage à Scylla.

La situation économique, financière, morale du pays est telle qu’il ne peut plus être gouverné qu’avec une forte adhésion des Français. Exemplarité absolue, voire excessive c’est à dire élargie à des mesures symboliques (par ex réduction des indemnités des parlementaires et transparence de leurs frais de fonctionnement) démontrant que ceux qui vont monter aux affaires y vont d’abord pour l’honneur d’être de ceux qui vont reconstruire le pays ; programme lisible dont l’inspiration et les valeurs soient claires pour tous, proximité et simplicité de comportement des élus, valorisation des valeurs culturelles, éducatives et des performances que l’on mesure à une autre aune que le positionnement sur le mercato des salaires. Attention, nous sommes tous responsables et tous doivent se demander ce qu’il peuvent faire pour la République. C’est connu : on a la politique qu’on mérite et ce sera vrai pour notre gouvernance demain.

Pourquoi le discours de Hollande a-t-il convaincu les Français et paralysé l’ump jusque dans le petit cénacle de sa cellule riposte ? Parce que tout cela y était perceptible et que la sincérité, l’engagement de celui qui l’exprimait l’étaient aussi.

Merci à lui. Bravo à nous si nous parvenons chaque jour de ces quatre mois à montrer que « oui, c’est possible », que le moral, la combativité, la confiance peuvent être rendus aux Français.

Hollande 2012

Dans mon billet juste précédent, j’exprimais que la qualité d’un discours se mesurait à l’aune de la force qu’il donnait à ceux auxquels il était destiné. Le discours de François Hollande au Bourget, de ce point de vue comme de tous les autres, est alors de tout premier niveau.

Peu de politiques, de gauche comme de droite, ont cette force de donner de la force. C’est une qualité essentielle, c’est une qualité exceptionnelle. Et dont le fondement, très simple, est peut-être d’être soi-même et d’être auteur en même temps que porteur du discours.

Après un « brain storming » avec son équipe la plus proche, François Hollande a écrit lui-même ce discours, de la fibre dont il est construit, de la main qui est la sienne. Il ne pouvait en être autrement de sa part. A La Rochelle, sur le terrain, je l’ai écouté maintes fois : jamais il n’a été autrement. Pas toujours peut-être à ce niveau exceptionnel du Bourget, mais toujours si généreux de lui-même que cet élan qui ne tient pas qu’au choix des mots ni à la force de la langue se transmettait à ceux qui l’écoutaient.

« L’homme politique le plus doué de sa génération ». Les mots sont de Ségolène Royal et ils sont vrais. Qualités humaines, attention à l’autre, courage, détermination, et en plus de cela intelligence, vive, pétillante, joyeuse, amicale, François est doué, doté. L’intelligence, que j’ai placée en dernier, n’est qu’un outil au service des qualités placées avant elles, mais reconnaissons que quand elle manque, le cerveau, ce spectateur pincé dès qu’il n’est plus acteur, a du mal à adhérer.

François a tout cela et le discours du Bourget vient une fois de plus de nous le montrer. Amical, selon sa nature, magistral selon la mission qu’il s’est assignée. J’ose à peine dire : comparez avec la lecture des discours de Guaino par Sarkozy. La voix, le stimulus d’être en haut de l’affiche, ont un instant (trop long) fait illusion. La voix, le parler, se sont « remplis de craie » comme disent les Allemands parlant du grand méchant loup voulant séduire le petit chaperon rouge et plus personne ne trouve ni plaisir, ni force à écouter Sarkozy. Mais ce n’est déjà plus la question.

Un petit amusement pourtant : imaginer, en ce moment même, la cellule riposte de l’Elysée plancher sur les éléments de langage à distribuer aux Ministres, aux élus et jusqu’aux préfets pour dénigrer le discours de Hollande. Heureusement, la plupart de ceux- là sont déjà chauves.

La question n’est pas non plus : François peut-il gagner ? Elle est aujourd’hui une affirmation : il doit gagner. Lui seul, lui seul peut rendre palpable ce désir, cette exigence de nous mobiliser tous pour reconstruire notre pays, lui faire retrouver, non le rêve (je suis des grincheux qui ont critiqué le mot), mais la force de prendre chacun notre part de responsabilité pour redonner toute sa grandeur, non seulement à la fonction présidentielle, mais au rôle de chacun de nous.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel