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Tutoyer en anglais

La manière ostensible, sinon bêtement ostentatoire, dont Nicolas Sarkozy affiche, à chaque interview le fait qu’il tutoye Obama a quelque chose de pénible et d’un peu humiliant pour nous tous.

L’immense majorité des Français sait qu’on ne tutoye pas en Anglais. Les pense-t-il moins cultivés que lui ?

Nous savons bien sûr aussi que, pour s’exprimer, Sarkozy a du avoir recours a un traducteur. Mais tout traducteur qu’il était, il n’a pu qu’utiliser le « you », le « thou » étant réservé au langage poétique ou religieux. Seule Carla, multilingue comme son ancienne profession de mannequin international le lui imposait, a pu s’exprimer dans le meilleur anglais.

Le plus avilissant bien sûr est que le Chef de l’Etat en soit à quémander une rencontre et fasse passer un dîner privé pour un évènement international.

Légalisation des jeux en ligne : les dés sont pipés même à l’Assemblée

Il paraissait, la semaine dernière, inconcevable qu’après la semonce du résultat des Régionales, l' »urgence » soit à l’Assemblée pour le groupe ump de faire passer sans modification le texte de légalisation des jeux en ligne, qui revient en deuxième lecture sur nos bancs.

A la Commission des Finances, où je me suis déplacée comme le réglement le permet, le temps d’un texte, la seule préoccupation était d’examiner au pas de charge l’ensemble des amendements, pour qu’en séance il n’y ait ni discussion, ni modification et que le texte puisse être voté tel quel aujourd’hui. Cette séance, la première du Ministre Baroin qui remplace Eric Woerth en tête de manoeuvre a clairement manifesté la préoccupation majeure de ce gouvernement : imposer ce texte pour qu’il soit en vigueur au moment de la coupe du monde de football et garantisse à quelques groupes d’intérêt proches du pouvoir de solides profits.

Aujourd’hui en séance plénière, on est monté d’un cran dans la manipulation et le déni de démocratie.

Notre groupe était cet après-midi en position de « planter » le texte après les motions de procédure ; l’ump a alors fait trainer pour pouvoir appeler à la rescousse un nombre suffisant de députés. Comme l’affaire tardait, le Président de séance Tony Dreyfus a été remplacé d’autorité par Bernard Accoyer, toujours plus prompt à servir sa majorité que la régle républicaine. De tactiques en manoeuvres, les fantassins ump ont eu le temps d’arriver et le vote a eu lieu selon les ordres gouvernementaux.

Recourir à la tricherie dans un texte sur les jeux, prétendument visant à les « encadrer », c’est vite démontrer ses intentions et ses méthodes.

Gaëtan Gorce appelait dans son intervention liminaire à une « République décente » et il a montré combien ce texte, compte-tenu de l’atmosphère qui l’entourait, n’était pas « propre ». La violation de la procédure parlementaire à laquelle l’UMP vient de procéder en apporte malheureusement la preuve, si cela était encore nécessaire.

Candidat

Je ne voulais pas commenter la déclaration de candidature d’Alain Juppé à la Présidence de la République. Nous avons trop de candidats dans notre camp pour nous réjouir ou attrister de ceux de l’autre. Mais le contenu de sa déclaration m’y incite.

Cette candidature est légitime. Il est logique que les anciens premiers ministres ump, au surplus Maires d’une grande ville, s’interrogent, et même se répondent. Elle n’est pas une surprise : de dénégations en allusions, nous savons que cette ambition, cette attente, n’a jamais quitté Alain Juppé. Si je n’apprécie pas toujours ce « fluctuat » permanent à l’égard du gouvernement actuel, mais je peux comprendre qu’il ne trouvera de salvation durable à sa condamnation de 2006 qu’à cette hauteur d’entreprise. Il est ainsi.

Elle vient aussi dans un moment que l’on peut considérer comme politiquement favorable : après la débâcle sarko-gouvernementale des Régionales, et peu après la déclaration empanachée de Dominique de Villepin. Juppé a analysé les échos médiatiques du nouveau Parti villepiniste, et il a considéré à juste titre qu’ils étaient plus que mitigés. C’était le moment s’il voulait lui aussi exister dans le choeur des concurrents à la candidature face à la montée en puissance de Fillon.

Jusqu’au choix du dimanche qui ouvrait lui aussi une bonne fenêtre de tir. L’actualité non sportive du lundi est souvent maigre, ce qui lui ouvrait les pages des quotidiens. C’était sans compter sans la grève du journal Sud Ouest ni l’attentat moscovite, mais là, Juppé n’est pour rien.

Ce sont les formules qui ont accompagné la déclaration qui déçoivent. Au coeur de la gabegie sarkozienne, qui a je l’espère pour longtemps décrédibilisé les déclarations creuses, le volontarisme de gare et les prudences de matamores, Juppé a promis de « donner du sens aux réformes ». Quelles réformes ? Pouvoir d’achat ? Retraites ? Chômage toujours croissant ? Nul ne saurait quel champ viseraient ses réformes, dans quel sens elles iraient, seulement qu’elles en auraient un.

Plus fort (même un socialiste extrème n’aurait pas osé le faire ) : il fallait réconcilier la compétitivité de la France et la solidarité. Pour tout dire, c’est l’oeuf de Colomb. Qui d’autre aurait pu y penser ? Songé à le formuler ? Eu l’audace de le proclamer ?

Même le bouclier fiscal en a pris un coup. Un petit coup, pas question de le briser comme le vase de Soisson. Dans certaines conditions, il faut que « les plus riches  »puissent » contribuer à la solidarité ».

Je l’avoue, j’attendais plus de grandeur de la politique. Elle existe, mais pas forcément parmi les grands. Plus de courage et plus d’idées aussi. La déclaration de Juppé fait-elle dresser l’oreille, éveille-t-elle un espoir, comble-t-elle une attente autre que la sienne ?

Les « fondamentaux » de l’ump : des EPA (D) taillées sur mesure

Au moment où plusieurs personnalités de droite en appellent à un retour aux « fondamentaux », l’ump répond présent. Dans un domaine au moins, ses méthodes, à Paris comme à Bordeaux, résistent à toutes les vicissitudes des scrutins.

Le Préfet de région Dominique Schmitt vient d’adresser aux élus le décret portant création de l’E.P.A.B.E. (Etablissement Public d’Aménagement Bordeaux-Euratlantique).

Une paille, qui sans être tout à fait à la dimension de l’EPA de la Défense, n’en partage pas moins les objets et les pouvoirs, sinon les tentations, pour ceux qui vont en assumer la gestion.

On se souvient de l’histoire, fort coûteuse pour Nicolas Sarkozy alors qu’il l’espérait fructueuse pour le petit Jean : Patrick Devedjian contraint à démissionner de sa charge parce qu’ayant atteint l’âge limite de 65 ans et contraint ainsi à libérer opportunément un poste de Président, fléché de longue date à l’intention de Jean Sarkozy.

Fi, de cette limite d’âge, la République est arrangeante. Il suffit pour cela d’un décret.

Le décret portant création de l’Etablissement Public d’Aménagement de Bordeaux- Euratlantique publié le 24 mars vient à point nommé calmer les inquiétudes de ceux (celui) qui aurai(en)t pu craindre la rigueur de la jurisprudence Devedjian.

En effet, le texte complet, auquel nous renvoie le message préfectoral, prévoit que l’élection du Président se fera pour trois ans et que l’âge limite de ce Président sera à la fin de son mandat et de manière tout à fait surprenante (!) de 68 ans et non de 65.

Pour mémoire, Alain Juppé aura exactement cet âge à la fin de ce mandat de trois ans puisqu’il est né le 15 août 1945.

Aux timorés du décret trop fléché, la décence aurait fait choisir un âge limite de 70 ans. La ficelle eût été moins grosse, mais qui sait, un autre aurait pu s’engouffrer. Mieux valait façonner la règle à précise pointure.

Pendant les travaux la vente continue et les méthodes de l’ump résistent décidément à toutes les vicissitudes des scrutins.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel