L’invité du blog est un Bordelais bien connu et « expert », comme on dit maintenant, en matière de lois, de justice et de pouvoir.
La justice justement, mobilisée dans toute la France contre la Réforme qui avance à grand pas en direction des deux Assemblées. Laquelle va confier tous les pouvoirs au parquet dont les membres sont nommés par le Ministère ce qui n’est pas propre à garantir leur indépendance. Cette réforme contient en outre un article qui va mettre à l’abri les délinquants en col blanc en assurant une prescription de leurs crimes après six ans.
L’ennui, c’est que ces six ans ne sont bien souvent pas suffisants pour mettre à jour ces délits et que la prescription part du moment où ils sont commis.
Quel est le but de tout cela ? Protéger les affaires politiques de l’oeil de la justice et affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire, si nécessaire pourtant à la République.
Notre grand expert ne connaissait pas la République mais il s’y entendait assez bien en ordonnancement des pouvoirs :
« Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps (…) exerçait ces trois pouvoirs :
-celui de faire les lois
-celui d’exécuter les résolutions publiques
-et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers (…) »
Cet excellent homme, dont on voit poindre de plus en plus clairement la noble silhouette, ajoute :
« Lorsque, dans la même personne, dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat fasse des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement (…) »
Ce même homme, bien que peu habitué aux démonstrations de masse, serait aujourd’hui dans la rue aux côtés des juges.