Mais qui sont donc ces deux-là ?
A mon âge, à mon âge exactement deux jeunes gens de ma connaissance, voire même de mon amitié, ont écrit un livre.
Pourquoi dis-je que ces deux jeunes gens sont jeunes ? Parce qu’écrire un livre est la précise démonstration de ce qui définit la jeunesse: la capacité de s’investir dans l’avenir. Qui a commencé un livre connait l’austérité de la démarche : y parviendrai-je ? combien d’heures, de semaines et de mois pour « cela » ? Et pourquoi faire ? Où ce livre ira-t-il, qui le lira, qui, s’il le lit, en retiendra la substantifique moelle ou que je crois telle ?
Qui a terminé d’écrire un livre, sait qu’il n’a répondu à aucune de ces questions. Qu’il a seulement parié sur elles et sur le morceau d’avenir qui lui permettrait de gagner ou de perdre son pari.
Je reviens à mes deux jeunes gens. Si, tous, nous les connaissons tous les deux, eux ne se sont jamais connus : 20 siècles les ont séparés.
Vingt siècles, et pourtant nous sommes capables d’éprouver pour eux de la familiarité. Vingt siècles et pourtant, ces deux jeunes gens ont donné à leur livre un titre strictement identique. Comme on le sait, ceci est formellement interdit par la société des auteurs, à une restriction près : que ce titre ne comprenne qu’un seul mot.
C’est le cas. Pourtant, même si ce titre était plus long, je doute que l’un eût fait un procès à l’autre ; que l’éditeur de l’un ait accusé l’éditeur de l’autre de complicité de plagiat dans l’espoir de faire monter la pression médiatique autour des deux ouvrages. J’ai en effet la certitude que ni l’un ni l’autre de mes deux jeunes gens aient eu besoin de ces vils procédés. Jeunes ils étaient, mais nul d’entre eux n’avait nécessité de faire carrière, ni de figurer au top ten des meilleures ventes. Tous les deux sont des « auteurs durables ».
Qui sont-ils ? Celui qui le premier trouvera le nom de mes deux « conscrits » d’écriture, ne gagnera ni des millions, pas davantage l’inoxydable jeu des mille francs. Mais certainement l’estime des estimables lecteurs du blog. Et il me permettra de poursuivre mon billet…