Lois de bioéthiques : des avancées à très petits pas
Le rapport Léonetti sur la révision tous les cinq ans des lois de bioéthique apporte des avancées très timides et sans doute trop timides.
La plus notable concerne l’implantation post mortem d’embryons conçus dans le cadre d’une fécondation. Cette implantation est considérée comme acceptable en cas de mort brutale du conjoint, plus de six mois après cette mort (pour que la décision ne soit pas prise sous le choc du deuil) et moins de deux ans après elle.
Pour ma part, j’aurais considéré également comme acceptable une du même ordre concernant l’insémination post mortem. Le contexte est alors le plus souvent celui de la mort du conjoint par cancer, et dans des cas exceptionnels, on devrait pouvoir autoriser l’utilisation du sperme congelé par l’épouse.
Pas d’avancées notable au contraire concernant les recherches sur les cellules souches embryonnaires, et une certaine hypocrisie. Ces recherches demeurent interdites mais en envisageant des dérogations par l’agence de bio-médecine. On se souvient qu’un des premiers gestes d’Obama a été d’autoriser ces recherches (en les encadrant strictement). Les conclusions du rapport sur ce point nous mettent dans une position de retardataire.
L’assistance médicale à la procréation demeure strictement limitée au cadre du couple (et interdit donc cette assistance aux femmes isolées). Ceci pour ne pas risquer d’élargir le débat aux mères porteuses dont l’interdiction est maintenue et à l’homoparentalité.
Juppé refuse(rait) la Présidence de la Cour des comptes
Une information issue des « Echos » fait état d’un éventuel refus d’Alain Juppé à la proposition de Nicolas Sarkozy d’occuper le poste de Premier Président de la Cour des comptes, laissé libre par la mort de Philippe Séguin.
Ce poste, pour lequel ont été évoqués les noms de François Hollande et de François Fillon, suppose comme on sait une immuabilité acceptée, c’est à dire le renoncement à briguer toute nouvelle fonction, élective ou non, et tout nouveau poste, à l’exception d’une démission motivée que l’histoire de la République n’a pas encore connue.
Alain Juppé ferait état, pour motiver son refus, de la nécessité d’abandonner son mandat de Maire de Bordeaux.
Comme pour les deux précédents “candidats”” pressentis, c’est bien évidemment, non ce regret, mais le renoncement de toute prétention à un mandat national, qui motive (si l’information est confirmée) le refus du Maire de Bordeaux. Et qui instruit les Bordelais sur les aspirations réelles de leur premier édile.
L’habileté du Président de la République, talentueux à éliminer les prétendants putatifs à son poste, doit être à cette occasion reconnue. Reconnu aussi le fait qu’il ne tient aucunement compte de l’éventuelle crédibilité du « nominé » pour exercer cette exigeante fonction.
Comme dans la fable (“Perrette et le pot au lait” : “Adieu, veau, vache, cochon, couvée…” ), la Présidence de la Cour des comptes obture toute autre ambition ou perspective et suppose de placer les valeurs de la République bien au dessus de son destin personnel.
Une histoire très, très noire
Une histoire très, très noire en effet, et en plus une histoire vraie. Mais avec un rayon de soleil au bout…
C’était il y a une bonne dizaine d’années à l’hôpital Saint André. Nous avions dans le service un malade très, très fatigué. Si mal en point que nous hésitions à le transéater -comme nous disons en langage hôpital- dans le service de soins palliatifs le plus proche de son domicile. Je le revois très bien : d’une maigreur extrême dans un éternel jogging noir qui ne faisait qu’accentuer l’évidence de la gravité de son état.
Sa femme, accorte et pleine d’autorité, était venue nous voir avec un paquet bien emballé : son costume pour l’habiller dès qu’il serait mort. Elle ne tenait pas tellement au transfert, et pour tout dire voyait d’un assez bon oeil que nous le gardions à Saint André jusqu’à la fin. « Mais surtout, veillez bien à ce qu’il soit habillé correctement. J’ai tout apporté… ».
On le devine : cette dame ne soulevait pas notre sympathie. Après moulte hésitation, nous avons transéaté le malade, ainsi que ses « effets » comme disait la dame..
Six mois passent, peut-être davantage, ce patient et sa famille rejoignent une zone de souvenir à la fois indécis et inoubliable, comme on va le voir. Nous marchons avec un de mes proches confrères dans un des longs couloirs de l’hôpital. Une silhouette s’approche. Nous nous regardons, d’abord incrédules puis de plus en plus certains : « Mais n’est-ce pas Monsieur J. ? »
Si ce n’était pas lui, c’était au moins son frère… Et de fait, il nous aborde : – Ah, je tenais à passer vous voir … Vous vous souvenez ? »
Nous ne nous souvenions que trop bien, et nous demandons stupidement, car la réponse était visible devant nous : – Et maintenant, ça va ?
Ca n’allait pas mal et il voulait nous remercier. Toujours stupéfaits et toujours stupidement, nous demandons : – Et votre femme ?
– Ah ! je n’ai pas pensé à vous informer. Elle est morte le mois dernier …
Je l’avoue, écoutant il y a quelques mois, les augures de malheur qui déclaraient le Parti Socialiste au bord du trépas, le petit Nicolas qui se gaussait et le Maire de Bordeaux qui ne manquait pas une allusion au mauvais pas où se trouvait notre équipe, j’ai souvent pensé à M. J. et à son épouse.
Car je vais vous dire un secret : quand on a fait de la politique toute sa vie, comme deux de ceux que je viens d’évoquer, on parle bien souvent sans savoir ni qui taillera le costume, ni qui le portera.
Dérisoire
Plus que jamais, alors que le drame haïtien nous fait une fois encore sentir le poids de notre vulnérabilité, les petits « coups » politiques apparaissent comme dérisoire et finalement assez méprisables.
Un débat Besson/Marine le Pen était inopportun. Invité par France 2 à y participer, Peillon devait imposer d’être l’interlocuteur du Ministre en tant que représentant du parti principal d’opposition et, s’il ne l’obtenait pas, expliquer ses raisons de n’y pas participer.
Mais ayant connaissance depuis deux semaines du déroulé de l’émission, ayant donné son accord et l’ayant confirmé le matin même, il était de son devoir personnel de s’y rendre, même si cela pouvait être considéré comme une erreur politique.
Tout au contraire, il a médité son « coup » et jugé -ce qui est vrai- qu’on parlerait davantage de lui s’il décommandait au dernier moment.
Mais en quels termes en parle-t-on ? Personne, à juste titre, n’est là pour louanger cette préméditation médiatique, personne pour cautionner cette outrance de demander la démission collective de la direction de France 2. Que n’a-t-il, dans la foulée, exigé un hara kiri collectif sous l’oeil des caméras ?
A un niveau différent, s’installant définitivement dans un rôle de guérillero local, Alain Juppé n’a pas fait mieux en convocant la presse pour l’installation d’une console Wii dans une résidence pour âgés que j’ai précédemment équipée de matériel informatique, à quelques heures et à quelques centaines de mêtres de notre réunion cantonale. Qu’on se comprenne bien: la médiocrité n’est pas de poursuivre la réalisation d’ un projet qui est de mon initiative, mais de le faire ce jour-là, avec cette jubilation du gosse qui réussit un mauvais coup. Qu’il fasse ce que j’ai proposé ne peut que me réjouir, mais pourquoi avec ce radical manque d’élégance ?
Notre pays a besoin de rigueur, de hiérarchisation des valeurs, de sens de la République. L’émotion, après la mort de Philippe Seguin, en est une démonstration supplémentaire. Nous sommes dans une overdose de coups médiatiques, de navigation à vue selon les sondages, d’égotisme et de manipulations. Pourquoi ces cerveaux, pourtant tous de bonne taille, ne le comprennent-ils pas ? Pourquoi ont-!ls perdu le sens commun en même temps que le sens de l’Etat ?