Après Flopenhague, la taxe carbonisée
Nicolas Sarkozy voulait faire de l’ « Ecologie populaire » (?) le grand thème de la campagne régionale de l’UMP. L’affaire est mal engagée : après avoir raté la marche lors de sa venue à Copenhague, le voilà qui chute carrément dans l’escalier, et son gouvernement avec lui, après la décision des Sages du Conseil Constitutionnel de retoquer la taxe carbone.
Ci-après mon communiqué à la presse
Un Polack au Panthéon ?
En voilà encore un qui risque fort d’entrer dans la cohorte des panthéonisables..
Ce n’est pas drôle de nos jours d’être né ou mort dans une année finissant de 7 à 12 : l’immense culture du Président de la République repère aussitôt ces imprudents et les désigne à la candidature pour finir leur mort dans le célèbre monument.
Mais « L’éternité, c’est long, surtout à la fin ». (Non, ce n’est pas Woody Allen, mais Franz Kafka qui l’a dit et avouons qu’il est mieux placé pour le faire). Certains préfèrent les lavandes de Lourmarin au froid de murs nobles mais solitaires.
On n’a pas mesuré à ce propos le sens profond de la réticence des enfants de Camus à le voir accompagné par Nicolas dans sa dernière dernière demeure. Faut-il que ce Président-là soit contraire à l’identité française pour que l’on n’ait point envie de lier son nom au nom de celui qui a écrit « Ma patrie c’est la langue française ».
Pas question de cela avec Chopin : il n’a point d’enfants, ni d’héritiers en ligne directe. Son héritage est depuis longtemps versé dans le domaine public.
Un problème pourtant : ce fils de Polonaise, né il y a deux cents ans, un premier mars, sera-t-il un bon exemple d’identité nationale à quelques jours du scrutin des élections régionales ?
Les voeux
Pas très nombreux sont les élus qui aiment écrire des voeux ! Certains se tirent de ce mauvais pas en faisant imprimer des cartes à l’imitation exacte de leur écriture (non, je ne dénoncerai personne, et pourtant j’en ai bien envie). D’autres ont béni le prétexte écologique pour faire adresser par milliers leurs voeux sous forme de carte électronique. Ceux-là se dénoncent tout seuls et ils ne sont pas obligatoirement à blâmer mais je n’ai pas rejoint encore (encore ?) ces repentis de Gutenberg.
Je l’avoue, je n’ai même pas mauvaise conscience : mes cartes, de petite taille, ne sont rien au regard des tonnes de papier, de magazines, que certains de ces élus dédient à la gloire de leur action.
Et puis, disons-le, même si c’est un poil ringard : j’aime écrire des voeux, j’aime les dire aussi, bien que la formule usuelle se soit gravement abatardie. On dit désormais « bonnes fêtes ! » ou « Passez de bonnes fêtes ! », comme si ce qui comptait était d’avoir une belle soirée de réveillon, des cadeaux, des lumières, du monde autour de soi. Tout cela n’est pas mauvais, tout au contraire, mais n’est pas le noeud de ce que j’essaye de transmettre dans mes « voeux ».
Une phrase sur une carte, quelquefois deux, difficile de faire passer là-dedans un sentiment, une intention personnelle, une attention, un espoir pour l’avenir, le signe d’un lien, qu’il soit de travail ensemble ou de pure amitié. Virginia Woolf : « L’essentiel, ce n’est pas les pavés mais l’herbe qui pousse entre eux ».
Même avec l’appui de cette anglaise géniale et un peu dérangée, il reste que faire sentir tout cela dans l’interstice entre cinq ou dix mots, relève de la prestidigitation.
Pourtant, j’y crois. D’abord les voeux sont un signe de vie, à quelques-uns que l’on ne voit pas souvent ou qui n’en reçoivent pas assez. Dans les relations de travail, ils sont comme un soupir entre deux notes : un espace très court sans lequel la musique ne serait pas ce qu’elle est.
Avouons : élue attentive, j’envoie des voeux à des personnes que je connais peu. Choisies pour leur action dans la ville et ce n’est pas alors seulement eux personnellement auxquels je fais signe, mais le groupe qu’ils animent, le foyer qu’ils réchauffent, le lien qu’ils créent autour d’eux.
J’ai maintenant la main un peu crispée d’avoir beaucoup écrit. Mais quel plaisir aussi d’écrire au stylo sur une carte où la plume glisse comme une ballerine, et de changer d’instrument, délaissant le clavier pour cette flûte si fine qu’on appelle un stylo.
Et puis, c’est ma manière à moi de célébrer « les fêtes ». Le nombre des voeux a changé, mais je n’y ai jamais manqué.
Burka or not Burka
En voilà encore un qui est fidèle à sa personnalité : beau parleur, pourfendeur de cerfs volants, il prend de court la mission parlementaire pour occuper l’espace médiatique, qui s’annonce un peu vide dans cette période de fêtes.
Ainsi un projet de loi interdisant le port de la burka va tomber à la rentrée sur les bureaux de l’Assemblée. Ce n’est pas un scoop : alors même que la mission parlementaire devant réfléchir à ce sujet sensible s’installait il y a six mois, Copé proclamait partout : il y aura une loi parce que je l’ai décidé. Copé ne pourfend pas que les cerfs volants mais les voiles islamiques. C’est un spécialiste du vent.
L’inconvénient est que, ce faisant, Copé discrédite le travail parlementaire alors que son fonds de commerce, en face de Sarkozy, est de le défendre. C’est l’histoire du corbeau qui non seulement laisse tomber le fromage qu’il tient en son bec mais scie l’arbre sur lequel il s’est perché.
Il y a plus grave : ce projet de loi est une erreur.
Concrètement tout d’abord parce qu’il est inapplicable. En face des 284 femmes porteuses de burka dénombrées récemment par des inspecteurs capables d’identifier sans les confondre des femmes invisibles, que ferons-nous ? Leur interdire l’accès aux services publics ? A l’espace public ? Qui, dans ce cas, les en chassera et comment ?
Politiquement ensuite : la burka n’est pas un signe religieux (le Coran n’en dit pas un mot) mais une arme politique, du moins dans les pays occidentaux. Une loi strictement focalisée sur ce signe et même sur ce mot, risque d’en multiplier le port.
Alors, ne rien faire ?
Sans doute si. L’idée est peut-être de se situer uniquement du point de vue de la liberté de la femme et de sa non-discrimination. Une de nos collègues a proposé d’inclure le voile intégral dans le cadre des violences faites aux femmes (qui vont faire l’objet d’une loi) et c’est une piste intéressante.
Il faut bien dire : violence faite AUX femmes et non à la femme qui la porte, car celle-ci proclamera qu’elle est consentante et que c’est son choix. Mais cela ne suffit pas à rendre le port du voile légitime.
Faisons une comparaison osée : une femme ou un homme peut se déclarer consentant à des pratiques sado-masochistes. Cela ne suffit pas à les autoriser.
Depuis six mois la mission parlementaire travaille : avec mesure, sens de la responsabilité et en auditionnant de nombreux intellectuels et responsables religieux.
Ne pouvait-on attendre son rapport ?