m

Curieuse prudences, étranges pudeurs

Notre excellent quotidien Sud Ouest, qui a publié depuis 2008 à 7 reprises, à grand renfort de colonnes et de lignes, la candidature d’Alain Juppé dans la 2ème circonscription a, cette semaine, d’étranges pudeurs.

Parmi les annonces nombreuses que j’évoquais, la liste des candidats désignés par l’ump dans les circonscriptions de la Gironde où ce Parti ne demeure pas en mal de parachutage. A tout seigneur, tout honneur, dans cette liste figurait en bonne place la candidature du Ministre-Maire dans la 2ème circonscription, que par ailleurs Nicolas Florian, responsable ump local, a largement confirmée et commentée sur les ondes.

Changement de programme, dont nous aurions aimé avoir les clefs. Lors de sa dernière conférence de presse, en adepte fidèle de Sarkozy candidat sans l’être jusqu’à la dernière minute, a annoncé qu’il ne parlerait des législatives qu’après les Présidentielles mais n’a nullement démenti sa candidature.

Alors pourquoi ces « probablement », accompagnant le bref papier informant de la démarche des 20 candidats soutenus par le Parti Socialiste qui se trouveront en face de Ministres en éxercice, demandant la vigilance du CSA et de la commission des comptes de campagne et l’édiction de règles claires pour que soit au moins mal respectée l’équité entre les candidats ?

Pourquoi tout d’un coup, Alain et Michèle, tous les deux candidats désignés par leurs partis, ne sont-ils devenus des concurrents « probables » ?

Vous avez des hypothèses ? Je vous l’avoue, moi aussi. Les mêmes ?

Bon semestre !

A tous ceux qui, à l’Assemblée, me souhaitent « bonne année », je réponds « Bon semestre suffira. Mais n’hésitez pas à doubler la dose ».

Tous comprennent et sourient. Quelques-uns ajoutent « tu seras là ».

L’oeuf de Colomb de Sarkozy

La taxe Tobin, nouvel oeuf de Colomb de Nicolas Sarkozy pour occuper la galerie et diviser l’Europe, n’est pas tout à fait pondue du jour.

Outre sa longue histoire avec la gauche, reprise récemment par le Sénat dans le cadre du projet de budget 2012, son principe a été voté à l’Assemblée nationale… Il y a 11 ans !

C’est aujourd’hui Henri Emmanuelli, alors Président de la Commission des finances qui le rappelle dans le journal Sud Ouest. Et la taxe figure en bonne place dans le code général des impôts.

Reconnaissons que celui qui était alors futur Président de la République n’a jamais brillé, tout le temps qu’il a été député, par sa présence à l’Assemblée où il ne faisait que des « apparitions ». La Grande Armée de ses collaborateurs aurait pu rappeler ce vote à son bon souvenir, lui évitant ainsi la remise à l’ordre d’Emmanuelli.

Juppé, lui, s’est rallié comme à tout le reste, TVA sociale comprise. « Il n’y a que les ânes qui ne changent pas d’avis ». Il faut croire qu’ils sont peu nombreux au plus haut niveau de l’Etat.

Demain la veille

48 heures « hors service ». Aussi drôle que cela puisse paraître, c’est presque long, tellement mon habituelle immersion dans l’actualité est forte, légitimement forte dans la période et dans mon job actuels. Une cloche tinte au loin, au moment précis où j’écris ces mots. Il n’y a pas que dans la nature que l’homme vit dans une forêt de symboles.

Symboles justement. Jour sans plus d’intérêt que la veille ni le lendemain, mais demain je vais verser dans une année de plus, dont on sait à mon âge qu’elle est d’abord une année de moins. Année importante puisqu’elle est pour les médecins hospitaliers « l’année où sonne la retraite » comme dirait Carmen, dans un opéra du même nom.

Année importante puisqu’elle va me priver d’une liberté qui m’a gardée éloignée de l’état de dépendance de tout candidat à la veille d’une élection. Reçue, collée (=élue, battue), me disais-je jusqu’alors, le lendemain matin, je serai à l’hôpital et au bout d’une heure, l’importance de ce qui s’y noue m’aura sorti le nez de cette tension électorale qui est, reconnaissons-le, extraordinairement forte.

L’enjeu de cette année n’est pas le mien et je le sais, même si j’ai conscience d’en être un atome pas totalement négligeable. Je commence à découvrir dans les médias ce psychodrame qui ressemble à ce qui entoure la bourse et les marchés. Hollande dit un mot (ou même ne le dit pas), les chiens d’abois de l’ump sautent dessus, la meute est lancée, les ouvriers sont à l’oeuvre pour fissurer l’image de notre candidat.

Je disais « un atome pas totalement négligeable » : ceci bien sûr, non pas dû à ma seule force, mais aux titres multiples de mon concurrent. Il y a des moments où, j’ose le dire, j’ai envie de rentrer dans mon trou en face de sa double formidable machine, municipale et ministérielle. Il y en a d’autres, où je me sens comme les chats en face d’un adversaire plus fort, mon poil se gonfle, je me sens non seulement prête, mais la plus forte. Et on remarquera que les chats sont rarement mis à terre.

C’était le cas tout à l’heure, lisant que Juppé avait dit dans je ne sais quelle radio* de je ne sais quel pays étranger (ce qui est fondamentalement une faute) que « le candidat socialiste n’avait pas le début d’une idée ». Et lui ? En a-t-il démontré la moindre, avec ses critiques pincées des mois précédant son accession au Ministère tant attendu, ou depuis alors que Sarkozy impose ce qu’il a autrefois condamné du bout des lèvres, comme la TVA sociale ?

C’est pas ma faute, j’aime le courage, la constance, tous ces trucs pas possibles, pas « sexy » pour un sou mais qui sont seuls capables de sortir du trou, les autres comme soi-même, aujourd’hui plus que jamais.

  • il s’agit d’une radio portugaise et on sait qu’il n’est pas de mise pour un Ministre de s’exprimer à l’étranger sur les affaires intérieures de la France, moins encore sur une campagne électorale

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel