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Sainte Barbe

On ne connait pas assez Sainte Barbe, non plus qu’on ne lui rend un hommage suffisant. Non pour ses hauts faits – encore qu’avec beaucoup de bénévolence on puisse voir en elle une avant-gardiste du féminisme- mais parce qu’elle est l’emblématique « patronne » des pompiers.

A ce titre, j’ai eu l’honneur ce soir de représenter à ses côtés la parité à la célébration annuelle des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS).

L’incendie est présent dans toutes les têtes à la seule évocation des pompiers, qui est au passage le corps le plus respecté, le plus admiré et le plus aimé des Français. Même les médecins, pour lesquels j’éprouve la sympathie naturelle d’une coreligionnaire, peinent à rivaliser. Mais le dernier mot « Secours » disparait bien souvent derrière le brillant des voitures rouges et des « casques d’or ».

Pas besoin en effet de casque brillant pour cette vocation sociale du mêtier de pompier. Tempêtes, sinistres qui mettent en jeu la vie des pompiers, n’égalent pourtant pas en nombre d’interventions le secours à la personne, qui est souvent le dernier secours, quand le médecin, le voisin, le passant, les proches ont manqué ou n’ont jamais existé.

Les pompiers sont les urgentistes de l’insalubrité (quand un appareil de chauffage incertain a été allumé par ceux qu’on appelle maintenant les « naufragés de l’énergie), de la misère (quand un SDF abandonné de tous est retrouvé sur un trottoir à l’extrême limite de la vie) ou de la détresse quand l’un des deux précédents a décidé que la vie était quand même trop dure et qu’il fallait en finir avec elle.

Le froid commençait d’engourdir la ville quand je suis arrivée à la cérémonie de la Sainte Barbe, sortant de l’inauguration des nouveaux locaux du Secours Populaire. Le lien était facile à faire : 78000 familles vivent en Gironde avec moins de 800 euros, ce qui correspond à peu près à 200 000 personnes. Ce n’est pas exclusivement auprès d’eux que les pompiers apportent leur secours, mais c’est en tout cas majoritairement auprès des plus pauvres, des plus paumés, des plus vulnérables qu’ils sont le « frère humain » qui vient prêter main forte.

Nous étions une foultitude d’élus à la Sainte Barbe et il faut s’en réjouïr : ce n’est pas la Sainte qu’il s’agissait d’honorer mais les pompiers eux-mêmes et ce grand corps où le sens du devoir, le dévouement et le courage font partie des simples valeurs de tous les jours.

A côté de cela, Sarkozy justifiant piteusement que le Grand emprunt (sa Grande idée de l’année) soit devenu un emprunt ordinaire, pas plus grand que tous ceux que l’on fait à longueur d’année et qui se transforment instantanément en grand impôt de demain, ont un air précuit et trafiqué, qui ne motivera pas l’ombre d’un Français.

Je vous le disais : on ne parle pas assez de Sainte Barbe et beaucoup trop de Saint Nicolas et de ses disciples.

Dimanche de gros travaux, samedi de démocratie

Dimanche tout entier engagé dans des objectifs d’aménagements, pour lesquels je me suis fixée la « deadline » de l’arrivé du père Noël. Non que je crois au père Noël, non que j’ai prévu pour l’accueillir la moindre festivité autre que très modeste, mais je crois par contre en la vertu énergisante d’une date limite et d’objectifs qu’on s’est fixés soi- même. Les week-ends se reduisant le plus souvent aux dimanches après-midi, je sors de celui-là fourbue, rompue comme un vieux cheval, mais satisfaite de voir mes objectifs approcher du domaine du possible.

Samedi, c’est à dire hier, était tout en contre-point, occupé du matin jusqu’au soir des obligations de la Démocratie, de la République et des pré-festivités de fin d’année, trois devoirs qui, réunis ensemble, ne sont ni pécadille, ni faribole.

Le point culminant du Samedi a été sans conteste la cérémonie d’accueil des « Nouveaux Français » au Grand Théâtre, sous la présidence conjointe du Préfet de région, Dominique Schmitt, et du Maire de Bordeaux, Alain Juppé, pour les distraits qui, n’ayant jamais lu Sud Ouest, ne le sauraient pas.

Les « Nouveaux Français » ne sont aucunement un nouveau parti politique, pas davantage un nouveau courant du Parti Socialiste (on le devine aux deux noms des co-présidents), pas non plus une nouvelle mouvance de l’ump.

Encore que… Encore que certains pourraient douter de la réalité de la troisième hypothèse au vu du déroulé de la cérémonie. Que je vous dise quand même ce que sont les « Nouveaux Français » : ce sont les étrangers ayant acquis au cours de cette année la nationalité française. Ils sont 350 à Bordeaux, ce dont je me réjouis, mais ce qui n’est électoralement pas négligeable comme se l’est dit avec sagacité le Maire de Bordeaux.

Donc… cérémonie d’accueil au Grand Théâtre, qu’on appelle maintenant « Opéra » , mais qui avait pour la circonstance gardé son nom de tradition. Musique, Marseillaise, discours du Maire et du Préfet, qui je le rappelle co-présidaient la cérémonie.

Deux des trois députés de Bordeaux étaient présents, je devais excuser le 3ème et parler en son nom. Pour les lecteurs, nombreux, qui sont eux-mêmes étrangers au microcosme politique bordelais, je rappelle que notre Métropole aquitaine s’ennorgueillit d’avoir une députée PS (ma pomme) que je nomme en premier car elle représente plus de la moitié des Bordelais, un morceau de députée ump (ma collège Chantal Bourragué pour les quartiers nord et nord ouest) et mon non moins éminent collègue vert Noël Mamère pour les quartiers sud. Bordeaux, vous dites-vous, en lisant le détail de cette représentation, est un havre de démocratie, où chacun peut s’exprimer selon les principes et les usages de la République.

Sauf que…

Sauf que, ce jour-là, pourtant empreint d’exemplarité (film édifiant, Marseillaise, discours ronflants sur ces deux soeurs indissolubles, la République et la Démocratie..), l’une et l’autre ont été légérement prises en défaut. Je dis « légérement » parce qu’une forte dose de distanciation et de sens de l’humour est indispensable à la survie du Bordelais moyen comme du Bordelais élu.

Le Préfet étant présent ès qualités, nous étions de facto dans une cérémonie relevant des règles et des principes républicains. L’un d’eux veut que les Députés s’expriment et cet accueil au sein de notre nationalité l’imposait particulièrement. Cette expression aurait en effet permis de montrer à nos Nouveaux Français la belle harmonie du fonctionnement de nos institutions.

Pas de chance, le Maire de Bordeaux, fidèle à sa vision d’une ville ump, une et indivisible, comme est aujourd’hui l’Etat, confisqué par un Parti et un seul, un chef et un seul, à la ville comme à la scène, à Bordeaux comme à Paris, ne l’a pas entendu ainsi.

Et la parole, malgré ma demande au Préfet Schmitt, n’a pas été donnée aux députés bordelais.

Les règles de la République ne sont pas des garde-chiourmes acariâtres ou des frivolités protocolaires : elles sont les garants de notre liberté. Mes travaux du dimanche ne sont rien comparés avec ceux qu’il nous faut aujourd’hui mettre en oeuvre pour la protéger.

Esclandre princier (suite)

Petit codicile à mon billet précédent. Des journalistes me téléphonent : « Quoi, comment, avez vous des images, une vidéo ? »

Comme qui dirait : un buzz au bout du téléphone portable..

Je n’ai rien de tout cela. Et je n’y ai pas personnellement assisté : j’attendais à 20 h, au moment de cet incident, non pas planétaire mais révélateur, les experts de la fondation « Terra nova », dont je fais modestement partie, pour parler de politique de santé.

Deux sont arrivés, l’oreille basse, traumatisés (superficiellement, disons plutôt : choqués, au sens anglais du terme) de la scène qu’ils venaient de vivre et que j’ai raconté en abrégé dans le billet précédent : le jeune Jean Sarkozy dans l’exercice de son pouvoir abusif et de l’absence d’exemplarité de l’Etat ump.

Avant de mettre cet « instantané » dans le blog, j’ai téléphoné aux témoins « Est-ce que cela ne pouvait être un jeune homme ressemblant à Jean Sarkozy ? Etes-vous sûrs qu’il ne pouvait y avoir de confusion ? ». ` Il ne pouvait y avoir … Un commentaire amusant a été : « Ma surprise a été de le trouver si petit ! Les images de la télé l’avaient montré plutôt beau gosse.. ». La commentatrice-témoin était une femme, on s’en doute. Nous avons toutes les deux convenu : « Comment pouvait-il être grand » ?

J’ai fâché (pas vraiment) mes témoins de ne pas avoir pris une photo, un mini-film dans leurs appareils téléphoniques. Comme moi, ils n’en ont eu nulle envie, ni peut être la capacité. Aucun n’a d’engagement partisan. Tout modestement, ils sont des profs et experts en économie de la Santé, toutes choses qui de nos jours ne sont pas au faîte du buzz médiatique.

J’ai inscrit cet incident sur le blog, sans soucis, on s’en doute, que cela compromettrait définitivement ma carrière de Ministre de la Santé d’ouverture *, mais non sans assurance de la véracité de l’événement, ni de l’infime modestie du dit événement.

Pour autant, infiniment modeste, il ne me parait pas infiniment insignifiant. Et les propos du jeune Sarkozy, alors que nous débattions dans l’hémicycle de « l’identité nationale » m’ont paru manifester une obsession du pouvoir en place, médiocre, mais non moins, et plus gravement, obsédante.

  • j’espère que même les esprits les plus chagrins comprennent le deuxième, troisième, voire même quatrième degré, de cett remarque

Flop !

Maigre débat du côté de la droite hier à L’Assemblée où nous devions plancher sur l’identité nationale. Maigre assistance aussi sur cette moitié de l’hémicycle : l’ump a montré avec ses pieds l’enthousiasme qu’elle avait à souscrire à l’initiative présidentielle.

Les députés de droite dépéchés à la tribune paraissaient bien en service commandé : Jean François Copée, convenu et terne, comme un jais qui vient de changer son ramage pour un manteau gris, un Vendéen villiériste venu parler des guerres de Vendée, ce qui était particulièrement à propos, un Alsacien rappelant le sort douloureux de l’Alsace et de la Lorraine, et l’ex-Vice Président de l’Assemblée, Marc Dombrèze que j’apprécie plutôt, à l’ordinaire, invectivant la gauche qui était, elle dans toute autre disposition. La clarté des rangs ump témoignait en sens contraire.

Au regard de la suite des interventions morcelées et sans souffle de la droite et du centre, nos orateurs ont élevé le débat à un autre niveau. Jean Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve parlant avec une ferme sérénité de la laïcité, Serge Letchimy député-maire de Fort de France, George-Pau Langevin et une mention particulière à Marietta Caramanlis, députée de la Sarthe, venue de Grèce en France du temps des colonels et ayant choisi d’y demeurer. Marietta a parlé avec beaucoup de simplicité et de profondeur de ses enfants dessinant à l’âge de la maternelle des drapeaux grecs et français et expliquant que c’est cela aussi être Français.

Aujourd’hui nous apprenons qu’une proposition de loi vient d’arriver sur les bureaux de l’Assemblée destinée à interdire les drapeaux des deux pays à l’occasion des mariages mixtes.

Marietta, quelquefois, doit s’interroger.

Bayrou ne se grandit pas

Pédagogue hors pair, orateur compréhensible de tous, sollicitant l’intérêt quand il s’exprime, François Bayrou a un faible caractère. C’est bien souvent le point le plus fragile des hommes politiques (les exemples sont légion) et c’est pourtant le plus décisif.

Peu courageux dans l’action, comme il l’avait montré quand il était ministre de l’éducation où décisions et réalisations ne sont pas venues confirmer l’excellence des principes énoncés*, Bayrou est aussi « nerveux », et même vite acariâtre, dans la réaction.

Il ne se grandit guère à qualifier de « rigolos » les agissements de Ségolène Royal, avec en ligne de mire sa proposition de 5 postes éligibles sur la liste régionale de Poitou Charente. N’était-ce François Bayrou qui, il y a quelques semaines, prônait la « main tendue aux socialistes »?

Cette expression est d’ailleurs en passe d’être totalement disqualifiée : la « main tendue » des hommes politiques est bien souvent vigoureusement croisée derrière le dos et ne relève que des « paroles verbales ». C’est une fois de plus le cas.

François Bayrou a un message à transmettre aux Français pour le premier tour des Régionales : c’est la raison annoncée de son refus. Espérons que ce message soit fort, facile à identifier et à retenir, pour justifier que sa main n’ait été tendue que pour donner un petit soufflet à qui la prenait concrêtement, non sans risque pour elle auprès des militants socialistes.

La politique rend bête et use les caractères fragiles. Le ton grinçant de Bayrou expliquant son refus trahissait cette nervosité de petit chef qui est si préjudiciable à l’exercice des responsabilités. N’est pas Obama, le maître de la maîtrise de soi, qui veut.

  • à lire dans « La décennie des Mal-Appris

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