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Dimanche

Dimanche sans manifestation, ni célébration. Selon le principe que ce qui est rare est précieux, j’apprécie à sa valeur cette matinée sans heurts et le plaisir de ne parler de rien d’autre que de la vie qui va. Plaisir pas toujours si inoffensif qu’il n’y parait : c’est quelquefois en écrivant ainsi, sans savoir où l’on va, que l’on fait les plus étranges rencontres.

Sur mon bureau, trois bulbes de jacinthe réunis dans une petite soupière. Ils sont à peine éclos, attendrissants d’efforts pour faire sortir de cette bogue rugueuse et grise un bouquet vigoureux de pousses vertes. L’hiver n’est pas là encore que les bulbes jouent les agents secrets de ce qui viendra après lui.

Autour de moi, le silence, privilège entre les privilèges, et quelques chants d’oiseaux épars, sans conviction et sans entrain. La journée va se partager au petit bonheur entre le travail de bureau et les « choses de la vie ». Avant hier, lors de l’inauguration des nouveaux locaux de « promo-femmes », la charismatique nouvelle présidente de l’association a entamé son discours en déclarant « qu’elle ne savait pas faire de discours ». S’en est suivi un remarquable exposé sur l’histoire, les valeurs et l’avenir de cette belle association, le tout exprimé avec charme et conviction.

J’ai répondu en disant qu’elle avait fini de me convaincre de ce que je crois de longue date : les femmes savent tout faire et c’est la multiplicité de leur vie, bien plus que la génétique, qui leur fait ce cadeau quelquefois empoisonné.

Mon chien, qui est une chienne, approuve d’un battement de queue.

Bienheureux et indiscret langage

A la faveur d’un rangement de fin de semaine, je tombe sur un titre récent de Sud Ouest : « Rama Yade : Nicolas Sarkozy reste mon modèle ».

Cette déclaration qui barre la une de notre quotidien ne changera pas la face du monde, non plus qu’elle n’infléchira en rien la politique contemporaine. Mais elle est pleine de sous-entendus et, d’une certaine manière, d’humour qui, une fois encore, trahit la force psychanalytique du langage.

« Reste », pourquoi « reste » ? Une ministre heureuse et convaincue devrait dire « Nicolas Sarkozy est mon modèle ». « Reste » est un aveu : il sous entend « malgré ses erreurs, son mauvais bilan, notre médiocre entente… », toutes choses que l’ensemble de ses déclarations laisse dans une bienséante pénombre.

Bienheureux langage qui dit plus qu’on ne veut et quelquefois qu’on ne sait.

Grand stade : le Conseil Général confirme qu’il ne s’engagera pas financièrement

Un million 400 000 Girondins. Combien iront une, deux, au mieux trois fois l’an au Grand Stade ?

En regard de ce chiffre hypothétique, combien ont besoin de logements sociaux, combien dont les enfants vont au collège, combien en mal d’insertion et d’emploi… ?

Avec beaucoup de fermeté, Philippe Madrelle vient de confirmer sa décision de ne pas s’engager financièrement sur le projet du Grand Stade. Je ne peux que soutenir cette fermeté et cette cohérence au regard des engagements et de la vocation du Conseil Général dans une période où les demandes à son égard sont particuièrement pressantes et légitimes.

L’argent public doit servir en priorité au développement de notre pays et au soutien de ceux qui souffrent de la situation de paupérisation où il entre.

Philippe a proposé un « emprunt obligataire » à l’intention de tous ceux (dont je ne sais le nombre) qui soutiennent le projet et veulent faire de Bordeaux une « ville foot ». Emprunt où chacun pourra souscrire et ainsi apporter le financement manquant (90%) après l’annonce de la contribution de l’Etat.

Grand Stade (II) : le cavalier seul perdant d’Alain Juppé

Vingt millions de l’Etat, alors qu’Alain Juppé en demandait 50 et qu’il affirmait à l’occasion du projet de montage financier que, sans cette somme, le projet ne pourrait aboutir, c’est pour lui un authentique camouflet.

Camouflet qu’il ne partage qu’avec lui même, puisqu’il a dans cette bataille comme dans les autres fait cavalier seul, n’appelant les collectivités qu’au financement selon une habitude dont il a fait une règle, et négligeant tous les autres éllus

Cette règle est mauvaise. Mauvaise dans son principe, délétère pour notre ville dans sa pratique. Elle a montré son résultat lors de la bataille pour l’Ecole de Santé Navale. Vingt cinq ans plus tôt, Jacques Chaban Delmas s’était rendu dans le bureau du Président de la République d’alors (François Mitterrand) en compagnie des grands élus bordelais de gauche et de droite. Il prouvait ainsi la réalité de sa défense du dossier et son caractère consensuel dans la ville.

Médiocre contribution de l’Etat donc, qui n’a pourtant pas été sans contrepartie. Il suffit pour s’en convaincre de lire ce matin dans Sud Ouest la rétractation du Juppé sur les méfaits de la réforme territoriale et de la suppression de la taxe professionnelle. Ce qu’il dénonçait hier est devenu aujourd’hui acceptable.

Rien de cela n’est d’un homme d’Etat.

Grand Stade (I) : qui va payer ?

Vingt millions de contribution de l’Etat au lieu de 50 demandés par Alain Juppé pour un projet estimé à 200 millions d’euros, qui va payer le reste ?

Réponse : le privé, mais ce n’est jamais gratuit, et le contribuable bordelais.

En appelant à une plus large contribution les collectivités locales, le Maire de Bordeaux joue coup double à l’encontre des Bordelais, et d’ailleurs aussi des habitants de la CUB et des Girondins.

Les collectivités territoriales sont appelées à débourser 15 millions d’euros chacune (CUB, Conseil Général, Conseil Régional et ville de Bordeaux). Connaissant les difficultés où chacune des collectivités se débat, cela signifie une augmentation des impôts et une réduction des autres investissements.

Ces difficultés, on le sait, dues aux transferts de l’Etat qui ne compensent pas le poids des charges déléguées aux collectivités, ainsi que la diminution des recettes (par ex. la chute des droits de mutation) ne feront d’ailleurs que s’aggraver si la réforme territoriale vient à terme.

Alain Juppé demande 15 millions au Conseil Général qui est le premier à prendre de plein flanc cette diminution des recettes et des transferts. Si Philippe Madrelle, jusqu’alors très déterminé à ne pas s’engager dans le projet du Grand Stade, se rendait à la demande du Maire, cela se traduirait obligatoirement par un ou deux points de fiscalité supplémentaire et par une réduction des investissements lourds que nous tenions à honorer. Pour ma part, je préfère moderniser les collèges, sécuriser et élargir les routes départementales et les accès terrestres du port de Bordeaux, tenir nos engagements envers les âgés et les handicapés, soutenir l’insertion et l’emploi que construire un Grand Stade qui servira trois fois par an.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel