On ne lit jamais assez la presse étrangère. Un article de la Suddeutsche Zeitung de Munich, relayé par Courrier International, ridiculise Eric Besson et Xavier Darcos, fustigeant sourcils levés et ton menaçant, les entreprises qui emploient des sans-papiers.
Les deux compères annoncent qu’ils vont présenter un projet de loi au Conseil des Ministres et que semblables entreprises seront condamnées non seulement aux gémonies mais à la fermeture administrative pure et simple.
Aucun média hexagonal n’a songé à montrer l’absurdité de cette proposition et à rappeler que la loi permet déjà cette fermeture, contient déjà toutes les possibilités de condamnation, de la condamnation individuelle du chef d’entreprise (5 ans de prison) à la confiscation des équipements et des locaux . Il suffirait qu’il y ait une ébauche de volonté de l’appliquer.
Un exemple ? Deux sans-papiers ont été incriminés lors des travaux de restauration de « La Lanterne ». Pour mémoire, cette charmante résidence de quelques hectares, à portée d’arbalète du château de Versailles était jusqu’alors mise à disposition du Premier Ministre. Sarkozy la trouvant à sa mesure l’a réquisitionnée à son usage et y a fait faire quelques travaux (…) pour accueillir Carla. C’est à cette aimable occasion que les deux sans-papiers ont fait les frais de la délicatesse sarkozienne. Les entreprises n’ont à ce jour connu pas un jour de fermeture.
Alors pourquoi cette annonce d’un projet de loi, inutile et incertain comme tant d’autres, qui ne viendra d’ailleurs peut-être jamais au jour dans l’embouteillage législatif où nous travaillons.
Pour un effet d’annonce de plus. Mais on ne peut tout à fait écarter la volonté de faire taire les chefs d’entreprise sincères, qui se battent pour que l’un ou l’autre de leurs employés « obtiennent ses papiers » et qu’il puisse les conserver. Ils remplissent papiers après papiers, se rendent quelquefois eux-mêmes à la Préfecture, ceux-là sont comme l’âne qui avait tondu de la largeur de sa langue la surface d’un pré : condamnés d’avance.
D’accord, ce n’est pas le doux sujet d’un blog que l’on lit entre la préparation des décors de Noêl et la liste de commandes des enfants.
Encore que … Lors des 20 ans du « pain de l’amitié » servi par l’association Saint Vincent de Paul, un bénévole m’a dit « Je m’interroge chaque fois que je sers un repas, pourquoi est-ce moi qui le sert et lui qui le reçoit ? »
Cette interrogation est universelle. Les travailleurs sans papiers la posent tous les jours à chacun de nous.