En anglais, on dirait « the entertainment », mot dont le sens est plus proche du « divertissement » pascalien que celui de « spectacle ». Et en effet, le Parti Socialiste n’en rate pas une et donne toujours quelque chose à voir, quelque chose à dire, et surtout à médire, aux médias, à tout le monde et d’abord à nous mêmes.
Pourquoi sommes-nous ainsi devenus les rois d’un show-biz souvent malintentionné mais que nous mettons une grande application à justifier ?
Il y a plusieurs réponses. La moindre n’est pas : notre absence de discipline interne.
D’accord, le mot n’est pas sexy et l’oreille d’un socialiste libertaire se frise comme les pétales d’une tulipe hybride à l’entendre. Et pourtant …
Le show-biz de ce week-end, c’est la visite de Ségolène Royal à Dijon, ville dont le Maire est François Rebsamen, directeur de sa campagne présidentielle et son fidèle soutien dans le tragique chemin des Dames qui s’est conclu à Reims.
L’organisateur de la manifestation est Vincent Peillon, non moins fidèle lieutenant de Ségolène dans les campagnes précitées, éloquent plaideur de la motion « l’Espoir à gauche » qui a recueilli, on le sait, à quelques pichenettes de voix très discutées, la presque majorité lors du vote élisant notre Première Secrétaire.
Où est le problème ?
Le problème est que Vincent Peillon a lancé une O.P.A (Offre Publique d’Achat) sur l’ « Espoir à gauche ». Certes, ce n’est pas une marque déposée, comme peut l’être Panzani ou Dunlopillo, mais c’est le titre, l’étendard de la motion que Ségolène Royal a porté et qui a porté Ségolène Royal.
Premier coup médiatique à l’Assemblée nationale où Peillon a convoqué la presse mais pas les députés pour s’auto proclamer chef de « l’espoir à gauche » ; deuxième à Marseille avant l’Université de la Rochelle, troisième à Dijon.
Détail : Ségolène Royal n’a été ni informée, ni invitée.
Que fait notre comité d’éthique que j’ai appelé de mes voeux dès mon entrée au Parti Socialiste , et dont la réalité a été votée à une très large majorité le 3 octobre 2009 ?
Partir avec la marque n’est pas plus honorable que partir avec la caisse. Ce vocabulaire n’est pas celui d’un parti politique, surtout le mien, tel que je l’aimerais. Il a pourtant un sens : dans ce siècle marchand, l’éthique du commerce, au moins, doit être comprise.
Ségolène a eu du courage d’aller à Dijon. Dire qu’elle a eu raison, est autre chose : elle n’aurait surtout pas du avoir à le faire, si nos instances avaient évité ce nouvel épisode du médiocre spectacle dont tant sont friands.
Qu’on ne mécomprenne pas le sens de ce billet. Il n’est ni ségoléniste, ni anti-ségoléniste. Une fois pour toutes, après Reims, j’ai décidé d’être une socialiste TMC (Toutes Motions Confondues). Vincent Peillon, qui a couru sous toutes les casaques, a été de ceux qui m’ont appris que, pour certains, les motions n’étaient pas (plus) de profonds courants de pensée mais des écuries de pouvoir.
Je ne supporte plus les erreurs, les faveurs, les faiblesses qui démobilisent les militants, découragent ceux qui nous sont proches, ragaillardissent ceux qui nous sont opposés.
La République et la Démocratie, en France aujourd’hui, sont comme deux veuves qui marchent sous la pluie en se soutenant l’une l’autre. Veuves d’un gouvernement qui se soucie tantôt de l’une, tantôt de l’autre, comme de l’autre comme d’une guigne.
Seront-elles aussi orphelines de qui les a fait naître ?