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Grippe H1N1 : le point de Roselyne Bachelot

Un point régulier nous est fait à l’Assemblée par la Ministre Roselyne Bachelot sur la progression de l’épidémie de grippe H1N1.

Un million et demi de Français ont été déjà touchés au cours des mois précédents. L’épidémie est depuis cette semaine en progression rapide mais on ne peut savoir si elle évoluera régulièrement ou par plateaux. On ne peut non plus prévoir la date du pic d’épidémie. Les dates de congé, comme la Toussaint en Ile de France, sont l’occasion d’un plateau relatif.

Au cours de la dernière semaine, 360 000 consultations pour syndrome respiratoire fébrile, probablement liés à l’infection grippale ont été recensés. Le virus H1N1 l’a emporté très nettement sur le virus de la grippe saisonnière (93% d’infections H1N1)

Depuis le début de l’épidémie, 43 malades sont morts de la grippe en France métropolitaine. La particularité de la grippe H1N1 est de toucher dans une proportion importante les sujets jeunes et la possibilité de cas sévères dans ce groupe. La grippe saisonnière est surtout à redouter chez les personnes âgées.

La vaccination monte mollement en puissance, mais la situation peut s’inverser très brutalement, comme cela a été le cas aux Etats-Unis où l’on est passé en une journée d’une position d’attentisme à des quasi-émeutes pour être vacciné le jour même et à des files d’attente de plusieurs heures devant les centres de vaccination.

Emir à crédit

Un mien voisin, rencontré sur le chemin de mon bureau, ouvre ma journée avec un précepte « Le prince doit être vertueux pour que le peuple soit fidèle ».

Le dernier mot démontre sans difficulté particulière que mon voisin n’est pas un dangereux gauchiste. Je dirais plus volontiers : « Le prince doit être vertueux pour être le prince ».

Après la douche d’or et la présidence européenne engloutissant en frais inutiles le quart de ce que rapportent les franchises médicales, le scandale d' »Air sarko one ».

Je l’ai déjà évoqué. La pilule est si amère, qu’au moment de la livraison de l’avion de l’Emir, j’y reviens

Le Ministère de la Défense est en train de subir le plus lourd plan social de l’histoire française : 60 000 suppressions d’emploi en 5 ans. « La grande muette » souffre, voit des pans entier de son activité sombrer, les garnisons ferment au mépris des économies locales.

Pendant ce temps, un seul secteur, inscrit sous un nom codé au budget de la Défense, a été sanctuarisé : le renouvellement de la flotte présidentielle qui, au demeurant, n’en avait pas besoin.

Montant de la facture : 350 millions d’euros (presque la moitié du rapport des franchises médicales)

Fleuron de cette action citoyenne : « Air sarko one », dont le nom est calqué sur l’ « Air force one » du Président Américain qui lui a servi de modèle. Gadgets sécuritaires variés au cas où des extra-terrestres jetteraient leur dévolu sur le Président français, chambre à coucher et salle de bains et autres commodités sans aucun doute sobres et de bon goût. Total : 285 millions d’euros.

Autre détail, le coût de l’heure de vol : 20 000 euros . Je ne sais si le Présidentl’a affrêté pour échapper à la fronde des Maires et s’évader en Arabie séoudite pour un voyage « semi-privé » mais la facture du seul déplacement doit être assez facile à calculer.

Tout cela à crédit. La France en faillite emprunte chaque jour sur les marchés, non pour investir, mais pour son seul fonctionnement. N’importe quel empruntera de Cofinoga se verrait refuser un nouveau découvert pour des dépenses somptuaires et inutiles. Et surtout, il aurait à sa charge, l’alourdissement de sa dette, du taux d’emprunt, et des mensualités de remboursement.

Il est temps, grand temps, que la cour des comptes puisse non seulement analyser et décrire mais statuer sur ce qu’il convient de sanctionner. Et sur ceux, généreux du budget de l’Etat plus que du leur, qu’il convient de faire bénéficier d’une procédure d’ « impeachment »

Le spectacle socialiste

En anglais, on dirait « the entertainment », mot dont le sens est plus proche du « divertissement » pascalien que celui de « spectacle ». Et en effet, le Parti Socialiste n’en rate pas une et donne toujours quelque chose à voir, quelque chose à dire, et surtout à médire, aux médias, à tout le monde et d’abord à nous mêmes.

Pourquoi sommes-nous ainsi devenus les rois d’un show-biz souvent malintentionné mais que nous mettons une grande application à justifier ?

Il y a plusieurs réponses. La moindre n’est pas : notre absence de discipline interne.

D’accord, le mot n’est pas sexy et l’oreille d’un socialiste libertaire se frise comme les pétales d’une tulipe hybride à l’entendre. Et pourtant …

Le show-biz de ce week-end, c’est la visite de Ségolène Royal à Dijon, ville dont le Maire est François Rebsamen, directeur de sa campagne présidentielle et son fidèle soutien dans le tragique chemin des Dames qui s’est conclu à Reims.

L’organisateur de la manifestation est Vincent Peillon, non moins fidèle lieutenant de Ségolène dans les campagnes précitées, éloquent plaideur de la motion « l’Espoir à gauche » qui a recueilli, on le sait, à quelques pichenettes de voix très discutées, la presque majorité lors du vote élisant notre Première Secrétaire.

Où est le problème ?

Le problème est que Vincent Peillon a lancé une O.P.A (Offre Publique d’Achat) sur l’ « Espoir à gauche ». Certes, ce n’est pas une marque déposée, comme peut l’être Panzani ou Dunlopillo, mais c’est le titre, l’étendard de la motion que Ségolène Royal a porté et qui a porté Ségolène Royal.

Premier coup médiatique à l’Assemblée nationale où Peillon a convoqué la presse mais pas les députés pour s’auto proclamer chef de « l’espoir à gauche » ; deuxième à Marseille avant l’Université de la Rochelle, troisième à Dijon.

Détail : Ségolène Royal n’a été ni informée, ni invitée.

Que fait notre comité d’éthique que j’ai appelé de mes voeux dès mon entrée au Parti Socialiste , et dont la réalité a été votée à une très large majorité le 3 octobre 2009 ?

Partir avec la marque n’est pas plus honorable que partir avec la caisse. Ce vocabulaire n’est pas celui d’un parti politique, surtout le mien, tel que je l’aimerais. Il a pourtant un sens : dans ce siècle marchand, l’éthique du commerce, au moins, doit être comprise.

Ségolène a eu du courage d’aller à Dijon. Dire qu’elle a eu raison, est autre chose : elle n’aurait surtout pas du avoir à le faire, si nos instances avaient évité ce nouvel épisode du médiocre spectacle dont tant sont friands.

Qu’on ne mécomprenne pas le sens de ce billet. Il n’est ni ségoléniste, ni anti-ségoléniste. Une fois pour toutes, après Reims, j’ai décidé d’être une socialiste TMC (Toutes Motions Confondues). Vincent Peillon, qui a couru sous toutes les casaques, a été de ceux qui m’ont appris que, pour certains, les motions n’étaient pas (plus) de profonds courants de pensée mais des écuries de pouvoir.

Je ne supporte plus les erreurs, les faveurs, les faiblesses qui démobilisent les militants, découragent ceux qui nous sont proches, ragaillardissent ceux qui nous sont opposés.

La République et la Démocratie, en France aujourd’hui, sont comme deux veuves qui marchent sous la pluie en se soutenant l’une l’autre. Veuves d’un gouvernement qui se soucie tantôt de l’une, tantôt de l’autre, comme de l’autre comme d’une guigne.

Seront-elles aussi orphelines de qui les a fait naître ?

Avoir toute sa tête

J’ai des plaisirs austères mais qui n’en sont pas moins bien réels. Le mot « plaisir » n’est peut-être pas le meilleur, bien qu’il y ait de cela ; en tout cas des moments de bien-être, de « joie tranquille » (comme il y a une « force tranquille ») et de partage.

Parmi ces moments, les rencontres, les échanges que j’ai dans tous les lieux d’accueil de « personnes âgées ». J’aime bien dire, plus simplement d’ « âgés » puisque ce qui les réunit dans ces lieux et qui nous réunit dans ces moments, c’est l’ « avancée en âge ».

Ce matin, dans une RPA, ces rencontres se sont succédées dans leur variété, dans leur plénitude pour la plupart, quelquefois plus brièvement, mais jamais sans un éclair de compréhension, d’échange, comme avec ce « jeune » âgé d’environ 70 ans, dans un décor monacal, impeccablement ordonné, presque minimaliste où quelques regards m’ont fait comprendre que cet homme se battait tous les jours et seul contre un état psychiatrique et qu’il parvenait à le dominer sans pour autant s’y soustraire complètement.

Une dame a insisté pour que je pénètre et que je reste un moment dans son minuscule salon. Impeccable lui aussi, mais d’une toute autre manière, chargée d’histoire, de petits détails, d’objets dont chacun résumait des années. Cette dame m’a fait l’amitié de me connaître et de me reconnaître, comme la plupart des habitants de RPA, si attentifs au quotidien du journal ou de la télé. Nous avons parlé un long moment, de son métier de fleuriste, de sa volonté de prendre ses repas seule sans rejoindre le « club senior » et d’aller faire chaque jour ses courses pour « prendre de l’éxercice ».

La rencontre la plus spectaculaire a été celle d’une résidente, que je n’hésiterais pas à qualifier de « chef de bande » ; sans doute la plus motivée, la plus engagée de la résidence, celle qui n’a peur de rien, ni de personne, celle qui se battra demain comme elle s’est battue chaque jour. Longue conversation (j’ai écouté plus que parlé) sur la politique nationale, locale et jusqu’à très locale, c’est à dire celle qui concerne la RPA elle-même. A tous les niveaux, la même acuité de perception et la volonté de ne pas s’en laisser conter non plus que compter.

Une autre encore, dans un décor de chapelet et d’images pieuses a été consacrée toute entière au Grand Stade. Mon hôte d’un moment est convaincu qu’il s’agit d’un mauvais choix, que tant d’autres usages des sommes colossales qui seront engagées seraient mille fois plus bénéfiques : il n’a guère eu à me prêcher la vérité, je partage entièrement son point de vue.

Je ne parle pas de tous. La tête était chaque fois différente, quelquefois même menacée, et pourtant « tous avaient leur tête », expression pleine de force, que je voudrais souvent pouvoir employer pour des beaucoup plus jeunes et beaucoup plus puissants.

Et ce fut leur courte vie

On se souvient beaucoup ces jours-ci. Les dates et même le temps de pluie grise y portent et ce n’est sans doute pas tout à fait mauvais.

Ce matin, au monument au mort, écoutant le Préfet Schmitt lire le message du Ministre, je me suis souvenue d’une colère de ma grand-mère, un onze novembre il y a quarante ou cinquante ans. Elle venait d’écouter un journaliste évoquer le 11 novembre 18 comme un jour de liesse.

Certes les cloches avaient carillonné dans tous les villages, mais pour la plupart des familles, c’était un glas. Pas une qui n’eût un mort, souvent plusieurs, des blessés, des gazés, des amputés. Un million quatre-cent mille soldats tués, quatre millions de blessés, et les souvenirs d’horreur des poilus.

La colère de ma grand-mère s’expliquait : cinq sur sept de la fratrie de son mari sont morts à cause de la guerre. Son mari lui même est mort sous un obus, à la tête du régiment d’Annamites qu’il emmenait au combat. Il parlait leur langue : il avait passé sept ans de service militaire au Tonkin.

Ce grand-père dont je ne connais que quelques photos, une maison qu’il a construite où demeure son nom « Léon Sinturel, entrepreneur » a eu de la chance ; sa courte vie a fini brutalement et l’horreur des tranchées où l’on dormait sur les cadavres, dans l’eau et la boue, lui a été épargnée.

A une dame qui me disait à la fin de la cérémonie, toute entière déroulée sous la pluie : « Cela nous donne une idée de ce qu’ont vécu les poilus », j’ai répondu de manière peu politique: « Je crains que non ».

Au retour, j’ai eu une impression de gêne : la plupart des magasins étaient ouverts, sans doute dans l’attente des premiers achats de Noël.

Il y a un lien évident entre la célébration de la chute du mur et celle du 11 novembre. A Bordeaux, le Consul d’Allemagne était présent, malheureusement pas aux côtés des officiels comme Angela Merkel à Paris. J’aurais aimé voir à nos côtés aussi, les Sénégalais, les Marocains et même ces « Annamites » qui moururent avec mon grand-père et dont nul ne parle plus.

Nos défaites ne sont pas toujours où l’on croit. Si le partenariat franco-allemand, après la « réconciliation », est une chance, il est aussi à construire chaque jour. Mais nos liens avec l’Afrique et ce désir, si profond en moi, de lui donner aujourd’hui l’électrification en partage, n’a ni le présent, ni l’avenir que le passé devrait nous imposer.

La liberté a un prix. Il n’est plus aujourd’hui pour nous d’armes, ni de sang. Pour qu’il ne le redevienne pas, il doit l’être d’efforts contre la paupérisation et l’inégalité qui font chaque jour un pas de plus dans notre pays.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel