Nous venons de fêter les dix ans du PACS. Son succès est grand et toujours grandissant. Personne, aujourd’hui, Mme Boutin comprise, n’ose plus en contester ni le bien fondé ni l’utilité.
Dix ans depuis le vote, mais beaucoup plus en réalité. Tout est parti d’un très petit groupe de députés, sensibilisant les uns, mobilisant les autres et qui sont finalement parvenus à un texte qui, une fois amendé (en 2006), est satisfaisant.
C’est sous cet auspice que nous nous sommes placés cet après-midi : un petit groupe de députés, réunis à mon initiative, a tenu au sein même de l’Assemblée le premier colloque sur l’identité de genre.
De quoi s’agit-il ? Des personnes, le plus souvent des enfants qui découvrent qu’ils se sentent mal dans leur enveloppe corporelle et que leur identité de genre, leur sexe intérieur ne correspond pas à leur réalité physique.
C’est alors le début d’un long processus. En parler à qui ? Se confier comment ? Cacher ? Accepter ? Affronter ?
L’adolescence arrive avec les changements de la puberté qui avivent le problème. Les experts et grands témoins que nous avons réuni aujourd’hui insistent sur l’importance d’une écoute et d’un médecin qui, à ce moment, prend la décision de retarder la puberté par un traitement hormonal. L’un de nos témoins a confié : si j’avais pu à cette époque être compris à temps et bénéficier de ce traitement, toute ma vie en aurait été changée.
Le cheminement se poursuit, le mal être augmente. La possibilité d’un changement de sexe, d’une mise en conformité du sexe intérieur au sexe extérieur, prend forme. Et là, de nouveau le chemin est long. Deux ans d’accompagnement psychiatrique et de traitement hormonal avant la possibilité d’une intervention chirurgicale qui n’est d’ailleurs pas toujours désirée.
Pas toujours désirée et pourtant obligatoire si l’on veut obtenir un changement d’identité permettant d’investir totalement ce que l’on peut appeler le « sexe social », c’est à dire une vie selon sa nouvelle et réelle identité.
Le législateura aujourd’hui le devoir d’intervenir pour simplifier le parcours difficile des personnes « trans », à nombre égal hommes devenus femmes et femmes devenues hommes. Il doit aussi assurer leur égalité de droits avec les autres citoyens et empêcher leur discrimination.
Ce sont tous ces points que nous avons examiné. Simplifier le parcours menant à la reconnaissance de l’identité, faire qu’il soit le même sur l’ensemble du territoire et entre les pays européens, garantir le libre choix des médecins en charge de soigner et d’accompagner, tout en garantissant leur professionnalisme et leur expertise, lever le caractère obligatoire de la « ré-assignation » (l’étape chirurgicale) pour le changement d’identité, prévenir par la loi ce motif de discrimination à l’égal des autres formes de discrimination.
Combien de personnes cela concerne-t-il ? Il n’y a pas de chiffre certain : directement, entre 8 et 20 000 personnes en France. Beaucoup plus si l’on considère que ces personnes ont des proches, des parents, quelquefois des enfants, des conjoints, des amis qui les soutiennent et qui se sentent très impliqués.
Nous avons fait les premiers pas de ce long processus qui va d’un besoin nouveau à une réponse législative et qui correspond à l’objet exact de la politique : fournir les outils d’une vie plus facile, plus libre, plus propice à la réalisation de soi.
voir aussi « Les Trans », billet en date du 17 mai 09