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Comment pouvons-nous supporter un jour de plus ?

Je reprends, pour ce titre, le commentaire d’un billet précédent.

La Cour des Comptes « épingle » (le mot est faible) le coût faramineux de la Présidence française de l’Union Européenne en 2008. Traduisez : du Président.

La palme de ces dépenses pharaoniques revient au « sommet » voulu par Nicolas Sarkozy et organisé à Paris au Grand Palais. Sommet, il a été, en installations somptuaires, inutiles, insultantes ; toutes transitoires : aussitôt le spectacle terminé, tout a été remballé, jeté, perdu (sans doute pas pour tout le monde) et le seul coût de l’installation et du nettoyage du Grand Palais chiffre à 4 millions d’euros . Le total de la facture s’élève à 171 millions d’euros (le quart de ce qu’on rapporté les franchises médicales qui ont accablé les plus faibles, les plus pauvres et les plus malades).

Le « détail » de la facture n’est pas moins intéressant.

Frais de « jardinières » pour la décoration du lieu : 194 000 euros.

Installation d’une douche (je dis bien : une douche, c’est à dire un truc avec de l’eau qui coule, ici agrémentée de jets multiples et d’un cadre convenant au monarque) :245 572 euros ; 1 million 600 000 francs ; 160 millions de nos bons vieux centimes.

La douche n’a jamais servie. Elle a été remballée avec le reste et si j’ai traduit la somme en anciens francs, c’est que de plus en plus, je compte sur les papy-boomers et au delà pour faire la révolution.

Les autres en ont trop vu.

Vieillir est une chance !

A vrai dire, sur le terrain, la première réaction est plutôt « ça se discute … »

Et c’est justement ce que nous ferons mercredi soir à l’Athénée municipal.

La discussion a plusieurs niveaux et le premier relève de l’évidence : « Entre mourir jeune et accepter de vieillir, pour ma part j’ai choisi » disait mon honorable père à un âge avancé où il n’avait pourtant pas commencé de vieillir. Oui, vieillir est une chance, pouvoir faire à 40 ans des projets pour 40 autres, à 60 ans commencer une autre vie d’un bon pied, et résolument à 80 se dire que l’on a encore beaucoup de bonnes choses à prendre et à apprendre. Oui, tout cela c’est une chance évidente et sans aucun doute le plus beau cadeau que nous ait fait le 20ème siècle.

La discussion n’est pourtant pas close après cette évidence. Vieillir pour être seul, pauvre et malade, n’avoir pas les moyens de combler les petites déficiences qui, inéluctablement, s’accumulent (et pourtant savoir que ces moyens existent), ne plus pouvoir se déplacer, être regardé comme un « vieux », traité avec cette condescendance insultante qu’ont même des politiques quand ils se font photographier en tapotant la main d’un vieillard en chaise roulante, sentir que la société vous regarde comme une charge, vous parque dans des ghettos d’où l’on ne peut sortir à sa guise…

Quand on s’est battu toute sa vie, qu’on a traversé des périodes plus ou moins roses de l’histoire, et quelquefois carrément tragiques, quand on a été respecté, honoré ou tout simplement qu’on a l’impression d’avoir fait correctement son job d’être humain..

Est-ce une chance, un beau jour, d’être traité de « Papy », de n’avoir pas droit à la parole, d’être mis à l’abri de toute information politique, de toute participation à la vie citoyenne ?

Non, ce n’est pas une chance. Et ça l’est d’autant moins que nous avons aujourd’hui les outils, les techniques, et même bien souvent les lois, pour compenser les capacités perdues, condamner la discrimination (et la discrimination par l’âge n’est pas la moins révoltante), ouvrir les lieux de résidence des âgés à l’information, à la participation, au contact, à l’échange, au partage des savoirs, professionnels y compris.

Qu’est-ce qui manque alors ? La capacité d’anticiper, de prévoir, la volonté de prévenir et surtout le choix ferme et définitif d’innover, de sortir des schémas habituels, de prendre des risques, pas seulement de vivre la révolution des âges, mais de la faire.

Trente-cinq millième commentateur : « The winner is …! »

Je l’avais promis, je l’annonce. Le trente-cinq millième commentateur (plus justement : le trente-cinq millième commentaire) de ce blog est : Alain !

J’avais promis également pour cet heureux homme les plus beaux présents, je n’y manque pas : Alain gagne ma considération, mon estime et sans doute celle de pas mal d’autres qui suivent ses « posts » avec délectation.

J’avoue m’être réjouïe que la loterie de ce chiffre soit tombée sur un fidèle ami du blog, qui ravit tout un chacun de son humour et de ses réflexions toujours teintées de cette légèreté qui sont à la fois la politesse et la profondeur de notre humaine condition. D »accord, le 35ème millième commentaire, n’est peut-être pas le plus complet, ni le plus marqué de l’universelle et malicieuse culture d’Alain parmi tous les commentaires dont il a enrichi le blog. Il s’agit du commentaire 42 de « Haro sur la presse ». Il n’en est pas moins roboratif.

Allez, Alain, en route, pour les 35000 prochains !

Un peu de normalité dans le bling-bling

La décision de Jean Sarkozy de ne pas présenter sa candidature à la présidence de l’EPAD introduit un peu de normalité et de bon sens dans le bunker où s’enferment tous les jours davantage les élites politiques. Faut-il d’ailleurs parler d’élite ? Une fois encore poser la question, c’est y répondre.

Pour avoir la première dénoncée (dès le 9 octobre), cette aberration de voir le fils du Président promu à la tête du plus grand centre d’affaires d’Europe, je ne peux que me réjouir de cette issue. La pétition lancée par les habitants de Puteaux allait atteindre 100 000 signataires quand l’information est tombée. Sa progression constante était un baromètre positif de l’état de l’opinion et du divorce qui s’accusait brutalement entre elle et le Chef de l’Etat.

La procédure de ce divorce est retardée ou ralentie mais elle est inéluctable. « Il y a quelque chose de pourri au royaume de France » et l’odeur entêtante, une fois perçue, de ce quelque chose est reconnue ensuite aisément dans les plis des « affaires » qui se succèdent sans désormais s’effacer.

Je regrette que ce retrait ait eu besoin de la mise en scène d’un passage en prime time sur France 2. La starification du jeune Sarkozy laisse mal augurer de son avenir. Du talent, peut-être, c’est finalement une qualité qui n’est pas si rare. Mais du caractère, un juste regard sur les choses et d’abord les autres, ceux qui habitent en bas de Seine et de tous autres fleuves, cette mise en piste sous les caméras, n’est sans doute pas un bon garant qu’il les acquièrent.

Identité de genre : le processus parlementaire se met en route

Nous venons de fêter les dix ans du PACS. Son succès est grand et toujours grandissant. Personne, aujourd’hui, Mme Boutin comprise, n’ose plus en contester ni le bien fondé ni l’utilité.

Dix ans depuis le vote, mais beaucoup plus en réalité. Tout est parti d’un très petit groupe de députés, sensibilisant les uns, mobilisant les autres et qui sont finalement parvenus à un texte qui, une fois amendé (en 2006), est satisfaisant.

C’est sous cet auspice que nous nous sommes placés cet après-midi : un petit groupe de députés, réunis à mon initiative, a tenu au sein même de l’Assemblée le premier colloque sur l’identité de genre.

De quoi s’agit-il ? Des personnes, le plus souvent des enfants qui découvrent qu’ils se sentent mal dans leur enveloppe corporelle et que leur identité de genre, leur sexe intérieur ne correspond pas à leur réalité physique.

C’est alors le début d’un long processus. En parler à qui ? Se confier comment ? Cacher ? Accepter ? Affronter ?

L’adolescence arrive avec les changements de la puberté qui avivent le problème. Les experts et grands témoins que nous avons réuni aujourd’hui insistent sur l’importance d’une écoute et d’un médecin qui, à ce moment, prend la décision de retarder la puberté par un traitement hormonal. L’un de nos témoins a confié : si j’avais pu à cette époque être compris à temps et bénéficier de ce traitement, toute ma vie en aurait été changée.

Le cheminement se poursuit, le mal être augmente. La possibilité d’un changement de sexe, d’une mise en conformité du sexe intérieur au sexe extérieur, prend forme. Et là, de nouveau le chemin est long. Deux ans d’accompagnement psychiatrique et de traitement hormonal avant la possibilité d’une intervention chirurgicale qui n’est d’ailleurs pas toujours désirée.

Pas toujours désirée et pourtant obligatoire si l’on veut obtenir un changement d’identité permettant d’investir totalement ce que l’on peut appeler le « sexe social », c’est à dire une vie selon sa nouvelle et réelle identité.

Le législateura aujourd’hui le devoir d’intervenir pour simplifier le parcours difficile des personnes « trans », à nombre égal hommes devenus femmes et femmes devenues hommes. Il doit aussi assurer leur égalité de droits avec les autres citoyens et empêcher leur discrimination.

Ce sont tous ces points que nous avons examiné. Simplifier le parcours menant à la reconnaissance de l’identité, faire qu’il soit le même sur l’ensemble du territoire et entre les pays européens, garantir le libre choix des médecins en charge de soigner et d’accompagner, tout en garantissant leur professionnalisme et leur expertise, lever le caractère obligatoire de la « ré-assignation » (l’étape chirurgicale) pour le changement d’identité, prévenir par la loi ce motif de discrimination à l’égal des autres formes de discrimination.

Combien de personnes cela concerne-t-il ? Il n’y a pas de chiffre certain : directement, entre 8 et 20 000 personnes en France. Beaucoup plus si l’on considère que ces personnes ont des proches, des parents, quelquefois des enfants, des conjoints, des amis qui les soutiennent et qui se sentent très impliqués.

Nous avons fait les premiers pas de ce long processus qui va d’un besoin nouveau à une réponse législative et qui correspond à l’objet exact de la politique : fournir les outils d’une vie plus facile, plus libre, plus propice à la réalisation de soi.

voir aussi « Les Trans », billet en date du 17 mai 09

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