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Haro sur la presse !

Nous ne sommes plus très loin de méthodes fascisantes. Le mot est fort : il vaut mieux cependant l’utiliser avant de ne plus pouvoir le faire.

Le pare-feu mis en place par le gouvernement à l’encontre du tollé levé par l’affaire Jean Sarkozy n’a pas eu l’effet attendu du fait de la grossièreté de la méthode : annoncer dans la nuit du samedi au dimanche (!) la mise en place de deux fichiers de police a fait lever les cheveux sur les têtes, celles y compris des élus de droite. C’est le Ministre Brice Hortefeux qui avait bien sûr fait le boulot, sans lésiner : exécution immédiate de la commande sarkozienne, fichage propre à faire lever les boucliers de la gauche puisqu’il s’étendait aux enfants à partir de 13 ans ; malheureusement, la création d’un fichier relève du travail parlementaire et doit être entérinée par la loi. La ficelle a paru un peu grosse.

Nouvelle convocation sarkozienne : « Rentrez-leur dedans franchement ! ». « Leur », c’est la presse, et cela commence à devenir très grave. La presse, qui comme on sait, néglige Nicolas Sarkozy, ses faits, ses gestes, n’obéit à aucun de ses oukazes, n’est jamais flatteuse à son égard. Eh bien, nous nous sommes trompés : cette presse que le monde entier trouve trop obédiente, cette presse trop concentrée entre trop peu de mains et des mains trop proches du pouvoir, cette presse en réalité cherche à lyncher Nicolas Sarkozy !

Ce matin, sur toutes les fréquences, partout, un seul mot d’ordre, una voce : la presse est coupable de tout. D’affaire Jean Sarkozy, il n’y a point. Rien qu’un processus démocratique transparent, en vue de la présidence bénévole d’un établissement public dont on a tort de penser qu’il brasse à sa guise des capitaux colossaux. Non, point du tout. C’est au contraire une amicale de sympathiques philantropes et dont l’action a majoritairement un caractère social.

Deux axes à cet anathème envers la presse. Le premier : la « nomination » de Jean Sarkozy n’est pas une nomination. C’est vrai ! C’est bien davantage une machination et la presse a été bien courtoise de ne pas l’exprimer ainsi. Un conseil d’administration d’où l’on fait démissionner quelqu’un pour y faire entrer monsieur fils, c’est quoi ? Où l’on en nomme un autre au Conseil économique et social pour le dégager, c’est quoi ? Où l’on prétend initialement qu’une élection aura lieu « par les pairs » pour découvrir ensuite que la moitié des votants sont des fonctionnaires, c’est quoi ?

Une machination, préparée de longue date. Et la presse a été bien patiente de ne pas la dénoncer en ces termes.

Le second motif d’anathème : Jean Sarkozy ne recevra pas de salaires pour sa tâche. En effet, mais il se trouvera au coeur d’un brassage de capitaux considérable (115 millions d’euros de budget) ; 2500 entreprises déjà en place, beaucoup d’autres qui désirent y accéder et auront pour cela bien des moyens de convaincre. La presse, non seulement n’a pas « lynché », mais a été d’une timidité extrême dans sa dénonciation des coups tordus et de l’opacité qui préside à la gestion de l’EPAD, vigoureusement condamnée par un rapport de la Cour des comptes de 2007, concernant la période où le père du jeune impétrant était lui-même aux commandes. Qui est mieux à même de « nettoyer les écuries d’Augias », selon la formule de Devedjian que le fils du père ? Là dessus, la presse a été d’une prudence remarquable. Même la formule de Devedjian a été bien peu reprise : elle est pourtant définitive.

Point de détail : la condamnation des coupables intentions de la presse va loin. Géographiquement en particulier. Les premières réactions sont venue des organes de presse étrangers. Du Guardian au Times of India, les termes de mon communiqué du 9 mars ont été repris dès le lendemain. Le complot sans doute est universel.

Il y a un moment, dans une démocratie où, moralement aux abois, on n’a d’autres recours que de clouer la presse au pilori et de condamner les têtes qui dépassent de la ligne officielle. Dénoncer « le complot politico-médiatique » rappelle fâcheusement d’autres périodes de notre histoire récente. Comment l’ump a-t-elle pu prendre le risque de cette réminiscence ?

Pour cela, pour cette obligation de résistance où nous sommes, pour cette « impérieuse nécessité » de démonter les mécanismes du pouvoir sarkozien, voilà plusieurs billets que je consacre à ce sujet que je ne considère en aucun cas comme mineur : il est le signe d’un pouvoir excessif, impur dans ses méthodes comme dans ses finalités, il est le baromètre de la capacité de l’opinion de dire « non ».

Cette belle capacité de « L’homme révolté » de Camus.

La révolte durable

Rien ne devrait mériter davantage l’adjectif tant galvaudé de « durable » que la révolte et ses partenaires, la colère, le rejet, le refus, l’action.

Le pouvoir nous tient sous le joug -ou pour le moins en état d’anesthésie- par la multiplication et la succession rapide des annonces. Un coup là, un coup ici, l’équipe de campagne du candidat perpétuel Nicolas Sarkozy n’est jamais en panne. L’opinion, déboussolée, zappe, la révolte est comme ces jets d’eau qui montent et qui retombent sans cesse : ils ne créent pas de grands fleuves.

Tout cela est parfaitement calculé, prémédité, surveillé. Le tollé qui s’est levé, assez lentement d’ailleurs tant tout le monde était occupé de l’événement Mitterrand, après l’annonce de la nomination de Jean Sarkozy se maintient jusqu’à aujourd’hui dans la presse. Il y a fort à parier qu’une annonce, un propos provocateur seront lancés pour le dissiper et surtout ne pas prendre le risque qu’il perdure jusqu’au 4 décembre, date prévue de « l’élection ». Il y a d’ailleurs tout à craindre de ce pare-feu : le pouvoir a bien conscience qu’il faut qu’il soit frappant pour être capable de canaliser l’attention dans une autre voie.

Le sujet est suffisamment grave, suffisamment partagé à tous les niveaux de l’opinion, pour que ne pas le laisser se dissoudre. Déjà les réactions faiblissent et entre hier et aujourd’hui la pétition en ligne n’a grimpé que de 1000 signataires.

Cette pétition n’a pas, loin de là, pour seul objet de demander à Jean Sarkozy de ne pas se maintenir candidat à la tête de l’EPAD. Elle constitue bien davantage une pression mise sur Nicolas Sarkozy pour qu’il fléchisse, et cela est beaucoup plus important encore.

Plus encore, elle est un baromêtre de la tension de l’opinion, de la « durabilité » de son rejet des comportements du pouvoir. Ce n’est pas prendre grand risque que d’affirmer que la cellule com’ de l’Elysée a les yeux rivés sur elle et attend avec impatience de voir le chiffre de signataires se stabiliser.

Pour cela, il est essentiel de maintenir la pression. De signer et de faire signer autour de nous par dizaines. De dire que, cette fois, la révolte, le refus sont durables et ne feront que se développer.

Journée de refus de la misère (II) : 8 millions de pauvres et 4 millions d’euros

8 millions de pauvres en France, 13% de la population.

Dans notre ville, 25% des Bordelais au-dessous du seuil de pauvreté.

Evento : 4 millions d’euros.

Le Maire de Bordeaux a lui aussi compris in extremis qu’il faut donner un signe : il invite demain sous les grandes tentes à l’enseigne de la Mairie, implantées sur les quais pour Evento, ce quart des Bordelais à un grand repas gratuit accompagné d’un spectacle culturel.

Bravo !

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel