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Le cynisme porté à la puissance Sarko

La moutarde m’est remontée brutalement jusqu’à la pointe du nez ce matin en écoutant sur France inter Eric Besson vanter l’irrépressible talent de Jean Sarkozy. Je ne reviens pas cependant sur le sujet, mais sur l’ accumulation de cynisme dont nous sommes en ce moment accablés.

Le même Eric Besson, à propos du livre peu glorieux dont il a été l’objet de la part de son ex-épouse, n’a eu que ce commentaire : « Mais c’est très bon pour moi ! Jamais je n’ai eu autant de demandes d’interviews et de papiers dans la presse ».

Hortefeux, après son ignominieuse déclaration de Ministre de l’intérieur en éxercice (« un ça va, deux.. ») : « Eh bien, voilà de quoi rallier les voix du Front National.. »

La campagne gouvernementale contre l’addiction au moment même où nous légalisions les jeux en ligne, plus dangereux que la Marijuana.

La nouvelle campagne gouvernementale, une semaine plus tard, contre la fraude, en plein coeur de la fronde contre la nomination de Jean Sarkozy à la tête du temple des coups tordus, de l’opacité financière et des dessous de table. (Voir sur le sujet le rapport de la cour des comptes de 2007 sur l’EPAD alors présidé par le père de Jean Sarkozy).

Sarkozy lui-même, après la dramatique succession de suicides à France-télécom (le 25ème aujourd’hui, un homme de 48 ans sans autre raison de mourir que son métier). L’omni-Président convoque le PDG et annonce à la presse qu’ « On va voir ce qu’on va voir ». On a vu : le numéro 2 de France télécom est désigné comme bouc émissaire et promptement démissionné. Mais aussitôt remplacé par un très proche de Sarkozy, Stéphane Richard. Il n’y a pas de petites occasions pour caser le clan. Un remake de l’affaire Pérol.

La palme bien sûr reste une fois encore à Sarkozy et à sa déclaration sur « l’abolition des privilèges de naissance » au coeur de la tourmente soulevée par la nomination de son fils. Mais nous n’avons sans doute pas encore tout vu.

Devant cela, quoi ? Plus que jamais soyons libres et agissons selon nos idées, nos choix et tout ce qui nous tient debout. A ce propos, la pétition de Jean Sarkozy demeure ouverte à signature et ne sera jamais assez volumineuse (84000 signatures au moment où j’écris). Cent mille, deux cent mille, si chacun de nous fait signer dix personnes, le Père et son fils, tous les deux bien éloignés du saint Esprit et de l’Esprit tout court, finiront peut-être par avoir honte.

Une deuxième langue maternelle dès l’école maternelle.

Enfin, une bonne nouvelle ! Disons : l’espoir de l’ébauche d’une bonne nouvelle. A l’occasion de son discours autour de la réforme des lycées et après avoir déclaré « la fin des privilèges de naissance » (!!!), Nicolas Sarkozy a annoncé un grand plan en faveur de l’enseignement des langues vivantes en France.

Enfin, le gouvernement, semble prendre conscience que, dans un univers mondialisé, dans une Europe qui tarde à s’incarner, il y a peu être lieu de revoir l’enseignement des langues qui n’a aujourd’hui d’autre objectif que de satisfaire aux épreuves écrites du Baccalauréat.

Résultat : les Français sont en queue de peloton pour leur pratique des langues et leur possession d’une deuxième langue vraiment courante. A l’exemple de ses élites il faut le dire comme l’a donné à entendre sur France Info une compilation des discours en Anglais de Raffarin, Sarkozy et quelques autres. Hilarant et affligeant. Sarkozy annonant mot après mot à des chefs d’entreprise internationaux « We want You to make Money with us » est déjà un début d’explication du déficit commercial de la France. A côté de cela, 100% des Suédois et des Norvégiens pratiquent librement une, et quelquefois deux, langues étrangères.

Il faut dire que.. Ceux-là et d’autres commencent leur apprentissage à l’école avant l’âge de 6 ans, voient à la télé les films étrangers en VO avec sous-titrage et n’ont pas l’impression de faire prendre des risques au suédois en parlant couramment anglais.

Dans la foulée de cette annonce, j’ai pris ma plume* (façon de parler) pour suggérer au Ministre de l’Education de (re)mettre en place une initiative qui a déjà fait la preuve de son excellence : l’enseignement d’une langue étrangère dès l’école maternelle. Les jeunes cerveaux logés à l’intérieur de « nos chères têtes blondes » ont un acuité et une perméabilité qui leur permet d’apprendre naturellement ce qui plus tard leur demandera des efforts beaucoup plus grands.

Le linguiste Claude Hagège s’est beaucoup engagé sur le sujet, expliquant les conditions optimales d’acquisition de cette deuxième langue « maternelle », et confirmant que l’apprentissage précoce d’une deuxième langue non seulement ne nuit pas à l’acquisition du Français mais le facilite. Les petits secrets des langues, leurs mécanismes, leur maniement s’éclairent sans avoir besoin d’explication quand une deuxième vient très tôt se confronter à la première.

Cet enseignement a été dispensé en France dans un grand nombre d’écoles maternelles pilotes entre 68 et 73. Il n’est pas indifférent que ce soit à Bordeaux que les premières classes aient été ouvertes et je me souviens de petits enfants parlant Allemand et chantant « O Tannenbaum » pour accueillir, sans aucune gène ni difficulté, l’Ambassadeur de ce qui était alors la République Fédérale d’Allemagne. C’était dans l’atmosphère de « la réconciliation entre la France et l’Allemagne » (Adenauer et de Gaulle), et ce bon ambassadeur avait les larmes aux yeux en entendant toute une classe maternelle le fêter dans sa langue.

Entre nous : qu’est-ce qui aiderait le plus à l’incarnation de la construction européenne ? J’avais été révulsée que le texte du traité constitutionnel qui a subi les avatars que l’on sait ne soufflait mot de l’enseignement des langues, ni de l’effort que devrait faire chaque pays pour enseigner précocement une langue voisine.

Luc Chatel ne parait pas aux premières semaines de son éxercice grand expert en éducation. Mais il est toujours permis d’espérer.

  • voir aussi mon courrier à Luc Chatel en page « Assemblée

De Jean Sarkozy et du cheval Incitatus

J’ai écrit la tribune qui suit dans l’avion qui me ramenait de Paris le soir du 9 octobre. Le débat sur les jeux en ligne et le retard de l’avion m’avaient mise d’une humeur exécrable. J’ai écrit d’un trait, sachant bien que, même sous une forme abrégée aucun journal ne publierait ce texte ; sachant aussi que son format, son ton, n’étaient pas celui d’un blog. Je n’ai pas décoléré depuis. Une pétition se met en marche, les Socialistes se réveillent, l’affaire ne sera peut-être pas classée sans suite…

(suite…)

Le temple des marchands

Je suis bouleversée d’entendre (à l’instant) un débat sur France-Inter où deux des sujets clefs sont, bien évidemment, Mitterrand et Jean Sarkozy.

Devant les micros, Patrick Balkany, Jean-Marie Colombani, François Rebsamen, Maurice Szafran. Un seul pour dire que, dans la première « affaire », la responsabilité ne revenait pas à Mitterrand mais à celui qui l’avait nommé. Mais surtout, concernant Jean Sarkozy, pas un, pas un seul pour parler de la situation des jeunes de l’âge de Jean Sarkozy, en France aujourd’hui, pas un seul pour parler d’exemplarité républicaine, pas un seul pour dire qu’être élu dans les Hauts-de-Seine quand on est ump et fils du président de la République ump est une auréole de petite gloire.

Que Patrick Balkany dont le fils Alexandre, au même âge que JS possède une société de jeux en ligne, parle à propos du fils de Nicolas Sarkozy de « Mozart qu’on assassine », que pouvait-on attendre d’autre ? Je cite « J’ai connu son père au même âge, il est encore plus talentueux, lui seul peut avoir cette vision d’avenir pour un lieu où se décide l’avenir de la France » (les derniers mots sont approximatifs). Mais, pour gérer ce temple des marchands, ce budget considérable, il faut non seulement du talent, mais surtout du caractère, et en avoir fait preuve !

Que Jean-Marie Colombani, ex-directeur du Monde, ait entonné les trompettes de la renommée, c’est décevant, très décevant, mais il ne fut jamais ni Beuve-Méry, ni Mauriac. Mais que François Rebsamen, numéro deux du Parti Socialiste il y a peu, n’ait à aucun moment mis en perspective cette nomination avec la désespérance des jeunes, avec les belles paroles de Laurent Vauquiez, avec le petit plan de Martin Hirsch, qu’il n’ait à aucun moment dit que, s’il avait 23 ans, qu’il se sentait du talent, pas forcément moins de talent que le jeune Sarkozy, il aurait envie de hurler ou de casser quelque chose, cela, oui, m’a bouleversé. Où sont les socialistes s’ils ne s’exonèrent pas de l’écume de people-ocratie, de cette espèce de nombrilisme suraigü qui fait que l’on ne voit plus autour de soi que les gens dont on parle dans les médias ?

Un seul était proche de ce que je peux penser : Maurice Szafran. Pondéré et donnant à cette nomination tout son poids et sa valeur symbolique.

Je le dis simplement : cette nomination, sa concordance avec le texte légalisant les jeux d’argent en ligne, marquent pour moi un tournant assez violent. On ne m’a en particulier jamais trouvé dans mes paroles non plus que dans les nombreuses centaines de billets de ce blog, pour émettre des réserves ou des critiques à l’égard d’un responsable socialiste. Mais, même cela, est secondaire.

L’important est plus grave, plus profond, plus radical, qu’il ne s’agit pas d’exprimer dans les quelques lignes d’un billet d’humeur.

Mais qui a nommé Mitterrand ? Qui doit rendre compte ?

Je ne voulais pas parler de l’ « événement » Mitterrand (je ne sais quel mot employer), ne serait-ce qu’en raison de la disproportion entre la place qui lui est faite dans les médias au regard du minuscule strapontin accordé à l’affaire Jean Sarkozy.

Je subis donc stoïquement débats et confessions, ou plutôt leur écho à la radio ou dans la presse : il m’apparaît que la vraie question, pratiquement la seule, n’est jamais posée : qui a nommé Mitterrand ministre de la culture ?

Frédéric Mitterand s’est rendu à TF1 pour s’expliquer. Ce n’était pas à lui de le faire, mais, au choix, à Nicolas Sarkozy ou à François Fillon.

Nicolas Sarkozy est, cela ne fait de doute pour personne, à l’origine du choix de ce Ministre. J’ose penser qu’il y a bien dans les rangs pléthoriques du personnel de cabinet, des attachés, des détachés, des chargés de mission, une ou deux personnes à l’Elysée (même chose à Matignon) capables de lire un livre. J’ose également penser que compte-rendu a été fait des écrits de Frédéric Mitterrand et des notes des renseignements généraux à son sujet avant la nomination à celui qui en a décidé. Celui-là devait venir expliquer son choix, et bien sûr l’assumer, devant les téléspectateurs de TF1, que l’on confond d’ailleurs trop souvent avec les Français.

Frédéric Mitterrand a exprimé « qu’il avait le soutien de Nicolas Sarkozy ». C’est une formulation inadéquate. C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui aurait du exprimer simplement, naturellement, courageusement qu’il avait fait le choix de ce Ministre et qu’il l’assumait pleinement ce qui est le minimum exigible d’un chef, a fortiori d’un chef de l’Etat. Je pense même qu’il aurait été compris, sinon de tous, de beaucoup.

On pouvait imaginer aussi que ce soit Fillon qui soit présent à la barre : dans notre République, il est d’usage -et cet usage est constitutionnel- que ce soit le Premier Ministre qui choisisse les Ministres. Personne n’aurait été dupe, notre République a de ce point de vue bien péché depuis deux ans, mais on aurait au moins pensé que Fillon avait du courage et que ce courage l’amenait à soutenir l’illusion qu’il était un Premier Ministre de plein exercice.

Au lieu de cela qu’entendons-nous, matin, midi, soir et au milieu de la nuit ? Deux questions : Fréderic Mitterrand est-il bien un garçon convenable ? Les socialistes ont-ils eu raison ou tort de mettre en cause ses écrits ?

Les questions sont de maigre intérêt au regard de celle que je pose en titre de ce billet. Mais elles ont un double avantage : étendre un voile d’opprobre sur un nom emblématique de la gauche contemporaine, diriger les critiques vers le PS et souligner les voix discordantes au sein de ce parti.

L’affaire, l’affaire authentique, Jean Sarkozy, n’a pas ces avantages. Les socialistes dans les Hauts de Seine sont aussi rares que l’angélique de l’estuaire dans les hauts de Garonne et, comme elle, ils auront grand mal à s’y réimplanter et à avoir jamais accès aux « affaires » (à tous les sens du terme). Le nom comme le territoire, comme les intérêts, sont ump pure malt et y toucher est devenu bien difficile.

Ceci explique cela. Une fois encore.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel