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Ségolène, une femme qui en a

Je sais, c’est un peu familier, ou du moins ça le laisse imaginer. La symbolique qui assimile le courage à la virilité a pourtant le mérite d’être simple et plus encore d’être universelle. Appliquée aux femmes, elle ne manque pas en plus d’un brin de militantisme féministe qui n’est jamais à dédaigner.

« Jamais subir, jamais faiblir », Ségolène partage ces deux éminentes qualités avec un certain nombre de femmes politiques. Elle vient de le montrer à Montpellier. « Seuls, vous sentez-vous seuls ? » a-t-elle demandé aux 3000 militants qui étaient venus l’écouter. La réponse ne s’est pas faite attendre et elle dit en écho « moi non plus ! »

La rénovation se fera-t-elle sans elle ? Non, au contraire, elle reprend la main et se positionne à l’avant du mouvement.

Le site, il est raté ? Elle le reconnaît, il a été fait trop vite. On passe à autre chose. Au demeurant, ça ne mérite pas davantage.

Je n’étais pas à Montpellier, mais les échos qu’en donnent tous les médias sont plutôt roboratifs. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Ségolène a un caractère solide et du courage. Est-ce si répandu en politique, où la fragilité et l’art de contourner ou d’éviter les situations difficiles sont menu quotidien.

Décidément, ça ne fait pas de doute, les femmes en ont !

Chers hôpitaux

Chers, les hôpitaux, et en particulier chers au coeur du Président de la République ?

à voir…

Nous avons eu mardi dernier à la Commission des affaires sociales de l’Assemblée la présentation du rapport de la Cour des comptes sur « l’application des lois de financement de la sécurité sociale ».

Comme l’a dit, avec l’humour très fin et policé des grands commis de l’Etat, le premier Président Philippe Seguin « la Cour est habituée de la litote », et en tous cas elle n’est pas familière des titres chocs.

C’est donc sous un masque feutré et technocratique que Phillippe Seguin nous a dit, en substance, que les réformes du système de santé (un emplâtre ici, un suppositoire là) qui se succèdent depuis des années n’avaient pas eu plus d’effet qu’ « un cautère sur une jambe de bois », comme nous disons en médecine, et qu’il n’y avait que pire à attendre de la dernière en date. Déficit pour 2008 : dix milliards d’euros.

Bien sûr, l’Hôpital a sa part. Philippe Seguin a pointé nombre d’ erreurs de gouvernance et de gestion en 2008 : des blocs opératoires construits à grand frais avec les crédits « hôpital 2007 » qui n’ont jamais été ouverts, des différentiels de personnel médical pour des services d’orthopédie de même activité allant de … 1 à 10. L’Hôpital avec un grand H n’est pas exempt de défaut de gestions et de mauvais choix. N’exonérons pas non plus les politiques qui ont,ici ou là, pesé de tout leur poids pour obtenir un équipement quand ils n’avaient pas dans leur territoire les malades pour les utiliser.

La palme de l’aberration revient pourtant au mode de paiement des « bénévoles » de la coupe du monde de rugby… qui ont été payés en trimestres de retraites, quand on remet en cause aujourd’hui ceux acquis par les mères de famille élevant seules leurs enfants !

Et pourtant… L’aberration maximale vient du fait que l’expertise et l’avis de la cour des comptes s’arrêtent à la porte des établissements privés.

Scandaleux, inadmissible, je n’aime guère les mots forts (peut-être à l’exemple de la Cour), mais comment peut-on supporter que les cliniques ou les maisons de retraite privées soient exemptes de contrôle alors qu’elles sont financées par de l’argent public ?

Trois raisons à cette indignation ;
– je viens de le dire : le financement des établissements privés de santé (cliniques et autres, par de l’argent public)
– l’impact, sur le fonctionnement d’un hôpital, des établissements privés voisins, qui peuvent pratiquer un véritable « dumping » médical et technique, puisqu’ils n’ont à charge, à ce jour, aucune des missions de service public des hôpitaux (urgences, enseignement…)
– et aussi, la « fongibilité » que vient d’introduire la loi HPST entre les structures publiques et privées, avec en particulier le transfert, au choix du privé, de missions de service public au privé (pas forcément les plus coûteuses, on s’en doute)

Philippe Seguin a opiné quand j’ai posé la question. Opiné sans excès de commentaires, en raison de son devoir de réserve mais, sans m’avancer beaucoup, je pense qu’il n’était pas radicalement en désaccord avec ma position. (Je viens de faire à ce sujet une question écrite à Mme la Ministre de la Santé que l’on trouvera dans la page « Assemblée »).

Dépassons un peu le strict aspect législatif de ce billet.

Je ne sais si les hôpitaux sont chers au coeur du Président de la République, ils sont pour le moins chers, c’est à dire coûteux, pour leur budget et pour le nôtre.

Deux cent mille euros pour une déclaration à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, 48 heures de paralysie de son activité, alors que des malades attendaient depuis trois mois leur consultation, l’arrêt de toute transplantation pendant le même temps, quel homme, fût-il l’envoyé de dieu sur terre, peut-il endosser cette responsabilité ?

Cet homme existe et je propose que ses déplacements soient eux-aussi examinés par la Cour des comptes.

Chaban

J’ai en mémoire sa gentillesse, cet art consommé qu’il avait de saisir au premier regard quels mots, quelle attitude, quel sourire plus ou moins connivent ou familier, répondrait au mieux à l’attente de celui à qui il s’adressait. C’est cette générosité de lui même qui l’a installé durablement dans le coeur des Bordelais.

Et dans mon souvenir, Jacques Chaban-Delmas, ce n’était pas seulement l’art de plaire (qu’il possédait au plus haut point) mais la volonté que ceux qu’ils rencontraient soient plus heureux après qu’avant.

Un journaliste me demandait un jour, avant un scrutin, comment je concevais mon rôle et ce que j’attendais d’une réunion publique. Je lui avais dit « je voudrais donner de la force à ceux à qui je parle » et il m’avait répondu « comme Chaban ». Cela m’a fait plaisir.

Oserais-je dire que Chaban n’aurait pas souffert de me voir élue dans le siège qu’il a occupé si longtemps ?

Hier, à l’Assemblée nationale, il y avait un peu de cet air d’ouverture qui soufflait sur Bordeaux à l’époque du grand Chaban. C’était aussi l’époque de la « nouvelle société » et le colloque était bâti autour du discours de politique générale prononcé il y a juste quarante ans, ici même, à l’Assemblée, où ce concept, toujours d’actualité, est apparu.

Une société protectrice de l’homme pour une France prospère, jeune, généreuse et libérée. Chaban voulait bousculer le conservatisme social, l’inégalité des revenus, renforcer en même temps qu’apaiser le dialogue social ; il déplorait la fragilité de notre économie et notre affaiblissement industriel et voulait réduire les inégalités fiscales.

Dirait-on mieux aujourd’hui ? Mais surtout, comme on est loin de la politique de matadors de l’ump d’aujourd’hui, méprisante, autoritaire et égotiste !

Delors, Rocard, Bayrou, Juppé, Catherine Nay, Marie-France Garraud, Nicole Nota, Jean-Marc Ayrault, Jean François Copé, un éventail large pour un débat vif (quelquefois même très vif), alerte, sans tabous que Chaban aurait aimé.

La prison ne doit pas être un lieu privatif de santé

Lieu privatif de liberté, la prison ne doit pas être un lieu privatif de santé.

Nous entrons ce soir à Assemblée dans le débat sur le projet de réforme pénitentiaire. Lors de la discussion générale tout à l’heure, je défendrai le droit des détenus à la santé et le devoir du couple administration pénitentiaire-ministère de la santé de la prendre en charge et de s’en porter responsable.

Un homme, une femme quelquefois, que l’on prive de liberté se trouve privée des moyens habituels d’accès aux soins, aux actions de dépistage et de prévention, à l’information comme à l’éducation à la santé. Et ceci est d’autant plus grave qu’ils sont plus à risques d’affections physiques ou psychiques que la population générale. Vingt pour cent sont atteints d’affections psychiatriques caractérisées, 20 autres pour cent de troubles du comportement ou de l’humeur, 30% usent de toxiques, avec les risques qui vont avec, 60% sont tabagiques, et beaucoup sont atteints de maladies de la misère ou de l’insalubrité comme la tuberculose.

Du fait de cette privation d’accès à tout ce dont les personnes libres bénéficient, l’administration pénitentiaire et les acteurs qu’elle coordonne, doivent y suppléer dans tous leurs aspects : soins mais aussi dépistage, prévention, formation, éducation.

Cela suppose d’abord qu’à son entrée soit proposé au détenu un bilan de santé suffisamment complet, suffisamment expliqué et compréhensible pour qu’il prenne la mesure de l’intéret qu’il a à le faire pratiquer. Ce bilan doit comporter le dépistage de la tuberculose, une sérologie HIV, un contrôle de l’état bucco-dentaire et bien sûr un bilan psychiatrique.

Cela suppose que l’on mette en place, chaque fois que nécessaire, des mesures de prévention et de vaccination et l’on pense bien sûr à la pandémie grippale.

Cela suppose aussi qu’on donne au détenu les moyens de sa santé : activité physique suffisante et activité tout court, messages d’information et d’éducation à la santé sur un intranet accessible sur les écrans de télé. Voilà qui ne coûte pas cher et permet de toucher les 15% de détenus illettrés.

Cela suppose pour des détenus âgés ou handicapés des soins, des aides techniques ou humaines palliant à leur déficit d’autonomie puisqu’ils n’ont aucun moyen de recourir à des aidants naturels.

Tout cela doit être inscrit dans la loi, comme l’est la réalisation d’une visite médicale de sortie, sans qu’aucune précision d’ailleurs ne soit donnée sur sa nature, ni sur les examens qui l’accompagneront. Est-il moins légitime de prévoir un bilan d’entrée alors qu’au contraire le temps de détention va permettre de soigner et, d’autre part, qu’il peut être à l’origine de contamination ou d’aggravation ?

Je ne sais si, dans tous les cas, la durée de la détention puisse suffire à permettre l’insertion de personnes marginalisées de longue date, fragiles, perturbées. Ce dont je suis sûre c’est que la détention doit leur en donner au maximum les moyens, et en premier lieu cet outil fondamental qu’est l’état de santé.

Honteux

Honteux de voir, lors de la séance des questions d’actualité qui vient de s’achever, la droite applaudir debout le ministre Brice Hortefeux, toujours empêtré dans ses explications et présentant ses regrets, non pour ses paroles, mais pour « la polémique » liée selon lui à « une mauvaise interprétation »;

Honteux d’autant plus que, sans s’en rendre compte de ce que sa comparaison supposait, le Ministre de l’intérieur et des cultes en exercice a établi un parallèle entre ses paroles et celles de Georges Frèche, traitant les harkis de « sous hommes ».

Le parallèle existe bien et il est accablant. George Frèche a été condamné pour ses paroles et exclu du Parti Socialiste. La droite, elle, applaudit et se dit que, finalement, cela ralliera le vote Front National pour les régionales.

Honteux; tout simplement honteux.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel