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Et toujours pas de drapeau européen !

Verrai-je au cours de ce mandat le drapeau européen uni au nôtre lors des commémorations du 11 novembre et du 8 mai ? Il y a de nombreux mois, j’en ai exprimé le souhait au Ministre de la Défense, je l’ai renouvelé localement à nos préfets successifs, et ce matin même à l’actuel Patrick Stefanini. Le drapeau n’est toujours point apparu.

Pourtant, y a-t-il un moment ou un lieu où il soit plus important de manifester ce qui fonde l’Europe, ce qui a constitué une grande part de son idéal, ce qui reste son plus grand succès : la paix entre ses peuples? Y a-t-il aussi plus belle occasion de célébrer tous ceux qui d’un côté ou l’autre du front sont tombés pour leur pays et de les associer dans notre mémoire ?

De la même manière, je voudrais voir au rang des officiels les représentants des pays engagés dans ces conflits et au premier rang de ceux-ci le consul général d’Allemagne, toujours présent dans nos commémorations, mais un parmi les autres dans le public.

Depuis 2008 avec la disparition du dernier poilu, la « Grande Guerre », la « der des der » a versé de l’histoire contemporaine vers l’histoire tout court. Cette année, le Président de la République a associé à la commémoration les morts tombés en opération extérieure (OPEX). La décision n’est pas sans arrière-pensées politiques. Pour autant je l’approuve et elle correspond à ce que j’ai là aussi demandé au Ministre par questions écrites inscrites au Journal officiel : graver le nom des morts en opex sur nos monuments aux morts, les célébrer à l’égal des autres « morts pour la France ».

Très belle cérémonie ce matin à Bordeaux. Le soleil étincelait dans les feuilles jaunes en forme de coeur du Gingko Biloba qui étend ses branches protectrices au-dessus du drapeau et du monument. Deux détachements, l’un de gendarmes de retour d’Afghanistan, l’autre des forces spéciales envoyées sur tous les fronts extérieurs donnaient un caractère réellement particulier à la cérémonie.

Les petits Européens que sont les enfants du collège Emile-Combes ont eu en charge de chanter la Marseillaise au moment du rallumage de la flamme du souvenir. J’aurais aimé leur expliquer pourquoi le drapeau européen flottait au-dessus de leurs têtes.

Les hussards noirs de la République

C’était les instituteurs du début du siècle dernier. Ils ont marqué leur siècle en plus de leurs élèves et malgré cette noirceur que l’on attribue à leur prestigieux uniforme, ils illuminent encore le nôtre.

Eh bien, ce sont les politiques qui doivent aujourd’hui endosser leur habit, retrouver et faire retrouver le sens de leur mission, plus que jamais utile, plus que jamais au coeur des enjeux de ce début de siècle-ci et, je n’ai pas peur de ce grand mot, de ceux de notre civilisation.

Les politiques élus de mai ou de juin prochain doivent être ces hussards noirs de la reconstruction de la France. Montrer, démontrer que l’honneur que cela représente de faire partie de ceux auxquels cette mission aura été dévolue l’emporte pour eux sur toute autre sorte d’intérêts ou d’ambition.

François Hollande doit dans les mois à venir, avant et après son élection espérée, faire changer radicalement le regard des Français sur la politique et sur les politiques. C’est une redoutable charge : il en fera toujours trop ou toujours pas assez. Proposera-t-il, il sera démagogue, se taira-t-il, il deviendra le défenseur des privilèges. On vient d’en faire l’expérience sur les médias sociaux.

Après cette risible pantomyme de Sarkozy « gelant » un salaire – le sien – qu’il avait préalablement augmenté de 172%, Hollande ne pouvait demeurer sans une réaction. Il l’a fait sur France2, rapidement, la déclaration sarkozienne ne méritait pas davantage : je diminuerai de 30% le salaire du Président.

Résultat : des broncas contradictoires et peu de satisfecit. L’un disant « 30%, c’est pas assez », l’autre « il ferait mieux de parler du salaire des Français. Quoi qu’il eût dit, ni Pierre, ni Paul n’auraient trouvé qu’il avait dit ce qu’il fallait et qu’il y avait consacré juste le temps que cela méritait.

Pour ma part et quitte à paraître soit ringarde, soit démagogue, mon avis est exactement celui-là : ce n’est pas un axe majeur de campagne, mais c’est un socle fondamental et nous devons tous, candidats et élus, y souscrire. Il y a beaucoup de symbolique dans toutes les mesures que nous avons à prendre, mais après quatre années où les symboles ont été enterrés sous le bling-bling du Fouquet’s ou de la chambre à 37000 euros nous devons lui redonner son sens.

Non, les indemnités des députés ne sont pas excessives. Non, les moyens qui leur sont alloués pour travailler n’outrepassent pas l’énormité de leur tâche quand ils veulent l’accomplir dans sa complétude. Ceci en particulier en l’absence d’un autre mandat. Mais tout ceci n’est pas lisible des citoyens, pas non plus égal entre les députés, et c’est d’abord cette transparence et cette égalité que nous devons établir.

Mais, pour ma part, j’irais volontiers plus loin : il faut donner signe. La réduction des indemnités, telle que Hollande l’a annoncée pour son salaire, la transformation de l’ « IRFM » (indemnité de fonctionnement), en une enveloppe budgétaire que le député ne gérerait pas et pour lequel il devrait faire des bons de commande, comme je le faisais à l’hôpital quand je voulais une photocopieuse, clarifierait les choses et éviterait autant les amalgames que tout risque d’utilisation abusive. Bien sûr, ce serait plus casse-pieds pour le député, mais sans autre dommage.

Précisons d’ailleurs à ce propos que c’est déjà le cas pour le crédit collaborateur : le député ne le gère pas, il décide tout au plus de sa répartition : collaborateurs en circo et/ou à Paris ; deux, trois, voire quatre collaborateurs .. J’avais à l’hôpital, outre des collaborateurs médecins, des secrétaires : nul n’a jamais pensé à confondre leur salaire avec le mien !

Je travaille en ce moment sur un sujet qui me tient à coeur et qui est sans doute le plus inacceptable, le plus opaque, le moins équitable, le plus mal justifié de ce dont dispose un député ou un sénateur : la réserve parlementaire. Comment la rendre égale pour tous, en réduire le montant au minimum (celui dont je dispose personnellement) et en rendre l’usage non discrétionnaire. Une loi ne le peut pas et, si mes objectifs sont clairs, les moyens d’y parvenir sont tortueux et incertains.

Je le dis tout de go, en me tapant sur l’épaule pour m’encourager : qu’il soit donné à cette génération d’élus qui va monter au feu en mai et juin d’être ces nouveaux hussards noirs de la République et qu’il me soit donné d’en faire partie.

Arnaud et les vieux éléphants

Arnaud Montebourg -que j’apprécie- reviendra-t-il sur sa proposition d’interdiction d’être candidat au Parlement à 67 ans quand il approchera lui-même de cet âge, comme il l’a fait pour le mandat unique ?

La question n’est pas l’âge mais le nombre de mandats successifs. La politique ne se renouvellera pas par des jeunes qui n’auront appris que cela, ne sauront faire et ne feront que cela, mais par des jeunes ou des moins jeunes qui viendront de tous horizons et milieux professionnels.

Ecoutez la différence

Sur Europe 1, Alain Juppé raille François Hollande sur sa « longue expérience des rencontres internationales ».

Au lendemain d’un G20 vide, dont tout le monde salue le consternant échec, et où il était en doublure de Nicolas Sarkozy, un peu moins de suffisance aurait été de mise.

Le caractère fait l’homme. D’un côté, l’orgueil, et le mépris qu’on ne parvient pas à contenir, de l’autre son absence totale. Hollande est aussi dénué de mépris que Juppé l’est d’humour. Je n’ai jamais écouté le premier, ni dans un entretien restreint, ni dans une prise de position publique blesser quiconque, abaisser, humilier. Tout au contraire, à maintes occasions, mettre en valeur, donner signe d’intérêt et de compréhension.

Prêtez attention, écoutez la différence. Les mois à venir en donneront de multiples possibilités. Je gage que, pour l’un comme pour l’autre, je ne serai pas démentie.

Des larmes de pluie sur Saint Michel

Pour les lecteurs qui, par mégarde, n’habiteraient pas Bordeaux, Saint Michel est le coeur vivant de notre ville, le lieu le plus fidèle à sa tradition multiséculaire : actif, ouvert au monde par sa proximité du fleuve et sa population diverse et chaleureuse, vivant.. Ne méconnaissons pas le fait qu’il célèbre un prénom internationalement populaire et réunissant dans l’hexagone 750 000 jeunes filles et garçons tous, malheueusement, un poiluchon en train de prendre de l’âge…

Mais ce n’est pas le sujet (encore que..). Saint Michel est trop vivant, trop divers, pour plaire totalement à notre excellent Maire. Et surtout, il vote mal : pour un Conseiller général plein d’énergie et de compétence, Matthieu Rouveyre, et pour une députée exceptionnelle (ma pomme) portant le prénom sus-évoqué. L’ennui est que tous deux sont socialistes.

J’en reviens à ma place Saint MIchel. Du moins j’essaye : ce n’est pas nous qui commandons l’écriture, c’est elle qui nous commande. Elle vivait (la place) ce matin le déménagement de son marché à quelques encablures de là, sur le quai des Salinières.

Voir la place vide résumait l’incohérence et le risque de ce déménagement. La place St Michel a été construite pour réunir. La petite bordure de pierre en forme de feston qui ceint le marché en atteste : elle constitue non pas une barrière mais un lien protecteur autour de commerçants et chalands. Qu’adviendra-t-il d’elle dans le projet municipal ?

Très nombreux sont les Bordelais à s’inquiéter de la gentrification de ce quartier. La vie, l’animation, l’esprit d’un lieu se décrètent beaucoup plus difficilement qu’une intervention militaire, fût-elle dans le désert libyen. Un exemple du débat qu’a suscité le projet : pavés de bois ou pas ? Est-ce vraiment le sujet ?

Ce matin donc, les commerçants non sédentaires déménageaient sur les quais. Une pluie triste et grise les a accompagnés. Les voilà désormais sur les rives du tram, avec d’incertaines barrières protectrices, disposés en ligne, sans coeur ni bordure pour les réunir et sans emplacements pour garer leurs camions de marchandises. Sans non plus ce matin beaucoup de chalands.

Matthieu et moi avons parcouru, puis quitté le marché, mouillés de tristesse..

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel