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François, Claude et les autres

Au moment précis de l’investiture de François Hollande, Claude Guéant, étroit de partout, des épaules au champ de vision, a trouvé opportun de populariser cette éminente sentence : « François Hollande n’a pas la carrure ».

Est-ce bien à la mesure de l’enjeu ?

Nous sommes nombreux ce soir soit à avoir assisté en direct, soit à avoir vécu la retransmission de la convention d’investiture du candidat PS-PRG aux Présidentielles 2012. Et quelques uns, beaucoup moins nombreux, à avoir vu lesimages de l’immense flop de la convention ump, toute entière dédiée à un tripatouillage budgetaire hasardeux du Projet socialiste. Entre nous, voir 15 ministres défiler et s’exprimer sur un fond d’écran « projet PS », rien que cela méritait le détour… Et la comparaison avec la convention d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, 4500 personnes, étaient réunies pour porter notre candidat à la victoire. Il n’y fut que très peu question du gouvernement actuel, de sa politique et du Président de la République en exercice. Tout cela est déjà du passé. Tout le monde, public et orateurs, est déjà tourné vers l’acte II : la campagne, et plus encore l’acte III, réussir les 3 pactes de François Hollande (productif, démocratique, éducatif), retrouver la fierté d’être Français et donner à chacun le désir d’être pour quelque chose dans cette fierté.

Dans le même temps aussi où cet élan se manifestait, où tous ovationnaient le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, le même Guéant annonçait comme une victoire « que les 30 000 reconductions à la frontière seraient dépassées ».

Je commentais sur twitter notre convention et je voyais tomber ces annonces entre les nôtres. Je crois que nous avons été nombreux à percevoir dans cette superposition qu’un changement complet de paradigme et de politique se mettait en place. Puissions-nous en soutenir durablement le souffle.

Hollande

Plus que jamais, je pense que François Hollande est la meilleure illustration de son message à la jeunesse : détermination personnelle, obstination dans l’effort, priorités précises.

Qui, il y quelques mois, l’aurait donné gagnant de nos Primaires ? Je me souviens de conversations, alors qu’il avait déclaré sa candidature. Les plus gentils disaient : « il ira jusqu’au bout » mais sans un instant croire que ce bout serait la 1ère place. Les plus désagréables le taxaient de vouloir négocier un poste dans le gouvernement du gagnant. D’autres, nombreux, opinaient : « il n’a pas la stature ».

Il avait la stature, il n’en avait pas l’image et il l’a construite, pas à pas, en montrant la fermeté de sa détermination, son indépendance vis à vis des choix ou des déclarations de ses concurrents.

Je suis convaincue d’une chose simple -du moins la phrase est simple- : le caractère, c’est l’homme. Tout le reste n’est qu’outils : l’intelligence (il l’a), la beauté (il est dépourvu de son contraire) et beaucoup d’autres qualités secondaires qui sont là pour être utilisées quand le besoin s’en fait sentir mais n’ont pas cette permanence d’usage réservée aux deux premières.

On a voulu le donner comme un « doux », ami du consensus, ennemi de la contradiction. En réalité, je ne crois pas que cela relève chez lui du caractère mais de l’intelligence. Habile à négocier et à convaincre, respectueux de l’autre et de sa position, il préfère le cheminement long à l’affrontement brutal. Cela lui vaut de savoir mieux que d’autres « rassembler » et je l’espère demain de réunir les Français que 4 ans de sarkozysme ont divisé.

Il est aujourd’hui notre candidat. Il doit nous emporter, nous devons le porter jusqu’où nous voulons tous aller, mais peut-être plus encore au delà. Nous n’avons la moindre chance de reconstruire et de redresser la France qu’au prix d’un élan, d’une adhésion, d’un changement de regard sur l’avenir et sur la part qu’on veut y prendre.

Hollande appelle cela « retrouver le rêve français ». Je n’aime pas le mot « rêve » dans un usage politique. Je dirais « retrouver l’esprit pionnier ». Prendre conscience que nous sommes chacun un atome de ce qu’il faut construire et que si cet atome manque ou fléchit, l’atome voisin sera affaibli ou détourné du but, et tout l’ensemble compromis. Ni lui, ni quiconque, ne feront que ce que nous leur donnerons la possibilité de faire.

voir aussi les billets du 27 avril 2007 et du 15 octobre 2011

Le pain noir

A Libourne hier, les mangeurs de brioche de l’ump ont promis aux socialistes de « manger leur pain noir ». Etrange expression dont l’auteur est Alain Juppé et qui sent sa « France d’en bas » et ce mépris souterrain -pas toujours souterrain- pour les pauvres, les modestes, les humiliés. Pour moi, cela me fait immanquablement penser, outre à Marie Antoinette, à un très beau roman de Georges Emmanuel Clancier, paru sous ce titre « le pain noir », histoire d’une humble famille au début du siècle dernier. C’est ce destin que nous promet Juppé et il a raison, c’est en priorité de ce peuple-là que nous sommes proches.

Tout à fait entre nous, côté formules et esprit, Juppé n’est pas Hollande. Ce « pain noir » fera son chemin .. en faveur de la gauche.

François Hollande ou la méritocratie républicaine

J’ai fait, toutes ces dernières semaines, une campagne citoyenne, pour les Primaires et seulement les Primaires, insistant sur le fait que c’était à chacun de décider en conscience et en responsabilité. J’étais d’ailleurs presque toujours accompagnée sur le terrain de militants et de sympathisants qui avaient fait un autre choix que le mien.

Aujourd’hui, je donne quelques éléments de mon vote personnel en faveur de François Hollande. Tout ce qu’il a eu, il l’a obtenu par le vote dans des territoires ou des circonstances difficiles ; en 88 une circonscription de Corrèze qui était un territoire de droite où aucun cadeau ne serait fait à un socialiste ; le Parti en 97, puis en 2002, alors qu’il était, comme disait le Général de Gaulle « plus à ramasser qu’à prendre »,

Nous sommes nombreux en Gironde à mesurer ce que cela signifie et je pense d’abord à Gilles Savary. Etre les combattants de la difficulté, voire les combattants de l’impossible et n’avoir pas toujours autour de soi les soutiens nécessaires, moins encore les récompenses. Le mot me déplait mais je n’en trouve pas à l’instant de plus juste. On commence en combattant de l’ingagnable et on continue ensuite ainsi.

C’est la méritocratie républicaine à son plus haut niveau. Dans le même registre, j’apprécie les examens, les concours : aucun n’est parfait, mais il sont plus justes que le choix qui fait souvent la part belle aux courtisans.

Si François Hollande devient Président de la République, il ne le devra à aucun appareil, aucun « cercle », il le devra à son courage et à sa détermination.

Et aussi à la nôtre.

Ce que j’attends du débat de ce soir

Les 90 minutes de face à face de nos candidats ce soir constituent une épreuve. Pas tant au sens de « difficulté pénible » qu’au sens de « nécessité de prouver ».

De prouver et de répondre à l’attente et à l’exigence des Français. Je viens d’être harponnée à l’instant sur twitter : « Que savez-vous de l’attente des Français ? De quels Français ? ». Je ne sais pas, bien sûr, tout des attentes de tous les Français, mais je suis sûre de quelques unes dont je reçois depuis des semaines le multiple témoignage.

Parmi elles, le désir de ressentir de nouveau de la fierté, de percevoir le respect qu’on a pour eux, de redécouvrir au travers de ce qu’ils entendent une image de la France qu’ils portent en eux. Bien souvent, dans ces quatre années que nous venons de traverser, ils se sont senti abaissés, humiliés, mal représentés.

Pour ma part, j’attends du débat de ce soir qu’il exprime des différences mais qu’il ne déroge jamais à cette exigence. Je me suis faite un devoir de ne jamais prononcer une seule parole à l’encontre d’un seul de nos candidats, et bien souvent tout le contraire quand des raisons de qualité m’étaient données de faire un autre choix que le mien. Pourtant, je l’avoue, j’ai vécue comme blessante l’expression « la gauche molle » et j’ai reçu à des dizaines d’exemplaires sur internet et sur le terrain le témoignage d’un sentiment semblable.

J’attends du débat de ce soir qu’il nous donne de la force, à chacun de nous, pour faire monter cette année vers une victoire et après elle, pour accompagner, soutenir, les difficultés qu’il faudra traverser et les décisions qui devront être prises. Car nous ne devons jamais oublier que si nous avons une exigence d’exigence pour ceux que nous allons choisir, nous devons l’avoir d’abord pour nous mêmes.

J’attends aussi qu’il nous donne « envie d’avoir envie ». J’ai appris hier que cette expression que je porte en moi de longue date et que tiens pour une clef était présente dans le texte d’une chanson de Johnny. Rien ne se fera sans adhésion, sans élan, sans envie. Steve Jobs ne me démentirait pas.

J’attends aussi qu’il nous permette un ralliement largement majoritaire. La question est bien évidemment de battre demain Nicolas Sarkozy et que la droite hargneuse que nous avons en face de nous, réduite à de maigres armes, ne puisse dire du candidat arrivé en tête que la moitié de son camp ne l’a pas désigné.

Chacun de nous dimanche sera en face de sa responsabilité et de sa conscience face à notre objectif commun. Nous devons être nombreux pour rendre sans effet toute tentative de la droite de polluer si peu que ce soit la clarté de la décision.

Sur le terrain, sur la toile, gravissons ce chemin de quelques mois.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel