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Excessif et lourdement significatif

J’accuse à mon tour Fillon d’une récupération malséante, excessive et pour tout dire honteuse.

Se souvient-on du motif de l’historique « J’accuse » de Zola : il dénonçait la condamnation honteuse du capitaine Dreyfus et l’antisémitisme dont elle était porteuse.

Quelle médiocrité, quelle abjection, de comparer le programme de François Hollande à cette faute historique et à la dénonciation d’un antisémitisme haineux !

Pour la 2ème fois (la 1ère était de se mettre dans la roue des « abattages rituels »), Fillon sort de la réserve Sarthoise et de la modération qui constituaient sa force.

Talleyrand disait « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». C’est dans la campagne présidentielle de la droite, tout le contraire : tout les excès qu’elle s’autorise est significatif de ce sur quoi elle s’appuie.

Immigration : bonne question, médiocres réponses

Oui, l’immigration est un vrai sujet, méritant que l’on en parle et qu’on y apporte une analyse posée et des réponses responsables à l’occasion d’une élection présidentielle.

Oui aussi, et malheureusement, le débat avarié sur la viande Halal, la dénonciation du « trop grand nombre d’immigrés » constitue une réponse pour laquelle « médiocre » est un faible qualificatif. Les propos de Marine le Pen, repris à Bordeaux par Nicolas Sarkozy, n’étaient pas des réponses, ils étaient là pour accutiser la question, tendre le débat, voire prendre le risque de provoquer des réactions violentes.

Le chiffre de 2,9 millions d’immigrés, avancé par Sarkozy et qualifié d’excessif, ne veut rien dire. Immigrés de quel pays, de quel continent ? D’outre Rhin, d’outre-mer ou d’outre-méditerranée ? De qui parle-t-on ? Quel est le chiffre considéré comme satisfaisant, admissible ? Que Sarkozy s’exprime au lieu d’attiser les peurs et de les utiliser !

Le noeud gordien de la question de l’immigration est sa répartition ou plus justement sa concentration . Une politique du logement imbécile a concentré les migrants du sud dans quelques dizaines de quartiers où on continue de les concentrer. La faute originelle dans notre pays est de ne pas tout mettre en oeuvre pour faire éclater la ghettoisation qui continue au contraire de s’aggraver dans chacune de nos grandes villes et autour d’elles.

Résultat : des quartiers entiers de noms labellisés « bien de chez nous », sans une exception où l’on cultive l’entre-soi comme un des beaux arts, sans savoir qu’il est au contraire ce par quoi les civilisations sont mortelles. Cette phrase de Valéry, Claude Guéant, à l’instar de son Président, ne la connait sans doute pas. On ne lit jamais assez cet apparent pisse froid de Valéry.

Et, bien séparé des précédents, des quartiers refermés sur eux-mêmes, où le communautarisme n’est même pas une volonté mais une conséquence inéluctable, où quelquefois la République se retire, laissant l’ordre aux mains des fauteurs de trouble et des commerces parallèles.

A toujours constitué pour moi une immense interrogation, le fait que lors des révoltes dans les banlieues ce sont les quartiers mêmes de ceux qui se révoltent qui sont saccagés, les voitures de leurs proches qui sont brûlées .. C’est au fond compréhensible : la haine mal formalisée de cet enfermement, de ces quartiers où l’on erre faute d’un job, d’une perspective, d’un équilibre social.

C’est de cet enfermement que nait la repli communautariste et, avec lui, le repli sur une religion portée comme un instrument politique. Je dis « portée » sans négliger le sens premier du mot : longs vêtements, calots, barbes des hommes, foulards, burkas des femmes, sont d’abord des drapeaux que l’on agite… Et dans lesquels tant de nos politiques foncent, quand ils n’y ajoutent pas les boucheries halal et les horaires de piscines.

Contre cette ghettoisation, qu’a été « le plan Marshall des banlieues » de Sarkozy ? La réponse est courte : rien. Et c’est ce même Sarkozy qui aujourd’hui utilise le chiffon rouge de l’immigration alors que c’est celui de la défaite absolue à toutes les guerres qu’il a déclarées en 5 ans (guerre à la délinquance, à l’insécurité, à la fraude …) qu’il devrait piteusement tenir serré dans sa poche avant de se retirer.

Quoi faire, quoi faire ? Remettre de l’éducation dans ces banlieues, imposer de la mixité réelle dans tous les projets immobiliers, imposer la mixité scolaire dans tous les établissements publics ET privés, quitte à transporter les élèves d’un quartier dans l’autre, mettre de l’emploi dans les quartiers, y construire des établissements d’excellence, matraquer financièrement les villes qui ne font aucun effort ni pour le logement social ni pour la mixité sociale (notre ville en est le bon exemple).

Je dis tout cela en vrac. Comme Ségolène lors de son débat de 2007, « je-suis-en-co-lè-re ». En colère qu’après n’avoir rien fait de substantiel, la seule mesure que l’on propose à droite soit l’étiquetage de la viande selon le mode d’abattage. Voilà, c’est sûr, c’est cela qui sauvera la République !

Droit dans ses bottes, pas dans sa tête

Trois opinions en une semaine, cela paraîtrait presque raisonnable si ces opinions n’étaient pas opposées et ne concernaient pas le même et unique sujet.

J’ajoute : si ce sujet n’était pas si décisif pour la campagne présidentielle et pour l’avenir de notre pays.

Il s’agit du discours de Bordeaux et du coup de barre violent de Sarkozy vers l’extrème droite.

Temps I du numéro de contorsionniste auquel commence un peu trop à nous habituer Alain Juppé. A l’issue du discours, en direct, Juppé est interrogé. On est dans sa ville, il a introduit les paroles de Sarkozy. Son avis ne souffre aucune ambiguité : je suis en parfaite harmonie avec ce discours. Les mots sont clairs, je les ai notés précisément et chacun peut revoir la scène.

Acte II, dont on trouvera un exemple parmi d’autres dans l’émission « point de vue » diffusée en boucle toute cette semaine sur TV7. « Mais non, il n’y a pas de virage à droite, le Président se situe au-dessus de ces divisions ». Et aucun journaliste pour le contredire et lui rappeler son approbation 2 jours plus tôt.

Acte III : le grand art. Ce matin dans Sud Ouest. Juppé n’approuve plus, a oublié la hauteur de vue présidentielle et sa magnanimité, non, non… On sait dans notre quotidien, de source sûre évidemment, que Juppé s’est adressé personnellement au Président pour contester son virage à droite.

La faux-culisme à ce point, les contorsions, le jeu de billard me font lever le coeur. Juppé prépare l’après. Au premier jour des législatives, si Hollande est élu, se souviendra-t-il seulement du nom de Sarkozy ? De ce qu’il a lui-même soutenu ? De ce qu’il a fait à ses côtés ?

Non, il ne sera plus là que pour rassembler, réunir, se faire entendre, grande voix « pondérée » qui n’est qu’une voix fuyante. Politicien qui se déclare droit dans ses bottes quand tout ce qui en dépasse se contorsionne pour demeurer dans les hauteurs du pouvoir et continuer d’abandonner sa ville à des adjoints qu’il fait batailler entre eux pour qu’aucun n’émerge.

Ces magiciens du coup d’après ont une énorme responsabilité dans la désaffection pour la politique de ce peuple dont ils se gorgent aujourd’hui.

Fuyons-les. La droiture ce n’est pas dans les bottes qu’il faut l’avoir, mais dans la tête.

Journée des femmes : même la simplification est misogyne

L’expression abrégée « Journée des Femmes » (ou encore « journée de la femme ») fait immanquablement penser à la journée des grands-mères ou à la fête des secrétaires. Quelques époux attentionnés apporteraient ce jour-là au retour du bureau quelques pétunias à leur ménagère que ça ne m’étonnerait qu’à moitié..

C’est bien évidemment de la « Journée des Droits des Femmes qu’il s’agit ». Et la question devient toute autre. Les pétunias ne servent de rien dans la circonstance mais bien plutôt le montant moyen des retraites (836 € pr les femmes, 1750 pour les hommes), le taux d’emplois à temps partiels (80% sont des femmes) et autres joyeusetés que nous n’avons pas fini de résoudre.

Le féminisme a encore de beaux jours devant lui. Ses priorités ont à mon avis changé du moins dans nos pays occidentaux et elles se sont déplacées sur les questions soclales et culturelles mais aussi hors de nos frontières. Cette journée est aussi « internationale » et plus que jamais doit le manifester.

Proposition de débat sur les thêmes des Présidentielles

Les candidats aux législatives désignés par leur parti, sont les porte-parole dans leur territoire de leurs candidats respectifs pour les Présidentielles.

Dans cette perspective, je propose par courrier un débat à Alain Juppé sur les propositions de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. J’informe parallèlement les médias locaux de cette proposition. Ils jugeront de la forme la plus opportune pour ce débat si celui est accepté.

Spécialement après le discours de Bordeaux (samedi 3 mars) qui, venant après celui sur le fraude fiscale de novembre 2011, a fortement marqué notre ville, les Bordelais ont le droit de savoir nos positions.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel