m

Ce n’est plus une corde mais une bombe que nous avons au cou

Un peu de mal ce matin à accepter qu’un quarteron de financiers inconnus puisse rétrograder un pays qui compte plus de prix Nobel que tous les autres réunis.

Standard, Moody, Poor… qui sont ces gens ? Qui les paye ? Qui les contrôle ? Quels sont leurs critères, c’est à dire, fondamentalement, leurs objectifs ? Et comment pouvons nous tolérer plus longtemps ceux qui nous ont fait verser entre leurs mains ?

Répétons-le : l’augmentation de la dette pendant les 4 années du pouvoir sarkozien est due pour deux tiers à sa gestion et pour un tiers à la crise (rapport de la Cour des Comptes sur l’état des finances publiques de juin 2011). Et pour cacher la réalité des chiffres, le voilà qui agite devant eux, comme une muleta, la « régle d’or » qui n’est rien d’autre qu’un brevet d’auto-amnistie.

Le jeu est habile et beaucoup foncent dedans. Mais la gravité de la situation fait qu’il n’est plus tolérable de jouer.

Devant l’ahurissante vacance du pouvoir, devant le silence des institutions européennes, qu’elles soient internationales ou locales, devant le silence du Ministre des Affaires Etrangères et Européennes, qui n’est décidément qu’un Ministre de la guerre, j’en appelle à nos candidats pour qu’is s’expriment, qu’ils expliquent au pays, qu’ils appellent l’Europe à un sursaut et à des actes, qu’ils posent d’ores et déjà un programme fiscal qui commencera de tracer la voie.

L’actualité a rendu compte ces derniers jours d’une jeune fille le cou lié à une bombe. Ce sont aujourd’hui 500 millions d’Européens affrontés à ce que les Anglais appellent « an unpleasant moment ». Et pas qu’eux.

3 août au 3AB

C’est en arrivant dans mon bureau de l’Assemblée que je découvre (une fois encore) toutes ces petites choses qui nous révèlent à nous-mêmes l’attachement que nous avons à un lieu : le petit vocabulaire réservé aux initiés (le « 3AB » pour dire le « 3 de la rue Aristide Briand »), le jeu des lumières sur les bustes de « Marianne » dans le couloir, le drôle de petit bruit de la clef électronique…

Tout est silence. Au « 3AB », que ma tête entend toujours comme « les 3 abbés », et partout dans la grande maison. Quelques assistants parlementaires peaufinent encore ce que leurs bourreaux de députés -dont moi- leur ont laissé à écluser avant que s’ouvre une année radicalement décisive pour notre pays. Mais c’est le soir, personne, vraiment plus personne, ne hante nos étages de bureaux. Mon bureau et moi, nous sommes seuls à écouter l’univers autour de nous et à nous croire son centre.

Y a-t-il meilleur moment pour se confier ? J’aime ce lieu comme j’aime ce mandat de député, pour ce qu’il représente de travail, d’effort pour apporter quelque chose, de connaissances nouvelles, de contacts enrichissants. J’aime ce lieu parce qu’ il est un lieu où chacun se doit d’être à son meilleur. Cerveau ouvert, mise décente, attitude courtoise, soucis personnels tenus à l’écart,

Rien d’autre : ni luxe (je vis dans mon bureau comme une étudiante qui prépare un concours), ni festivités particulières. Je suis plus à l’Assemblée dans une Université que sous les ors de la République. On bosse, on aime ça, on est bien.

Quatre ans déjà que je suis entrée pour la première fois dans ce bureau. Mon concurrent m’ayant fait accéder contre son gré à une petite notoriété, j’y ai reçu le bureau d’un ministre de l’actuel gouvernement sorti lui aussi de l’anonymat politique, par une porte que je ne lui revendique pas. Il s’agit d’Eric Besson. Son bureau était spacieux, bien éclairé, meublé avec sobriété. Il est maintenant le mien.

Quatre années passées en un éclair. Le temps va d’autant plus vite qu’il est plus plein. On en viendrait à vouloir s’ennuyer et regarder la montre pour qu’elle ne tourne pas trop vite : j’en suis incapble. Défaut ou qualité, chance ou drame, je n’ai jamais su m’ennuyer et j’ai toujours couru, avec un foulard blanc à la main pour qu’il ne se dérobe pas, après le moindre instant.

C’est ce que je ressens, intensément, violemment, dans ce bureau du 3ème étage du 3 AB. J’avais envie de le dire, ou plutôt comme d’hab, de l’écrire. De le laisser en gage à ce bureau, à son silence, à tout ce qu’il a abrité déjà et abritera après moi.

« Il ne suffit pas d’habiter dans une tour pour être touriste »

Surendettement, impossibilité à assumer les frais de soins dentaires, menaces d’expulsion… Malheureusement les soucis et les drames des Bordelais refusent de prendre les deux mois de vacances que leur accorde généreusement chaque année la Mairie de Bordeaux.

Cette générosité trouve une forme particulière : les bureaux de permanence, austères et dégarnis comme un guichet des postes dans les années 50 mis à disposition de l’ « opposition » sont fermés en juillet-août. Seuls les élus ump-modem peuvent encore bénéficier des locaux des mairies de quartier.

« L’opposition », n’est pas le bon mot. Députée socialiste n’appartenant pas au Conseil Municipal, je ne suis pas redevable de ce terme envers notre Maire. Seul son apprentissage à l’école primaire de la théorie des ensembles le pousse à assimiler « socialiste » à « opposant », alors que cette appellation ne devrait concerner que la minorité municipale socialiste-verte-PC

Le sujet n’est pas dans l’interprétation de notre premier édile de ce qu’est un opposant, mais bien dans cette méconnaissance des soucis de chaque jour pour une majorité de ses administrés. Soucis et drames n’émigrent pas « au bassin », ils sont bien là, en juillet comme tout le reste de l’année et le secours des élus leur demeure nécessaire en cette période. Pour cette raison, cette année encore, j’ai tenu ma permancence en plein air, non dans la Mairie de quartier du Grand Parc, mais au devant d’elle.

Comme me l’a dit ce soir un habitant : « Il ne suffit pas d’habiter dans une tour pour être touriste » : dans ce quartier comme dans beaucoup à Bordeaux le plus grand nombre ne part pas en vacances. Leurs difficultés et leurs ennuis non plus.

Echange président de la République ringard contre prince héritier inspiré

Et bien oui, nous en sommes-là. Comparez le discours de Grenoble à la traduction – imparfaite- qui m’a été envoyée d’extraits du discours d’Haakon de Norvège après la tuerie d’Utoya. D’un côté un machiavel de province, électoraliste et bassement populiste, flattant les instincts primaires d’un peuple qui majoritairement ne l’est pas ; de l’autre, un prince familier de son peuple, peu nombreux il est vrai, mais habitué à une grande simplicité de vie, aux valeurs solides de ceux qui vivent dans des climats austères et des pays étendus; D’un côté un populisme de bas étage, jouant sur les mots clefs de la haine larvée, des petites rancoeurs et de l’ordinaire des looseurs patentés. De l’autre, un jeune homme, blessé au fond de son coeur à l’égal de chaque Norvégien, après ce jour leur pays a perdu sa virginité » selon le beau titre du « Monde ». Y’a pas plus républicaine que moi, mais quelquefois on se prend à douter…

(suite…)

« Etre aimé par des cons »

Je me souviens d’une caricature. Dieu, assis en tailleur, pleurant à chaudes larmes dans ses bras repliés : « C’est dur d’être aimé par des cons ».

En réalité, il s’agissait, allusivement, de Mahomet. La caricature faisait partie d’une série parue en 2005 dans un journal danois, puis reprise par Charlie Hebdo. L’affaire fit grand bruit. Dépassons-là. Hier, ce sont bien les larmes de Dieu qui ont débordé.

M’est avis pourtant qu’elles ne suffiront pas et que nous devons prendre à notre compte une part du job.

Le lien entre connerie (pardon), méchanceté et haine n’est pas un scoop. L’expérience en est quotidienne. Ce n’est pas une raison pour tolérer, pour avoir la plus petite complaisance envers les officines, plus nombreuses qu’on ne croit, qui n’ont d’autre objet que l’entretien de ce lien et sa prolifération;

Les extrémismes, d’où qu’ils viennent, se rejoignent dans l’intolérable et ils ne le sont pas moins quand ils sont « bien de chez nous ». L’intégrisme « de souche » ne mérite pas moins que l’importé d’être scié au tronc. Qui ne se souvient pas, chez nous, à Bordeaux, en coeur de ville, à l’ombre d’une église historique malencontreusement dévoluée par le Maire au culte traditionaliste, des agissements d’un groupuscule d’extrème droite qui ne pouvait qu’être connu des services de police ? Pourquoi cette longue tolérance ?

Que s’est il passé depuis la révélation des faits en mars 2010 ? La justice a été saisie, il y avait de quoi. Propos racistes, incitations à la haine, enseignement non conforme à l’histoire, les contraventions à la loi ne faisaient pas de doute. Sommes-nous en connaissance de la moindre suite, dans cette affaire comme dans celles qui pouvaient être en connivence avec elle ? Sommes-nous assurés que les joyeux jeunes gens que nous avons vu s’entraîner dans un camp paramilitaire à des gestes et des actions assez éloignés des enseignements du Christ -dont ils se réclament- ne continuent pas tranquillement leurs aimables exercices ?

Quelqu’un osera-t-il faire le lien ? Se soucier de ce qui a amené Anders Beiring Breivik à la fusillade systématique, prolongée de jeunes gens de 15 à 25 ans, réunis en camp d’été, pour un projet collectif qui les honore et les fait échapper à l’individualisme commun ? Comprendre que ce processus peut naître partout ? « C’était cruel mais nécessaire ». Revoyez si vous en avez le courage l’émission « Les infiltrés » et vous en saisirez plus encore qu’à l’époque toute la portée. Les rushes contenaient pire encore. (https://programmes.france2.fr/les-infiltres/saison-2/index-fr.php?page=emissions-precedentes&id_rubrique=20) Tout cela est entre les mains de la Justice.

Sachons prendre peur quand il s’agit d’alerter et d’agir. Pour ma part, j’ai été très frappée lors de mes rencontres dans le quartier de Saint-Eloi pour apaiser et faire accepter le projet d’implantation de l’association « La Case » que certains riverains me disaient craindre davantage la proximité de quelques malades de la drogue que la tenue de réunions telles que révélées par « les Infiltrés ».

Peut-être ceux-là réfléchissent-ils aujourd’hui.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel