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« Nous sommes tous Norvégiens »

N’en déplaise à François Fillon, nous voilà tous bi-nationaux. Sidérés, attristés de voir ce pays atteint par la folie du monde. Ce pays tourné vers la nature, modeste dans ses modes de vie, contrôlé, exemplaire sur bien des points, riche de son pétrole mais n’en parlant pas et aujourd’hui blessé au coeur, sans doute par l’un des siens.

Si l’hypothèse que l’auteur -ou les auteurs- de ce drame soit un extrémiste de droite se confirme, quelle leçon, jusque dans notre pays ! Quelle leçon de vigilance envers tout ce qui ressemble à une pépinière d’actes violents, d’incitation à la haine, voire au meurtre.

A l’heure où j’écris, pas de réaction officielle de Marine le Pen, toujours prompte habituellement à intervenir dans le débat politique. Si ce n’est pas une démonstration, c’est au moins une raison supplémentaire d’interrogation.

Qui viendra pour lever un petit drapeau blanc, comme devant les chars de Tiananmen ? C’est avec ce type d’armes que Gandhi l’a emporté sur l’empire britannique.

Les écuries d’Augias

On ne se souvient pas assez d’Augias. Il a pourtant dans notre pays des descendants nombreux, dont la spécialité est de nourrir les officines de stratégie politique, voire quelques cabinets ministériels. On les trouve aussi largement représentés parmi les conseillers des plus hauts représentants de l’Etat.

Tous ceux-là ont pour mission d’entretenir des écuries à la hauteur de celles de leur grand ancêtre. Et de tenter d’y piéger leurs concurrents politiques.

Après Martine Aubry, rapidement sortie des pitoyables rumeurs sur son avocat de mari, François Hollande est maintenant convié dans le back office nauséabond du « cas Banon », comme a titré le Canard. Réaction là aussi rapide, je l’espère radicale pour que son nom ne soit pas associé à cette affaire minable et glauque.

Le karcher sarkozien a soigneusement évité ces écuries. Gardons-nous en tout cas d’en approcher d’aucune façon ni par aucune parole.

SIDA : traitement = prévention

Ce petit signe « égal » (=) marque un pas énorme dans la lutte contre le SIDA. « Un petit pas pour l’orthographe, un grand pas pour la maladie » pourrait-on dire en parodiant l’astronaute Neil Armstrong.

Eradiquer le SIDA, c’est possible sans même attendre le vaccin. Les traitements dont nous disposons sont non seulement efficaces pour contrôler la maladie, mais ils le sont aussi sur la contagiosité des personnes traitées. Une personne traitée voit son risque de transmettre la maladie disparaître.

Les esprits rigoureux me diront, à raison, que ce n’est pas encore démontré dans tous les groupes de population et aussi que cela ne concerne que les cas où le traitement est bien suivi et où il est efficace. Et encore, que le risque n’est pas nul et qu’il faut que ces personnes se protègent. Ceci est vrai, mais le plus gros est fait.

Ce qui veut dire très concrètement que si tous les malades sont traités, de manière précoce et correcte, nous n’ « éradiquerons » pas la maladie, le mot est trop brutal, mais nous en viendrons à bout.

Il y a une condition à cela. Elle est majeure : que les patients porteurs du virus le sachent (c’est à dire que le diagnostic soit fait) et que le traitement soit mis en oeuvre.

Ceci passe par le dépistage, maître-mot de la médecine d’avenir, dont je répète matin, midi et soir qu’il est « le vaccin des maladies qui n’ont pas de vaccin ».

Quarante mille personnes en France sont porteuses du viruset l’ignorent. La plupart n’ont aucun signe de maladie mais toutes justifient un traitement, pour elles-mêmes bien sûr, et pour le risque de contamination dont elles sont porteuses.

Concrètement ? Que chacun de nous envoie au dépistage trois personnes, ayant la pétoche de le faire pratiquer ou tout simplement insouciante. A ces trois personnes, en ajouter une quatrième : soi-même.

C’est pas dur et en cette période estivale, quelque chose me dit que ce n’est pas inutile.

Parole d’amie

La langue m’est amie et familière et, née sans elle, je n’aimerais pas mourir sans elle. On ne choisit pas ses amis, ou pas souvent, elle a paru me choisir.

J’étais déjà grande, mais pas vraiment grande non plus. Quelque chose entre 13 et 17. Ce n’est pas venu en un jour mais je l’ai reconnu dans temps très court, que je sais d’ailleurs surtout situer dans l’espace. Le long d’une plage où j’allais marcher, seule, avec un gros chien battant de la queue semblable à celui que j’ai maintenant. J’ai entendu qu’on me racontait des histoires. Pas toute une histoire mais une phrase et une autre qui s’enchaînaient chaque jour plus naturellement et que je n’avais qu’à cueillir.

C’est sur cette plage que je vais retourner bientôt. La situation ne s’est pas arrangée. J’y marche moins à l’aise, autant de sa faute que de la mienne, moins libre de mes mouvements, moins indépendante du corps, moins extérieure à lui, l’écoutant plus souvent, aux dépens de l’autre voix que j’avais découvert là bas;

Le souvenir m’en est venu quand un coup de téléphone m’a demandé « où allez vous passer vos vacances ? ». « Depuis longtemps ? ».

Depuis bien avant. Petite j’étais, j’allais déjà là bas. Il y faisait beau, froid, venteux, humide, agité, inspiré selon les jours. Tout cela, je pouvais le voir et le comprendre. Les jours n’étaient pas occupés de tas d’animations inutiles, on avait le temps de regarder et d’entendre. Je me souviens, je peignais les volets, ou une table, ou un tabouret. Je m’étais même fait une spécialité, une année que j’y étais seule, des tables de nuit. Elles étaient devenues noires, étranges pour des tables de nuit honnêtes d’un mobilier très commun des années cinquante. Des morceaux de la dernière ont disparu l’an dernier dans un de ces moments inattendus où le besoin d’ordre et de vide extérieur vient combler la crainte du vide intérieur.

Je n’ai aucune idée de pourquoi je parle/j’écris de cela, ni de cette manière. Ces derniers jours, mes interstices je les ai comblés de la découverte d’un nouveau langage, d’un nouveau visage de la langue : le hïaku resserré et moqueur du twitt qui est à longue distance, presque à l’opposé, de la manière dont j’écris maintenant. Le twitt m’a amusée, comme était venue et m’avait séduite la parole phrasée et continue.

Là, remontant dans mon petit privé, entre chiens et loups (et de plus en plus de loups, tandis que le chien lui aussi s’apaise et s’allonge), c’est cette parole, entre ombre et souvenir, entre nuit montante et sommeil, qui est réapparue, sans contrôle ni alerte, comme un rappel, comme un appel. Et je ne sais si je parle ou réponds mais je sais que j’existe et que le temps que j’écris, la page, l’écran est comme une toute petite lumière au centre du monde. S’allume. Partout et nulle part, là où je peux l’emporter.

« Nyctalope ta mère ! »

Les petits délices de la langue ou « S’amuser c’est pas méchant ».

Un « dictionnaire des mots savants employés à tort et à travers » vient de paraitre sous le titre « Nyctalope ta mère ». Belle trouvaille langagière ! La sonorité de « nyctalope » fait penser à l’insulte de l’argot de banlieue qu’un groupe musical a porté à la célébrité. Mais notons aussi le jeu entre « nyctalope ta mère » et la sonorité du mot « nycthémère ».

Les deux parentés de son rendent l’insulte supposée du titre tout à fait crédible et il ne m’étonnerait pas totalement que l’usage l’entérine.

Jeu de mots vaut mieux que jeu de mains.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel