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Affaire DSK : quand l’Elysée a-t-il su ?

Comme celles du Seigneur, les voies et les temps des médias sont impénétrables et c’est pour moi une première interrogation. Ce n’est pourtant que la moindre.

Dès la révélation de l’affaire DSK, j’évoquais sur les ondes de France bleue (le dimanche 15 mai, 7 h du matin), la possibilité d’une machination ou pour le moins d’une « facilitation ». Dans tous les cas, dès ce premier jour, une évidence m’est apparue : l’arrestation d’un homme que l’on décrivait comme « un des plus puissants du monde » ne pouvait avoir eu lieu sans que les plus hautes autorités de l’Etat français n’en aient été, avant nous–mêmes, informées.

Evidence n’est pas assurance et moins encore preuve. Ceci est toujours vrai. L’assurance pourtant n’a pas tardé à se manifester. Elle m’a été donnée le 20 mai par une personne qui a souhaité me parler. « J’ai confiance en vous, vous en ferez bon usage ». Cette personne a dirigé un grand hôtel et, avant cela, fait partie de l’équipe de direction d’un des plus grands hôtels parisiens. Tout simplement, il m’a exprimé que l’affaire, telle que nous la connaissions, ne pouvait s’être déroulée ainsi.

Il m’a donné plusieurs exemples de ce qu’il a qualifié de « monnaie courante », impliquant des personnalités, toutes ressortissantes de pays étrangers, dont le comportement vis-à-vis de membres féminins du personnel des hôtels où il avait travaillé avait une forte ressemblance avec les faits reprochés à DSK . « Madame, m’a t-il dit, je peux vous assurer quand dans aucun hôtel de haut niveau, l’affaire n’aurait été ébruitée et moins encore l’identité de la personne révélée. Nous avons une déontologie (le mot n’est pas très satisfaisant, mais c’est celui qu’il a utilisé). Dans les cas de cet ordre, nous réconfortons la jeune personne et nous traitons avec le client. Si ce client a un rôle d’une quelconque importance, nous prévenons aussitôt son ambassade. En tout cas, je vous l’assure, rien n’est connu à l’extérieur hors de consignes précises ». Mon interlocuteur n’avait jamais reçu de ces « consignes précises ». Les exemples qu’il a pris n’ont concerné que des personnalités étrangères, car toute révélation concernant des personnalités françaises aurait été contraire à sa déontologie. Les faits évoqués étaient terribles, et terrible aussi de penser qu’ils n’avaient donné suite à aucune action d’ordre judiciaire. Et d’ajouter « s’il en était autrement, l’établissement en cause n’aurait bien vite plus aucun client » et aussi « hors de consignes reçues par lui, je ne donne pas cher de la carrière du directeur du Sofitel ».

Cela ressemble à l’émission « Monsieur X ». J’ai demandé à mon interlocuteur s’il accepterait de témoigner si un média l’interrogeait ». Il a répondu favorablement à condition que ce soit un média national. L’affaire m’a paru crédible et j’ai reçu depuis lors des témoignages allant dans le même sens. Mon interlocuteur n’avait aucun intérêt à cette révélation. N’appartenant pas au monde politique, retraité, seulement aux prises, dans le cas particulier de DSK, avec une sorte de révolte de ne voir évoqué par aucun média « ce qu’ils ne pouvaient que savoir ».

J’ai mis 48 heures à prendre ma décision d’en parler à un de ces médias. La délation, ou tout ce qui pourrait y ressembler, même de loin, n’est pas mon fort. Ce que m’avait révélé mon interlocuteur était assez terrible, mais totalement plausible. On ne pouvait demeurer sans réponse aux questions que je me posais déjà le dimanche précédent cet entretien.

J’ai appelé personnellement Laurent Mauduit de Médiapart, après en avoir demandé une nouvelle fois l’autorisation à mon directeur d’hôtel. J’ai expliqué ce qui m’agitait et le souci que j’avais que toute la vérité soit faite et toutes les questions posées. Il m’a remercié. Une dizaine de jours plus tard, mon interlocuteur n’avait pas été contacté, aucune suite n’a été donnée à ces informations. J’ai émis à cela plusieurs hypothèses, pensé à contacter un autre média. L’affaire me pesait, à moi aussi, sur la conscience.

Puis le revirement du 1er juillet a eu lieu. Il m’est apparu encore de manière plus spectaculaire que l’attitude de la direction du Sofitel était incompréhensible. Pourquoi en particulier, ce directeur a-t-il tardé à prévenir la police si ce qu’avait dit mon interlocuteur était faux ? Pourquoi s’est-il empressé de déclarer « exemplaire » la jeune femme agressée ?

J’ai adressé un communiqué à la presse : il se trouve en page « A l’Assemblée » de ce blog. Il contient de manière extrêmement sobre et synthétique les questions qui me taraudent. – Les autorités françaises ont-elles été prévenues ? A quelle heure ? A quel niveau ? – Quand l’Elysée précisément a-t-il été informé ? J’appelle dans ce communiqué à une enquête sur ces points et à l’analyse minutieuse des horaires et du contenu des déclarations du directeur du Sofitel .

Nous devons avoir des réponses à ces questions. Nous devons comprendre pourquoi, aux alentours du 20 mai, quand d’une seule voix le monde entier jetait l’opprobre, sans aucune portion de doute, sur le déroulement des faits, elles n’ont pas été posées.

Plus que jamais, TOUTE la vérité doit être faite.

2 juillet, Ketchum, Idaho.

C’était le matin, très tôt. Un matin limpide et clair, de ceux qui font croire que tout peut toujours recommencer. Un peu d’air, de l’espace.

Key west qu’il avait dû quitter était loin. Ni cela, ni rien d’autre n’était à regretter. C’était écrit. Rien de ce que l’on n’a pas écrit soi même n’est écrit, mais cela l’avait été, autrement, si souvent.

Il avait pris sa veille carabine et marché un peu. Son père avant lui, 33 ans plus tôt.

Tiens : 33 ans. Tout est écrit.

DSK : une certitude

Une certitude : nous ne pourrons faire l’économie de nous interroger sur un point, majeur. L’Elysée a-t-il été immédiatement informé (en tout cas très rapidement) des faits reprochés à DSK ? A quel moment précisément? A-t-il donné son feu vert à ce qui a suivi et qui a provoqué un emballement médiatique sans précédent (au demeurant compréhensible) ?

Ces questions que je me pose avec d’autres prennent une acuité particulière dans l’hypothèse où tout ou partie des charges contre DSK tomberaient. Mais dans toutes les hypothèses, il faut les poser.

Je me rends compte en écrivant que « avec d’autres » peut avoir deux sens. Les deux sont vrais. Avec d’autres questions bien sûr. Mais aussi avec tant d’autres qui se posent ces questions.

Courage n’est pas témérité

Il y a quinze jours exactement nous présentions à l’Assemblée une proposition de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Le mariage est un contrat civil qui doit reposer sur le principe d’égalité, j‘ai voté cette PPL.

Deux cent vingt deux voix pour, 293 contre, ce ne sont que 71 députés de droite qui n’ont pas eu le courage (ou la permission) de sortir du bois.

Deux semaines plus tard, Alain Juppé déclare qu’il y est lui même favorable. Petit buzz médiatique, très opportun, juste avant un premier meeting de campagne à Bordeaux « les valeurs de l’ump » où l’égalité devait bien figurer, bien qu’il semble que les orateurs aient eu grand mal à définir les susdites.

Dommage ! Dommage que la maturation d’Alain Juppé n’ait pas été à la vitesse de celle des cerises qu’il affectionne. L’excellent homme a en effet déclaré « qu’il avait mûri sur le sujet », ce qui ouvre de grands espoirs.

Dommage donc. Sa déclaration, un poil plus précoce, aurait tôt fait d’aider à sortir du bois les 71 députés qui manquaient à la concrêtisation des souhaits les plus profonds du numéro 2 du gouvernement.

Que voulez-vous : à l’ump, courage n’est pas témérité.

Sortir du tabac en 2030

Tous les jours, 19 airbus A 320 se crashent dans le monde et aucun média, aucune télévision, pas le moindre buzz, pas le plus petit twitt, n’en rend compte. Ces 19 Airbus ont le grand tort de ne pas s’écraser tous au même endroit et pire encore de le faire tous les jours.

Pas d’image, pas d’événement. Pourtant des images, il y en a et on peut même mettre le son, de tous ces mourants étouffés promis à s’aligner dans l’anonymat de charniers invisibles qu’aucune caméra ne révèle au monde.

J’en fais trop ? Non, pas assez. La colère me vient régulièrement de voir les médias se remplir des dangers d’un pesticide ou d’un colorant, quand il faudrait consommer l’un ou l’autre par tartines entières, tous les jours de sa vie, pour concurrencer la toxicité du tabac.

J’ai entendu aussi mille bons esprits (tous venant « du même côté de l’hémicycle », c’est à dire de droite) crier au loup après la publication du rapport Vaillant proposant la légalisation du cannabis comme piste de travail et demandant un débat sur le sujet.

Les mêmes ont été plus courts à répondre quand je leur ai demandé d’aller au bout de leurs convictions et de leurs effarouchements en délégalisant le tabac. Promis, juré, si une sorte de « choix de Sophie » m’était proposé : « Préférez-vous que votre enfant fume du cannabis ou du tabac ? », je choisirais le cannabis.

Pourquoi ? Non, parce que le cannabis est dénué de risques -je les connais- mais parce qu’il est moins addictogène. Les jeunes ont moins de risques de devenir accro du cannabis ou d’entrer dans une escalade de drogues que de « tomber » dans le tabac et les fabricants l’ont bien compris.

Je pourrais vous assommer de chiffres : ils sont tous pires les uns que les autres. Le tabac reste aujourd’hui la drogue la plus dangereuse, tant par la morbidité que la mortalité qui accompagne le fait de le fumer.

Proposer de sortir du tabac en 2030 n’est nullement une blague. L’enjeu est au moins égal à celui du nucléaire et les morts du tabac sont infiniment plus nombreux que les morts du nucléaire. Je crois que c’est un impératif et que c’est possible. Il faut y préparer les esprits, l’économie et l’agriculture.

Avoir enfin des mesures efficaces et renoncer à l’hypocrisie de certaines. L’augmentation des prix a eu un effet : il aurait été beaucoup plus grand si, au lieu d’augmentations par palier de 5,5% , on avait eu le courage d’une augmentation du triple ; 5,5% est en effet pile le chiffre au dessus duquel les recettes fiscales plongent mais où la consommation plonge aussi. Ce courage a manqué à tous les gouvernements.

Autre piste : prendre en charge à 100% tous les frais de sevrage. N’est-ce pas une évidence ? Sachons qu’aussitôt, je dis bien aussitôt, ce sevrage en route le risque cardio-vasculaire diminue. Mais non, tout au plus le gouvernement annonce la prise en charge uniquement pour les femmes enceintes.

Que signifierait « sortir du tabac » : substituer sa production à une autre de même rapport pour les agriculteurs, interdire la vente sur internet, agir en coordination avec les autres pays européens, mettre en place un protectorat européen pour l’importation et tant d’autres mesures… Non, il n’est pas question de pénaliser le consommateur, comme on le fait sans résultat pour le cannabis, mais d’éduquer et d’éduquer encore pour que les jeunes ne tombent pas dedans comme autant d’Astérix dans une potion qui n’a rien de magique.

Quand José Bové viendra-t- il avec moi démonter un débit de tabac ou faucher quelques arrhes de plans ? En tout cas je vais m’employer à ce que nos candidats bousculent un peu le sujet et nous proposent aussi cette ambition.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel