Accueil des nouveaux Français de Gironde
Accueil aujourd’hui à la préfecture de 51 nouveaux Girondins issus de 23 pays différents. Un moment important pour eux, un moment important aussi pour les élus que nous sommes.
Nous leur avons remis, un par un, leur certificat de naturalisation. Tout cela sous le signe des trois beaux mots qui figurent au fronton de nos mairies : liberté, égalité, fraternité. Dans ma courte allocution, j’en ai ajouté trois autres : laïcité, diversité et parité.
Autant de valeurs qu’ils ont maintenant, à l’égal de chacun de nous, la responsabilité de faire vivre, c’est à dire à la fois d’illustrer et d’exiger.
La Grèce n’est pas loin
C’est une série de coups sur la tête fort désagréables que nous a assénés Didier Migaud, président de la Cour des comptes lors de la présentation du « rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques ».
Un résumé bref pourrait être : situation et perspectives sont également mauvaises à très mauvaises. La Grèce n’est pas loin et il faudra beaucoup ramer pour ne pas échouer sur son rivage.
Le plus dur est peut être de mesurer les aberrations de la gestion sarkozienne. La plus spectaculaire, la plus révoltante est le cadeau qui a été fait aux restaurateurs, en échange de quelques centaines d’adhésions à l’UMP : il correspond à 8 ans d’économies liées à la RGPP. En langage clair, le déficit de rentrées fiscales lié à la réduction de la TVA sur la restauration engloutit et annule 8 ans d’économies liées au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Le langage n’est peut être pas encore aussi limpide que je le voudrais mais je pense que tout le monde comprend le scandale de cette mesure purement électoraliste, qui a apporté peanuts en créations d’emplois et zéro pointé en réduction de votre facture de restau, mais qui a annulé l’exigence faite à des milliers de fonctionnaires de travailler pour deux quand leur salaire était gelé pour deux ans.
Encore quelques chiffres pour vous faire obligeamment partager l’inquiétude qui nous tenait au sortir de la présentation.
Le déficit public (déficit de l’ensemble des administrations publiques) n’a baissé en 2010 que de 0,4%) par rapport à son chiffre record de 2009 (7,5% du PIB). Le taux de 7,1% qui a été atteint est bien supérieur à celui de tous les autres pays de la zone euro (Allemagne 3,3%).
Pourquoi ? A cause de la suppression de la taxe professionnelle dont le coût pour les administrations publiques et de 7,9 Milliards d’euros. Cette suppression engloutit totalement les efforts du plan de relance et au total nous ne connaissons donc aucune progression structurelle favorable de notre situation.
Ces deux exemples illustrent l’esprit général de la gestion sarkozienne : l’effort demandé à Pierre engloutit par les cadeaux faits à Paul. Pierre et Paul ne sont évidemment pas les mêmes et n’appartiennent pas aux mêmes classes sociales. Cadeau et effort sont seulement distribués en sens contraire de toute justice sociale.
Nous sommes sortis catastrophés de la confirmation de ce que nous savions déjà. Reconnaissons que les députés de droite ne faisaient pas non plus bien bonne mine.
« A brebis tondue, Dieu mesure le vent », dit un proverbre béarnais. Je m’y complie (verbe déponent, je le reconnais), et vous réserve pour un prochain épisode tout ce qui concerne la dette publique…
Le refus du réel
A Bordeaux, le refus du réel parce qu’il n’y a pas eu de médiation, de concertation, de suffisante parole pour expliquer que le réel, c’est nous, c’est chez nous, c’est nos enfants, c’est tous les jours et qu’on y peut tous quelque chose.
Oui, je pense à prodomo, à la case, à la bagagerie … mais aussi aux réunions huppées où tout le monde est satisfait, congratule et se congratule et où, de plus en plus, je me sens étrangère.
Cannabis : le pire serait de ne rien faire
La France a, concernant l’usage du cannabis la législation la plus répressive d’Europe. Force est de constater qu’elle a échoué. La consommation monte continuement, particulièrement chez les jeunes ; le cannabis véhicule d’autres usages et d’autres comportements addictifs, au premier rang desquels le « binge drinking », c’est à dire le shoot alcoolique dont on remarque au passage qu’il utilise une drogue légale, en vente libre et sans autre restriction que la sanction de la conduite automobile en état d’alcoolisation. Licites aussi, les médicaments divers qui sont consommés en même temps qu’alcool ou cannabis.
Une constatation s’impose : le tout répressif a échoué. Le cannabis est sorti de l’ « attrait de l’interdit ». Il est consommé à l’excès au même titre que des drogues licites.
Le sondage publié ce matin par Sud Ouest montrant que 63% des Français sont défavorables à la dépénalisation montre d’abord que la majorité des Français ne connaissent pas les données du problème et qu’un effort d’explication mais aussi de diffusion des chiffres de consommation est indispensable. Il témoigne aussi du déni incroyable d’un très grand nombre de parents. « De la drogue, mes enfants, jamais ! », entend-on bien souvent et tous les spécialistes reconnaissent que les parents sont bien souvent les derniers informés ou les derniers à vouloir l’être. Parmi les 63% de Français interrogés, combien ont des enfants qui ont consommé du cannabis ? Ceux-là voudraient-ils que ces enfants soient emprisonnés, c’est à dire que la loi soit appliquée ? Quand ils demandent qu’elle soit renforcée, ont-ils pensé à ce que cela signifie ?
De même, les étapes que recèlent les mots de « dépénalisation », « légalisation » et « légalisation contrôlée » ne leur sont le plus souvent pas claires.
Le résultat de ce sondage n’est pas sans danger : je crains qu’il ne confirme certains hommes politiques, peu soucieux d’éclairer l’opinion et moins encore de la contrarier, dans l’idée que le statu quo est la bonne attitude. C’est la pire. Elle nous assure de voir la consommation continuer d’augmenter, les produits être chaque jour davantage mêlés de produits variés plus nocifs encore que le cannabis (jusqu’à de la poudre de pneu dans les barrettes de cannabis), le trafic augmenter et détruire chaque jour davantage l’équilibre précaire des banlieues, la sécurité être mise à mal comme on vient de le vivre à Sevran. Last et probablement least, la production domestique continuer d’augmenter.
On nous dit : ne donnons pas une image de laxisme. Mais nous le sommes ! La loi n’est pas appliquée, les trafics sont connus, l’origine de la drogue aussi et quand nous parlons de contrôler la production, on nous répond « mais il ne faudrait pas mettre à mal l’économie marocaine ». Eh bien, il faudra travailler avec ce pays à des cultures de substitution, mais le voulons-nous ? Avons-nous le courage d’affronter le problème ?
La légalisation contrôlée suppose : un contrôle de la production et de la vente, un contrôle de la qualité des produits, une substitution de la sanction pénale actuelle par une contravention pour la possession d’une quantité supérieure à un seuil à définir, un renforcement considérable des mesures d’éducation et de soins (comme par exemple au Portugal), ce n’est certainement pas le laxisme que certains supposent.
Depuis près d’un an, je participe au groupe de travail mené par Daniel Vaillant et je fais partie de la mission toxicomanies de l’Assemblée qui vient de clore son cycle de 82 auditions et déplacements pour s’atteler à son rapport. Je peux assurer que les laxistes n’étaient présents ni dans l’un ni dans l’autre. Je suis pour ma part une ennemie patentée de toutes les addictions et partant désireuse de tout ce qui peut les éviter, ou mieux encore donner la force de les éviter à ceux à qui elles sont présentées, non pour des raisons de liberté, ni même de plaisir, mais pour de gros et vils intérêts financiers.
La légalisation contrôlée n’est pas la panacée et elle n’est pas présentée comme tel dans le rapport Vaillant que j’ai signé. Elle ne le sera pas non plus dans notre rapport parlementaire. Elle constitue un pilier solide de réflexion et il ne faut pas voir en ceux qui la présentent comme une des solutions une bande de dangereux gauchistes libertaires et irresponsables. Ils sont sans doute plus conscients de la gravité de la situation que beaucoup qui leur font face avec de grandes proclamations.