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« Sur le chemin de l’honneur et de la victoire »

Nous sommes à un tournant de l’avenir de notre pays, un moment où plus que jamais le destin collectif l’emporte sur le destin personnel.

Nous sommes à un instant de la vie du Parti Socialiste où c’est pour nous une urgence de retrouver notre légitimité à porter le besoin d’exemplarité et de rigueur de notre pays.

Nous venons de subir une épreuve exceptionnelle de gravité. A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Nous devons sortir de cette situation par le haut et tout de suite.

Tout de suite pour ne pas laisser à la droite qui nous a, année après année, donné le spectacle de la succession des affaires, des conflits d’intérêt, de ministres fautifs que l’on remplace au pied levé, s’élever en donneur de leçons, oser prétendre que nous avons perdu la bataille de la morale quand elle en a depuis longtemps perdu la guerre.

Tout de suite, parce que le Parti Socialiste est en ce moment réuni dans l’épreuve. Nous en avons fait l’expérience hier en Gironde à l’occasion de la visite de Martine Aubry. Les militants attendent de se mettre au travail pour 2012, pas de discuter entre eux.

Tout de suite parce que les Français en ont besoin. Qu’ils veulent un avenir pour eux-mêmes et une ambition pour la France. Nous aussi.

Je m’adresse à ceux de nos candidats qui sont légitimes. Que ceux-ci me pardonnent mais j’exclus de ce groupe très restreint ceux pour qui cette élection est un échauffement et un moyen d’ occuper l’avant-scène médiatique. Ils ont le temps.

Je dis très simplement à ces candidats légitimes : nous vous estimons et chacun de vous est digne de briguer la magistrature suprême. Nous vous demandons (je dis « nous » parce que je sais que nous sommes nombreux) de vous rencontrer, de vous réunir, nous vous demandons de vous unir.

Votre groupe est infiniment restreint. Chacun de vous aura, si nous l’emportons -et nous devons l’emporter-, une position éminente. Nous saurons lire le message de votre union et nous nous situerons à la hauteur de ce qu’elle représente.

Ne nous donnez pas l’occasion de nous déchirer ni d’être déchirés. Parce que nous vous estimons, combattre, non pas pour l’un, mais contre l’autre sera pour nous un déchirement. Comment dire « Pierre » ou « Paul » quand nous savons que la France a besoin de Pierre et de Paul et que tous deux sont appelés à gouverner ensemble ?

Ne nous donnez pas non plus l’occasion d’être affaiblis. Imaginons que Pierre soit gratifié de 52% à l’issue des primaires et Paul de 48, quelle belle campagne pour la droite brandissant son candidat unique qu’ils feront mine de tous plébisciter ! Combien de perfidies sur le thême « allez vous voter pour un candidat que la moitié de son parti récuse ? »

Alors à vous, dans cette situation exceptionnelle, de savoir qui a le plus de chances d’être élu par les Français, celui qui est le plus prêt, celui qui sent le plus fort en lui cette envie d’en découdre pour que ce ne soit ni la droite, ni l’extrème droite qui ait la moindre chance de continuer à précipiter la France dans la décadence et la souffrance. . Il y a sans doute une réponse différente à l’une ou l’autre de ces 3 questions, mais nous vous faisons confiance pour en tracer ensemble la résultante.

Nous sommes prêts et désireux de peser dès maintenant sur l’avenir par notre travail, par notre exemple, loin des coups foireux, des bals de communicants, des mises en scène, de l’hypocrisie, de tout ce dont nous sommes épuisés. Nous voulons avancer et retrouver les Français sur le chemin de l’honneur et de la victoire.

Une exigence de respect

L’inculpation de Dominique Strauss-Kahn n’est en aucun cas un fait divers. Il s’agit d’une affaire d’Etat pour la France et d’une affaire internationale. Ancien Ministre, directeur du FMI, candidat favori des sondages pour l’élection présidentielle française, il est à la fois un citoyen ordinaire et un haut responsable politique détenteur d’une part de l’image de notre pays.

L’exhibitionnisme judiciaire et médiatique dont il est l’objet est indigne car il contrevient à la fois à ces deux qualités de citoyen ordinaire et d’homme exposé. Il bafoue les principes de la démocratie américaine, celui de la présomption d’innocence et il attente à la dignité. Nul inculpé ne serait ainsi photographié et filmé sans que son image soit floutée, son nom tu et que les caméras soient mises hors des salles d’audience où il est interrogé. L’anonymat est impossible ici, le floutage ne servirait de rien mais la simple symétrie impose que des images telles que celles dont nous sommes abreuvés ne soient ni prises, ni diffusées.

L’affaire est d’importance. Elle me parait mériter que notre Ministre des Affaires étrangères convoque l’ambassadeur des Etats-Unis pour lui demander que ces règles soient respectées. Que notre gouvernement demeure sans réaction sur cette attitude outrageante est une faute et il est grave que l’on n’ait, sur ce point précis, rien entendu de sa part.

Il est difficile de parler d’autre chose

La nouvelle a été si brutale, l’information si choquante au sens le plus fort de ce terme, les interrogations si nombreuses, que l’esprit s’y heurte continuellement. Mon billet sur le sens de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat attendra.

Peut-il s’agir d’un piège tendu à DSK ? L’enjeu de la présidentielle est décisif pour le pays, il l’est aussi pour l’ensemble des formations politiques et pour faire simple, il l’est tout autant pour la droite que pour la gauche. Le risque d’un nouveau 21 avril, à l’envers ou à l’endroit, garantit une campagne très tendue où tous les va-tout seront joués. La campagne de 2007 risque bien de n’apparaître que comme une répétition générale au regard des mises en scènes, des conspirations, des coups de bluff, des montages médiatiques que nous avons à craindre.

Il y a reconnaissons-le des points rocambolesques et peu crédibles dans les accusations portées. L’idée d’un guet-apens, dans un domaine où l’on sait que DSK n’est pas sans fragilités ne peut être exclue. Avouons que si une manoeuvre de ce genre était démontrée, la politique en sortirait gravement touchée et l’inspirateur du piège n’en sortirait pas moralement vivant. Rien à l’heure où j’écris ce billet ne permet d’avancer dans quelque hypothèse que ce soit.

Dans tous les cas de figure, il s’agit d’un événement triste et inquiétant. Notre pays a un immense besoin d’exemplarité, de rigueur, de confiance, non seulement en la parole mais en la personne. Besoin de confiance en la politique, d’élan, d’adhésion, d’ambitions. Rien que l’on puisse trouver dans les plis du rideau de douche du Sofitel.

Serait-ce une personnalité politique de droite, notre responsabilité serait la même et si nous devons plus que jamais faire la preuve de l’union et du sens de la responsabilité du PS, il en va de même de la classe politique dans son ensemble. De ce point de vue, la réaction de Marine le Pen a été d’une grande vulgarité ; celle de Bernard Debré ne m’a parue digne du nom qu’il est le sien. Proche ami de DSK*, Alain Juppé aurait eu beaucoup de classe de s’exprimer pour le moins en faveur de la présomption d’innocence.

Attendons. Toutes les interrogations sont possibles, toutes les réponses sont également lourdes à porter.

  • je le tiens de la bouche même de DSK qui m’a téléphoné au lendemain de mon élection de 2007

Bioéthique : implantation post mortem et don du sang par les homosexuels

Deux autres avancées ont été entérinées avant hier et hier par notre commission de bioéthique à l’Assemblée : l’autorisation de l’implantation d’embryons post mortem et le don du sang par les homosexuels.

L’implantation post mortem souffre de sa dénomination qui la met sous le signe du deuil et non de la naissance. Avec raison puisqu’il s’agit d’une circonstance dramatique : l’implantation après la mort du père d’un embryon conçu dans le cadre d’une procréation médicalement assistée.

Nous avons voté hier son retour dans le texte de révision des lois de bioéthique alors que le Sénat (à l’origine par ailleurs d’avancées) l’en avait exclu. Saluons au passage le rôle positif de la députée UMP de Paris, Martine Aurillac, personnalité respectée que je n’ai jamais entendue prendre la parole de manière excessive ou contestable.

La question de cette implantation après la mort du père se pose heureusement rarement. Elle correspond à une situation où un projet parental a été engagé de manière indiscutables par deux personnes adultes. L’une est interrompue dans ce projet par un décès le plus souvent accidentel (les longues maladies n’incitent pas à la mise en route de cette procédure), faut-il pour autant priver l’autre de sa réalisation ?

Nous avons répondu « oui », en assortissant l’autorisation de conditions de délais : pas avant six mois pour que la décision ne soit pas prise par la mère sous le choc du deuil et avant 18 mois pour que l’enfant ne naisse pas à trop grande distance de la mort de son père.

Réfléchissons à ce que serait l’avenir de cet embryon en l’absence de cette autorisation : il serait soit détruit, soit implanté à une autre femme. Peut-on concevoir cet avenir en face d’une mère qui l’a conçue et veut, de manière responsable et réfléchie, le mener à terme.

La seconde avancée n’a pas la même gravité existentielle mais elle n’est pas pour autant négligeable. Le texte du Sénat avait entériné que le don du sang ne pourrait être refusé à aucun candidat donneur hors d’une raison médicale. Une ambiguïté subsistait : le refus en cas de rapport homosexuel masculin antérieur au don était classé dans l’arrêté régissant le don du sang au sein des raisons médicales (risque de transmission d’affection virale). Nous devrons donc lors de la deuxième lecture en hémicycle soit obtenir que l’arrêté soit revu et autorise explicitement ce don, soit voter un amendement le précisant.

Ces sujets sont austères. Ils sont l’occasion de discussions autour des valeurs que chacun de nous portent qui dépassent largement les clivages gauche-droite. Nous avons perçu, à gauche comme à droite, que l’un ou l’autre député avait mission de tenter de faire pencher le débat dans une direction purement politique et nous l’avons regretté… et outrepassé. Cette remarque n’a rien d’ « odieux » comme l’a évoqué un commentateur du précédent billet. Au contraire, en l’absence de tout manichéïsme, je souligne que les valeurs l’ont emporté sur les partis pris.

La commission de bioéthique de l’Assemblée autorise la recherche sur les cellules embryonnaires

La commission de bioéthique de l’Assemblée est un lieu privilégié du débat. Disons au passage que si elle s’intéressait aux conditions de vie – c’est-à-dire au social- et pas seulement à la vie stricto sensu, la majorité des lois de ce gouvernement auraient été retoquées. Mais ce n’est pas le sujet.

En commission ce matin, nous avons repris le débat sur la révision des lois de bioéthique après son passage au Sénat. Les sénateurs, au contraire de leur réputation de conformisme, ont obtenu quelques avancées du texte qu’il nous appartenait ce matin de maintenir, voire de prolonger.

La plus importante concerne la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Depuis la dernière loi de 2004, notre pays est confiné dans une hypocrisie qu’il convient de lever : elle interdit les recherches … sauf dérogations. Je passe sur les détails de ces dérogations -qui n’en sont d’ailleurs pas- pour rester dans le principe même du texte.

Notre proposition, dès la première lecture à l’Assemblée, était au contraire d’inscrire dans la loi une autorisation encadrée (c’est à dire dans certaines limites et pour des finalités définies). Dans la pratique « interdiction avec dérogations » et « autorisation encadrée » ne sont pas si éloignées et des chercheurs engagés dans ce domaine que nous avons auditionnés nous ont dit clairement n’avoir pas été limités ni contraints dans leurs travaux.

La différence est par contre grande dans le principe de la loi. D’un côté, l’interdiction, qui marque un signe de défiance envers nos chercheurs qui, entre nous, connaissent et pratiquent aussi bien l’éthique que nous ; et aussi, un affichage peu éclairé de notre pays au regard de la recherche internationale. Certains députés de droite défendent mordicus cette interdiction comme un signe à portée symbolique du maintien de l’interdit dont ils veulent entourer l’embryon.

Cet interdit ne tient pas et à mon sens, il ne tient pas même au regard des engagements spirituels de certains d’entre nous. Les embryons sur lesquels est pratiquée la recherche sont des embryons surnuméraires après fécondation in vitro et ces embryons surnuméraires sont destinés à la destruction. Autrement dit, la recherche ne compromet pas le développement de cet embryon puisque celui-ci n’aurait de toutes manières pas lieu.

D’autre part, les recherches visent, entre autres finalités, l’embryon lui-même. Un de leurs objets est de comprendre pourquoi tel embryon est viable et tel autre ne l’est pas et, dans un deuxième point, d’identifier des techniques permettant de pallier la cause de non-viabiité identifiée. La recherche va donc dans le sens de la vie et non seulement elle n’attente pas à la vocation de l’embryon qui est de fabriquer de la vie, mais elle la défend en cherchant à connaître et à traiter ce qui rendrait impossible cette « vocation ».

Le terme de vocation a ici le sens de « évolution naturelle ». Je n’ai voulu utiliser ni « essence de l’embryon », ni « identité de l’embryon » et j’ai choisi celui de vocation. L’humain a vocation à naître, se développer et mourir, et l’embryon est de l’humain en préparation qui partage cette vocation.

Au terme d’un vrai débat, respectueux même quand nous sentions qu’il y avait derrière certaines prises de paroles la main d’un dieu elyséen désireux de rallier un électorat que le bling-blingisme a un peu éloigné. Nous l’avons emporté et l’autorisation est désormais inscrite dans le « texte de la commission ». Une étape encore : la deuxième lecture en séance.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel