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Michel Lamairie, Hugues Lamairie, Jean-Louis Lamairie ?…

La lecture de Sud Ouest ce matin est édifiante : en l’absence du Grand Chef à plumes, la municipalité de Bordeaux est enjointe à un strict anonymat. Jusqu’au grand coordinateur Michel Duroseau (j’utilise là un pseudonyme pour me plier à la consigne) qui est tenu à une absolue discrétion quand il s’agit de grands projets pour ne pas faire la moindre ombre aux mocassins du Maire.

C’est donc un article sur le Grand Stade, qu’on construira contre vents et marées et en buvant jusqu’à la lie les échecs des Girondins, qui donne ce matin l’occasion d’un magnifique discours de sourds entre le journaliste Jean-Paul Vigneaud et un ou plusieurs adjoints habilement dissimulés derrière un rideau, voire à l’intérieur d’une burka au demeurant mal compatible avec l’entrée en vigueur de la loi.

La raison de ces pudeurs : c’est Alain Juppé lui-même, et lui seul, qui doit venir en majesté le 18 juillet annoncer la nouvelle de la réalisation de son Colisée et le nom des architectes choisis. Après la guerre de Tripolitaine, après la dure campagne de Perse Achéminide et la victoire (?) d’Abidjanus, notre Maire, tel César, inscrit aujourd’hui dans la pierre sa présence pour l’Histoire.

Côte d’Ivoire : une impression de malaise

Une impression de malaise en écoutant tout à l’heure la nouvelle de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Saurons-nous jamais la vérité du vote qui a ouvert cette crise, de la part de chacun dans la montée en tension des dernières semaines, dans l’arrestation elle-même ? Sans doute, non.

Mon inquiétude, chaque jour plus grande, de voir l’engagement de la France aux côtés d’un des deux partis n’est pas apaisée. Il ne s’agissait plus de rétablir la paix, pas non plus d’apporter une aide humanitaire à un pays, puis à une ville, dont la situation empirait chaque jour. Il s’agissait bien, littéralement, d’un parti pris.

Parti pris qui était celui de la communauté internationale. Parti pris qui s’est manifesté sur le terrain dans le cadre des forces de l’ONU, même s’il nos forces n’ont été à aucun moment confondues à celles de l’ONU, mais ont toujours paru agir distinctement.

Parti pris dont on ne peut nier qu’il s’est fait en direction d’un clan qui n’est pas lui même indemne d’actions sanglantes contre son peuple -toutes les preuves paraissent au contraire présentes- et dont certains un jour risquent de lui demander compte.

Je n’ai pas suivi l’histoire de la Côte d’Ivoire au cours de ces dernières années. Je m’éxerce donc à la plus grande prudence. Cette inquiétude que j’évoquais je vais la résumer de manière simpliste : j’espère que si des Ivoiriens dans leur char ou dans quelque autre situation ont été tués par nos forces, la charge n’en soit pas portée au discrédit de la France et de ses intentions.

« Avec tout ce qu’on voit… »

Sur le terrain, le leitmotiv de notre dernière campagne électorale a été cette courte phrase, résumant une saturation de déceptions, petites ou grandes, d’indignation rentrée et, somme toute, de grande lassitude de la chose publique.

Plus grave encore, même si elle se manifeste sous une autre forme, la tolérance que nous sommes en train d’acquérir à toutes les entorses aux principes républicains ou démocratiques. Médias, élus, personnalités diverses, cet univers réputé vigilant donne des signes d’accoutumance et d’acceptation aussi inquiétants que ceux qui ont conduit il y a deux semaines à un taux d’abstention record.

Le peu de réactions à la nomination à Bordeaux du Préfet Patrick Stefanini en est un exemple. Je dis bien « à sa nomination », pas à sa personne.

Qu’est-ce qu’un Préfet ? Le représentant et le serviteur d’un Etat impartial. Pour cette raison, il n’était pas de règle -ou du moins de coutume- de nommer à ce poste une personnalité connue pour ses engagements dans un parti, fût-il majoritaire. Patrick Stefanini a témoigné précédemment de son engagement fort en étant à plusieurs reprises candidat pour le RPR et pour l’UMP et en étant directeur de la campagne présidentielle de Chirac. C’est clairement pour moi une interrogation et j’ai tenu par un bref communiqué de presse à la manifester.

Ma deuxième interrogation a tenu à sa nomination à Bordeaux qui est à l’évidence la décision et le choix d’Alain Juppé dont Patrick Stefanini fut le proche collaborateur (au poste très politique de directeur de cabinet adjoint). Alain Juppé le désigna aussi comme son successeur dans la circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris.

Soyons honnêtes : il n’est pas surprenant qu’une personnalité d’envergure nationale, telle que l’est plus que jamais Alain Juppé, éloignée de son territoire, souhaite qu’un préfet qui lui soit « loyal » soit nommé sur son territoire. Mais entre « loyal » et « collaborateur proche », il y a un pas qui s’ajoute au motif de ma première interrogation. La somme me parait lourde.

Il est de belle coutume que les Préfets rencontrent tous les parlementaires de sa région. Langue a déjà été prise (selon la vieille formule qui va bien avec cette coutume) pour que j’aie un entretien avec notre nouveau Préfet. Je m’en ouvrirai clairement à lui et lui expliquerai que pour autant j’ai une trop haute idée de la fonction préfectorale pour douter qu’il ne puisse et ne veuille pas l’assumer à même hauteur.

La politique telle qu’elle meurt d’être

Cet après-midi, dans le cadre du congrès national de la LICRA, colloque autour de Pierre Moscovici, Jean Michel Quillardet et Alain Juppé.

La députée de la circonscription qui reçoit n’y a pas été invitée, non plus qu’à aucun des temps officiels de ce colloque ; ceci contrairement à tous les usages républicains, dans toutes les villes de France. J’y représenterai donc le Président du Conseil Général qui, une fois de plus, a été horrifié de ces pratiques.

De même, je recevrai demain les participants, dans les salons du Conseil Général où leur sera offert un cocktail déjeunatoire.

La Présidente locale a ainsi marqué son grand soin de ne causer aucun déplaisir au Maire de Bordeaux. On évoquera sans doute beaucoup cet après midi les principes républicains : cela n’autorise pas pour autant à y déroger.

Petit « détail » : Gabriel Delaunay fut, aux côtés de Jean Pierre-Bloch, un des membres fondateurs de la LICRA et c’est aussi en son nom que je serai présente.

L’Europe, encore l’Europe !

On en arriverait presque à donner raison à ceux qui se sont élevés contre Maastricht -dont le regretté Philippe Seguin- et contre le traité constitutionnel européen. L’Europe ignore décidément nos traditions, notre culture et nos particularismes locaux.

Une directive européenne en préparation risque aujourd’hui de mettre à mal des siècles de savoir-faire et de science oenologique. Pour d’obscurs motifs de protection du consommateur et de sécurité alimentaire, voilà qu’il est aujourd’hui question d’imposer une date de péremption au vin de Bordeaux.

Bien sûr, il y a des abus. On connait des caves où des bouteilles centenaires sont encore réputées buvables. On connait des restaurants parisiens ou des bouteilles de mon âge sont offertes à la dégustation de touristes ultra-fortunés au prix de dix ou quinze mille euros ! Et à Bordeaux même, des vinothèques exposent des bouteilles et des magnums ayant à l’évidence dépassé l’âge de la retraite, même prorogé de deux ans. Qui peut garantir à cet âge qu’un germe fâcheux ou quelques microgrammes de cette « bouillie bordelaise » qui protégeait nos vignes de la pollution fongique ne se soit dégradé en un dérivé hautement toxique ? Tout cela bien sûr ne peut totalement être ignoré ou négligé.

Quant à imposer sur chaque bouteille, sur chaque étiquette, une date de péremption nettement lisible, en deux langues puisque notre produit phare est largement exporté, je dois, moi-même qui suis une européenne convaincue et une ardente défenseure de la santé publique, trouver cela excessif. L’Europe doit aussi prendre en considération les conséquences économiques possibles d’une telle mesure sur nos territoires.

Toujours désireuse d’être à l’origine d’actions concertées avec notre municipalité quand il s’agit de défendre Bordeaux, je me propose de contacter l’adjointe Sonia Dubourg Lavroff, présidente de la Maison de l’Europe Bordeaux-Aquitaine, pour que nous demandions de concert des garanties sur la taille de l’inscription et surtout, bien sûr, sur les délais imposés, afin de défendre la sécurité alimentaire mais aussi une tradition et un art qui n’ont plus besoin de démontrer leur excellence.

Je compte aussi grandement sur notre amie commune Catherine Lalumière, ancienne secrétaire générale du Conseil de l’Europe, pour mener avec nous cette action. Je suis sûre en outre de pouvoir compter sans réserve sur celui qui reste pour nous le député européen par excellence, Gilles Savary. En connaisseur Il saura plaider pour les bienfaits de nos produits et témoigner de leur bonification en prenant de l’âge.

La demande en réalité viendrait, non des Européens eux mêmes mais des Chinois, premiers importateurs depuis peu de nos vins, qui auraient préféré agir par l’intermédiaire d’un intense lobbying européen que directement sur notre gouvernement dont ils craignent les fausses promesses. Quel qu’en soit l’auteur, nous devons aujourd’hui tous nous mobiliser et je ne pensais pas si bien dire en écrivant dans mes documents de campagne que chaque Bordelais avait aujourd’hui dans les mains une part de l’avenir de notre pays et de sa qualité de vie.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel