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Lendemain d’élections ; ni-ni or not ni-ni ?

Merci tout d’abord aux habitants du canton Grand Parc-Jardin Public qui m’ont fait confiance lors de ce premier tour des élections cantonales, me positionnant à un cheveu de ma concurrente ump (70 voix) malgré le formidable déploiement de forces de ce parti et de la municipalité sur ce territoire.

C’est cette confiance qui anime mon action dans les moments de doute, c’est cette confiance qui me donne de la force au quotidien.

Les scores élevés du Front National ont un peu éclipsé l’enjeu dans notre canton. Ce n’est pas une bonne chose, bien sûr pas pour la lumière médiatique sur ce canton précisément, mais par ce que cela révèle de désarroi dans notre pays et d’échec de dix années de pouvoir ump.

La question est aujourd’hui celle du vote républicain dans les cantons où un duel contre le Front National se présente. Fillon, sur ce point majeur, contredit Sarkozy et appelle clairement à faire obstacle à l’extrême droite.

Il y a bien sûr une part de posture dans cette déclaration. Elle n’est pourtant pas sans importance et nous en venons aussitôt à nous poser la question : « Et Juppé? °’

Juppé, va-t-il, appeler au vote républicain en Gironde ? Va-t-il clairement demander aux électeurs de Carbon-Blanc de rallier Philippe Madrelle ?

Ni-ni or not ni-ni (ni FN-ni PS): la droite se déchire sur les écueils qu’elle a elle-même dressés.

Dérisoire

L’adjoint Hugues Martin s’est fendu hier d’un communiqué abracadabrantesque dont le ton est donné par les premiers mots « Quelle surprise, quelle stupeur ..! »

De quoi s’agit-il ? Quel est l’objet de ce courroux ? Quelle est aussi sa destination?

Hugues accuse le Président du Conseil Général et moi-même de nous « approprier l’action visionnaire de Jacques Chaban-Delmas, opposant (nos) propositions de campagne au grand dessein de la « Nouvelle Société » ».

Quand on « oppose », ce n’est généralement pas qu’on s' »approprie ». Mais nous ne faisons ni l’un ni l’autre. Ni s’approprier, ni réfuter, ni même mettre en parallèle. Dans aucune ligne d’aucun document.

Comme je ne suis pas manichéenne, j’ai rendu hommage à plusieurs reprises à Chaban et à Jacques Delors, inspirateur de la « nouvelle société ». De la même manière, j’ai salué l’ambition de la création du quartier du Grand Parc et l’audace de Chaban qui a décidé d’implanter au coeur de sa ville un quartier d’habitat social à 80%. J’en connais qui au contraire « gentryfient » les quartiers populaires de leur ville pour s’assurer de leur bon vote.

Mais non, Hugues, ni récup’, ni reniement, simple salut à une grande période de notre ville.

Inquiétude au milieu de la nuit

L’inquiétude qui nous tient le coeur serré depuis des jours atteint pour moi cette nuit une sorte de sommet. A l’attente jamais obtenue de quelque chose qui nous dirait « le risque nucléaire est écarté au Japon » s’ajoute celle de la décision de l’ONU sur une intervention aérienne en Libye.

Parcourant internet, j’obtiens la confirmation que l’autorisation a été donnée d’intervenir. Parallèlement, l’étau parait se resserrer sur Benghazi. Des morts, dans tous les cas vont s’ajouter aux morts et tout cela donne une impression de folie.

A Bordeaux, nous sommes à deux jours du scrutin cantonal. Il parait minuscule et pourtant rien ne l’est, puisque pour les deux sujets précédents, il n’est rien en notre pouvoir. Essayé ce soir de tenir réunion sereinement, d’appeler à la force et à l’énergie, mais déjà l’inquiétude m’étraignait et je sentais un décalage entre ma voix et mes paroles qui n’a j’espère pas traversé ma perception intérieure.

Etrange campagne. Petit noeud de tension au milieu de la tension générale.

Après l’heure d’hiver et l’heure d’été, l’heure de la fin de la précarité

Sommes-nous dédouanés de l’abandon, de la détresse, de la précarité, parce que nous regardons à la télé les images de morts de 10 000 de nos congénères et que des bonimenteurs opportunistes sautent dans le train de la terreur nucléaire ?

Parce que d’autres souffrent, nos souffrants souffrent-ils moins ? Ne devrions-nous pas au contraire, dans le calme et la dignité comme nous l’enseignent les Japonais, nous porter à leur secours ?

Le centre Tregey à Bordeaux va fermer ses portes dans un peu plus de deux semaines. Les bénévoles qui s’occupent de ce centre, ouvert dans le cadre du plan d’urgence hivernal, commencent à limiter les entrées pour que demain, ceux auxquels ils n’ont d’autres solutions à proposer que de les remettre à la rue, soient moins nombreux.

Que ferions-nous sur les plages et dans les ports de la côté est du Japon ? Que ferions-nous, si nous-mêmes en avions réchappé, si nous-mêmes avions pu constater les ravages de cette dramatique loterie qui fait que l’un meurt et l’autre vit suivant le lieu où il s’est trouvé au moment M, selon l’endroit où il né au moment N ?

Que fait notre gouvernement ? Que faisons-nous ? Pour que les naufragés que nous avons secourus trois mois durant ne soient pas remis à la rue ?

On le sait, je suis engagée jusqu’au 27 mars dans une élection cantonale qui n’est pas sans conséquences locales et fait partie d’un grand enjeu national. Je n’ai jamais oublié une phrase saisie au vol dans une interview de Gabriel Garcia Marquez : Il n’y a pas plus grand acte révolutionnaire que de faire au mieux ce pourquoi on est le moins mal fait ».

Je fais jusqu’à cette date, au maximum de ce pourquoi je suis la moins mal faite. Et dès le lendemain, je serai aux côtés de ceux qui refusent une date de péremption, le 31 mars, pour la précarité, l’isolement et la détresse.

Laisserons-nous Benghazi tomber ?

La Libye pose à l’Europe et à la France une question d’une extrême gravité et, je le dis sans arrière-pensée, je ne comprends pas de ne pas entendre le Ministre des affaires étrangères et européennes de la France sur ce sujet majeur.

Kadhafi est à l’évidence en charge de mettre un coup d’arrêt au printemps arabe. D’abord pour lui-même et son pouvoir, mais aussi avec le soutien, voire la connnivence, des autres pouvoirs forts que les révoltes concernent ou pourraient concerner.

L’interrogation est pour nous considérable. Nos liens avec des personnes nombreuses dans nombre de ces peuples ne peuvent nous laisser indifférents à leur avenir, à leur souffrance, au risque d’en voir des centaines, des milliers, sacrifiés, sans force, sous des bombardements aériens, des tirs de roquettes, des avancées de chars. Ces liens sont aussi des limitations, des risques, parce que l’Histoire interfère. Il ne s’agit plus seulement de ceux qui sont présents dans notre pays, mais de ceux qui ont combattu contre nous comme de ceux qui, dans d’autres périodes, ont combattu à nos côtés. Des liens personnels m’ont appris que ceux-ci et ceux-là pouvaient être les mêmes ou leurs enfants.

Ne laissons cependant pas l’Histoire obscurcir notre vision. Nos engagements, tout ce que nous croyons, nous pousse à soutenir chaque pas vers la démocratie. Plus profondément encore, l’exigence d’humanité qui est ancrée en nous nous fait désirer faire quelque chose pour que les révoltés d’hier ne deviennent pas les sacrifiés, les tués, les emprisonnés, les exilés de demain.

A la place qui est la mienne, j’ose dire : je ne sais pas. D’un quart d’heure à l’autre, en suivant les informations relativement limitées que nous recevons (elles sont obscurcies par le drame japonais), je penche vers une intervention ou j’en vois les risques.

Je dirais la même chose s’il s’agissait de Kouchner, de Védrine ou de tout autre, s’ils se taisaient. Après la pantalonnade sarkozienne, jouant les matamores aux côtés d’un Malraux revu par TF1, j’aimerais entendre l’expression d’une réflexion, d’un point de la situation qui soit pleinement informé, et surtout d’un engagement personnel. Que nenni, le numéro 2 du gouvernement fait le dos rond, arpente les rues de mon canton, réunit ses communicants pour rebondir.

Ma question est brutale. Elle sonne un peu comme le « Delenda est Carthago » de nos manuels de latin. Elle n’est d’ailleurs peut-être pas moins importante au regard de l’Histoire :

Laisserons-nous Benghazi tomber ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel