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Et vous, de quoi vous indignez-vous ?

C’est « le Monde » qui, à la suite de Stephane Hessel, a lancé l’interrogation à chacun de nous. Bel exercice de voir ce qui vient en premier, presque sans réfléchir.

Pour moi, trois réponses sont arrivées en bouffée. La plus simple à expliquer et la première que je livrerai ici : que l’on puisse encore, après tant de siècles et une si longue maturation de la pensée et des croyances, après tout ce que nous a appris l’histoire, que l’on puisse encore insulter, haïr, diviser, violenter, blesser, torturer, tuer, au nom de la religion.

Je n’ai employé aucun mot qui puisse désigner une religion plutôt qu’une autre. Toutes subissent, comme l’attrait du néant, cet effarant appel des intégrismes ; toutes échouent, à des degrés divers, à le contrôler et surtout à en démontrer l’absolue inanité, l’inacceptable trahison ce qui est l’essence même de leur message, même si ce message apparaît de l’une à l’autre d’une modernité plus ou moins aisée à déchiffrer, aucune, absolument aucune, n’est vectrice de haine et de meurtre.

Maintenant, à vous…

Ce soir déjà, la deuxième décennie du XXIe siècle !

Ce soir, déjà… Et ils sont si nombreux pourtant à ne pas s’être aperçus encore que nous y étions entrés !

A gauche, à droite, au milieu, au plus haut niveau de l’Etat, si nombreux à ne pas savoir que les équilibres sociaux ont changé, que la pauvreté grandit mais qu’elle n’est plus la même, que les maladies sociétales l’emportent en nombre de malades sur les maladies infectieuses ou lésionnelles, que les religions se laissent tenter par l’intégrisme, que le monde lui même bascule vers d’autres continents quand nous hésitons à peser d’un poids commun sur le nôtre…

La rupture sera-t-elle plus ou moins radicale entre le XXIe et le XXe qu’entre le XXe et le XIXe ? Tout laisse à penser, la rapidité toujours croissante des évolutions techniques et scientifiques, les performances de tous ordres de l’Asie, la conquête difficile de l’Afrique par l’Afrique qui ne sera achevée que quand ce continent aura accès à l’énergie, qu’elle sera plus forte, plus « globalisée » et surtout qu’elle demande des réponses qui dépassent le petit bout de la lorgnette de chacun.

C’est pas gagné. Pourtant il y a des éléments d’espérance, sur lesquels appuyer les voeux que nous allons nous faire tout à l’heure. Le presque centenaire Stephane Hessel prône l’indignation, qu’on devrait en effet enseigner dans les écoles. Elle aussi a changé mais elle devrait être partout, à tous les niveaux, de l’esprit critique au franc coup de gueule.

Les voeux ne marchent que si l’on s’en sert et ils ont la propriété de ne jamais s’user. Ils se réalisent d’autant mieux qu’on les aide et qu’on fait soi-même une partie du boulot pour qu’ils viennent à réalité.

C’est ce que je souhaite à chacun de vous. Individuellement et tous ensemble.

Une « agora numérique » au coeur de notre agglo

J’y « pense en me rasant le matin », comme disait l’autre, j’y pense le soir : rendre à la salle des fêtes du Grand Parc, murée depuis 20 ans, son rôle de lieu de culture et de convivialité au quotidien, est une des raisons de ma présence au élections cantonales de mars. Et nous y arriverons.

C’est un projet pour le canton Grand Parc-Jardin public, mais c’est aussi un projet pour tout Bordeaux et son agglomération, comme l’est le « Rocher Palmer » récemment inauguré et déjà couronné « projet d’excellence culturelle au coeur des quartiers » par l’Académie des Arts (Salut au Maire-Conseiller général de Cenon!). Voilà un projet exaltant mais tellement en opposition avec la politique culturelle de la ville, faite de grosses institutions et d’évènements bling-bling, que celle-ci a oublié d’en saisir l’importance.

Vingt ans de perdus, c’est une génération perdue, selon le beau mot de Gertrude Stein, reprise pour un de ses ouvrages par notre ami Michel Suffran. Toute une génération qui n’aura pas connu les joies d’un concert prestigieux au coeur de son quartier, la familiarité stimulante d’un ciné-club, la création d’une pièce de théâtre auquel l’un ou l’autre participe ; qui n’aura rien su de la culture dont on est soi-même l’acteur.

Il faut retrouver l’ambition initiale de la salle des fêtes : « Maison de la culture » attractive pour toute la ville, lieu de convivialité et de culture au quotidien pour les quartiers qui l’entourent, mais l’installer dans ce XXIe siècle dont commence la deuxième décennie sans que beaucoup paraissent s’en apercevoir.

Si Malraux lançait aujourd’hui son éblouissant projet de Maisons de la culture, il mettrait au coeur de chacune d’elles ce nouveau mode d’expression, d’échange et de création qu’est l’internet. Il avait eu l’idée, bien avant tout le monde, d’un enseignement médiatique de masse. Cette idée était tellement innovante, (reconnaissons-le aussi, mal portée lors d’une intervention télévisée) qu’elle a coûté à Jacques Chaban-Delmas ses chances d’élection à la Présidence de la République. Avec le recul du temps, comme c’est injuste : c’était une authentique vision d’avenir.

Aujourd’hui nous savons que l’internet est, et doit être, un outil de culture et de liens. Liens entre les âges, les modes de vie, les savoirs. Il peut être aussi l’occasion d’une fracture irrémédiable entre ceux qui y auront accès, qui sauront l’utilliser à son meilleur et ceux qui resteront paralysés ou seulement consommateurs passifs devant ce nouvel outil. C’est la base de notre réflexion pour le projet d’ « Agora numérique » que j’ai présenté hier.

Quelle estimation pour un tel projet ? En examinant tout ce qui a été annoncé pour les projets abscons de la Mairie (du boulodrome à la Maison de l’Emploi..), on peut avancer les chiffres de 2 à 2,5 millions d’euros.

Est-ce que cela ne rappelle pas quelque chose ? « Evento » qui n’a laissé dans les mémoires que le souvenir d’un magistral flop a coûté 4,2 milllions d’euros. Pour la moitié, le Maire de Bordeaux, aurait pu doter sa ville d’un équipement durable (le mot est à la mode et, pour une fois, il a un sens), capable de donner un souffle à la culture dans toute notre agglo et, avec un peu de talent, d’attractivité pour la ville elle-même. Je rêve d’une salle des fêtes qui n’est plus ce visage de clown dont le maquillage a coulé, mais dont le pinceau de Christian Lacroix saurait décliner les couleurs. Et que l’on viendrait voir de loin.

Alain Juppé avait pensé un instant à un projet culturel, à la condition que Bordeaux fût élue capitale européenne de la culture. Le bling bling toujours. Marseille a eu le pompon, et le Grand Parc, rien, toujours rien.

« La vie est ailleurs », disait Kundera. Ailleurs, toujours ailleurs, pour les habitants des quartiers. C’est ce dont il ne faut plus vouloir si nous ne voulons pas voir nos sociétés se déchirer et se perdre.

Grand Parc / Jardin Public auront une salle des fêtes

Grand Parc, Jardin Public, ces deux lascars si différents, si complémentaires, qui composent le canton du même nom, auront une salle des fêtes ! C’est notre engagement.

Mais tout cela mérite un peu d’explications…

Vingt ans, vingt ans, c’est à dire plus d’une génération où les enfants naissent et grandissent sans autre refuge que la télé, sans autre projet culturel, sans autre lieu de convivialité où l’art et la beauté sont les moteurs de l’ambition commune, vingt ans que la salle des fêtes où les Bordelais de tous poils, âges, nationalités, milieux sociaux, goûts musicaux se sont longtemps retrouvés, vingt ans que la salle des fêtes est fermée. « Nous y travaillons d’arrache-pieds » a répondu ce soir la municipalité. Vingt ans à s’arracher les pieds, il ne faut pas être grand anatomiste pour savoir qu’on est déjà loin au delà de la hanche.

Et nous en sommes là, en effet. Avec notre majorité du Conseil Général, avec et autour de son Président, nous avons décidé que ça suffisait.

Et donc : nous nous portons acquéreurs du lieu et nous présentons un projet, destiné à être amendé, confronté, porté mais en tout cas à servir de pièce maîtresse et solide, dans l’harassant travail que la Municipalité mène à pas étroitement comptés depuis vingt années.

Je reviendrai en détail sur le projet : une « agora numérique » rassemblant toutes les générations, les créateurs comme ceux qui veulent simplement communiquer et recevoir, autour de l’outil par excellence du XXIème siècle qu’est internet. Mais aussi, une salle de spectacles, vitrine et tête de pont de notre IDDAC et un lieu de convivialité et de culture au quotidien.

Voilà. J’y crois et nous le ferons. Et c’est aussi pour cela que je me suis portée volontaire pour être présente aux élections cantonales.

Les élections cantonales, reconnaissons-le, en ville surtout, ça ne fait pas vibrer grand monde. A Bordeaux, l’enjeu, les enjeux, sont plus importants que l’apparence.

Le moindre n’est pas, pour moi, pour nous, de redonner à ce canton, à ce quartier du Grand Parc, la place dans la ville qu’il avait dans les sixties. Qui nous aime nous suive.

Le silence est doux dans un bureau, lourd dans un lieu de culture

Travailler -bien au chaud- quand une grande partie de la ville est en vacances a sa part d’agrément. La ville est plus silencieuse, le téléphone aussi et le travail n’a pas la même qualité.

Avant de quitter mon bureau, j’ai envie d’un de ces petits moments d’intimité qu’on peut avoir avec son blog quand l’actualité se desserre et que le mouvement brownien qui agite les élus de la République se ralentit.

J’ai bossé cet après-midi l’incroyable dossier de la salle des fêtes du Grand Parc : un équipement emblématique de ce quartier, qui a connu mille belles aventures culturelles (cine-club, concerts de Murray Head, ACDC et bien d’autres, débats, conférences) et qui a fêté tristement en 2010 le vingtième anniversaire de sa condamnation au silence.

Motif ? Initialement, la présence d’amiante. Mais durablement, quoi, sinon l’incurie d’une Municipalité qui ne connait de la culture que l’Opéra de Bordeaux (50% du budget annuel) et d’épisodiques événements confiés à des créateurs venus d’ailleurs ?

La salle est réduite au silence, son incroyable façade qu’il serait si facile de remettre en valeur est là comme un visage triste sur lequel le maquillage de scène a coulé. Ce matin, lors d’une courte visite dans le quartier, la mauvaise humeur m’a pris : pourquoi dans cette période où le quartier aurait grand plaisir à un spectacle ou à des rencontres festives, n’y a t-il rien que ce silence glacé et l’annonce d’une n’ième concertation?

Je voulais écrire au fil des touches de l’ordinateur. C’est vers la salle des fêtes qu’elles m’ont menée. Il n’y a sans doute pas de hasard. Le sujet m’a occupé une partie du jour et il a un étroit rapport avec l’écriture et toute forme de création, fût-elle celle d’un billet sur un blog.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel