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Retraites : coup de force contre la représentation nationale (communiqué de presse)

Michèle Delaunay, qui a siégé toute la nuit avec les députés socialistes pour défendre les retraites des Français, faire reconnaître la pénibilité et le droit de partir à la retraite à 60 ans, exprime son indignation après la décision autoritaire de mettre fin au débat du Président de l’Asseemblée, Bernard Accoyer, à l’évidence sous ordre présidentiel.

La réforme des retraites décide de la part du temps travaillé dans la durée de la vie, interroge la vision qu’a notre société de l’âge et engage les générations à venir. Devant cette responsabilité, chaque député tenait à exprimer personnellement les raisons de son vote et pour cela à faire valoir le droit que lui garantit l’article 49-13 du règlement de l’Assemblée. Ceci d’autant plus que selon la procédure du temps programmé, beaucoup n’avaient pu s’exprimer sur les articles, ni défendre leurs amendements. Il fait partie des préroratives essentielles d’un représentant de la Nation de pouvoir s’exprimer au Parlement à titre personnel et d’informer ainsi ceux qu’ils représentent de ses positions et de ses votes.

Au lieu de cela, cette réforme, qui dans tous les pays où elle a été abordée a demandé de nombreux jours de débats démocratiques et des années de négociations avec les partenaires sociaux, est expédiée de manière autoritaire en cinquante heures, sans qu’aucun des amendements de l’opposition n’ait été accepté par un Ministre à l’argumentation particulièrement faible et répétitive et sans même que tous aient été examinés et débattus.

En empêchant les représentants du peuple de s’exprimer, c’est aussi les Français que le gouvernement veut bâillonner en tentant d’éviter leur expression dans la rue et la montée des mécontentements qu’une prolongation ou un report du vote auraient pu favoriser.

Les socialistes ont demandé tout à l’heure la démission de Bernard Accoyer, estimant qu’il dérogeait à son devoir d’indépendance et constatant que c’est la première fois dans l’histoire de l’Assemblée nationale qu’un Président outrepasse ainsi ses fonctions.

Ce coup de force contre la représentation nationale sonne, après beaucoup d’autres alertes, le glas d’un système et d’un mode de gouvernement chaque jour plus déconsidérés.

Musée de la Marine : tout arrive !

Tout arrive en effet, mais bien souvent , comme on va voir, alors qu’on est déjà dans l’au-delà.

Depuis mon arrivée au Conseil Municipal de Bordeaux en 2001, je suis intervenue à maintes reprises pour demander que Bordeaux retrouve son Musée de la Marine. Ecoute agacée du Maire, quand il ne sortait pas de la salle comme l’habitude l’en prit dans l’année 2007. Proposition en tout cas régulièrement balayée de l’auguste revers de la main municipale.

J’avais dans ces années visité le Musée de la marine à Paris et découvert la richesse des pièces qui venaient de Bordeaux, du temps où notre ville abritait place de la Bourse un musée de la marine. Régulièrement aussi Monsieur Daniel Binaud, concepteur du Marinopole, venait m’en exposer la nécessité, les vertus et la possiblité sans excès de bourse délier. Pour tout dire, un musée de la marine ne coûterait pas davantage au contribuable que les vestiaires d’un Grand Stade. Suivez mon regard.

Nous nous trouvions en plein accord sur tous ces points, comme d’ailleurs nombre de Bordelais amoureux de leur port et de leur fleuve et conscients que l’un et l’autre font partie de l’essence même de notre ville, comme d’ailleurs de son nom.

Et après chaque visite, quand il était question des musées, de leur fréquentation, de la fête du fleuve et autres animations, je rappelais au Maire ce désir de musée de la marine.

J’ouvre ce matin Sud Ouest pour découvrir qu’une initiative privée du promoteur Norbert Fradin prend forme. Un musée de la marine pourrait renaître sur les bassins à flots. Espérons que le Maire lui fera meilleur accueil qu’à sa conseillère municipale obstinée.

Las ! Daniel Binaud est mort. Au moins je tenais à lui rendre hommage.

Le féminisme n’est pas mort

Il s’est élargi, complété de préoccupations sociales majeures, complexifié quelquefois avec l’émergence de nouvelles données sociétales, mais il n’a jamais été aussi nécessaire.

Tout à l’heure, lors de la séance de clôture de l’Université d’été du planning familial que nous accueillions dans les beaux nouveaux locaux du Conseil général de la Gironde, la preuve a été donnée qu’il était aussi très vivace. Quelle réunion politique peut se prévaloir de la diversité générationnelle, de la passion, de la vivacité des débats qui se déroulés pendant deux jours à Bordeaux ?

Je n’aborderai ici qu’un point qui a fait l’objet d’une de mes dernières interpellations écrites au gouvernement : le machisme scolaire.

Nombreux sont les enseignants, de tous niveaux scolaires, à témoigner de la montée en puissance des attitudes et des propos discriminatoires, méprisants, visant à humilier et à abaisser, à l’encontre des jeunes filles. On n’en parle peu, on ne prend guère en haut lieu de mesures éducatives à leur encontre.

Pourtant il suffit de si peu : un propos humiliant qui n’est pas relevé, redressé, puni, peut laisser une trace indélébile chez la fille, et un sentiment d’impunité, voire une certitude d’avoir raison qui fera son chemin délétère et s’amplifiera chez le garçon.

Cela vient aggraver la guerre qui est faite dans les quartiers, dans certains établissements, aux filles qui s’aventurent à porter une jupe. Le pantalon a été pendant plusieurs décennies le signe de l’émancipation, la jupe deviendra-t-elle pour les féministes en herbe un signe de résistance au machisme ordinaire et extraordinaire ?

Ne soyons pas pour autant manichéens. L’excès inverse existe. Un adolescent, partout dans le monde, est un adolescent et des tenues provocantes de la part des filles méritent quelques explications de la part des enseignants. Mais ce problème est à l’heure actuelle loin d’être le plus préoccupant.

Si UNE PART du chemin de l’égalité des sexes a été faite pour les femmes socialement et culturellement favorisées, partout on constate que dans les milieux socialement plus fragiles une aggravation des ségrégations et des contraintes à l’égard des filles et des femmes. Jamais le constat « ce qui est bon pour les femmes est bon pour la société toute entière » n’a été aussi justifié.

Jamais nous n’avons mesuré avec autant d’acuité que le combat pour l’égalité des sexes est d’abord un combat pour l’égalité tout court.

Eric Besson à son pire

Se surpasser n’est pas donné à tout le monde. Eric Besson peut le faire.

Auditionné hier après-midi par la commission des lois de l’Assemblée nationale sur le projet de loi « Immigration, Intégration et Nationalité », il a présenté avec le talent qu’on lui connait les derniers amendements gouvernementaux

– l’un instituant la déchéance de nationalité pour les citoyens d’origine étrangère ayant porté atteinte à la vie d’une personne dépositaire de l’autorité publique : le Gouvernement crée ainsi deux catégories de citoyens : les méchants ordinaires descendant un gendarme à bout portant mais nés à Saint Flour ou à Saint Brieuc et les vrais grands méchants, surpris dans la même activité, mais dont les parents ou eux mêmes sont nés à Oujda ou à Tigzirt. On remarquera que, dans sa grande mansuétude, le gouvernement ne fait pas entrer en ligne de compte l’origine du gendarme?

– trois autres facilitant l’expulsion des Roms, spécialité française pourtant d’ores et déjà saluée par l’Union Européenne comme par l’ensemble des églises. Le texte d’Eric Besson est de ce point de vue parfaitement en phase avec la totale inefficacité des lois votées par la droite depuis 2002 ans : l’immigration clandestine en France n’a pas baissé d’un iota, malgré l’augmentation toujours croissante du nombre d’interpellations.

Dans la droite ligne de la politique du chiffre en matière d’expulsion, ce projet de loi vient aussi durcir le contentieux de l’éloignement :
– en allongeant de 12 jours la durée de rétention, c’est à dire en prolongeant la privation de liberté pour des personnes qui n’ont commis aucun crime ni autre délit que de n’être pas né en Auvergne
– en instituant un véritable bannissement, interdisant à des personnes qui ont construit leurvie en France de revenir auprès des leurs pendant plusieurs années.

Un « détail » encore. Si le texte prétend lutter contre l’immigration clandestine, il ne contient aucune disposition à l’encontre des passeurs et des filières mafieuses s’enrichissant dans l’estimable commerce de la traite d’êtres humains.

A l’hôpital

C’est affreux d’écouter un collègue hospitalo-universitaire dire que si il avait quinze ans de moins, il partirait. C’est affreux quand on connait son attachement à l’Hôpital, sa conscience, sa présence, la masse de travail que représente ses connaissances et sa pratique.

C’est affreux d’entendre que, dans une clinique voisine, il y a des dépassements d’honoraires de 20 000 euros pour une intervention chirurgicale que l’on peut qualifier de routinière.

C’est affreux d’apprendre qu’une collègue plus jeune, hyperspécialisée dans son domaine, va partir dans une clinique de la ville et, immanquablement, emmener avec elle les patients relevant de sa spécialité et priver ainsi l’hôpital de ce pôle d’excellence.

C’est affreux de découvrir que, pour un seul week end de garde dans une autre de ces cliniques, un interne gagne plus que son mois de salaire hospitalier.

C’est affreux de voir dans le réel et le quotidien ce que nous avons dénoncé lors du débat de la loi portant réforme de l’hôpital (faussement appelée HPST) : cette « fongibilité asymétrique » qui organise l’hémorragie des forces vives de l’hôpital en direction du secteur privé.

Depuis trois ans que j’ai quitté le temps plein hospitalier, tout ce qui s’annonçait, qui existait déjà, a pris force, est devenu règle générale, est admis comme inéluctable.

Dans cet hôpital que j’aime, dont la cour intérieure ressemble à une cour de cloître, renforçant le caractère sacré de l’exercice de la médecine et de la souffrance humaine, percevoir les dégats d’une politique qui n’a plus rien d’humaniste, qui méprise ou au moins laisse de côté ce qui tient la société ensemble, a une dureté encore plus grande que quand nous la dénonçons à l’Assemblée ou dans les médias.

L’hôpital, au moment où il parvenait à un très haut niveau de réussite, est sapé dans ce qui lui a permis de se construire. En plusieurs siècles, les progrès de la médecine, le progrès de la conscience humaine aussi, ont fait évoluer les hospices pour indigents, où les soignants étaient d’abord animés par la charité, en des structures hautement performantes mais dont l’esprit d’humanité, le soin, l’attention, la perception de la fondamentale égalité de l’humaine condition n’ont jamais été exemptes.

Ce sont des grands mots. Ce sont, dans la réalité, bien souvent des petits faits, des liens entre les personnes, malades et soignants, soignants entre eux qui constituent une équipe et en sont gratifiés, C’est un respect mutuel : je n’ai jamais entendu une parole raciste dans les hôpitaux, une infirmière ou une aide soignante de n’importe quelle couleur et origine sait pourquoi elle est là et se sent participante à l’action commune. Le sens de tout cela est : nous avons tous besoin à égalité les uns des autres.

Non, je ne raconte pas bisounours. Il y a des imbéciles dans les hôpitaux, des jaloux, des aigris, comme partout, mais je le crois un poil moins que partout car ils mettent à chaque instant leurs motifs d’aigreur ou de jalousie en perspective des raisons pour lesquelles malades comme soignants sont là. A ce propos, je proposerais volontiers un petit séjour régulier dans les hôpitaux pour l’ensemble du personnel politique (je pense à vrai dire en tout premier lieu à une poignée de furieux, d’inconscients et de gonflés d’orgueil pour laquelle cette prescription revêt un caractère d’urgence).

Voilà, j’ai vidé mon sac. Enfin, une toute petite partie de mon sac.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel