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Le club des vieux durables

Lors du Séminaire de l' »Assemblée des femmes » qui se tenait à La Rochelle autour d’Yvette Roudy, nous avons débattu (entre autres) de diversité générationnelle. Chacun(e) a reconnu les dégâts du « jeunisme », l’importance du vocabulaire dans les échanges entre générations, et aussi la difficulté radicale à employer le mot « vieux » ou « vieillir ».

Pour les hommes, c’est simple, c’est un mot qu’ils ne connaissent pas. Dans mon groupe de travail « politique de l’âge » à l’Assemblée, ni garçon, ni barbon, aucun, strictement aucun, élément du sexe masculin. Sans doute celui-ci, tel Faust, a-t-il passé un pacte avec le diable pour se prémunir de verser dans cette inexorable condition. Je ne suis pas tout à fait sûre que les électeurs, et d’abord les votants majoritairement âgés, leur en sachent gré. Quoi qu’il en soit, prenons-en notre parti, on ne les refera pas d’un coup et on trouvera toujours comme adjoint au Maire ou Secrétaire d’Etat en charge des personnes âgées, des femmes.

Je m’égare un peu. Revenons au mot. Il est vrai, qu’au contraire de l’anglais, la langue française n’a pas de verbe dépourvu de connotation négative pour exprimer le vieillissement. Il faut recourir à la périphrase « avancer en âge » pour trouver le correspondant de « to age », le plus souvent utilisé au participe présent « ageing ».

L’unanimité s’est faite pour dire qu’il fallait bousculer le vocabulaire et soit trouver un remplaçant à « vieux » qui ne soit pas l’horripilant « seniors » ou le patelin « ainés » , soit relooker le mot « vieux », le regonfler à l’humour et si possible le rendre sexy.

Il y a quelques jours, un article du Monde, me confirmait dans l’idée que j’appartenais bien à ce groupe des vieilles et des vieux. Bien que, papy boom aidant, les employeurs commencent péniblement à considérer leurs salariés de plus de 50 ans un peu autrement que comme des « has-been » trop payés, une étude issue du Ministère du travail demeure inquiétante. Le verdict est là : on est un « senior » à partir de 55 ans, et un senior âgé à partir de 58 et demi, c’est à dire bien avant l’âge légal de départ à la retraite.

Les conséquences ne se font pas attendre : moindre accès à la formation à partir de 55 ans, chances d’embauche réduites à zéro à partir de 50.

Moralité (immorale au demeurant) : vieille, je suis et vieilles nous étions nombreuses à l’être à l’Assemblée des femmes. Nous avons décidé qu’il ne fallait pas attendre nos homologues masculins pour en être fières et le proclamer, il fallait s’en charger nous mêmes.

Car si nous sommes vieilles, nous avons la ferme intention de le rester longtemps, et pendant tout ce temps, d’agir, d’embêter ceux qui le méritent, de secouer ceux qui en ont bien besoin et de réveiller ceux qui ronflotent .

Tant et si bien que j’ai proposé sur ces bases à mes congénères de plus de 55 ans de créer un club : « les vieilles durables ».

Les adhésions sont ouvertes, sous réserve de p(m)arrainage. Et tant qu’on y est, si quelques extra-lucides du sexe masculin veulent nous rejoindre, nous les prendrons.

Nous étions vingt et cent, nous étions des milliers

Très belle manifestation pour que notre République veille à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Partis quelques centaines du parvis des droits de l’homme à Bordeaux nous avons fini place de la victoire (très beau signe !) quelques milliers.

Atmosphère de bonne humeur sur fond de gravité. La joie de voir réunis toute la gauche dans sa diversité, toutes les confessions, et bien sûr toutes les associations qui avaient appelé à ce rassemblement.

Le PS, volontairement sans banderole pour manifester cette pluralité et cette convergence était représenté en qualité et en nombre.

On se retrouve tous mardi prochain !

Ecoles privées hors contrat : l’insuffisant pouvoir des instances académiques

L’affaire Saint Eloi-Saint Projet à Bordeaux, révélée par l’émission « les infiltrés » du 27 avril 2010, a levé bien des lièvres.

Toute proportion gardée, l’effet détonateur et multiplicateur est du même ordre que celui des enregistrements cachés au domicile de Liliane Béttencourt. Dans les deux cas, sans ces événements, la dalle serait restée scellée sur des problèmes qui sont autant de dossiers d’envergure nationale.

Dans le terrier levé à Bordeaux, la question, elle-même multiple, des établissements privés hors contrat.

« Hors contrat » ne doit pas vouloir dire « Hors la loi ». C’est pourtant partiellement le cas ; défiscalisations équivalant de facto à un financement d’Etat, insuffisant pouvoir de l’Education nationale, placent ces établissements en dehors de la règle commune.

L’émission de France 2 a révélé au collège Saint Projet la tenue de propos racistes et la dispensiation d’un enseignement proche du révisionisme, toutes choses tombant sous le coup de la loi.

Deux inspections diligentées à Saint Projet par l’inspection académique ont démontré un manquement au Code de l’éducation relatif aux objectifs du socle commun d’éducation inscrits dans ce code. Pour faire simple : l’enseignement dispensé s’écartait du socle de connaissance exigibles parce que susceptibles de garantir l’égalité entre les petits Français. Cette formulation, un peu empoulée pour le lecteur ordinaire, veille à ne pas s’écarter des formules de la loi. L’intégriste est par nature procédurier et je recommande à chacun de ne pas lui prêter la main.

Quel pouvoir avaient, à l’issue de ces inspections, les responsables académiques ? Un pouvoir totalement insuffisant. Pleinement avertis de l’état de nature signalé en fin de paragraphe précédent, ils ont examiné les textes au microscope à double entrée. Avec raison.

Leur pouvoir a été de signifier à l’établissement et aux familles la nécessité d’inscrire les enfants pour la rentrée suivante (demain 2 septembre) dans un autre établissement.

Ce pouvoir a encore été affaibli par le fait que l’établissement a refusé de communiquer les adresses des familles et l’un des commentateurs fidèles de ce blog s’est gaussé de ce que les parents n’avaient rien reçu. Il en savait bien la raison. « Procédurier » n’est souvent pas très éloigné de « déloyal ». Je parle de façon très générale, on le comprend.

La directrice de l’école a répondu qu’elle avait radié les enfants Et déposé une demande d’ouverture d’un nouvel établissement. Dans les mêmes lieux. No further comment.

Ceci est inacceptable. Le principe d’égalité est intangible. Lois et règles doivent être les mêmes pour tous.

A titre de comparaison, si le Conseil de l’Ordre des médecins constate (ou est averti) d’un manquement au Code de la Santé publique de la part d’un de ses praticiens , il réunit une commission disciplinaire qui décide de quatre niveaux de sanction dont les deux derniers sont la suspension provisoire d’activité ou la radiation définitive.__

Pour un manquement au Code de l’éducation, qui n’est pas moins grave qu’un manquement au Code de la Santé, puisqu’il contrevient à la loi et, de plus, au principe d’égalité inscrit dans la constitution, les responsables académiques sont démunis du pouvoir de suspension ou de fermeture d’un établissement.

C’est le sujet de l’interpellation que je viens d’adresser au gouvernement que l’on trouvera in extenso en page « Bordeaux ».

Si on s’aimait ?

Non, je ne vais pas vous le faire à la Ségolène. Ce titre n’est qu’un clin d’oeil.

Mais quand même… Si on se respectait un tout petit peu, si on y mettait un peu d’humour de temps en temps ?

L’incommensurable stupidité des moeurs politiques me laisse toujours d’abord pantoise, et puis triste, beaucoup triste, beaucoup déçue. Quand verrai-je Alain juppé éclater de rire en me voyant et dire « Michèle, quand même, ça commence à faire ! Vous faites votre job, moi le mien, tout ça n’est pas méchant ».

Au lieu de s’appliquer si fort, d’abord à ne pas me voir dès qu’il m’a vu, puis dès qu’il n’a plus pu ne pas me voir, de tenter de retrouver sa couleur naturelle et de me saluer d’une main et d’un dos raide, associé à un « bonjour Madame » de salle d’audience.

Pourquoi tous ces gens ne se comportent-ils pas normalement ? Perdent-ils le bon sens ? Pourquoi Eric Woerth n’a-t-til pas compris qu’à force de dire qu’il n’y avait pas de problème, rien que le bon droit, il accumulait sur sa tête à la fois les problèmes et l’évidence d’une mauvaise justice ? Pourquoi Alain Juppé ne reconnait-il jamais qu’il s’est trompé, qu’il a été imprudent, comme pour la dévolution de Saint Eloi ? Pourquoi ? Pourquoi ces hommes qui nous gouvernent ne sont-ils, non seulement que des hommes, mais pas même des hommes de bon sens, et en tout cas pas des grands hommes ?

Pourquoi ?

J’ai plein de réponses mais je préfère laisser la question ouverte.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel