C’est un peu par bravade, que j’utilise cet « enfin ! ». La montagne d’ennuis prévisibles et de difficultés certaines qui marque cette rentrée, autant l’aborder d’un coeur de montagnard et d’un brodequin solide.
Cette rentrée, c’est d’abord la réforme des retraites, escamotée pour l’instant par le jet de pavés sécuritaires du Président. L’enjeu va être de faire connaître et comprendre nos positions. Pour moi, deux points inadmissibles : l’invalidité vendue comme un progrès et la prise en compte réelle de la pénibilité laissée pour compte ; l’aberration de repousser à 67 ans les départs qui sont aujourd’hui à 65. Cela concerne peu de personnes mais surtout deux années n’ont pas le même poids à 60 ou à 65 ans. J’aurai l’occasion d’y revenir.
En contrepoint des retraites, l’affaire Woerth, de plus en plus clairement affaire Sarkozy-Woerth, qui n’en a pas fini de dérouler le tapis mal rapiécé qui finira par entrainer dans la chute tout ce gouvernement.
En parallèle, la gravité quasi-héllénique de notre situation financière. On a vu en juillet le gouvernement faire les poches de tous les services pour arriver à payer les fonctionnaires sans alourdir encore la dette. Ceux-ci ont dû attendre le 31 pour recevoir in fine leur versement. Les établissements publics qui avaient des rentrées d’argent (par exemple par la vente d’un terrain) se les sont vues ponctionner jusqu’au dernier centime en contravention des règles en cours qui veulent que ces établissements conservent la plus grande part de ces rentrées pour leurs investissements. Que chacun soit bien conscient qu’un retard à payer ou une cessation de payer peut intervenir à tout moment. C’est, avec le point précédent, une des raisons pour laquelle la communication présidentielle nous ballade d’écrans de fumée en écrans de fumée.
Dans ce même ordre d’idées, la mise à sec des associations, dont beaucoup interrompent l’une ou l’autre de leurs activités, dont certaines vont fermer la porte, le déficit de nos hôpitaux, même les mieux gérés, les difficultés de nos collectivités, l’emploi impossible à trouver et les drames que chaque jour cela génère. Tout cela devient le quotidien des élus.
En termes excessifs, M de Villepin a qualifié de « tache sur notre drapeau » » les reconduites à la frontière et autre démantèlements de campements de misère, pourtant il a raison : nous avons honte. Il faut avoir été sur ces terrains sans eau, sans un endroit pour s’asseoir, souvent en pleine chaleur, où l’on fait attendre des familles entières avec enfants (comme récemment à Bordeaux plusieurs dizaines de demandeurs d’asile) pour percevoir pleinement l’inhumaine dureté de ces décisions. Non, aucun gouvernement n’a le droit de déclarer la « déchéance d’humanité ».
Petit rayon de soleil dans l’eau froide : le retour du vrai visage de l’Eglise. Plus justement : de sa vraie parole. A Bordeaux, où nous avons été gavés au delà de la nausée des collusions d’une certaine église avec des comportements racistes et antisémites, un enseignement révisionniste, des milieux plus soucieux de défiscalisations et d’affairisme que de doctrine sociale, des réseaux procéduriers alors qu’eux-mêmes sous le coup de procédures, avons vécu comme un soulagement d’entendre una voce, bien que chacun dans son rôle, s’exprimer Benoît XVI, Monseigneur Vingt-Trois et Mgr Lebrun, le père Arthur, d’autres encore, porteurs d’un autre sens de leur mission.
Et aussi l’association des « Chrétiens pour une Eglise dégagée de l’Ecole confessionnelle », seule apparemment à comprendre qu’en ces temps de ségrégation scolaire et sociale, le devoir des chrétiens est de soutenir l’école publique pour tous et d’y être présents, au lieu de créer des usines à défiscalisation et à investissements fonciers pour l’enseignement privé.
Enfin, des voix s’élèvent de parts de plus en plus larges et nombreuses. Le vent se lève où l’on pourra respirer et agir.