m

Un avant-goût de la loi Besson

Vous avez aimé le débat sur l’identité nationale, vous allez adorer celui sur « les gens du voyage ».

Dans mon enfance, on disait « les romanichels », une vingtaine d’années avant, dans un autre pays et un autre temps, on avait groupé « les tziganes », non seulement sous ce vocable qui évoque davantage la musique que l’exclusion, mais dans des camps d’où peu ressortirent.

En assimilant aujourd’hui « Roms » et « gens du voyage », le Gouvernement s’emploie une fois encore à susciter la méfiance, voire davantage, entre Français et étrangers, entre citoyens et communautés, et l’utilise pour masquer les échecs de ses guerres à répétition contre l’insécurité.

La confusion de deux populations pourtant bien distinctes et l’instauration de sanctions pénales basées sur des critères ethniques rappellent des heures sombres, et révèlent une méfiance systématique envers l’ « autre » et la volonté de remettre en cause sa place dans notre société.

Ce n’est qu’une étape. Le projet de loi Besson « relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité » que nous examinerons à L’Assemblée à la rentrée durcira encore l’attitude des pouvoirs publics envers les étrangers.

Destiné à transposer des directives européennes, ce projet de loi écarte les quelques garde-fous prévus par le droit communautaire et restreint drastiquement les droits des étrangers en France :
-La durée de rétention maximale des étrangers sans papiers passera de 32 à 45 jours ;
– les personnes interpellées ne pourront être présentées devant le juge des libertés et de la détention que 5 jours après leur mise en détention, au cours desquelles l’administration pourra en toute impunité les renvoyer dans leur pays d’origine, sans que la régularité de la procédure puisse être contestée ;
-l’administration se verra confier le pouvoir discrétionnaire de créer à tout endroit des « zones d’attente », dans lesquelles les étrangers interpellés ne pourront se prévaloir d’aucun droit (cette mesure fait suite au débarquement des Kurdes sans papiers en Corse en janvier dernier et au fiasco subi par l’administration qui avait vu ses décisions sanctionnées par la justice).

Trois exemples parmi de nombreuses mesures visant à complexifier à l’extrême les procédures d’entrée sur le territoire et à laisser la prise en charge des étrangers aux seules mains de l’administration en restreignant au maximum la protection du juge judiciaire.

Nous sommes d’ores et déjà, en ces derniers jours de juillet, en concertation avec les associations de défense du droit des étrangers. La rentrée sera dure. A l’Assemblée comme partout.

Confusion et stigmatisation : le Gouvernement utilise la défiance entre Français et étrangers

(Communiqué de presse)

:En assimilant Roms et gens du voyage, le Gouvernement s’emploie une fois encore à susciter la défiance entre Français et étrangers, entre citoyens et communautés, et l’utilise pour masquer les échecs de sa politique sécuritaire.

La confusion de deux populations pourtant bien distinctes et l’instauration de sanctions pénales basées sur des critères ethniques rappellent des heures sombres, et révèlent une méfiance systématique envers l’ « autre » et la volonté de remettre en cause sa place dans notre société. Prochaine étape de cette politique : le projet de loi Besson « relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité » inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale pour la rentrée, qui durcira encore l’attitude des pouvoirs publics envers les étrangers. Destiné à transposer des directives européennes, ce projet de loi écarte les quelques garde-fous prévus par le droit communautaire et restreint drastiquement les droits des étrangers en France : – – – la durée de rétention maximale des étrangers sans papiers passera de 32 à 45 jours ; les personnes interpellées ne pourront être présentées devant le juge des libertés et de la détention que 5 jours après leur mise en détention, au cours desquelles l’administration pourra en toute impunité les renvoyer dans leur pays d’origine, sans que la régularité de la procédure puisse être contestée ; l’administration se verra confier le pouvoir discrétionnaire de créer à tout endroit des « zones d’attente », dans lesquelles les étrangers interpellés ne pourront se prévaloir d’aucun droit (cette mesure fait suite au débarquement des Kurdes sans papiers en Corse en janvier dernier et au fiasco subi par l’administration qui avait vu ses décisions sanctionnées par la justice).

Il s’agit là de quelques exemples parmi de nombreuses mesures visant à complexifier à l’extrême les procédures d’entrée sur le territoire et à laisser la prise en charge des étrangers aux seules mains de l’administration en restreignant au maximum la protection du juge judiciaire. Michèle Delaunay s’oppose fermement aux déclarations qui viennent d’être faites, comme à ce projet de loi contraire aux principes républicains, qui réduit les droits des étrangers pour privilégier l’efficacité administrative. Elle est d’ores et déjà en concertation avec les associations bordelaises d’aide aux étrangers et de défense des droits de l’Homme pour élaborer des amendements qui seront autant de pare-feux à ce texte délétère.

Les grognards noirs de la République

Tout ce qui ne représente pas directement les puissances d’argent doit être abattu, ou du moins affaibli. Tout ce qui ne les favorise pas directement doit être condamné.

« Article un » et « article deux » de la déclaration des devoirs de l’humain sarkozien.

A preuve : le corps préfectoral.

Rien que le mot « corps » donne envie à un chef de l’Etat digne de ce nom, du moins en Sarkozie occidentale, de le dissoudre. Quoi ? Un « corps » ? Auquel je n’appartiens pas ? Ni Bolloré, ni Bouygues ? Mais qu’est-ce à dire ? Qu’on dissolve ce corps-là !

Ni Bolloré, ni Bouygues… Il était tentant d’ajouter « Bettencourt ». Nous qui avons à Bordeaux la religion des « 3 M » (Montaigne, Montesquieu, Mauriac), nous sommes quasi-prédisposés à ces « 3 B » antinomiques des précédents. J’ai résisté. Ce troisième « B », étrangement, me parait plus entre les mains du pouvoir que lui-même aux manettes, malgré son immense et complaisante fortune.

Revenons à nos préfets. Le « Journal du dimanche » intitule un papier à leur sujet « les grognards de la République ». Nous pensons tous aussitôt, et avec raison, aux « hussards noirs de la République ». Ces gens d’un autre temps et d’un autre pays que la Sarkozie occidentale et qui avaient en ligne de mire d’autres horizons que ceux des paradis fiscaux et pas d’autres ambitions que celles de la République.

Les préfets sont à dure épreuve. Récompensés au pourboire (pardon, à la prime), selon leurs résultats immédiats en matière de délinquance et, plus encore, selon leur compliance aux volontés médiatiques et mathématiques (la politique du chiffre) du Président. Primes généreuses même si accordées selon le bon plaisir du Prince. Mais : la générosité du Prince ne constitue pas la morale ordinaire des serviteurs de l’Etat.

La prime, c’est la carotte, le limogeage, c’est le bâton. Agitation dans l’Isère, Révocation du préfet. L’association du corps préfectoral, qui est assez loin d’un repère de trublions irresponsables, a manifesté son soutien au préfet dans un communiqué. Evénement rare. J’ai fait de même (Albert Dupuy était ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde). La presse dans les deux cas n’a pas suivi massivement (…).

La Gironde a de ce point de vue des antécédents. Le Préfet Bernard Fragneau a demandé lui-même à être relevé de ses fonctions dans le Loiret pour avoir été désavoué par le Président de la République au sujet de l’expulsion d’une jeune Marocaine. Belle figure de grognard que Bernard Fragneau, précédemment en poste à Bordeaux, qui a été chaleureusement mais discrètement félicité par les siens.

Les antécédents de limogeage sont nombreux pour cacher les échecs de la politique du gouvernement ou l’impopularité du Président. Le Préfet de la Manche a ainsi payé des manifestations d’agriculteurs sur le chemin du « Chef ». Sarkozy, Ministre de l’intérieur, avait eu déjà la même attitude avec le Préfet de Haute-Corse pour semblables motifs.

Il y a plus fin que la carotte et le bâton : l’émiettement de ce grand corps et son « renouvellement ». Les Préfets sont remplacés par des policiers, des conseillers de l’Elysée, imposés dans les grands postes par la main du maître.

Comment en effet supporter les élites, quelles qu’elles soient, quand on n’en fait pas partie ? Quand elles sont au service de l’Etat plutôt qu’au sien ?

Dans la paix du jardin

J’atterris -au sens figuré- après quatre jours intenses, principalement à Paris et principalement occupés du projet de loi sur la réforme des retraites que nous examinions en commission.

Principalement mais non seulement. Les dossiers à boucler à l’Assemblée avant la courte pause ménagée entre deux sessions « extraordinaires », le mélange entre les engagements de rentrée qui se profilent déjà, le fond continu du quotidien politique et le planning du jour ont constitué une sorte de brouhaha qui met à l’épreuve notre capacité à passer d’un sujet à l’autre tout en essayant de rester souverain dans chacun. C’est un peu par vengeance que j’intitule ce billet « dans la paix du jardin », jardin où j’ouvre à l’instant, comme un grand livre, mon ordi, avec l’espoir que les avatars et désagréments qui ont interdit l’accès à ce blog pendant une partie de ces quatre jours voudront bien ne pas se reproduire.

La paix, c’est trop dire. Les hélicoptères du tour de France ronflent au dessus de la ville, l’agitation est à portée d’oreille, le programme de la soirée n’est pas clos. Mais.. La paix se déclare, tout autant que la guerre !

Quelques flashes de ces quatre jours. Un entretien en tête à tête avec Robert Badinter autour des intégristes de tous poils et obédiences et de leur capacité de nuisance. Ils naissent pour lui de l’affaiblissement des religions. j’ai ajouté que, nés de leurs pertes d’audiences, ils étaient en marche pour les détruire au profit d’un chaos fait de haine et de violence. Entretien qui ne se résume pas en deux lignes et sur lequel je reviendrai.

Au cours du débat sur les retraites, la figure proéminente du député PS des Landes Alain Vidalies. Figure réservée, presque bougonne, dont l’autorité tient à ce qu’elle ne s’exprime jamais pour rien, ni jamais à l’excès. Il prend un sujet, il dit ce qui est, il rappelle ce qui doit être et il conclut. C’est court, bourru, décisif. On se tait pour l’écouter, on tarde à prendre la parole pour lui succéder.

Comme d’hab et comme on se doute, je l’apprécie d’autant plus que nos visions convergent en tous points sur un sujet majeur, situé au coeur même de la politique et de la gestion d’un pays : le travail.

Premier instrument de socialisation, d’intégration, de valorisation, de partage, le travail dont nous devons défendre pied à pied qu’il puisse être tout cela pour le plus grand nombre et non l’exact contraire. Le travail qui donne de la force et non celui qui casse ou qui use, qui humilie, qui abaisse au lieu de faire progresser.

Vaste programme, aurait dit le Général. Je me souviens que ce sujet était celui du concours général de français l’année où je l’ai passé (non, je n’ai pas eu le premier prix mais le premier accessit et j’essaye depuis de me rattraper !). Il m’amuserait de retrouver ma copie d’alors. Ce n’aurait pas dû être en réalité un sujet de français mais de philosophie tant il est fondamental, radical.

La réforme des retraites pose une fois de plus ce même sujet : quel place pour le travail dans la durée d’une vie ? Quelle importance de la prise en compte de ses rigueurs, de ses risques, des conditions où il s’éxerce ? Et plus encore l’enjeu majeur de faire que cette réforme constitue un pas en avant et non un pas en arrière après près d’un siècle de progrès social et sanitaire.

Voilà, un pot pourri d’idées qui ne me laissent pas tranquille et que j’ai versé en vrac dans cet intervalle de paix décrétée dans le vert de mon jardin.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel