m

Fondation pour l’école : une reconnaissance contrevenant à la loi Debré

L’affaire Saint Eloi-Saint Projet est un long écheveau dont nous déroulons chaque jour un nouveau fil. Sa moindre gravité n’est pas l’enseignement donné dans les écoles privées hors contrat, leur contrôle mais aussi leur financement.

De manière subreptice, la Fondation pour l’Ecole qui finance le cours Saint Projet a été élevée à la « reconnaissance d’utilité publique ». Il s’agit d’une machine à défiscalisation, dont l’unique objet est le financement de l’Ecole privée hors contrat, dont la loi stipule que l’Etat ne doit pas la financer. La défiscalisation correspond de facto à un financement public.

Petite parenthèse : que les dons à la ligue contre le cancer soient défiscalisés, je l’approuve ; que l’argent des donateurs aillent à des écoles dont beaucoup sont intégristes et sectaires, dispensent un enseignement contraire aux principes républicains, nous devons le condamner de manière radicale.

Qu’est-ce que la « reconnaissance d’utilité publique » ? et de quoi s’agit-il ici ? Non d’intéret mais de danger public. Non d’intérêts publics mais d’intérêts strictement privés

lire en suite le texte de ma question au Ministre de l’intérieur

(suite…)

Manip ? De la part de qui ?

Pour la deuxième fois et alors que je m’étais faite une règle de l’éviter, je me vois contrainte de répondre au blog du Maire de Bordeaux. Pour deux raisons : il contient une insinuation inacceptable, il ne répond à aucune des questions que nous (les élus bordelais n’appartenant pas à sa majorité) lui posons au nom des Bordelais.

1 – Avec une admirable perfidie, Alain Juppé dénonce toutes les interrogations levées par l’affaire Saint Eloi-Saint Projet comme une manipulation (une « manip ») contre lui et la met en parallèle avec l’affaire Terrasson qu’il n’a vécue, à son habitude, qu’en se plaçant en son centre. Accusant « deux ou trois élus socialistes » de la « manip » actuelle, il laisse entendre de manière souterraine que la « manip » précédente était de même origine.

La calomnie n’est jamais si grosse que quand elle est souterraine. Alain Juppé aurait-il demandé avec clarté « les socialistes sont-ils à l’origine de l’affaire Terrasson ? », nous lui aurions répondu vigoureusement, mais le dialogue eût été clair. Pourquoi, une fois encore, dans cette affaire comme dans l’actuelle, n’a-t-il pas le courage d’un discours direct, non plus que de la reconnaissance de ses torts ou de ceux de son proche entourage ?

Pourquoi n’a-t-il pas le courage de dire que s’il y a eu « manip » dans l’affaire Terrasson, elle vient de son camp ?

Ici, n’est-ce pas lui qui manipule ?

« Dans l’idée que je me fais du combat politique, des procédés aussi déshonorants » que celui qu’il utilise ici n’ont pas de place. On devine que j’utilise les mots exacts d’Alain Juppé.

2- Le Maire de Bordeaux prétend dans son blog donner « les faits dans toute leur transparence ». Si les Bordelais attendent depuis plusieurs semaines qu’il s’exprime sur le fond, autrement que par des citations de l’évangile, ils ne trouvent ici aucune des réponses à leurs questions. L’oubli de quelques mots, de quelques nécessités de la fonction de Maire contredit jusqu’à l’utilisation du mot de « transparence ».

« La Mairie donne suite à l’association dirigée par l’abbé Laguérie qui s’engage à rénover à ses frais… » . Cette sympathique association présentée comme « culturelle » au Conseil Municipal était en effet « dirigée » (AJ a raison : « présidée » ne correspond pas à la réalité) par un abbé intégriste excommunié dont les sympathies avec l’extrème droite étaient connues de tous parce que traduites dans de nombreux faits. Du Maire de Bordeaux lui-même qui, lors de la délibération, a dit qu’il voulait faire pièce à « ‘extrème gauche qui jouissait de l’église saint simeon (cinéma utopié) en dévoluant saint eloi à l’extrème droite (la citation est juste mais non littérale. On la trouvera dans le compte rendu du conseil municipal). Pourquoi ne trouve-t-on aucun de ces mots « excommunié », « intégriste » dans la relation que fait Alain Juppé ?

Et surtout pourquoi, connaissant l’énormité du coût de la restauration de l’église Saint Eloi, laissée « dans un état d’abandon », n’informe-t-il pas aujourd’hui son conseil municipal du dossier financier qui lui a obligatoirement (en sa qualité de propriétaire des lieux) été transmis ? L’a-t-il analysé ? En a-t-il validé tous les aspects ?

En 7 lignes ensuite, il résume la procédure qui a suivi la dévolution de l’église. Ne voulant pas allonger à l’excès ce billet, je renvois à l’article|fr] de rue 89 qui en a donné le compte-rendu le plus exact et le plus précis qui soit possible. Les documents de justice, les courriers du Préfet, actuel directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy y sont reproduits. On jugera de la distance entre les propos « transparents » du Maire et la réalité du dossier.

Une sorte de sommet de l’hypocrisie bienséante qui préside à beaucoup de rapports humains et dont la politique n’est pas exempte réside dans cette phrase « il faut une imagination puissamment créatrice pour établir un lien entre la fiscalité applicable à la rénovation du patrimoine historique (…) et les agissements scandaleux révélés par l’émission « les infilltrés ».

Qu’il soit en effet beaucoup pardonné à cette « imagination créatrice » qui depuis un certain nombre de siècles, grâce à des rapprochements simples relevant de la simple logique, a permis de sortir de l’ornière tant de vérités assénées, d’oraisons et de péroraisons, de dossiers pourris, de scandales en tous genres, par lesquels, quelquefois, notre société se régénère. Bernanos et Mauriac ont beaucoup usé de cette « imagination » créatrice et pour autant coupable. S’interroger sur les liens entre la restauration de saint Eloi et l » « arnaque aux batiments historiques » dénoncée par ce même journal le monde en octobre 89 relève de l’impiété autant que du délit. Comme le dit le Maire de Bordeaux « je fais confiance à la justice pour punir ceux qui auraient transgressé les lois ».

Pour finir, un délice : le Maire de Bordeaux « n’en veut pas à Caroline Fourest », l’auteur de la chronique « Saint Emoi » dans « le Monde ». Se fâcher avec ce quotidien n’est jamais bien prudent quand on est candidat à l’élection présidentielle.

Caroline Fourest, délaissant tous ses devoirs de journaliste, n’a fait que « fidèlement reproduire les allégations de deux ou trois élus socialistes bordelais qui me poursuivent depuis quinze ans d’une haine tenace ».

Quelle injure pour les journalistes !

Affaire saint Eloi – saint Projet : l’affirmation du principe d’égalité des chances

Les parents des élèves du cours Saint Projet devront à la rentrée scolariser leurs enfants dans un autre établissement sous peine de poursuites judiciaires.

La décision du recteur et de l’inspecteur d’Académie , que nous attendions, vient affirmer la réalité du principe d’égalité des chances, qui est un des principes fondateurs de notre système d’enseignement et de la République.

La liberté d’enseignement s’arrête là où ce principe est transgressé. Tous les enfants doivent recevoir un enseignement qui les mette à égalité dans toutes les compétitions, les efforts, les barrières, auxquels ils seront affrontés. On peut enseigner « en plus » ou « autrement », mais les enseignements programmatiques, les savoirs fondamentaux doivent leur être communs.

Je tiens à remercier les responsables de l’Académie de Bordeaux de la clarté et de la fermeté de leur décision.

Collusion du pouvoir et des extrémismes : Interpellation du Ministre Brice Hortefeux

« Monsieur le ministre de l’Intérieur.

Alors que vous nous présentiez un débat sur le voile intégral, les Bordelais étaient sous le choc d’agissements racistes et antisémites issus d’un groupe activiste et d’une école privée, tous deux dans la mouvance de l’église Saint Eloi à Bordeaux.

La dévolution de cette église à des catholiques intégristes a été déclarée *illégale *par *trois* décisions de justice, la dernière issue du Conseil d’Etat.

L’application de ces décisions n’a été demandée ni par le Ministre de l’Intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy, ni par le Préfet, son actuel directeur de cabinet, ni par le Maire de Bordeaux, Alain Juppé. Depuis lors, *rien n’a été fait *pour empêcher ces dérives.

La laïcité, M. le ministre ne combat aucune religion, elle les protège ; elle n’interdit aucune croyance, elle les respecte. Mais elle condamne *tous les intégrismes, d’où qu’ils viennent,* parce qu’ils se nourrissent les uns les autres et qu’ils sont générateurs de haine.

Qui sème Saint Eloi récolte la burqa ; qui stigmatise une religion par des lois excessives la radicalise.

Ma question est lourde Monsieur le ministre mais elle n’a jamais été aussi nécessaire : quand ce gouvernement mettra-t-il fin à cette collusion du pouvoir avec les extrémismes ?

Et quand arrêtera-t-il de les agiter pour masquer ses échecs ? »

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel